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La Prière de Mgr Hincmar de Reims « Ô Bienveillante Vierge, ayez pitié de ma misère » :

« Vierge Marie, puissante Mère du Seigneur, moi, Hincmar, évêque, je Vous dédie cet opuscule. Il rapporte Vos actions dictées par un Principe divin, et montrant clairement que Vous avez enfanté Dieu ; car la vraie substance de la chair et de l’âme du Verbe, que Vous avez conçue, est votre Fils unique. Il n’a point été engendré par un concours humain, mais par celui du Saint-Esprit, et sortant de Vos bienheureuses entrailles comme de Sa couche. Votre sein virginal n'a souffert aucune douleur, il est resté fermé, et vierge, Vous avez enfanté. Mère vénérable, Vous resplendissez par la chair du Verbe, et Vous restez cependant la servante à cause de la divinité de l’homme, car Dieu est homme, Jésus-Christ est homme, et en même temps seul et vrai Dieu créateur. Le Seigneur mis au monde par Votre excellente virginité est la Personne unique et la double substance du Christ. De même l’Église, dans sa virginité, par le Saint-Esprit engendre ses enfants dans le Bain baptismal. Par son propre pouvoir Il est Dieu ; par la nature Il est votre Fils afin que, par la Grâce, nous soyons ses frères adoptifs. Quiconque baptise les fils de cette fontaine sacrée, les baptise toujours avec le Sang divin. Nous ne doutons pas que le Baptême n’existe que sous l’invocation à la Trinité ; le Christ nous l’a enseigné. Il alimente les Royaumes du Ciel de son divin Corps, Celui que Votre lait a alimenté ; Il est la vie et le salut de la vie. Prêtre suprême, Roi, Il devient l’Hostie et l’Autel, et, se montrant à son Père, Il nous sauve de l’expiation. La fonction sacerdotale qu’Il remplit Lui-même dans le Ciel, Il a permis à ses serviteurs de la remplir ici-bas. Il consacre ses Dons avec eux et par eux comme par sa Parole, son Souffle et sa Croix. Et l’Esprit-Saint dont Il est né nous donne notre Jésus. C’est la vraie foi qui Le voit, et non l’œil de la chair, de même que Pierre avait vu Dieu dans l’homme. Il ne meurt pas le Ressuscité vainqueur de la mort ; mais Il souffre de nouveau pour nous, Il est le salut et la vie, car chaque fois que sa Passion mystique se renouvelle à l’Autel, Il nous lave de nos taches. Il nous réveille ensevelis dans la mort du péché, si de mauvaises pensées n’accablent pas ceux qui sont comblés des vrais biens. Ceux qui reçoivent dans un cœur pieux les Mystères du Christ, portent votre Fils, ô Vierge Marie. Par un sacré breuvage nous devenons son Corps, et il reste en nous comme notre propre chair. Il est l’Agneau véritable qui, par sa Passion, s’est chargé des péchés du monde, et qui, servant de nourriture, vit au plus haut des Cieux. Restant entier Il nous rassasie avec les objets de notre rédemption, sa Croix, sa Pierre, sa Chair et son Sang. Le Christ frappé par un double trait est une pierre, car le bois de sa Croix est double. Ce Pain vivant arrose son Église avec l’eau et le sang qui coulent de Son côté. Il l’a formée en mourant, comme Ève fut formée d’une partie du côté d’Adam pendant son sommeil. Il est évident que cette Hostie est formée d’un grand nombre de grains. Offerte par beaucoup, Elle est une seule offrande, et, unique, Elle est donnée à tous les peuples. Corporelle, non divisée, par une vertu céleste Elle est un signe plus grand que la manne chez l’ancien peuple. Elle est tout entière dans le Ciel et dans notre corps et dans notre cœur, en nous donnant le salut par la Croix. Mais cette sainte Offrande ne profite pas seulement aux vivants, par sa Chair elle soulage même les morts. Elle donne la gloire et le repos aux Saints et à ceux que la mort n’a pas saisis pour le feu, et profite à ceux qui sont trouvés dignes du Corps du Christ et que leurs bonnes œuvres secondent. Les Mystères vivants du Seigneur parviennent même à ceux que réclament les ténèbres de l’esprit du mal. Ainsi, par son Sang Il attire ses élus qui, pour se sauver, ont cru en Lui. La Loi dit : que les chairs de l’agneau soient mangées dans une seule maison, suivant le rite ; que chacun prenne sa part, et qu’il ne reste rien ; que celui qui veut prendre le Pain et le Breuvage de la vie reste joint par l’amour à l’Église Catholique, s’il veut demeurer avec les Saints dans les célestes Parvis et jouir des honneurs royaux. Vous êtes nourrie de sa Présence, ô Vierge Marie, Il partage dans l’éternité l’empire et l’honneur avec son Père. C’est Lui qui, en ressuscitant, fit ressusciter beaucoup de morts, et les amena avec Lui au-dessus des astres du Ciel. Vous êtes plus Sainte qu’eux tous, Vous qui avez été rendue digne de donner la vie au Verbe dans Votre sein virginal. La chair du Dieu saint ne fut pas corrompue dans le sépulcre, non plus que celle que Dieu lui-même a prise en Vous. Étoile de la mer, Vous demeurez avec Lui dans la hauteur des Cieux, célébrée par les pieux cantiques des anges. Ô Bienveillante Vierge, ayez pitié de ma misère, car il a crié de la Croix : « Voici votre fils ». Et pour que le disciple eût l’honneur de Vous garder, Il dit à Jean : « Voici ta Mère ». A l’article de la mort, notre vie et notre résurrection, Il Vous charge d’y pourvoir. Lorsque je mourrai, ô plus Illustre que les plus illustres ministres du Ciel, régnant avec le Christ, je Vous en conjure, ayez pitié de moi, pour que je mérite d’avoir part avec ceux que la Grâce sauve, dans la lumière, la paix et le repos. »

Ainsi soit-il.


Mgr Hincmar de Reims (1927-2019) - Hincmari carmen dogmaticum ad B. V. Mariam

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