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L’éditorial de Jean-Pierre Maugendre du mouvement de laïcs « Renaissance Catholique » qui agit pour la défense de la vie et de la famille et œuvre pour la restauration des valeurs chrétiennes dans la société française « Pourquoi je ne suis pas Charlie ? Donner au monde l’impression que toute la France se reconnaît dans Charlie Hebdo est à la fois une erreur et une faute ! » :

La tuerie du 7 janvier est en train de se transformer en tsunami médiatique, le slogan « Je suis Charlie » remplaçant comme signe de reconnaissance de la bienpensance contemporaine la célèbre main de fatma jaune ornée du slogan « Touche pas à mon pote », aujourd’hui un peu dévalorisée.
Il semble que la mobilisation médiatique soit, cependant, sans commune mesure avec l’émoi, réel mais plus mesuré, suscité par la mort de 10 soldats français le 18 août 2008 dans la vallée d’Uzbin au Pakistan. Tous les morts n’auraient-ils pas la même valeur ?

Une manipulation
L’opération en cours n’est pas sans analogie avec celle montée en 1990 à l’occasion de la profanation du cimetière juif de Carpentras. Un fait divers particulièrement odieux ou dramatique est utilisé par le pouvoir en place afin de rassembler autour de lui « les démocrates et les républicains » contre hier « le racisme et l’antisémitisme », aujourd’hui « le terrorisme et l’extrémisme ». Les médias s’emballent, une grande manifestation nationale est organisée, les appels à l’union nationale contre le péril de l’heure se multiplient…
Il s’agirait, paraît-il, de défendre la liberté d’expression. Il n’en est rien car la liberté d’expression absolue n’existe pas. Toute époque a ses tabous. Hier il s’agissait de la sexualité. Aujourd’hui Charlie Hebdo a-t-il jamais tourné en dérision les cérémonies maçonniques ou caricaturé le Grand Maître du Grand Orient en train d’être sodomisé par le GADLU (Grand architecte de l’Univers). Les pseudo-libertaires de Charlie Hebdo n’ont jamais remis en cause les nouveaux tabous et leurs critiques de l’Islam ne dépassaient pas certaines limites. Ainsi, il ne semble pas avoir existé dans cette publication de caricatures de Mahomet à connotation sexuelles alors que le pape est régulièrement placé dans des situations scabreuses.

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L’Europe et le fait religieux
Dans une passionnante conférence prononcée le 21 novembre dernier aux Vèmes Assises Nationales de la Recherche Stratégique sur Mondialisation, Politique et Religion, Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères, a solennellement déclaré que le drame de l’Europe, gros de menaces pour l’avenir, était d’être devenue incapable de comprendre le fait religieux alors que celui-ci était partout en plein essor. Dans une vision très européo centrée, et en définitive pleine d’orgueil et de vanité, profondément irrespectueuse des autres cultures, les caricaturistes de Charlie Hebdo étaient devenus inaptes à mesurer à quel point ils blessaient les croyants de toutes les religions qu’ils tournaient en dérision. Alors que les chrétiens essayaient de se défendre par des moyens juridiques, offraient leurs souffrances et priaient pour la conversion de leurs persécuteurs les musulmans, eux, fourbissaient leurs armes pour « venger l’honneur du prophète ». Près de quinze siècles d’histoire sont là pour témoigner que cette issue était inéluctable. Qualifier systématiquement de « déséquilibrée » une personne qui ne partage pas votre propre système de valeurs ou de non-valeurs n’est-il pas d’ailleurs le summum de l’arrogance suffisante. « Il ne pense pas comme moi donc il est déséquilibré ! »

La route de Paris passe par Riyad et Alger
L’ensemble de la classe politico-médiatique semble découvrir qu’il fait jour à midi et se lamente : on ne pouvait pas prévoir, surtout pas d’amalgame entre l’Islam et le terrorisme, unissons-nous autour des valeurs de la République, notre patrimoine commun… Il se trouve que face à ces déclarations de bisounours, l’histoire longue nous enseigne que les rapports entre l’Islam et les autres civilisations se résument à une alternative simple : dominé, l’Islam s’avère compatible avec la civilisation qui le domine, conservant cependant son identité propre ; dominant, l’Islam tend inéluctablement à imposer la charia. Dans l’histoire contemporaine, deux étapes majeures marquent, semble-t-il, le repositionnement de l’Islam en position dominante. D’une part, depuis le pacte du Quincy en 1945, puis la crise pétrolière de 1973, le soutien inconditionnel des États-Unis d’Amérique à l’Arabie Saoudite confère à l’Islam radical des moyens financiers illimités ; d’autre part la capitulation d’Évian, imposée par le général De Gaulle, avec la complicité de l’opinion publique, des partis politiques et de l’Église catholique, et accordant l’indépendance à l’Algérie, est devenue dans l’imaginaire collectif de millions de musulmans une victoire de l’Islam contre les « croisés ». Comme vient de l’illustrer Abderrahmane Sissako dans son excellent film Timbuktu, le drame de l’Islam modéré, d’inspiration soufie ou occidentalisé, est que le musulman modéré est sans réponse face à un fondamentaliste qui trouvera toujours une sourate du coran qui justifiera son attitude. Hubert Védrine dans la conférence précédemment citée regrettait la non existence d’un « pape sunnite » qui déciderait souverainement comment interpréter telle ou telle sourate.

Changer de paradigmes
Donner au monde l’impression que toute la France se reconnaît dans Charlie Hebdo est à la fois une erreur et une faute.
Une erreur car ce n’est pas la réalité. Une publication qui atteignait difficilement un tirage de 10.000 exemplaires n’est pas représentative d’un peuple de plus de 60 millions de personnes.
Une faute car Charlie hebdo n’était pas un authentique symbole de liberté. L’auto-dérision y était absente, la dérision s’exerçant au détriment des croyants surtout chrétiens et parfois musulmans qui risquent de rejeter dans un même opprobre, compréhensible, Charlie Hebdo et la France.
Enfin, puisque tout le monde s’accorde à penser que, depuis les attentats criminels du 7 janvier, nous sommes en guerre, il va falloir nous adapter à cette nouvelle situation et d’abord définir des objectifs de guerre. Ensuite oser repenser : nos relations avec les états islamistes (Arabie Saoudite, Qatar, Pakistan...), l’image de la France que nous envoyons au monde musulman, nos moyens de sécurité et de défense, le contrôle de nos frontières, les processus de naturalisation, le statut des mosquées et de leurs prédicateurs… Il n’est pas certain que les responsables politiques et médiatiques qui nous ont conduits à cette situation soient les mieux placés pour gérer l’avenir. Notons d’ailleurs que le terme de classe politico-médiatique n’a jamais paru aussi approprié quand l’homme de la rue découvre, ahuri, que nombre des caricaturistes assassinés étaient francs-maçons et que l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy et fille de harki, Jeannette Bougrab, était la compagne du dessinateur Charb.
Les mêmes causes produiront les mêmes effets ! C’est bien à une authentique réforme intellectuelle, morale et institutionnelle que doivent nous conduire ces tragiques événements. Tout replâtrage hâtif aura autant d’effet qu’un cataplasme sur une jambe de bois. À la légitime compassion pour les victimes et aux prières à leurs intentions et à celles de leurs familles, doit faire place une réelle analyse des causes de la situation présente et pas uniquement des déclarations incantatoires sur la République, la démocratie, le vivre ensemble… La non prise en compte de la réalité ne ferait que préparer de nouveaux bains de sang.

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Rappel de quelques versets du Coran à notre Premier Ministre, Manuel Valls qui a récemment déclaré que l’islam était une « religion de tolérance, de respect, de lumière et d’avenir » et à son Ministre, Bernard Cazeneuve, qui dit : « ce n’est pas un délit de prôner le djihad »

• XLVII, 4 : Lorsque vous rencontrez ceux qui ont mécru, frappez-les à la gorge.
• IX, 5 : Quand les mois sacrés seront expirés, tuez les infidèles où que vous les trouviez !
• VIII, 39 : Combattez-les jusqu’à ce que la religion soit entièrement à Allah !
• VIII, 67 : Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d’avoir prévalu sur la terre.
• IX, 73 : Ô Prophète, mène le combat (jihâd) contre les infidèles et les hypocrites, et sois dur à leur égard.
• IX, 30 : Les chrétiens disent : « le Christ est le fils d’Allah » –qu’Allah les anéantisse !

Tant que les autorités religieuses musulmanes n’admettront pas que leur texte sacré pose un problème, nous ne pourrons pas leur faire confiance. Comme on vient de le voir, leur habituelle réponse, qui consiste à dire que la violence est « étrangère à l’islam », « étrangère au Coran » est un grossier mensonge. L’islam, c’est le Coran, et le Coran est un brûlot ultra-violent. Seules l’inculture crasse et la veule soumission des dirigeants européens, selon les cas, expliquent leur absence de réaction face à de telles contre-vérités.

Sur le plan théologique, les points de blocage sont les suivants, toujours passés sous silence.
Premier point : l’école théologique majoritaire depuis le Xe siècle -l’asharisme- soutient que le Coran est un texte directement dicté par Dieu, mot à mot. Mieux que cela : le Coran est censé être la parole « incréée » d’Allah. Autrement dit, le texte du Coran est réputé être de la substance même de Dieu. C’est la raison pour laquelle il est interdit, à l’intérieur de l’islam, de se livrer à une quelconque interprétation historico-critique du livre sacré. Ceci explique pourquoi l’exégèse et l’apologétique musulmanes sont d’une aussi consternante puérilité (pour s’en faire une idée, il suffit de se rendre dans une boutique de spiritualité islamique, à Barbès par exemple, et de consulter les ouvrages en rayon).

Deuxième point : cette même école théologique soutient la règle de « l’abrogeant et de l’abrogé » : cela signifie que lorsqu’il y a une contradiction entre deux versets du Coran, le verset le plus récent annule le verset le plus ancien.
Or, il faut savoir que les versets « tolérants » du Coran (datés de la Mecque, où Mahomet était minoritaire) sont abrogés par des versets plus tardifs, dits « versets de colère » (datés de Médine, où il était majoritaire). Cette règle est d’autant plus solide qu’elle est elle-même inscrite dans des versets du Coran (II, 106 et XVI, 101). De ce fait, le droit à la liberté religieuse n’est pas reconnu dans l’islam asharite actuellement dominant (le fameux verset, souvent cité par les musulmans télévisuels, « Point de contrainte en religion » (II, 256), est en fait abrogé par des versets plus tardifs, notamment IX, 36 et 73). En conséquence, l’islam actuel est incompatible avec notre bloc constitutionnel, comme avec la convention européenne des Droits de l’Homme. Il l’est aussi en raison du sort qu’il réserve aux femmes : le Coran préconise, en effet, de battre les femmes quand elles n’obéissent pas (IV, 34) et de les flageller en cas d’adultère (XXIV, 2) –ce châtiment ayant été commué en lapidation à mort par les « hadiths du prophète »). De cela, les dirigeants politiques des années 1980 étaient encore parfaitement conscients. Le RPR écrivait ainsi dans les actes de ses Etats Généraux de 1990 : « L’islam n’apparaît pas conforme à nos fondements sociaux et semble incompatible avec le droit français. Il y a bien incompatibilité entre l’islam et nos lois. »

Troisième point : dans la théologie islamique dominante, lorsque l’islam est minoritaire sur un territoire, il doit se montrer tolérant ; lorsqu’il devient majoritaire, les musulmans doivent appliquer la charia et les infidèles doivent se convertir ou acquitter un impôt de soumission (IX, 29). En Allemagne, dans certains quartiers, des brigades de police religieuse sont d’ores et déjà en train de se mettre en place (« Shariah Polizei »).

Chez nous, depuis les déclarations du RPR en 1990, un seul changement vraiment notable est intervenu : plusieurs millions de musulmans supplémentaires sont arrivés sur notre sol. « Une religion d’avenir », comme dirait le Premier Ministre !

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Le mot de Don Maurice Franc, Curé de Biarritz « C’est bien au nom du coran, des sourates et des hadits qu’ont été abattues les victimes » :

En cette période troublée de sauvagerie barbare trouvant sa source et son inspiration dans le coran, nous avons à être particulièrement attentifs à conserver l’esprit des Béatitudes. Nous ne pouvons pas imaginer de répondre à la violence par la violence, au sang par le sang. Tout l’Évangile nous dit le contraire et nous avons à être de manière urgente artisans de paix dans le monde. Il ne s’agit pas d’être naïf comme peuvent l’être apparemment nos gouvernants et nos politiciens en clamant un refus hypocrite de l’amalgame. C’est bien au nom du coran, de ses sourates et des hadits qui en découlent qu’ont été abattues de façon inhumaine les victimes de cette semaine.

Nous avons donc à proposer dans la prière une réflexion profonde sur deux axes et à deux groupes de personnes bien différents. Le pape François nous invite en premier lieu à un dialogue inter-religieux empreint de charité mais sans peur de la vérité pour inviter à une réflexion sur les contradictions internes de la religion musulmane qui amènent logiquement au drame que nous avons vécu ces jours derniers. De toute urgence, il faut que les autorités musulmanes acceptent d’entrer dans cet examen que l’Église Catholique a voulue pour elle-même depuis cent ans : la critique historique.

Le deuxième axe s’adresse plus généralement à notre société occidentale, à sa permissivité. L’âge moyen des dessinateurs abattus nous renvoie directement à la pseudo révolution de mai 68 et à la conséquence directe de ses exigences. Dieu se rit de ceux qui pleurent sur les effets des causes qu’ils chérissent. Peut-on insulter, salir, vomir des torrents d’ordures au nom d’une liberté d’expression à sens unique et refuser qu’il en découle une violence et une haine à la mesure de l’insulte haineuse qui a été proférée ? Il est évident que rien ne peut légitimer ce qui s’est passé à Paris cette année ou à New-York en 2001. Rien ne pourra jamais justifier la barbarie sauvage. Mais une maturation adulte des circonstances et des contingences du monde d’aujourd’hui nous permet légitimement de penser que des excès médiatiques sont à l’origine de ces drames. On ne peut toucher, par l’insulte, aux valeurs les plus fondamentales de la religion d’un être humain et s’étonner ensuite que les plus faibles spirituellement réagissent avec les seules armes qui sont à leur portée.

Qui serons-nous ? Le pape François nous appelle simplement à être disciple du Christ et donc artisan de paix. C’est d’abord par la prière à l’Esprit Saint que nous commencerons à agir sur la volonté et le cœur des hommes. Lorsqu’ils seront disponibles et ouverts, ils pourront alors disposer les intelligences à la vérité du dialogue. Soyons ces artisans de paix."

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L'Abbé Loiseau, Supérieur des Missionnaires de la Miséricorde divine, dont l'un des piliers est l’évangélisation, en particulier auprès des musulmans, écrit : « L’islam, c’est près de 200 versets qui incitent au meurtre et à la violence ! » :

Que cet acte de guerre à travers ces exécutions ignobles soit au moins l’occasion d’une véritable réflexion sur la violence dans l’islam au lieu de répéter des banalités affligeantes du type : « cela n’est pas l’Islam »... Trois causes théologiques me semblent être déterminantes dans les comportements violents des islamistes. Ces points demanderont bien sûr à être développés :

1°) Le dogme fondamental de l’islam est la parole incréée, tout le livre vient de Dieu, un exemplaire du Coran est au ciel. Ainsi toute injonction vient d’Allah, puisque que près de 200 versets incitent au meurtre et à la violence. Sans herméneutique ou vision progressive de la Révélation on en arrive au terrorisme. La liberté n’est plus alors une réalité morale mais une soumission à la parole divine. Sans intelligence, la Foi conduit à la mort : Benoît XVI était un prophète.

2°) L’imitation du prophète. C’est une donnée essentielle de l’islam sunnite, il faut suivre en tout la vie du sceau des prophètes révélé par la Sunna. Celle-ci contient les hadith (faits et gestes du prophète). Puisqu’il est dit que Mahomet égorge lui-même les prisonniers, brûle, égorge et torture les mécréants, si l’on considère ces faits comme saints, il ne faut pas s’étonner de la suite. Nos braves politiciens refusent de connaître ces hadith...

3°) L’eschatologie musulmane. Une religion est constituée par sa finalité. L’islam prévoit que le monde va devenir musulman avant la fin des temps en instaurant la charia avant le retour de Jésus. Celui-ci confondra les mécréants. L’instauration de la charia devient une urgence, le djihad un devoir pour la finalité de l’histoire humaine. En outre un paradis érotique est promis immédiatement pour ceux qui meurent dans le djihad, le désir de tuer sera motivé aussi par la pulsion sexuelle, elle sera donc très présente…

Sans une réflexion théologique profonde sur l’islam des origines et ses textes sacrés nous ne sortirons pas de cette violence. Nous ne sommes pas en présence d’accidents de l’histoire ou d’interprétations mais du fondement de cette religion, même si bien sûr elle présente bien d’autres aspects complexes."



La réflexion du Père Marie-Christophe, Curé de la paroisse saint Ruf d’Avignon « Les croyants pourront prier Dieu pour la paix, pour les victimes et leurs familles, mais aussi, pour que les hommes soient plus humbles, cherchent la vérité et se convertissent profondément et durablement » :

On ne pourra jamais justifier un acte de barbarie, unanimement condamné, ni cautionner un prétendu acte de guerre d'hommes déguisés en soldats, lourdement armés, et tirant « courageusement » sur des civils désarmés. Le terrorisme sous toutes ses formes, l'islamisme violent d'ici ou en Orient est à combattre. En tout temps et en tout lieu, un tel acte vil étonne quant au processus de décérébralisation et de perte totale de toute conscience humaine qui amène des hommes à penser cela, à l'organiser et à en manipuler d'autres pour en faire de simples exécutants. Mais, justement, au-delà des réactions émotionnelles, essayons de cerner ce qui peut en être à l'origine. Car, pour lutter efficacement contre des actes mauvais, il est plus efficace d'en chercher la cause et de l'éradiquer, plutôt que de lutter ponctuellement sur leurs effets, si néfastes soient-ils.

S'il faut toujours entendre avec une immense précaution les pseudo justifications d'actes en tout genre, faits « au nom de », il faut cependant l'écouter et discerner ce qui doit être entendu, et qui, pourtant, n'en légitime pas pour autant l'expression violente, quelle qu'en soit la forme. Et c'est là que nous risquons d'entrevoir une cause possible. La violence est souvent une réponse (mauvaise) à une autre violence. Je nommerai d'une manière globale celle du mépris.

Une certaine pensée matérialiste, hédoniste, relativiste, au nom de la liberté d'expression, de l'humour, et de la créativité artistique, a proclamé qu'on pouvait rire de tout et se moquer de tout. Beaucoup de voix se sont élevées pour dire non, pour demander le respect de leur croyance, de leur conviction, de leurs symboles religieux ou de leurs personnages vénérés ou adorés. Ils n'ont reçu que mépris au nom d'une raison soi-disant éclairée, envisageant éventuellement la suppression de toute religion au profit d'une nouvelle déification de la raison humaine et d'une religion laïque (ce qui est parfaitement contradictoire) et méprisante pour tous les croyants.

Une certaine mentalité dite occidentale, confondue à tort avec une hypothétique influence chrétienne (alors que c'est exactement l'inverse : elle se caractérise par un refus de la foi et de la morale chrétiennes) alimente une stigmatisation de haine. Une pensée unique, alimentée par des revendications de minorités agressives, a voulu imposer un nouveau modèle d'humanité. D'immenses réactions pacifiques ont été méprisées et même réprimées. En France, vous allez plus surement en prison si vous manifester pacifiquement pour la famille, le droit naturel de l'enfant à avoir un père et une mère, si vous veillez en protestant silencieusement debout que si vous cassez, dealez ou volez. Que d'individus repérés potentiellement dangereux ou possibles récidivistes laissés en liberté par démagogie, irresponsabilité judiciaire, ou, simplement, sans qu'aucun citoyen n'en comprenne les réels motifs. Un immense sentiment d'injustice se propage face à la destruction artificielle des repères moraux, des structures sociales, à l'impunité des bandits, à l'insécurité, ne récoltant que mépris au nom de l'égalité des chances ou d'une quelconque idéologie.

En réaction contre cet odieux attentat, beaucoup ont appelé à une union nationale, à faire front commun, mais il semble que ce front commun exclut une composante de droite en accueillant celles de gauches, au mépris d'un nombre croissant de citoyens qui votent pour cette formation républicaine, car parti politique déclaré et légal, au nom d'on ne sait quelle argumentation objective. Mais dans des cas tragiques, il faut être tous unis, sauf ceux auxquels, au mépris du droit, certains s'autorisent à mépriser la représentation nationale, et l'expression de la liberté d'opinion qu'on veut précisément défendre. Quelle incohérence méprisante.

Au nom de la laïcité, on a voulu lutter contre les signes religieux ostentatoires, rajoutant une revendication de protection des femmes. Avons-nous entendu ceux qui demandaient si une culture qui voile ses femmes est plus sauvage qu'une société qui les exhibe nues sur ses écrans, réduisant leurs corps à des objets de désir, offerts aux convoitises car exposés dans des habits impudiques voire indécents ? Est-ce cela la libération de la femme qui promeut sa dignité ?

Comment susciter le respect quand on considère la vie humaine comme disponible à une fabrication industrielle, jetable si non désirée ou non conforme au désir, commandable à des corps maternels pour satisfaire des désirs d'adoption d'un enfant-objet, ou éliminable si perçue comme indigne parce que fragilisée par la maladie ou l'âge ?

Nos régimes politiques de nations où une majorité de citoyens se disent chrétiens n'ont pourtant rien de chrétien dans leurs excès. Est-ce vraiment la liberté d'expression, la démocratie, la laïcité qui sont visées où leurs excès, le mépris de ceux qui, s'arrogeant le droit de fixer les limites de ces belles libertés, les transforment en permissivité, en relativisme et fanatisme libéral ?

Et quelle violence ils suscitent ces mêmes régimes (malheureusement étiquetés de chrétiens, alors qu'ils agissent en païens) qui prônent la justice internationale et créent des tribunaux à cet effet, sauf pour eux-mêmes. Certains d'entre eux provoquent une guerre internationale pour éliminer un dictateur fabricant d'armes de destruction massive ; mais, quand on en réalise leur inexistence, dénoncée dans des films réalisés par leurs propres citoyens, et qu'on s'aperçoit de leur empressement à s'investir, au nom du droit d'ingérence, dans des pays producteurs de pétrole et, moins ou pas dans d'autres, pourquoi aucun compte ne leur est demandé ? Ou quand tel autre, pour réagir à l'assassinat de deux adolescents provoque une guerre qui tue 2500 civils, bombardant des écoles de l'ONU sous prétexte que des terroristes s'y cachent (quelle est l'urgence réelle d'en arriver à une telle action, sans avoir fait évacuer les enfants), et que ses dirigeants continuent à gouverner en toute impunité, comment ne pas entendre l'immense sentiment d'injustice monter envers des institutions repérées comme occidentales, voire, malheureusement comme judéo-chrétiennes (ce qui, redisons-le, n'a rien à voir avec un quelconque motif religieux) ?

Le mépris engendre frustration, haine, sentiment d'injustice, d'abandon, et favorise la réaction violente de protestation, voire, poussée à bout, de désespoir. On objectera peut-être que tuer aveuglément ne peut être une réaction de désespoir. Je crains, pourtant, que toutes les révolutions l'ont démontré, et qu'il faut surtout traquer ceux qui utilisent ce désespoir par fanatisme, cupidité, avarice, orgueil et méchanceté. On pointera facilement un motif religieux ou racial : hélas, le péché de l'homme est partout. L'incapacité actuelle à dire les auteurs du massacre des moines de Tibhirine, laissant entendre que ce pourrait être tout aussi bien un gouvernement corrompu, des services secrets ou des fanatiques, montre que beaucoup ont des intérêts à semer la violence et à essayer de l'imputer à l'autre, désigné comme ennemi, quand ce n'est pas simplement pour des motifs parfaitement crapuleux.

Oui, il faut réagir, mais prenons du recul par rapport aux réactions émotionnelles compassées, aux indignations du moment, aux grandes déclarations ou aux grands élans affectifs et donc passagers. Il s'agit bien de promouvoir le respect de toute personne, de ses convictions, ses valeurs, sa dignité. Et alors, oui, luttons contre toutes les violences, contre les fanatismes religieux, mais aussi les fanatismes politiques liberticides, la dictature de la pensée unique, la culture de l'exclusion sociale, du profit à tout prix, et leur corolaire à tous : le mépris de l'autre.

Les croyants pourront prier Dieu pour la paix, pour les victimes et leurs familles, mais aussi, pour que les hommes soient plus humbles, cherchent la vérité et se convertissent profondément et durablement.

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L'avis de Philippe Alain « Nous sommes tous des charlots !!! » :

La France vient de connaître les pires journées de son histoire moderne, payant un lourd tribu aux délires meurtriers de terroristes fanatiques. 20 morts en 3 jours, des scènes de guerre, une opinion publique traumatisée.
Des centaines de milliers de personnes vont défiler dans tout le pays avec un slogan : « je suis Charlie », marquant ainsi leur soutien aux dessinateurs du journal satirique visé par le premier attentat ainsi qu’aux autres victimes des tueurs.
Après le temps du deuil viendra celui de la réaction. Certains ont déjà commencé à appliquer leur propre justice et on assiste à une vague d’actes islamophobes sans précédent. Les pouvoirs publics, terrorisés par les conséquences que pourraient avoir une stigmatisation de l’ensemble de la communauté musulmane française, la plus importante d’Europe, répètent à l’envi que les attentats n’ont rien à voir avec l’Islam.
On veut bien les croire. Mais il va être difficile de nous ressortir la théorie des loups solitaires qui agissent seuls. Cette fois, Al Quaïda revendique les attentats et c’est bien face à des organisations terroristes que nous nous retrouvons aujourd’hui et plus seulement face à des individus isolés.
Al-Quaïda… On les croyait disparus avec Ben Laden, exécuté par un commando de marines américains et plouf, balancé au milieu de l’océan. Vous savez, Ben Laden. Le vieillard sous dialyse qui du fond de sa grotte afghane a détruit une certaine idée de l’Amérique le 11 septembre. Al Quaïda. Organisation fabriquée, financée, armée par les Etats-Unis d’Amérique pour combattre les soviétiques en Afghanistan et qui, le 11 septembre 2001, s’est retournée contre son créateur.
Mais qui finance aujourd’hui Al-Quaïda ?
Selon une enquête du New York Times du 29 juillet 2014, Al Quaïda a reçu depuis 2008, plus de 125 millions de dollars !!! Quoi ? Comment ? Et oui, 125 millions de dollars récoltés uniquement grâce aux rançons payés par les occidentaux pour obtenir la libération de leurs otages.
Toujours selon cette enquête, la France est le principal pourvoyeur de fonds de l’organisation terroriste. Elle aurait versé à elle seule 58 millions de dollars. Ces sommes, toujours selon le New York Times seraient versées directement par l’état ou alors par des intermédiaires comme Areva ou les pays amis du golf, au premier rang desquels le Qatar.
Dans cet article, Vicki Huddleston, ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Mali dénonce : « Les Européens ont beaucoup de comptes à rendre. Ils mènent une politique hypocrite. Ils paient des rançons et ensuite nient les avoir payées. Le danger n'est pas seulement que ça fait grandir le mouvement terroriste, c'est aussi que ça rend tous nos citoyens vulnérables". » Déclaration effroyablement prémonitoire.
Le 13 septembre 2014, très énervé par l’exécution de 3 otages anglo-saxons, Barack Obama lui-même confirme: « Le président français, François Hollande, dit que son pays ne paie pas de rançons aux terroristes, alors qu'en réalité, il le fait »
Dimanche, la plupart des dirigeants européens vont venir verser des larmes de crocodile sur les morts provoqués par des mouvements terroristes qu’ils ont largement contribué à financer. François Hollande, accusé par Obama de payer des rançons aux terroristes sera à la tête de cette grande marche contre… le terrorisme. Comprenne qui pourra.
Inconséquence ou incompétence ?
Quoi que… Cette fois, ce n’est pas seulement une minute de silence qu’on va nous demander, mais plutôt 2 ans et demi de silence, le temps d’arriver aux prochaines élections. Avec un « Patriot Act » à la française si besoin. Hollande n’est pas plus bête que Bush et les français ne sont pas plus intelligents que les américains.
Nous sommes tous des charlots. Vive la République, Vive la France, Vive l’hypocrisie !

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L'Abbé Vénard, aumônier militaire qui a vu mourir deux parachutistes assassinés par Mohammed Merah, écrit : « Je ne suis pas Charlie et je ne soutiendrai jamais ce journal, dont la ligne éditorial relève, à mon sens, plus de l’abus de la liberté d’expression que de la liberté en tant que telle » :

Pour respecter la mort des journalistes, il faut s’interroger sur les fondements de la violence. Je suis pour respecter infiniment la douleur, les souffrances et les morts, surtout quand il s'agit de policiers, de gendarmes ou de militaires dans l'exercice de leurs fonctions.

Mais je refuse que des journalistes puissent être victimes de violence parce qu'ils soutiennent des combats, même si ceux-ci ne sont pas les miens, voire dirigés contre ma Foi. Pour respecter la mort des journalistes de la rédaction de Charlie-Hebdo, encore faudrait-il avoir le courage aussi de s’interroger sur les fondements de la violence qui les a tués. Et à ce sujet, si l’on aimait vraiment nos concitoyens musulmans, qui vivent des moments difficiles aussi à travers ce drame, on ne se contenterait pas d’ânonner le fameux « padamalgame ». Nos amis journalistes devraient procéder enfin à une sérieuse autocritique. Leur incapacité tragique (à quelques louables et notables exceptions près) à sortir du panurgisme idéologique « laïco-bobo-écolo-relativiste » fera d’eux (et nous venons d’en voir l’horrible et triste application) les premières victimes du nouveau totalitarisme terroriste. Les bolchéviques ne s’y étaient pas trompés, purgeant et tuant à tour de bras les « idiots utiles ». La Révolution française, en est un autre exemple, qui tel Chronos, a avalé tout cru ses premiers soutiens. Il en sera de même avec le troupeau bêlant du « padamalgame », s’il ne se réforme pas intellectuellement, et tout de suite (Cf. l’excellent article de Jean-François Kahn, « secouer les médias », dans La Revue Civique, n°14).

C’est qu’à un moment il faut bien nommer son ennemi si l’on souhaite le combattre avec efficacité. Et notre ennemi c’est le terrorisme islamiste sous toutes ses formes. Ce terrorisme est aussi une nouvelle forme de totalitarisme ; mais nous ne pouvons pas l’étudier si nous refusons de voir ses accointances avec l’islam et le Coran. Nous ne pouvons pas aimer en vérité nos frère Français musulmans, si nous ne les aidons pas à mener une réflexion en profondeur sur le statut de la violence dans l’islam et dans le Coran.



Les « Padre » de Padreblog : « Nous pleurons ceux qui ne nous faisaient pas rire… » :

A notre tour, nous voulons manifester notre douleur et notre compassion pour les victimes – connues et moins connues – de l’attentat barbare du 7 janvier. Comme compatriotes, comme prêtres, comme croyants, nous sommes aux côtés de ceux qui sont tombés et de leurs proches. Car rien, absolument rien, ne peut justifier que des journalistes et des dessinateurs soient massacrés. Nous pleurons ces victimes assassinées, nous pleurons ces policiers abattus pour avoir voulu les protéger, nous pleurons avec toutes ces familles endeuillées… A la rédaction de Charlie-Hebdo, cible principale des terroristes, nous disons : « nous sommes à vos côtés, car au-delà de nos divergences et des blessures du passé, nous sommes frères en humanité, même s’il faut parfois des drames pour se le rappeler… ».

Soyons francs : il est vrai que nous avons souvent été agacés par Charlie-Hebdo, nous, prêtres, ou fidèles catholiques ! Parfois même, leurs caricatures nous ont heurtés dans notre foi. Nous avions l’impression qu’ils prenaient un malin plaisir à provoquer, salir ou dénigrer ce qui est sacré à nos yeux, sans qu’on soit pourtant ces « fanatiques » qu’ils voulaient viser. Nous avions eu l’occasion d’exprimer la peine de beaucoup de croyants devant ces Unes, certaines si difficiles pour nous à regarder.

Mais aujourd’hui nous pleurons ceux qui ne nous faisaient pas rire… « car au-delà de nos divergences et des blessures du passé, nous sommes frères en humanité, même s’il faut parfois des drames pour se le rappeler… ».

Le Pape et nos évêques – eux aussi souvent caricaturés ! – ont dit leur émotion et leur horreur devant ce qui s’est passé, en ce triste matin du 7 janvier. Ce fanatisme qui a criblé de balles ces journalistes et policiers persécute également nos frères chrétiens en Orient… Là-bas, des musulmans sont aussi visés. Ce fanatisme rapproche sans le vouloir tous ceux qui veulent l’affronter et qui aiment la liberté. Il nous force à retrouver ce que nous avons en commun. Car c’est la France qui est attaquée, à travers ses journalistes et ses policiers.

Sans doute que toutes les victimes n’étaient pas des piliers d’Eglise !… Cependant, dans les jours qui viennent, nous offrirons ce que nous avons de plus beau, nous, chrétiens : nos prières pour elles, leurs collègues et leurs familles. Sans oublier les blessés. Les cloches de nos églises ont sonné le glas : c’était notre façon modeste de partager la douleur de tout un pays pour une fois rassemblé.

A la messe, ces jours-ci, dans la lettre de saint Jean, on lisait cette affirmation : « Dieu est Amour ». Ceux qui tuent au nom de Dieu commettent la pire des profanations. Ne pas respecter la vie – même de celui qui nous offense – est un immense blasphème.

La France va retrouver en elle les valeurs morales et spirituelles à opposer à cette barbarie. On ne sort de l’épreuve qu’en grandissant. Ce sera le miracle que ces fanatiques auront alors permis, bien malgré eux : que la France se rassemble autour de ce qu’elle a de meilleur, « car au-delà de nos divergences et des blessures du passé, nous sommes frères en humanité, même s’il faut parfois des drames pour se le rappeler… ».

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Les franc-maçons en deuil !

Le Grand Orient de France (GODF) pleure la mort d’un de ses membres. Bernard MARIS, 68 ans, économiste, écrivain et journaliste à Charlie Hebdo, a été assassiné le 7 janvier 2015. Il était depuis 2008 membre de la Loge Roger Leray, avec Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Bernard Pignerol (conseiller d’Etat, PS) et Jean-Paul Escande (professeur de médecine, polémiste, vulgarisateur). « Maçon assidu, attachant et apprécié, il avait planché fin novembre 2014 sur l’état de la France pendant une heure et demi« , me confie un frère de sa loge. De son vivant, il n’avait pas souhaité rendre publique son appartenance à la franc-maçonnerie.
Dans un message interne daté 8 janvier 2015, le Grand Maître Daniel Keller a confié avoir « une pensée pour les Loges de notre Obédience qui viennent d’être cruellement endeuillées « Il cite en premier la Loge Lux Perpetua de Clermont-Ferrand dont était membre Michel Renaud, 69 ans, ancien journaliste à Europe 1 et au Figaro et ancien directeur de la communication de la ville de Clermont-Ferrand. Le haut dignitaire cite aussi la Loge Roger Leray et le frère décédé Bernard Maris.
Daniel Keller évoque également sa compassion à l’égard d’un parent du dessinateur Tignous (parent membre d’une loge parisienne du GODF), d’un frère GODF de Cholet (dont le fils figure parmi les blessés) et d’une sœur de la GLFF (veuve d’un dessinateur assassiné).
Le Grand Orient participera, aux côtés de l’ensemble des Obédiences, en cordons, à la manifestation qui aura lieu dimanche.

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Gabrielle Cluzel, Ecrivain, journaliste : « Non, je ne suis pas Charlie ! » :

« Non, je ne suis pas Charlie. » Et je ne crois pas qu’il faille se sentir obligé de répéter cette phrase toute faite comme une incantation pour avoir le droit d’exprimer sa compassion, de plaindre les victimes et les familles, de dire son inquiétude.

Je ne suis pas Charlie parce que ce serait faire injure aux policiers qui sont morts, eux aussi. Ou alors, il faudrait dire également « je suis flic ».

Je ne suis pas Charlie, parce que j’en ai toujours détesté le contenu, et que je n’envisage pas de le prendre aujourd’hui à mon compte. Pour être solidaire de leur calvaire, pour être indignée par ces sordides exécutions, la France entière n’est pas forcée de s’identifier à Charlie Hebdo.

Je ne suis pas Charlie parce que ce n’est pas insulter la mémoire des morts de dire que la ligne du journal relève plus souvent de l’insulte que de l’humour… et que j’aime bien rire mais pas conspuer, choquer, ni humilier. J’entends sur toutes les radios qu’il faudrait absolument republier un peu partout les caricatures de Mahomet pour montrer que l’on ne courbe pas l’échine. Je crains que ce soit l’exemple type d’une fausse bonne idée. Ne pas baisser la tête est une chose ; agiter le chiffon rouge jusqu’à indigner les plus modérés, les blesser dans ce qu’ils ont de plus cher, jusqu’à peut-être les convaincre que les plus radicaux ont finalement quelque raison de s’exciter, en est une autre.

Paradoxe suprême : les mêmes clament à qui veut l’entendre qu’il ne faut pas stigmatiser les musulmans, qu’il faut même leur tendre la main. Tendre la main de cette façon-là revient à embrasser son prochain en lui disant « Nique ta mère ». Discuter pied à pied de l’islam, montrer les contradictions, souligner les exactions, forcer l’autre à user de sa raison, bref, convertir. Mais pas cracher à la figure.

Je ne suis pas Charlie parce que ce psittacisme facile m’indispose. Il ne suffira pas d’être Charlie, de décréter un deuil national, de mettre les drapeaux en berne pour tout résoudre, si l’on refuse de regarder la réalité en face, de soulever le couvercle d’une marmite dont on redoute les remugles. Cette fois, plus de déséquilibré, de loup solitaire, de paumé, ni de djihad qui aurait crié « Allahu akbar » pour se donner du courage. Il suffit de regarder la vidéo, le sang-froid, la façon de progresser des tueurs… Ces hommes-là savent faire la guerre. Mais peut-être qu’autour de Noël, si on avait évité précisément de minimiser, de psychiatriser, d’isoler, de démontrer par A + B que rien de tout cela ne relevait du terrorisme pour, au contraire, voir la petite lumière rouge, le signal d’alerte, et commencer à ratisser méthodiquement, les choses auraient pu être différentes. Non pas « Je suis Charlie », mais « Où est Charlie ? », le djihadiste planqué dans l’anonymat de sa cité, de sa banlieue, de sa cave.

Je ne suis pas Charlie. Mais je le serais, « j’aurais la rage ». La rage de penser qu’avec un gouvernement moins inapte, schizophrène et dans le déni, tout cela aurait, peut-être, pu être évité.

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Roberto de Mattei, Professeur à l'Université Européenne de Rome : « Le Christ crucifié, scandale pour les musulmans et folie pour les laïcistes… » :

Marche contre la Terreur : c’est le titre par lequel “Le Monde”, le “Corriere della Sera” et les principaux journaux occidentaux ont présenté le grand défilé laïciste du 11 janvier. Jamais aucun slogan n’a été plus hypocrite, imposé par les mass media en réaction au massacre de Paris du 7 janvier.

Quel sens y a-t-il en effet à parler de Terreur sans ajouter au substantif l’adjectif “islamique” ? L’attaque de la rédaction du “Charlie Hebdo” a été perpétré au cri de « Allah akbar ! » pour venger Mahomet offensé par les caricatures et derrière les kalashnikof des terroristes il y a une vision du monde précise : la vision musulmane. C’est seulement maintenant que les services secrets occidentaux commencent à prendre au sérieux les menaces de Abu Muhamad al Adnani, contenues dans un communiqué en plusieurs langues diffusé le 21 septembre 2014 par le quotidien online “The Long War Journal”. «Nous conquerrons Rome, nous briserons ses croix, nous ferons de ses femmes des esclaves avec la permission d’Allah, le très-Haut », a déclaré à ses adeptes le porte-voix de “l’Etat islamique”, qui n’a pas simplement répété qu’il fallait exterminer les “infidèles”, où qu’ils se trouvent, mais leur a indiqué également les modalités : « Placez de l’explosif sur leurs routes. Attaquez leurs bases, faites irruption dans leurs maisons. Tranchez-leur la tête. Qu’ils ne se sentent en sécurité nulle part ! Si vous ne pouvez trouver de l’explosif ou des munitions, isolez les américains infidèles, les français infidèles ou n’importe lequel de leurs alliés : brisez-leur le crâne à coups de pierre, tuez-les à coup de couteau, renversez-les avec vos voitures, jetez-les dans le vide, étouffez-les ou empoisonnez-les ».

On s’illusionne en pensant que la guerre en présence n’est pas celle qu’a déclaré l’Islam à l’Occident, mais une guerre qui se livre en interne dans le monde musulman et que l’unique moyen pour se sauver est d’aider l’Islam modéré à vaincre l’Islam fondamentaliste, comme l’a écrit sur le “Corriere della Sera” du 11 janvier Sergio Romano, un observateur qui passe même pour intelligent. En France, un des slogans les plus repris est celui d’éviter l’“amalgame”, c’est-à-dire l’identification entre l’Islam modéré et l’Islam radical. Mais le but commun de l’Islam tout entier est la conquête de l’Occident et du monde. Qui ne partage pas cet objectif n’est pas un modéré, il n’est simplement pas un bon musulman. Les divergences, au contraire, ne portent pas sur la fin, mais sur les moyens : les musulmans d’Al Qaïda et de l’Isis ont embrassé la voie léniniste de l’action violente, tandis que les Frères Musulmans utilisent l’arme gramscienne (ndt. de Antonio Gramsci) de l’hégémonie intellectuelle. Les mosquées sont le centre de propulsion de cette guerre culturelle que Bat Ye’or définit comme le soft-jihad, tandis que par le terme hard-jihad, il définit la guerre militaire pour terroriser et éliminer l’ennemi. On peut discuter, et on discute certainement en interne dans l’Islam, sur le choix des moyens, mais on se rejoint sur l’objectif final, l’expansion dans le monde de la sharia’a, la loi coranique.

En tous les cas, le mot Islam est un substantif verbal que l’on peut traduire en “soumission”. La soumission pour éviter la Terreur, le scénario de l’avenir européen imaginé par le romancier Michel Houellebecq dans son dernier livre, précipitamment retiré des librairies françaises. Non à la Terreur signifie pour nos hommes politiques non à la soumission violente des djihadistes, oui à une soumission pacifique, qui mène doucement l’Occident à une condition de dhimmitude.

L’Occident se dit disposé à accepter un Islam “à visage humain”. En réalité, ce qu’il refuse dans l’Islam n’est pas seulement la violence, mais aussi son absolutisme religieux. Pour l’Occident il y a liberté de tuer au nom du relativisme moral, mais pas au nom des valeurs absolues. Et pourtant l’avortement est systématiquement pratiqué dans tous les pays occidentaux et aucun des chefs d’Etat qui ont défilé à Paris contre la Terreur ne l’a jamais condamné. Mais qu’est-ce que l’avortement sinon la légalisation de la Terreur, la Terreur d’Etat promue, encouragée, justifiée ? Quel droit ont les leaders occidentaux de manifester contre la Terreur ?

Sur “La Repubblica” du 13 janvier 2015, tandis que l’ex-chef de Lotta Continua Adriano Sofri célèbre L’Europe qui renaît sous la Bastille, la philosophe post-moderne Julia Kristeva, chère au cardinal Ravasi, affirme que « la place des Lumières a sauvé l’Europe », et que « face au risque qu’ils couraient, liberté, égalité et fraternité ont cessé d’être des concepts abstraits, en s’incarnant dans des millions de personnes ». Mais qui a inventé la Terreur sinon la France républicaine, qui l’a utilisée pour éliminer tous les opposants de la Révolution française ? L’idéologie et la pratique du terrorisme apparaissent pour la première fois dans l’histoire avec la Révolution française, surtout à partir du 5 septembre 1793, quand la “Terreur” fut mise à l’ordre du jour par la Convention et devint une partie essentielle du système révolutionnaire. Le premier génocide de l’histoire fut perpétré au nom des idéaux républicains de liberté, égalité et fraternité. Le communisme qui prétendit porter à terme le processus de sécularisation inauguré par la Révolution française, réalisa l’extension de la terreur à l’échelle planétaire, provoquant, en moins de soixante-dix ans, plus de 200 millions de morts. Et qu’est-ce que le terrorisme islamique sinon une contamination de la “philosophie du Coran” avec la pratique marx-illuministe importée de l’Occident ?

“Charlie Hebdo” est un jounal dans lequel, depuis sa fondation, la satire a été placée au service d’une phisolophie de vie libertaire, qui prend ses racines dans l’illuminisme anti-chrétien. Le journal satirique français s’est fait connaître par ses caricatures de Mahomet, mais il ne faut pas oublier les dégoûtantes vignettes blasphématoires publiées en 2012 pour revendiquer l’union homosexuelle. Les rédacteurs de “Charlie Hebdo” peuvent être considérés comme une expression extrême mais cohérente de la culture relativiste désormais répandue dans tout l’Occident, tout comme les terroristes qui les ont tués peuvent être considérés comme l’expression extrême mais cohérente de la haine que voue à l’Occident le vaste monde musulman.

Ceux qui revendiquent l’existence d’une Vérité absolue et objective sont assimilés par les néo-illuminstes aux fondamentalistes islamiques. Mais nous, nous assimilons le relativisme à l’islamisme, parce que tous deux ont en commun le fanatisme. Le fanatisme n’est pas l’affirmation de la vérité, mais le déséquilibre intellectuel et émotif qui naît de l’éloignement de la vérité. Et il y a une seule vérité dans laquelle le monde puisse trouver la paix, qui est la tranquillité de l’ordre : Jésus-Christ, Fils de Dieu, à qui toutes choses doivent être ordonnées au Ciel et sur la terre, pour que se réalise la paix du Christ dans le Règne du Christ, citée comme l’idéal de tout chrétien par le Pape Pie XI dans l’encyclique Quas Primas du 11 décembre 1925.

On ne peut combattre l’Islam au nom de l’illuminisme et encore moins du relativisme. On peut y opposée seule la loi naturelle et divine, niée à la racine tant par le relativisme que par l’Islam. C’est pour cela que nous levons haut ce Crucifix que le laïcisme et l’islamisme rejettent et que nous en faisons une bannière de vie et d’action. « Nous – affermait saint Paul – nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens » (I Cor 1, 23). Nous pourrions reprendre : « Nous, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les musulmans et folie pour les laïcistes ».


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L'Homélie de Mgr Dominique Rey : « Rien ne doit justifier la violence »


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La « Lettre à Charlie Hebdo » du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine