Les « Lettres sur l’Amour conjugal » du Bienheureux Frédéric Ozanam :

Le Bienheureux Frédéric Ozanam, fondateur des Conférences Saint-Vincent-de-Paul, défenseur de l’Eglise, précurseur de la doctrine sociale de l’Eglise, est plus connu que son épouse Amélie. Pourtant leur mariage les a conduits à une charité toujours plus grande, leur amour mutuel les a grandis tous les deux. Le frère de Frédéric Ozanam qui les maria a cette phrase prophétique : « Elle est grande, elle est sublime, pieux époux, la mission que Dieu vous confie ! »

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Un amour passionné : dans sa correspondance, Frédéric Ozanam laisse éclater son amour pour sa femme et il tient à témoigner de ce bonheur : « Je me laisse être heureux, je ne compte plus les moments ni les heures, le cours du temps n’est plus pour moi, que m’importe l’avenir ? Le bonheur dans le présent, c’est l’éternité, je comprends le Ciel » .

Le 23 de chaque mois, il offre un bouquet pour fêter leur anniversaire de mariage. Même avant sa mort, il envoie cueillir une branche de myrte pour sa femme.

Quelques jours après son mariage, Frédéric Ozanam écrivait à un ami : « Je sentais descendre sur moi la bénédiction divine avec les paroles consacrées... Je me laisse être heureux; je ne compte plus les moments, ni les heures. Le cours du temps n'est plus pour moi. Que m'importe l'avenir? Le bonheur dans le présent, c'est l'éternité. Je comprends le ciel ».

Frédéric Ozanam partageait tous ses soucis avec son épouse bien-aimée : « J'ai trouvé une rhétorique de douze élèves qui en attendent encore autant pour être au complet. Nous aurons quatre et peut-être six de nos vétérans. Mais ces Messieurs se reposent sur leurs lauriers, en sorte que selon mes prévisions nous sommes pour quelques jours dans l'impossibilité de faire rien de sérieux. Ils n'ont pas même encore leurs livres de classe. J'enrage de perdre ainsi mon temps. Je suis assailli de parents qui viennent me recommander messieurs leurs fils, dont le cœur est toujours excellent, mais les études médiocres... » (Lettre du 11 octobre 1843 de Frédéric Ozanam à sa femme Amélie Ozanam)

Voici quelques extraits de lettres de Frédéric Ozanam envoyées à sa femme en 1844 : « Ma bien-aimée, j'attendais avec toute l'ardeur de l'espérance ta chère lettre de ce matin ; tu ne me dis pas si tu avais bien dormi, si ton malaise était plus grave qu'à l'ordinaire. Comment vont tes pauvres yeux ? Mais tu me le diras dans ta prochaine réponse ».

Et encore : « Ma tendre aimée, voici la première fois que tu seras restée un jour sans lettre. Et crois que de mon côté, dans cette prison du Concours général je périssais d'ennui. J'ai vu ta promenade, je te suivais sous cette fraîche allée. Tâche de te baigner de bonne heure, de rester à l'ombre autant que possible, puisque tu as mal aux yeux. Moi, je t'embrasse, pas tout à fait aussi fort que je t'aime, parce que je te ferais mal ».

Et aussi : « Tu sais ma bien-aimée, que la vie est une école où Dieu fait l'éducation des chrétiens: dans cette école il y a des années laborieuses, difficiles, où il y a peu de récréations, beaucoup de fatigue, des leçons sévères et malaisées à comprendre. Mais tu sais aussi que le Maître est bon, que les leçons ne tendent qu'à nous rendre meilleurs et plus parfaits. L'année présente est une des plus instructives de cet enseignement qu'il nous donne ». (Lettre de Frédéric Ozanam à sa femme Amélie Ozanam, le 28 juillet 1844)

Frédéric Ozanam relate aussi, non sans humour, un voyage qu’il fit à Reims pendant l’été 1850 : « Ton dernier baiser était encore sur mon front quand le train nous a rapidement emportés par un pays plat et monotone jusqu'à Meaux, où j'ai salué en passant la cathédrale de Bossuet; puis la bête à feu reprenant sa course nous a conduits à Château-Thierry, séjour préféré de La Fontaine. C'est là qu'un présage coûteux mais agréable est venu me faire espérer que Charles avait reçu d'excellentes nouvelles, et que la famille ne tarderait pas d'aller à des noces. A la station de Château-Thierry, le règlement accorde dix minutes d'arrêt. Tous les voyageurs se précipitent vers le buffet, et je ne sais quel démon m'y pousse. Non que vous ne m'eussiez pourvu de provisions suffisantes que j'ai scrupuleusement consommées. Mais comme le chocolat ne désaltère point, mon malheur a voulu que je me laissasse séduire par de petites tartes aux cerises tout à fait appétissantes, au prix modique de 15 centimes. Comme un homme qui a eu le prix Gobert et qui se croit tout permis, je prends une de ces charmantes productions, et je la déguste en union de cœur avec toi, dans l'espérance qu'à pareille heure tu en fais autant. Puis avisant les abricots de bonne mine à deux sous, je mets la main sur un des plus mûrs: le traître m'échappe, entraîne dans sa route plusieurs de ses confrères, et tous ensemble comme une avalanche tombent de leur rayon sur le buffet où ils culbutent un grand coquin de sucrier de verre placé là pour mes péchés. L'ustensile se laisse choir et se rompt: au bruit le maître accourt et trouve que son sucrier était un vase grec du plus haut mérite, en verre taillé; la paire, disait-il, lui avait bien coûté 15 francs. Je voyais parfaitement qu'en ceci il n'y avait de grec que mon homme » (Lettre à Amélie Ozanam de Frédéric Ozanam, le 31 juillet 1850).

Gravement malade, Frédéric Ozanam a écrit le 22 juin 1853 cette prière : « Je demande à Dieu de me laisser vivre pour ma femme et mon enfant ».

Ouvrant le testament de son mari Frédéric Ozanam, sa femme Amélie trouva ce message : « A ma tendre Amélie, qui a fait la joie et le charme de ma vie, et dont les soins si doux ont consolé depuis un an tous mes maux, j'adresse des adieux courts comme toutes les choses de la terre. Je la remercie, je la bénis et je l'attends. Au ciel seulement je pourrai lui rendre autant d'amour qu'elle en mérite »

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Foyer enflammé d’Amour du prochain et de Dieu : malgré les difficultés économiques, la maladie de Frédéric Ozanam, les fausses couches, le foyer rayonne… A 20 ans, Frédéric Ozanam fonde les conférences saint Vincent de Paul et tous les dimanches, il rend visite aux familles pauvres. Les Ozanam versent le dixième de leurs revenus aux pauvres. Amélie est quêteuse pour la société fondée par son mari et s’engage dans l’œuvre du Bon Pasteur qui tente de tirer les jeunes filles de la prostitution. Belle fécondité pour ce couple que l’amour réciproque et le soutien mutuel n’ont pas rendu sourd aux détresses des pauvres et des indigents. En semaine, le couple va à la messe à la chapelle des Carmes à Paris où le bienheureux Frédéric Ozanam repose. Ils prient et vivent des sacrements, lisent l’Ecriture Sainte. Frédéric se fait un fervent défenseur de l’Eglise : « Chrétien, je me fais gloire de n’appartenir à aucune école qu’à celle de la vérité qui est l’Eglise » . Frédéric est un professeur engagé et réunit autour de lui des étudiants catholiques pour défendre leur foi. Lacordaire dit de lui : « Nul chrétien en France et de notre temps n’aima davantage l’Eglise ».

Frédéric Ozanam - apôtre enflammé d’amour pour sa femme, pour l’Eglise, avec des idées neuves notamment politiques (« faisons-nous socialistes nous-mêmes mais à la Lumière de l’Evangile ») est depuis août 1997 à l’occasion des J.M.J, un bienheureux qui nous est donné pour exemple… Une vie de foi en couple dans le dévouement des autres et de l’Eglise - des amoureux accomplis entre spirituel et sentiments. Cette vie sainte peut être résumée par le professeur Didier Ozanam, descendant de Frédéric : « Dans la prière, dans la lecture de l’Ecriture Sainte, dans l’amour de sa femme, il trouve le réconfort et la force qui le conduit peu à peu à se dépouiller de ses attaches terrestres, à offrir ses souffrances et à s’abandonner entièrement à la volonté de Dieu ».




Voir également sur le Bienheureux Frédéric Ozanam :
La Prière de Fréderic Ozanam pour « discerner sa vocation »
La Prière pour la canonisation du « Bienheureux Frédéric Ozanam »
Les « Lettres sur l’Amour conjugal » du Bienheureux Frédéric Ozanam
La Prière de Frédéric Ozanam « Seigneur, me laisseriez-vous la douceur de vieillir auprès de ma femme »
Quelques « Citations et Pensées » du Bienheureux Frédéric Ozanam