Prière Testamentaire de Sainte Angèle de Foligno
Voici la Prière Testamentaire qui nous recommande la Charité mutuelle et une profonde Humilité « Ô mes enfants bien-aimés, je vous le dis en mourant » de Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) qui à la mort de son mari et de ses enfants vendit son château, se dépouilla de toute sa fortune et entra en 1291 dans le Tiers-Ordre Franciscain pour changer sa vie, l’orienter vers Jésus-Crucifié et non plus vers Angèle et ses petits plaisirs…
La Prière Testamentaire de Sainte Angèle de Foligno « Ô mes enfants bien-aimés, je vous le dis en mourant » :
« Il a plu, Seigneur, à votre Bonté de me charger du soin de tous Vos enfants répandus sur la terre, et surtout de ceux qui sont ici présents. Vous le savez, je les ai gardés avec toute la sollicitude dont Vous m'avez rendue capable. J'ai beaucoup souffert pour eux. Oui, mes enfants, les douleurs que j'ai endurées pour vous sont bien plus grandes que vous ne sauriez croire. Maintenant, ô mon Dieu, près de quitter la terre, je les remets entre Vos mains et Vous prie, par votre ineffable Charité, de les préserver de tout mal et de les maintenir dans la pratique de tout bien ; je veux dire dans l'amour de la pauvreté, des humiliations et des souffrances, dans la transformation de Vos vertus, et dans la voie qu'il Vous a plu de nous ouvrir par Votre doctrine et par Vos exemples. Ô mes enfants bien-aimés, je vous le dis en mourant, comme je n'ai cessé de vous le dire pendant ma vie, et je désire ardemment que cette dernière exhortation ne sorte jamais de votre mémoire. Soyez toujours petits à vos propres yeux, doux et humbles, non seulement dans vos actions extérieures, mais dans le plus profond de votre cœur, afin d'être vraiment disciples de Celui qui vous a donné cette touchante leçon de vive voix et par ses exemples. Soyez petits, afin que Jésus-Christ vous exalte par la perfection de sa Grâce et des Mérites qu'elle enfante. Soyez si humbles, que vous vous considériez continuellement comme des néants. La puissance, les supériorités et les honneurs, sont pour ceux qui les cherchent des suffisances maudites. Fuyez-les donc comme choses très périlleuses et remplies de tromperies. J'avoue cependant que les supériorités sont un piège moins dangereux que les suffisances spirituelles. Ceux qui savent parler de Dieu, ou qui ont l'intelligence des Écritures, ou qui opèrent des miracles, ou qui marchent dans des voies fort élevées, sont sujets à tomber dans l'erreur, et se corrigent bien plus difficilement que ceux qui n'ont que des suffisances temporelles. Aimez donc les positions obscures où il vous est facile de vous persuader que vous n'êtes rien. Ô rien inconnu ! Ô rien inconnu ! Dans la Vérité, une âme ne peut avoir une meilleure vision ni une meilleure science que de voir son néant et de se tenir cachée dans sa prison. Ô mes enfants ! Ne négligez rien pour acquérir la Charité, sans laquelle il n'y a ni Salut ni Mérites. Ô mes pères, mes fils et mes frères ! Ayez les uns pour les autres cette mutuelle dilection, elle vous rendra Héritiers de Dieu, et Ses biens deviendront les vôtres. Mais il ne suffit pas que vous vous aimiez entre vous : il faut que votre Charité s'étende à toutes les nations. Je puis vous dire que j'ai obtenu de Dieu plus de Grâces en pleurant les péchés des autres que les miens propres. Le monde rirait sans doute, si on lui disait qu'on peut pleurer les péchés des autres comme les siens, et plus que les siens, parce que cela paraît être contraire à la nature, mais le monde connaît-il la Charité ! Ayez-la, vous, mes enfants, et ne jugez personne. Si l'on commet devant vous des péchés mortels, je ne dis pas qu'ils ne doivent point vous inspirer l'horreur qu'ils méritent mais il faut vous abstenir de juger et de mépriser les pauvres pécheurs. Il y en a beaucoup que l'on regarde comme réprouvés, tandis que Dieu les prédestine à la Gloire, et il y en a plusieurs, au contraire, que l'on regarde comme des Saints, tandis qu'au Jugement de Dieu ils sont déjà damnés. Il y en a quelques-uns pour qui vous avez du mépris, et pour qui j'ai la ferme confiance que Dieu leur rendra Son amitié. Chacun, avant de mourir, fait ses dispositions testamentaires. Pour me conformer à cet usage, voici les miennes en votre faveur. Je vous recommande la Charité mutuelle et une profonde Humilité. Je vous laisse tout mon héritage, qui est aussi celui de notre divin Maitre. Il se compose de la pauvreté, des humiliations et des douleurs. Tous ceux qui voudront entrer en partage de cette fortune seront mes enfants, parce qu'ils sont ceux de Jésus-Christ, et il n'est pas douteux que ce bon Père ne leur donne pour supplément la Vie éternelle. Soyez bénis de Dieu et de moi, mes enfants, et les autres qui ne sont pas ici présents. C'est par l'Ordre de Dieu que je vous accorde à tous cette Bénédiction éternelle, et Jésus-Christ Lui-même vous bénit en ce moment de cette Main qui fut clouée à la Croix ».
Ainsi soit-il.
Sainte Angèle de Foligno (1248-1309) – « Vie de Sainte Angèle de Foligno », Dernière exhortation d’Angèle, son testament et sa mort, pages 301-305, chez Périsse frères, 1863
Voir également de Sainte Angèle de Foligno :
- La Catéchèse de Benoît XVI sur la « Bienheureuse Angèle de Foligno »
- La Prière de la Bienheureuse Angèle de Foligno « Gloire à Vous, Seigneur Jésus ! »
- La Prière de la Bienheureuse Angèle de Foligno « Il n’est Charité plus grande sur terre que de pleurer les péchés du prochain »
- La Prière de la Bienheureuse Angèle de Foligno sur la Sainte Communion « L’homme a mangé votre Chair, il a bu votre Sang : qu’il ne fasse plus qu’un avec Vous »
- La Prière de la Bienheureuse Angèle de Foligno sur nos tribulations « Contemplez les Douleurs du Fils de Dieu et cette vue sera votre remède »
- La Prière de la Bse Angèle de Foligno « Ô très doux Seigneur, parmi la multitude innombrable de Vos dons, faites-moi capable d’en comprendre Sept »
- La Réponse de Jésus-Christ à l'âme qui désespère d’Angèle de Foligno « J'ai dépensé pour les pécheurs mon Sang et ma Vie, je n'ai rien gardé pour moi »
- La Prière d’Angèle de Foligno « Seigneur, votre Croix est mon lit de repos »
- La Prière Repentance de Sainte Angèle de Foligno « Ô céleste Médecin qui procurez le Salut éternel »
- La Prière de Sainte Angèle de Foligno sur l’Incarnation de Dieu « Ô Verbe divin, que Vous êtes aimant ! »
- La Prière de Sainte Angèle de Foligno « Ô mon très doux Maître, donnez-moi l'intelligence de Vos sept Dons »
- La Prière Testamentaire de Sainte Angèle de Foligno « Ô mes enfants bien-aimés, je vous le dis en mourant »