Prière de l’Abbé Henri Perreyve
Voici une Prière aux malades pour les heures de solitude dans la nuit où ils se retrouvent seuls « Si vous pleurez, que ce soit avec Jésus, car Il a pleuré » de Monsieur l’Abbé Henri Perreyve (1831-1865), d’abord Membre de la Société de Saint Vincent de Paul fondée par Frédéric Ozanam, puis Vicaire à l'église Saint-Thomas d'Aquin à Paris, Aumônier du lycée Saint-Louis, Professeur d'histoire ecclésiastique à la Sorbonne, et enfin Chanoine honoraire de la Cathédrale d'Orléans.
La Prière de l’Abbé Perreyve « Si vous pleurez, que ce soit avec Jésus, car Il a pleuré » :
« Il est pour le malade une heure plus lourde encore à porter que celle du réveil : c'est la dernière du jour, l'heure qui termine le soir et commence la nuit. Pendant le jour, l'activité douce et bienveillante de ceux qui entourent le malade supplée, pour ainsi dire, à sa propre activité. On le distrait, on le soutient, on lui fait une lecture, on l'amuse d'un récit, on le tire de la vue trop concentrée de ses maux ; mais, le soir, tous ces secours se retirent, et le pauvre souffrant demeure seul. Tous les malades connaissent l'amertume de cette heure où la fidélité la plus tendre leur donne ses derniers soins, et les laisse en compagnie d'une lampe qui tremble et devant dix heures d'insomnie. Ce moment est pour tous celui du repos. C’est, au contraire, pour le malade celui d'une agitation désolante. Ce qui lui reste de forces ne sert qu'à le tourmenter ; une ardeur fiévreuse s'empare de ses membres et trouble son âme. Comment alléger pour lui le poids de cette heure ? Quel souvenir invoquer pour le soulager dans le moment de sa passion ? Ah ! Dans l'extrémité de certaines détresses, il n'est au monde qu'un secours, et ce secours dernier mais toujours souverain, c'est la Passion du Sauveur. Pauvre malade, abandonné le soir, et aussitôt assailli par les troubles, les prévisions sinistres, les apparitions désolantes, n'en doutez point, c'est pour vous, comme pour tous les délaissés dans l’heure de l'angoisse, que le Sauveur des hommes a voulu traverser cette cruelle heure du soir, et l'abandon de Gethsémani. Le monde s'est retiré loin de vous : il est présentement occupé de ses plaisirs et de ses fêtes, et l'écho de ses joies bruyantes arrive peut-être jusqu'à votre lit de souffrances. Laissez-le sans colère comme sans envie à l'étourdissement de son faux bonheur, et unissez ce premier détachement à celui de Jésus laissant d'abord Ses disciples à l'entrée du Jardin des Oliviers. Vos proches, vos amis les plus chers, vos serviteurs les plus dévoués vous laissent à leur tour. Ce n'est de leur part ni dureté, ni trahison, mais ils sont faibles comme sont les âmes dans l'infirmité des sens, et le sommeil est plus fort en eux que l'amour : « Leurs yeux étalent appesantis ». Laissez-les à ce repos qu'ils ont gagné par leurs soins de tout le jour. Ne leur demandez pas de veiller davantage : courage ! Sachez rester seul, et unissez ce second abandon à celui de Jésus quittant Ses trois amis préférés pour marcher seul au-devant du Calice. Que si, vaincu par la souffrance et par l'angoisse de la solitude, vous éveillez ces pauvres gardiens de vos misères et leur demandez du secours, ne vous irritez point de les trouver engourdis de fatigue, vous répondant à peine, vous servant à la hâte, et retombant aussitôt dans l'insensibilité du sommeil. Pas de révoltes intérieures, pas de durs reproches, pas d'injustes soupçons. Pierre, Jacques et Jean aimèrent Jésus ; mais ils ont dormi sous les oliviers de Gethsémani le sommeil de toute faiblesse humaine. Encore une fois, demeurez dans le silence, et unissez ce troisième abandon à celui de Jésus laissant les trois pauvres disciples à leur sommeil. Les terreurs, les tristesses invincibles, les troubles d'esprit viendront : unissez-les à ces troubles excessifs, et à cette agonie spirituelle qui prosterna le Sauveur contre terre. Si vous pleurez, que ce soit avec Jésus, car Il a pleuré. Si vous vous plaignez, que ce soit avec Jésus, car Il s'est plaint. Si vous demandez la fin de l'angoisse, que ce soit avec Jésus, car Il l'a demandée ; mais demandez-la comme Il l'a fait, disant : « Ô Père, s’il est possible, que ce calice s'éloigne de moi ; mais que votre Volonté soit faite, et non la mienne ! » Soyez donc avec Jésus, soyez seul avec Lui ; mais qu'est-ce à dire, chrétien ? Sinon que vous ne serez jamais seul dans vos douleurs et que le divin Ami toujours présent, toujours éveillé pour vous secourir, enverra bientôt à vous l’ange de Sa secrète et pénétrante consolation : « Et les anges s'approchèrent, et ils Le servaient »
Ainsi soit-il.
Abbé Henri Perreyve (1831-1865) – « La Journée des Malades »
Voir également de l’Abbé Henri Perreyve :
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Ô Marie, qu'il est bon de Vous rencontrer à l'heure de la détresse »
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Je Vous adore, Seigneur Jésus, succombant sous le bois de la Croix »
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La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Vierge sainte, ayez pitié de ceux qui s’aimaient et qui ont été séparés »
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La Prière du malade pour la nuit de l’Abbé Perreyve « Si vous pleurez, que ce soit avec Jésus, car Il a pleuré »