Prière de Guigues II le Chartreux
Voici la Prière « Seul avec le Seul » de Guigues II le Chartreux, Prieur de la Chartreuse mort en 1193. Guigues II le Chartreux pour le distinguer de son homonyme Guigues I, est l’auteur de la « Lettre sur la vie contemplative », appelée également « Échelle des Moines » écrite à la fin du XII siècle qui explique les quatre degrés de la « Lectio Divina » : la lecture, la méditation, la prière et la contemplation.
La Prière « Seul avec le Seul » de Guigues II le Chartreux :
« Ô bon Jésus, je souhaite que personne ne se trouve ici extérieurement avec moi, afin d'être intérieurement dans une plus grande familiarité avec toi. Malheur à celui qui est seul, s'il ne t'a pas pour seul compagnon. Qu'ils sont nombreux ceux qui vivent au milieu de la foule, et qui pourtant sont seuls parce qu'ils ne sont pas avec toi ! Je souhaite n'être jamais seul sans toi. Aucun des humains n'est avec moi, et cependant je ne suis pas seul. Amen. »
Guigues II le Chartreux (mort en 1193)
La Lettre sur la vie contemplative : « l'échelle des Moines » de Guigues II le Chartreux :
L'échelle des Moines :
Un jour, pendant le travail manuel, je commençai à penser à l'exercice spirituel de l'homme, et tout à coup s'offrirent à la réflexion de mon esprit quatre degrés spirituels : lecture, méditation, prière, contemplation. C'est « l'échelle des moines », qui les élève de la terre au ciel. Certes, elle a peu d'échelons ; elle est immense pourtant et d'une incroyable hauteur. Sa base repose sur la terre, son sommet pénètre les nuées et scrute les secrets des cieux (Gn 28, 12 : « Il (Jacob) eut un songe : Voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient ! » ). Les degrés sont divers en noms et en nombre, et ils sont distincts également en ordre et en importance. Si quelqu'un étudie avec soin l'efficacité de chacun d'eux sur nous, leurs mutuelles différences et leur hiérarchie, il y trouvera tant d'utilité et de douceur qu'il estimera court et facile tout le labeur et l'application (Gn 29, 20 : « Il eut un songe : Voilà qu'une échelle était dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient ! » ) dépensés sur cet objet.
Les quatre échelons de « l'échelle des moines » :
La lecture est l'étude attentive des Ecritures, faite par un esprit appliqué.
La méditation est une opération de l'intelligence, procédant à l'investigation studieuse d'une vérité cachée, à l'aide de la propre raison.
La prière est une religieuse application du coeur à Dieu pour éloigner des maux ou obtenir des biens.
La contemplation est une certaine élévation en Dieu de l'âme attirée au-dessus d'elle-même et savourant les joies de la douceur éternelle.
Ayant décrit les quatre échelons, il nous reste à voir leurs offices à notre égard :
La lecture recherche la douceur de la vie bienheureuse, la méditation la trouve, la prière la demande, la contemplation la goûte. S'il est permis de s'exprimer ainsi, la lecture apporte une nourriture substantielle à la bouche, la méditation mâche et triture cet aliment, la prière obtient de goûter, la contemplation est la douceur même qui réjouit et refait. La lecture est dans l'écorce, la méditation dans la moelle, la prière dans l'expression du désir, la contemplation dans la jouissance de la douceur obtenue.
La lecture se présente la première, comme le fondement ; elle fournit un sujet et nous conduit à la méditation. La méditation recherche plus attentivement ce qu'il faut désirer ; en creusant, elle découvre le trésor (Mt 13, 44 : « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme vient à trouver : il le recache, s'en va ravi de joie vendre tout ce qu'il possède, et achète ce champ » ) et le montre ; mais comme elle ne peut le saisir par elle-même, elle nous conduit à la prière. La prière, s'élevant de toutes ses forces vers Dieu, demande le trésor désirable : la suavité de la contemplation. La contemplation, en survenant, récompense le labeur des trois premiers degrés ; elle enivre de la rosée d'une céleste douceur l'âme altérée. La lecture est un exercice externe, la méditation est un acte de l'intelligence intérieure, l'oraison un désir, la contemplation un dépassement au-dessus de tout sens. Le premier degré est celui des commençants, le second des progressants, le troisième des fervents, le quatrième des bienheureux.
Nous pouvons déduire de tout cela que la lecture sans méditation est aride, la méditation sans lecture est sujette à l'erreur, la prière sans méditation est tiède, la méditation sans prière est sans fruit. La prière faite avec ferveur obtient la contemplation, mais le don de la contemplation sans la prière est rare ou miraculeux.
Extraits de la Lettre sur la vie contemplative, l'échelle des Moines, de Guigues II le Chartreux
Voir également de Guigues II le Chartreux :
La Prière « Seul avec le Seul » de Guigues II le Chartreux
La Prière de Guigues II le Chartreux « Au commencement, la terre était déserte et vide »
La Prière de Guigues II le Chartreux « Seigneur, j'ai cherché ton Visage »
La Prière de Guigues II le Chartreux « La grâce nous vient de Marie »
La Prière du Père Abbé Guigues II le Chartreux « Seigneur, ouvre mes lèvres et nourris-moi de ta Louange »