La Prière de l’Abbé Perreyve « Ô Maître, dites-moi ce que je dois apprendre dans ce dernier Acte de votre Passion » :

Le Chrétien : « Je Vous adore, Seigneur Jésus, tandis que de fidèles mains emportent Votre corps sacré, Le déposent dans le sépulcre et ferment l'entrée d'une pierre. Je Vous adore durant le silence de cette nuit étonnante où l’Auteur de toute vie parut enchaîné dans les liens de la mort. Les pharisiens, troublés par le souvenir de Vos oracles, ont fait sceller la pierre ; des gardes veillent devant elle ; Vos disciples sont dispersés ; tout se tait aux alentours : il semble que la mort ait gagné la victoire et décidément assuré son empire. Parlez cependant, ô Maître ! Et dites-moi ce que je dois apprendre dans ce dernier Acte de votre Passion ».

Jésus-Christ : « Mon fils, tu ne dois point chercher dans mon tombeau un mystère de mort, mais un mystère de vie. Rappelle-toi ce que je dis un jour à mes disciples : « Si le grain de froment ne tombe en terre et n'y meurt, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Cette mort triomphante du grain de blé est le symbole de ma mort, et de la mort spirituelle de mes fils. Elle représente fidèlement la féconde transformation des âmes qui savent, une fois pour toutes, mourir avec moi et attendre leur heure dans mon sépulcre. Mon sépulcre, c'est tout ce qui cache le chrétien au monde et à lui-même. C'est tout ce qui t'humilie, mon fils ; c'est ce qui contrarie tes désirs, ce qui brise tes efforts. C'est la maladie qui broie vingt fois le jour ta volonté ; c'est tout cet ensemble de faiblesses, de difficultés, de malentendus, de tristes misères en toi et dans les autres, qui jette souvent sur ta vie un froid et pesant linceul. Voilà le sépulcre. Entre alors, comme le grain de blé, dans les entrailles de la terre, c'est-à-dire dans les entrailles de l'humilité, de l'oubli, du renoncement à toi-même ; entres-y, comme moi, en esprit de foi et surtout d'impérissable espérance. Car il n'y a rien dans l'univers de plus fécond que mon sépulcre, et c'est aussi la fécondité que tu dois trouver dans le tombeau. Tes chagrins, tes douleurs, tes larmes se doivent dès aujourd'hui transformer en dévouement pour les hommes, en consolation des affligés et des malades, en abnégation au service de tous. Tu dois sortir de l'épreuve, comme moi des étreintes brisées de la mort, plus vivant et plus fécond que jamais. Âme chrétienne, sois de celles qui ont compris cette initiation sacrée. Use de tout ce que tu as souffert, pour apaiser les plaintes de ceux qui souffrent, pour être intelligente sur les misères et les besoins des pauvres. Et si tu veux une récompense dès ce monde, sache qu'il n'y a point sur terre de meilleur remède à ses propres douleurs que de soulager celles des autres. Va donc courageusement ; sois cette âme ressuscitée dans mon tombeau ; et quand l'heure sera venue pour toi de passer des ombres de la vie à la Vie véritable, quand tu paraîtras aux Pieds de mon Père, je te reconnaîtrai, je te nommerai devant Lui par ton nom, et je Lui dirai, en t'attirant vers Son cœur : « celle-ci m'a suivi fidèlement dans le chemin de ma Croix. Comme moi, elle a souffert en esprit de sacrifice ; comme moi, jusqu'au Calvaire elle a béni la Volonté de Dieu ; comme moi, elle est morte et elle est ressuscitée. »

Ainsi soit-il.


Abbé Henri Perreyve (1831-1865)

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Voir également de l’Abbé Henri Perreyve :
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Ô Marie, qu'il est bon de Vous rencontrer à l'heure de la détresse »
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Je Vous adore, Seigneur Jésus, succombant sous le bois de la Croix »
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Consacrer sa vie à Dieu, ce n'est pas toujours se séparer du monde »
La Prière de l’Abbé Henri Perreyve « Vierge sainte, ayez pitié de ceux qui s’aimaient et qui ont été séparés »
La Prière Testamentaire de l’Abbé Henri Perreyve « Je meurs dans la foi de l'Église catholique, au service de laquelle, dès l'âge de douze ans, j'ai eu le bonheur de consacrer ma vie »
La Prière de l’Abbé Perreyve sur l'Humilité « Ô Jésus, donnez-moi d'être humble dans la constatation de ma misère et relevez-moi »
La Prière de l’Abbé Perreyve pour le Samedi Saint « Ô Maître, dites-moi ce que je dois apprendre dans ce dernier Acte de votre Passion »
La Prière dans l'épreuve de M. l’Abbé Perreyve « Ô Jésus chargé de la Croix, donnez-moi l’Amour qui transforme toutes choses »
La Prière du malade à son réveil de l’Abbé H. Perreyve « Ô mon Dieu, j'ai peur du jour qui commence »
La Prière du malade pour la nuit de l’Abbé Perreyve « Si vous pleurez, que ce soit avec Jésus, car Il a pleuré »