L’Homélie pour l’Assomption du Chanoine Louis-Ernest Fellay
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Voici l’Homélie de la Messe de l’Assomption du 15 août 1994 retransmise en eurovision depuis l’Alpe de la Chaux sur les hauts de Verbier « Marie, je Te prie, aide nous dans notre ascension vers le plus haut Sommet, vers Dieu notre Père » du Chanoine Louis-Ernest Fellay (1943-2005), ordonné Prêtre en 1969, Vicaire puis Curé de Verbier en Suisse dans le domaine skiable des 4 Vallées, célèbre pour sa « Prière du skieur ».
L’Homélie du Chanoine Louis-Ernest Fellay pour l’Assomption « Marie, je Te prie, aide nous dans notre ascension vers le plus haut Sommet, vers Dieu notre Père » :
« Mes frères et sœurs, pèlerins de cette terre vers la Montagne de Dieu. Au dernier jour, ce qui est mortel revêtira l’immortalité. La mort a été engloutie dans la Vie… Ô mort, où donc est ta victoire ? C’est par ces paroles d’espérance que nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel dans la Gloire de Dieu, au cœur des Alpes valaisannes, dans un paysage grandiose, entouré par les glaciers sublimes et les cimes étincelantes de neige. Avec la simplicité d’un cœur d’enfant, nous fêtons Dieu et Sa victoire sur le néant, sur la Mort et sur le désespoir des hommes. En ce Jour, contemplons le Soleil de Dieu, le Soleil de la Résurrection qui drape de Vie et d’Amour Marie, l’humble fille d’Israël. En Son corps et en Son âme, Elle est plus belle qu’un cristal de neige qui brille tout là-haut sur le glacier aux premières lueurs de l’aurore. Marie, Tu es encore cette Source d’eau pure qui ruisselle de rocher en rocher vers les déserts de notre monde, qui a d’ailleurs tant soif de Dieu. Dès le matin de Pâques, la Lumière du Christ a éclairé l’humanité. Et, pèlerins de ce monde, nous marchons vers le pays de la Vie éternelle qui nous attend déjà. Oui, le Christ est la Vie, la Vie qui triomphe de la Mort. C’est la Vie entièrement transparente, sans frontière ni limite. Marie, Te voici désormais dans la Gloire de ton Fils ressuscité, dans la joie du Père et dans la plénitude de l’Esprit. Mes amis, notre existence est souvent un très dur sentier de montagne qui monte très haut, qui frôle les précipices, qui côtoie l’abîme et qui semble finir dans une crevasse sans fond où tout est froid et sombre. L’homme ne serait-il qu’une étincelle qui va s’éteindre ? Ne serait-il fait que pour le Néant, le rien, la crevasse ? J’entends dans mon cœur de Prêtre le désespoir du monde contemporain. Et je voudrais, en cette Fête de l’Assomption de Marie, crier : « Non, nous sommes faits pour la Vie, pour l’Amour, la Beauté ». Nous sommes nés pour la Résurrection. Notre petit chemin tortueux verra le Soleil de Dieu, et, déjà, je tiens la petite lampe allumée comme l’alpiniste qui grimpe dans la nuit de la montagne et qui sait que l’aube va naître. Toi mon frère, qui es découragé, sans espérance, fatigué, viens et grimpe, marche avec nous vers l’Aube du Christ. Toi, jeune qui cherches Dieu, peut-être à tâtons, dans le brouillard et dans la tempête, suis le sentier, garde ton enthousiasme. Le Seigneur est là, près de toi, près du monde comme un guide de montagne, en tête de cordée. Les hommes d’aujourd’hui ont besoin d’espérance plus que jamais. Beaucoup vivent dans les ténèbres de leur solitude, dans le brouillard épais de l’existence. Osons, mes amis, apporter cette Bonne Nouvelle au monde entier et à tous nos frères qui vivent dans une nuit privée d’étoiles, et alors s’éclairera le Jour de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, je vois Marie qui court et qui chante. Elle prie Dieu dans l’allégresse. « Mon âme glorifie le Seigneur ! » Elle est comme ce chemin tout là-haut sur les rochers, loin du bruit du monde. Elle nous enseigne, la prière, le silence, la paix. Toi qui m’écoutes, réapprends à découvrir le silence, loin de tout stress, là, avec Dieu, dans le Mystère, au cœur de ton cœur, là, dans la beauté exceptionnelle de la montagne et de la nature. Grave ton nom en Dieu. Ici tout est beau, tout est empreint de Dieu. Silence, c’est urgent, ta vie va trop vite ! Arrête-toi comme Élie le prophète au cœur de l’Horeb dans la brise légère et regarde l’Invisible. Dieu est là. Et Jésus s’en alla dans la montagne, tout seul, pour y prier. Notre monde a besoin de guides qui nous conduisent sur les cimes de la Prière. Marie, nous Te voyons, Tu cours vers Élisabeth Ta cousine. La prière ne va pas sans les frères… Tu n’es pas perdue dans le Ciel, Tu es là au cœur de l’Église, proche des plus pauvres. Ton sentier c’est l’Amour. Tu offres ton Cœur aux plus oubliés, aux plus pauvres, aux plus âgés, à celui qui est seul ou qui pleure… L’Évangile, pour être vrai, nous conduira toujours vers les plus éprouvés, vers le jeune qui vit sans être aimé, vers celui qui a faim, vers celui qui désespère ou celui qui cherche un travail. J’aime l’Église et Elle est belle lorsqu’Elle visite les souffrances de la terre, lorsqu’Elle est proche de la solitude angoissante des êtres, lorsqu’Elle aide et tend la main. Je La vois comme une petite fleur des alpes parmi les cailloux et les rochers. Elle apporte son parfum d’amour, dans les pâturages et les moraines, dans les villes et les villages, partout. Jamais nous ne mettrons un point final à l’Amour de Dieu pour les hommes. Marie, Étoile du matin, Marie ressuscitée, Marie, petit coin de terre où Dieu a pris racine. Marie, je Te prie, aide nous dans notre ascension vers le plus haut Sommet, vers Dieu notre Père, avec tous nos frères, avec toute la création, dans l’audace et l’adoration ».
Ainsi soit-il.
Chanoine Louis-Ernest Fellay (1943-2005)
Voir également du Chanoine Louis-Ernest Fellay :
La Prière du skieur de Louis-Ernest Fellay « Sur nos skis, Seigneur, nous Te bénissons »
L’Homélie du Chanoine Louis-Ernest Fellay pour l’Assomption « Marie, je Te prie, aide nous dans notre ascension vers le plus haut Sommet, vers Dieu notre Père »