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La Prière à Jésus-Christ sur sa Flagellation du Vénérable Père Thomas de Jésus « Ô mon Jésus, je voudrais pleurer nuit et jour la cause de Votre cruelle Flagellation » :

« Voici l'heure, ô mon doux Jésus, où Votre chair si pure et si innocente sera déchirée, où Vos veines seront ouvertes, et où Votre sang précieux va couler à grands flots pour notre Salut. Quel cœur pourrait voir sans frémir exécuter sur Vous, ô mon divin Sauveur, une sentence si cruelle ! Qu'on l'exécute plutôt sur moi, puisque c'est moi qui ai péché ! Je frissonne d'horreur, ô mon Dieu, en voyant qu'on n'observe à Votre égard aucune forme de justice. Pilate Vous trouve innocent, et il Vous condamne à la flagellation : il dit aux Juifs qu'il veut Vous corriger. Mais que peut-il corriger en Vous, ô Pureté infinie ! De quoi peut-il Vous punir, ô innocent Agneau, qui n'avez cessé d'accomplir toute justice ? On punit un malfaiteur pour donner de la crainte aux autres, et pour n'être pas obligé d'en punir plusieurs ; mais Vous, ô divin Rédempteur, Vous n'êtes puni que pour satisfaire la haine de Vos ennemis. Une cruelle flagellation est le moyen qu'on choisit pour condescendre à la volonté de ceux qui Vous accusent faussement. Soyez à jamais loué, ô mon Dieu ! Que les Anges, le Ciel, la terre, et toutes les créatures Vous bénissent éternellement de l'Amour que Vous avez pour nous ! Ô divin Amour, qui avez tant de pouvoir sur le Cœur de Jésus, et qui en avez si peu sur moi, quand serai-je enfin embrasé de Vos ardeurs ? Cet Amour ineffable n'a pu souffrir qu'on Vous traitât avec quelque sorte d'humanité. On Vous dépouille sans respect ; on Vous attache brutalement à une colonne ; on Vous flagelle cruellement ; on se lasse de Vous frapper ; on se relaie ; on n'a nulle pitié de Celui qui en a eu de tous les misérables. Au lieu de quarante coups ordonnés par la loi, on Vous en donne plus de cinq mille ; on ne fait qu'une seule plaie de tout votre Corps. Ô mon Dieu, quel atroce, quel sanglant spectacle ! Peut-on y penser sans frémir d'horreur ? Vous êtes comme un lépreux : depuis la tête jusqu'aux pieds, il n'y a rien de sain en Vous. Ô mon Jésus, à quel titre ai-je pu mériter que Vous souffriez tant pour moi ! Ô doux Agneau, en voyant Votre chair virginale meurtrie et ensanglantée, je suis si saisi de frayeur, que je ne puis plus parler. Permettez-moi de me jeter à Vos pieds, et de baiser cette terre arrosée de votre Sang ; je déteste mes péchés qui Vous causent un traitement si barbare. Changez, ô mon Dieu, mes yeux en deux sources de larmes : je voudrais pleurer nuit et jour la cause de Votre cruelle Flagellation. Eh ! Comment puis-je, ô mon Jésus, Vous voir dans un état si affreux, et ne pas expirer de douleur ! Ô tendre Père ! Votre Sang coule de toutes parts, votre Chair tombe en lambeaux, et ce qui aurait fait compassion, ce qu'on n'aurait pu voir sans horreur dans le plus vil des animaux ne fait qu'exciter les rires insolents, et les insultes cruelles de ces cœurs barbares, de ces tigres inhumains. Et Vous, ô bon Jésus, pendant ce cruel supplice, Vous n'ouvrez pas seulement la bouche pour Vous plaindre : Vous êtes comme un agneau devant celui qui le tond. Mais qui pourrait le croire ? Votre silence, loin de troubler ces cœurs féroces ne fait qu'irriter leur rage, et exciter leur fureur. En quoi ! Seigneur, pour expier nos péchés, Vous voulez être brisé moulu et broyé sous les coups ! Quoi ! Pour de misérables pécheurs qui ne cessent de Vous outrager, Vous subissez un pareil supplice ! Que ferai-je pour Vous en témoigner ma reconnaissance ? Si Vous me le permettez, ô mon Dieu, je me retirerai dans Vos plaies sacrées ; je Les panserai, en Les arrosant de mes larmes ; je Les baiserai ; j'en sucerai le Sang précieux ; je Les parcourrai l'une après l'autre, pour y goûter les douceurs ineffables qui s'y trouvent cachées. Je sais, ô divin époux, que c'est là que Vous élevez avec soin les âmes que Vous aimez ; c'est dans les trous de cette pierre qu'elles trouvent le miel céleste dont Vous les nourrissez : comme une mère pleine de tendresse, Vous y échauffez Vos enfants. Je ne puis plus dire avec David, que « le passereau a trouvé une demeure où se reposer, et la tourterelle un nid pour ses petits » et que je n'ai pu trouver de retraite, car Vous avez, ô Dieu de Bonté, préparé à tous ceux qui Vous cherchent dans la tribulation un asile délicieux, où Vous les recevez, et où Vous les protégez contre tout ce qui peut leur nuire. Heureux celui qui ne s'est jamais éloigné de cet asile, qui n'a point cherché ailleurs son repos, qui a toujours soupiré après Vos plaies sacrées, et qui s'y plonge avec amour ! On dit que le sang des petits enfants est un remède pour la lèpre, et le grand Apôtre assure que le Sang de Jésus a la force de purifier les consciences. Ô divin Agneau, qui effacez les péchés du monde, jetez donc les yeux sur ce lépreux tout couvert d’ulcères, tout rempli de péchés et d'imperfections ; purifiez-le, lavez-le dans ce Sang qui coule de tout Votre corps, et son âme deviendra plus blanche que la neige. Vous avez dit à Saint Pierre : « Si je ne vous lave, vous n'aurez point de part avec moi. » Eh bien ! Seigneur, voici mon cœur et ma tête, mes mains et mes pieds, mon entendement et ma volonté, mes affections et mes œuvres, mes pensées et mes désirs, lavez tout, ô mon Jésus, car tout est souillé ; purifiez tout, car tout est corrompu ; guérissez tout, car tout est malade. Changez-moi par la vertu toute puissante de ce Sang précieux, que Vous répandez pour mon amour. Ô Très-Sainte Mère de Dieu, qui avez conçu dans Vos chastes entrailles, et nourri du sang le plus pur de votre cœur le Corps sacré de Jésus, obtenez-moi la Grâce de sentir vivement les douleurs de votre Fils, de suivre ses Exemples, de haïr mes péchés, qui L'ont réduit dans l'état pitoyable où je Le vois, afin que tant de souffrances endurées pour moi ne me soient pas inutiles, mais qu'elles me procurent la Vie éternelle ».

Ainsi soit-il.


Père Thomas de Jésus (1529-1582) - « Les Souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ pendant sa Passion », pages 367-371, chez L. Prud'homme (1873)


Voir également du Père Thomas de Jésus :
- La Prière du Vénérable Père Thomas de Jésus « Non, Seigneur, la crainte de la mort ne me séparera pas de Vous »
- La Prière du Père Thomas de Jésus « Je Vous rends mille Grâces, ô Source de tous les Biens ! »
- La Prière de Thomas de Jésus pour le Vendredi Saint « Ô Père éternel, par les Mains de Votre divin Fils attachées à la Croix, recevez-moi dans Vos mains adorables »
- La Prière de Tomé de Andrade « Ô Très Sainte Mère de Dieu qui avec une extrême douleur avez vu mourir Celui à qui Vous aviez donné la vie »
- La Prière de Fr. Thomas de Jésus « Vous aimez, ô aimable Sauveur, et Vous n'êtes point aimé »
- La Prière du P. Thomas de Jésus sur la Parole de Dieu « Ô Jésus, Lumière incréée, éclairez-moi ! »
- La Prière du P. Thomas de Jésus sur la Charité « Je n'ai qu'un seul regret, ô mon Sauveur, c'est d'avoir vécu si longtemps sans Vous aimer »
- La Prière du P. Thomas de Jésus avant la Sainte Communion « Non, je ne suis pas digne de Vous recevoir »
- La Prière du Vénérable Thomas de Jésus à Jésus mourant sur la Croix « Ô mon Jésus, que je sente les douleurs cruelles que Vous souffrez lorsqu'on Vous élève sur cette Croix »
- La Prière du Vénérable Père Thomas de Jésus « Ô puissante Reine du Ciel, secourez-moi, assistez un ingrat qui est indigne de tout bien »
- La Prière pendant la Sainte Messe du Vénérable Père Thomas de Jésus « Ô mon Sauveur, Vous m'aimez jusqu'à vouloir Vous donner à moi »
- La Prière à Jésus-Christ mourant du Vénérable Père Thomas de Jésus « Ô bon et très-doux Jésus, ne m'abandonnez pas en mourant puisque Vous mourez pour moi »
- La Prière à Jésus-Christ sur sa Flagellation du Vénérable Père Thomas de Jésus « Ô mon Jésus, je voudrais pleurer nuit et jour la cause de Votre cruelle Flagellation »