Prière d’Édouard Courteville
Voici une Prière sur le Chevalier du Guesclin « Seigneur, prends en pitié notre désespérance » extraite des Poésies posthumes d’Edouard Courteville (1832-1887), Maître clerc de Notaire puis Commissaire-priseur à Versailles et aussi homme lettré, écrivain et artiste, ami de Gustave Flaubert et Louis Bouilhet, qui retiré des affaires après quinze années d'un labeur incessant va se consacrer aux œuvres de bienfaisance.
La Prière d’Édouard Courteville pour la France « Seigneur, prends en pitié notre désespérance » :
« Seigneur, prends en pitié notre désespérance :
Protège Tes enfants du haut de Ton grand ciel !
Donne-nous la valeur avec la confiance,
Et d'un calice amer épargne-nous le fiel !
Réchauffe dans nos coeurs l'indomptable courage
Qu'inspire la Patrie et qui fait le bras fort ;
Dieu, ne nous frappe pas avant que notre ouvrage
N'ait été terminé dans un suprême effort !
Ce qu'il nous faut à nous, ce n'est point de la gloire,
Mais notre sol natal que souille l'ennemi !
Ta seule Volonté peut donner la victoire,
Et Judith eut raison d'Holopherne endormi.
Bretagne où je suis né, tes enfants qu'on exile
Pourront te revenir, mutilés et sanglants
Oui ! mais l'Anglais, du moins, ne verra plus son île
Nos bras auront vengé ses défis insolents !
Tu m'as donné, Seigneur, la laideur et la force
Ce qui doit repousser, ce qui doit conquérir ;
Laisse debout encor l'arbre à la rude écorce
Qui doit mûrir ses fruits avant que de périr !
Seigneur, sur ma poitrine assure ma cuirasse ;
Donne à mon destrier le nerf et la vigueur;
Que mon heaume abaissé protège bien ma face,
Et que mon jaque aisé n'étreigne pas mon cœur !
Daigne tremper, ô Christ, le fer de mon épée
Dans Tes pleurs répandus pour la Rédemption ;
Sur le sable rougi j'écrirai l'épopée
Des succès assurés par Ta protection !
Instrument dans Ta main, je sauverai, j'espère,
Avec les opprimés, mon pays et mon Roi ;
En attendant, Seigneur, exauce ma prière
Et mesure Tes dons aux ardeurs de ma foi.
L'œuvre de délivrance une fois accomplie,
Mes reins ne ploieront pas sous ma part de butin :
Car j'espère avant tout l'éternelle Patrie
Parmi les chevaliers, auprès de saint Martin !
Là je veux chevaucher dans l'étendue immense
Le Scapulaire au poing, la Croix sur mon écu,
Et, champion du ciel, protéger l'innocence
Contre l'entraînement du Désir invaincu !
Ainsi soit-il. »
Edouard Courteville (1832-1887) – « Poésies posthumes par Jules Rohaut »
Voir également d’Edouard Courteville :
La Prière Maternelle d’Édouard Courteville « Pour épargner l'enfant, mon Dieu, prenez la mère ! »
La Prière d’Édouard Courteville pour la France « Seigneur, prends en pitié notre désespérance »
La Prière d’Édouard Courteville sur « Les Anges Gardiens »