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La Prière de consécration à Jésus de Louis-Joseph Hallez « Que ma voix Le bénisse et que mon cœur L'adore » :

« Oui, c'est au Dieu béni qu’adora mon enfance,
Au Dieu qui, me versant la vie et le pardon,
Me reçut dans Ses bras au jour de ma naissance,
Et de qui sur mon sein, ardentes d'espérance,
Les lèvres de ma mère ont imprimé le Nom ;

C'est au Christ, à l'Agneau, c'est à Son chaste empire,
A Son règne immortel au Ciel, et sur les cours,
Que j'ai voué mes ans, mes pinceaux et ma lyre :
Heureux si sa Tendresse un jour daignait sourire
Aux soupirs de mes chants, au parfum de mes fleurs.

Que ma voix Le bénisse et que mon cœur L'adore,
Que ce cœur, pour Lui seul plein du plus tendre amour,
Réveille l'hymne sainte au réveil de l'aurore,
Tressaille pour Lui seul, pour Lui seul brûle encore,
Lorsque l'Ange des nuits vient éteindre le jour.

Que son Nom soit toujours sur ma lèvre attendrie,
Qu'Il brille sur mon front, qu'Il embrase mon sein,
Qu'Il rayonne à jamais dans mon âme ravie,
Qu'Il soit et mon espoir, et ma joie, et ma vie,
Et qu'aux Jours éternels Il m'enivre sans fin.

Non, je n'ai rien voulu des Cieux ni de la terre,
A cet étroit séjour je ne demande rien.
Que m'importe un reflet de beauté passagère ?
Je suis fait pour le Dieu de Gloire et de Lumière,
Et Son immense Empire est à jamais mon bien.

Donc, traverser obscur cette plage étrangère,
Au terme de l'exil précipiter mes pas,
Consacrer, sous les yeux de ma divine Mère,
Mes travaux et ma vie à son Fils, à mon Frère,
Et près de Lui sans crainte attendre le trépas ;

Pauvre, pour tout trésor posséder sa Tendresse ;
Lui révéler mes soins, mes pensées, mes désirs ;
Mouiller Ses pieds des pleurs d'une innocente ivresse,
A Ses divines mains confier ma faiblesse :
Là s'arrêtent mes vœux, Là vont tous mes soupirs.

Oh ! que Lui-même un jour à mes larmes réponde,
Qu'Il incline vers moi son Front céleste et doux,
Et qu'attentive... loin, bien loin des bruits du monde,
Mon âme dans son sein s'écoule comme l'onde
Alors qu'elle entendra la Voix de son Époux !

Aux rayons du matin l'humble fleur se colore,
Et déjà vers les cieux a porté son encens ;
Telle aux pieds de l'Agneau, dès sa première aurore,
Avec ses premiers feux mon âme simple encore
Brûla de déposer le tribut de ses chants.

Je l'ai juré, Lui seul recevra mon hommage,
Mon luth ne connaîtra que son Nom glorieux,
Ma main ne tracera que Sa touchante Image,
Et si je foule encor le terrestre rivage,
C'est pour bénir Celui que bénissent les Cieux.

Mais le soleil pour moi déjà se décolore :
Chants sacrés, doux accents d'espérance et d'amour,
Comme la fleur tardive empressez-vous d'éclore,
A flots mélodieux coulez, coulez encore
Avec mes derniers pleurs, avec mon dernier jour.

Avec l'homme exilé tout ici-bas soupire ;
Tout à ses pleurs amers semble unir des sanglots ;
Le flot plaintif, la nuit, la forêt, le zephyre
Et l'être qui se tait, et l'être qui respire,
Appellent comme lui le grand jour du repos.

Mais tout aussi retourne à sa source féconde :
La plante dans les cieux cherche l'astre du jour,
Le fleuve au sein des mers précipite son onde,
Et notre âme, à travers les tempêtes du monde,
Vole au sein de son Dieu s'abîmer sans retour ».

Ainsi soit-il.


Louis-Joseph Hallez (1804-1882) - « Chants sacrés du matin et du soir », pages 5-9, chez Mame, 1870


Voir également de Louis-Joseph Hallez :
- La Prière de Louis-Joseph Hallez à Noël « Venez au berceau du Dieu Sauveur »
- La Prière de Louis-Joseph Hallez « Ô Dieu, viens répandre en mon cœur Tes plus puissants Attraits »
- La Prière de consécration à Jésus de Louis-Joseph Hallez « Que ma voix Le bénisse et que mon cœur L'adore »