La Prière de M. l’abbé Martial Carraux « Ô vous qui rentrez dans cette église, ayez pitié du dernier banc vers le pilier » :

« Ô vous qui rentrez dans cette église, ayez pitié du dernier banc vers le pilier. Pourquoi, sur moi, vous acharner toujours ? Quitte à vous serrer comme les pains dans un four ? Suis-je plus moelleux, plus confortable; moins anonyme, que mes frères de devant pourtant du même millésime ? À moins qu'en souvenir du publicain de l'Évangile, vous ne restiez près de la porte, à cause de votre foi fragile ! Est-ce par souci d'humilité que vous restez près du bénitier ? Si quelqu'un guignait par la fenêtre, on pourrait croire que vous avez peur du prêtre. Parfois pour m'alléger la tâche, les curés font des remarques et se fâchent. « Avancez, que diable, le Bon Dieu veut vous voir ! » Mais, le dimanche suivant, sur mon séant, tous reviennent choir ! Un curé de ma connaissance puisqu'il était à Massongex, A. Grimentz, avait inscrit : « Les 10 premiers bancs sont chauffés ! » Votre curé d'aujourd'hui au sermon ne dira rien, mais comme je le connais, il n'en pense pas moins ! Un jour passant près de moi, il m'a confié tout bas : « Pauvre banc, le jour où tu seras vide : j'aurai pas mal de rides ! » Excusez-moi pour ces quelques épines, mais ma planche est si lisse que j'ai grise mine ».

Ainsi soit-il.


Chanoine Martial Carraux (1947-2016)

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