Prière de Jérôme Benivieni
Voici une Prière sur les angoisses du cœur qui a perdu Jésus et qui Le cherche « Ô Glorieuse Vierge, rendez-moi votre Fils bien-aimé que j’ai perdu uniquement par ma faute » du Révérend Père Jérôme Benivieni (1453-1542), Girolamo Benivieni en italien, Poète Dominicain florentin, disciple et traducteur de Jérôme Savonarole
La Prière de Girolamo Benivieni « Ô Glorieuse Vierge, rendez-moi votre Fils bien-aimé que j’ai perdu uniquement par ma faute » :
« Que cherches-tu, ô mon pauvre cœur ? Je cherche Jésus, mon Dieu ; Jésus qui était avec moi il n’y a qu’un instant. Ô mon Bien-Aimé, qui T’a ravi à mon amour ? Oh ! Comment pourrai-je vivre désormais sans Toi, ô mon bon Jésus, sans Toi qui est le principe de ma vie, de mon intelligence, de mes actions et de tout mon être ? Ô mon âme bien-aimée, n’aurais-tu pas vu Jésus, ou ne saurais-tu pas qui me L’a enlevé sur la route ? Nous L’avions laissé, il y a un moment à peine, sur le sein de Marie. J’ai appris, ô cœur insensé, que ton péché et ton peu de ferveur t’avaient seuls privé de sa Présence. Ô mon cœur, cet Époux chéri, cet unique Bien, est si pur et si délicat, que lorsqu’Il vient prendra chez toi sa demeure, si les appartements que tu Lui destines ne sont d’une propreté exquise, s’ils ne sont éclatants de beauté et remplis de suaves parfums, Il se retire alors pour ne plus revenir ; oui, pour ne plus revenir, ô mon cœur, vers ton néant, jusqu’à ce que l’efficacité de ton amour et de tes humbles soupirs te rendant de nouveau simple, pur et saint aux yeux de cet Agneau immaculé, tu mérites qu’Il revienne en toi et qu’Il y habite, ô mon cœur, tous les jours de ta vie. Peut-être, ô mon âme, en suppliant Sa tendre Mère avec humilité, celle-ci aura-t-Elle pitié de tes larmes et te rendra-t-Elle ton doux Jésus. Ô Glorieuse Vierge, qui surpassez en beauté toutes les créatures ; ô Vierge à la fois Mère, Fille et Épouse, rendez-moi votre Fils bien-aimé que j’ai perdu, hélas, uniquement par ma faute. Rendez-Le-moi ; car, ô tendre Mère, hors de Jésus, qui est ma vie, je suis forcé de mourir d'une mort sans fin. Si jamais une voix partie de la terre fut favorablement écoutée dans le Ciel, ah ! Qu’elle parvienne du moins jusqu’à Votre oreille, ô bonne Vierge, Celle qui doit obtenir que Vous me donniez et que Vous me rendiez Votre aimable Fils ! Je sais bien que ma prière ne mérite pas d’être écoutée ; ma vie passée me rend indigne de cette faveur ; mais cet Amour immense qui est mort pour nous sur la Croix non-seulement supplée à mon peu de mérite, mais encore Il triomphe de mon indignité ; Il fera donc que ma prière sera exaucée, et que je vivrai. Ah ! Si je ne suis pas digne de Le recevoir dans mon cœur à cause du désordre qui y règne et des souillures qui provoquent son dégoût, qu’une flamme d’amour produite par le bois sacré sur lequel Il a bien voulu mourir, que le Sang et l’Eau qu'Il a versés de son Cœur divin changent en vive clarté ce qui maintenant ternit mon âme et l’obscurcît. Mon âme, dans son pèlerinage d’ici-bas, marche en vain pour atteindre votre Fils ; Il échappe à ses empressements et la laisse seule. Ah ! Puisque pour voler jusqu’à Jésus ses ailes ne suffisent pas, prêtez-lui un Secours si efficace que, s’envolant enfin de ce monde trompeur, elle aborde en paix dans les bras de votre Fils adorable ! »
Ainsi soit-il.
Girolamo Benivieni (1453-1542) – « Le Cœur de Jésus », Ascétisme et littérature d’après le R-P Eugène Desjardins, pages 495-499, aux éditions Julien-Lanier, 1855