Évangile selon Saint Luc 12, 51-52
Sermons - Homélies - Méditations
Voici plusieurs réflexions sur la Parole tranchante de Dieu de l’Evangile selon Saint Luc : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois » (Luc 12, 51-52).
L’Évangile selon Saint Luc 12, 49-53 :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère ».
L’Évangile selon Saint Matthieu 10, 34-38 :
« Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ».
500 ans plus tôt, le Prophète Michée (Mi 7, 5-7) annonçait déjà :
« Ne mets pas ta foi dans ton ami, ne te confie pas à ton familier ; devant celle qui repose entre tes bras, garde les portes de ta bouche. Car le fils insulte son père, la fille se dresse contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère, chacun a pour ennemis les gens de sa maison. Moi, Jérusalem, je veux guetter le Seigneur, attendre Dieu mon Sauveur ; lui, mon Dieu, m’entendra ».
« Un appel à l’engagement » selon le R. P. Dominicain Marie-Joseph le Guillou
« Pour le Christ, la mort qui s'annonce est déjà là, toute présente. Auparavant, il faut remarquer que le Christ ne dit pas qu'il vient apporter la paix, mais la division :
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dons le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division » .
La division ! Pensons-nous que le Seigneur est celui qui divise, celui qui dévoile ce qu'il y a de plus profond en chacun de nos êtres ? Le Seigneur sème la division car la Parole de Dieu est tranchante. Il faut choisir pour ou contre. Il suffit de lire l'Évangile pour voir cette contestation constante du Christ. Il est traité de fou, il est traité d'imposteur parce qu'il dévoile les secrets du cœur et qu'il dévoile ce qu'il va se passer.
Dès que le Christ paraît, il nous engage. Il nous engage directement, immédiatement, il nous appelle à nous définir pour ou contre lui. Il n'y a pas d'autre solution.
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dons le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division » .
Celui qui dit cela, c'est le Christ qui nous donne la paix à condition d'entrer dans son mystère, de le suivre et de se donner. Le Seigneur nous demande aujourd'hui un engagement de tout notre être qui nous donne la vérité de l'Esprit, non pas de l'extérieur mais de l'intérieur. L’Esprit Saint nous dit qu'il ne faut pas nous laisser accabler par le découragement mais découvrir que notre vie est enclenchée dans le mystère du Christ. C'est le Christ vivant qui vient en nous, c'est lui qui nous conduit, non par une règle extérieure mais par l'Amour ».
Marie-Joseph le Guillou (1920-1990)
« La paix de Jésus est le fruit d'un combat permanent contre le mal » selon Benoît XVI :
« Cette expression du Christ signifie que la paix qu'Il est venu apporter n'est pas synonyme d'une simple absence de conflits. Au contraire, la paix de Jésus est le fruit d'un combat permanent contre le mal. La lutte que Jésus mène avec détermination n'est pas une lutte contre des hommes ou des puissances humaines, mais contre l'ennemi de Dieu et de l'homme, Satan. Celui qui veut résister à cet ennemi en restant fidèle à Dieu et au bien, doit nécessairement faire face à des incompréhensions et parfois de véritables persécutions. Par conséquent, ceux qui entendent suivre Jésus et s'engager pour la vérité sans faire de compromis, doivent savoir qu'ils rencontreront des oppositions et deviendront, malgré eux, signe de division entre les personnes, y compris au sein de leurs propres familles. L'amour pour les parents est bien un commandement sacré mais on ne doit jamais le placer avant l'amour de Dieu et du Christ si l'on veut le vivre de manière authentique. De cette façon, les chrétiens deviennent, sur les traces du Seigneur Jésus, « des instruments de sa paix », selon la célèbre expression de saint François d'Assise. Non pas d'une paix inconsistante et apparente, mais réelle, poursuivie avec courage et persévérance dans l'engagement quotidien à vaincre le mal par le bien et en payant personnellement le prix que cela comporte. La Vierge Marie, Reine de la Paix, a partagé jusqu'au martyre de l'âme le combat de son Fils Jésus contre le Malin, et continue de le partager jusqu'à la fin des temps. Invoquons son intercession maternelle, afin qu'elle nous aide à être toujours des témoins de la paix du Christ, en ne recherchant jamais le compromis avec le mal ».
Benoît XVI - Angelus du Dimanche 19 août 2007
« Faire le choix de Dieu au risque de s’opposer à sa famille » selon le Père Raniero Cantalamessa :
« Jésus affirme que cette « division » peut se produire également au sein de la famille : entre père et fils, mère et fille, frère et sœur, belle-fille et belle-mère. Et nous savons malheureusement que ceci est parfois vrai et douloureux. La personne qui a découvert le Seigneur et souhaite se mettre sérieusement à sa suite, se retrouve souvent dans la situation de devoir choisir : contenter sa famille et négliger Dieu et la pratique religieuse ou choisir la pratique religieuse et s’opposer à sa famille qui lui reprochera chaque minute consacrée à Dieu et aux actes de dévotion. Mais le conflit peut être encore plus profond, au sein de la personne elle-même, et se présente comme un combat entre la chair et l’esprit, entre l’appel de l’égoïsme et des sens et celui de la conscience. La division et le conflit naissent en nous. Paul l’illustre avec éloquence : « Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez » (Ga 5,17). L’homme est attaché à sa petite paix et sa tranquillité, même si elles sont précaires et illusoires, et cette image de Jésus qui vient semer le trouble risque de le contrarier et de lui faire considérer le Christ comme un ennemi de sa tranquillité. Il faut essayer de surmonter cette impression et comprendre que cela aussi est une preuve d’amour de la part de Jésus, peut-être l’amour le plus pur et le plus authentique ».
Père Raniero Cantalamessa (1934- ….) - Membre de l'Ordre des Frères Mineurs Capucins et Prédicateur de la Maison Pontificale