Prière du Révérend Père Paul de Barry
Voici une Prière à l'imitation de Sainte Gertrude pour présenter à la Sainte Vierge le Cœur de son Fils « Ô Marie, je Vous offre le Cœur de mon adorable Rédempteur » extraite du « Paradis ouvert à Philagie » du Révérend Père Paul de Barry (1585-1661).
La Prière du Révérend Père Paul de Barry « Ô Marie, je Vous offre le Cœur de mon adorable Rédempteur » :
« Reine du ciel et de la terre, Marie, très-digne Mère de mon doux Jésus, me voici à genoux en présence de votre sacrée et sainte Majesté, pour vous offrir un présent qui n'eut jamais son pareil. Résolument il faut qu'une fois en mes jours je fasse une offrande agréable à vos yeux et capable de donner de la jalousie aux Anges. Ce ne sera pas le grand prix de toutes les richesses, grandeurs et beautés qui sont éparses dans le monde : c'est trop peu pour votre grandeur ! Le monde, avec tout son éclat et avec toute sa pompe, pour tant qu'il vaille, ne mérite point le favorable aspect de la moindre de vos œillades. Ce ne sera rien de ce qui m'appartient soit au corps, soit à l'âme, non pas même tout ce que j'ai de meilleur, qui est mon cœur : car c'est un petit mutin, et j'aurais honte de vous le présenter, ayant été par de si lâches perfidies l'objet de la colère de votre Fils, le sujet de vos disgrâces, et le séjour des ennemis de votre gloire. Ce ne sera non plus rien qui soit du ressort, du pouvoir et de la dépendance des Anges et des Saints : tout ce qui est de leur domaine et appartenance est trop peu pour balancer l'estime de l'excellence du présent que je me propose de vous offrir. Ce que je vous offre, c'est ce doux Cœur de Jésus, votre aimable Fils et mon adorable Rédempteur. N'est-ce pas le plus riche présent qui puisse vous être offert sur la terre ? Ce Cœur tout seul, vaut mieux que quinze cents millions de mondes, quand même tous ces mondes ne seraient remplis que de Séraphins, tous semblables à ceux qui environnent le Trône Royal de votre Fils au séjour de la gloire. Ce Cœur tout seul vaut plus que tous les Chœurs des Anges et des Saints qui pourraient être, si Dieu les faisait sortir du sein de sa toute-puissance. Ce Cœur, c'est le cœur des cœurs, le cœur parfait, le cœur presque semblable au Cœur de la très-auguste Trinité ; c'est le cœur source vivante de toutes les meilleures bénédictions et le plus bel objet de vos plus chères délices ; c'est ce cœur que je veux offrir, c'est le présent que je vous donne. Ma chère Dame, je devais et pouvais vous procurer beaucoup de gloire par l'imitation de vos éminentes vertus, et je ne l'ai pas fait. Je m'en repens, et prétends que le Cœur de votre Fils vous serve de satisfaction. Vous m'avez départi avec tant d'excès vos grâces et vos faveurs accumulées les unes sur les autres sans que je les aie reconnues, que je confesse mon ingratitude et mon impuissance à vous en remercier dignement. Voici le Cœur de votre bien aimé Fils qui suppléera à ma faiblesse par une charitable subrogation d'amour. Ô belle Reine ! Ô la vie de mon cœur ! J’étais obligé par tant de motifs de vous aimer, celui de vos incomparables perfections m'y obligeait plus fortement que tout autre, je ne l'ai point fait : je m'en avoue coupable comme d'un grand crime, je vous en demande pardon. Ne m'imputez point mes froideurs, et acceptez, en réparation d'amour, les ardeurs du Cœur que je vous offre, d'où sortent les amoureuses flammes de la véritable fournaise du divin amour. Ô Marie, plus aimable que l'amour, si vous agréez cette riche offrande, quoiqu'elle parte d'un pauvre cœur, je ne puis que bien espérer de toutes mes saintes prétentions. Je puis publier partout, voire durant la longue éternité, que vous avez eu le pouvoir de triompher de la créature la plus chétive et la plus rebelle de l'univers, et, dès cette heure, avouer que vous me rendez plus content que si j'étais reconnu l'unique monarque de toute la terre par les solennelles acclamations des anges et des hommes. C'est le bonheur que j'attends du Cœur de Jésus, que je vous offre avec les plus humbles soumissions et respects dont mon âme est capable. »
Ainsi soit-il.
R. P. Paul de Barry (1585-1661) - « Paradis ouvert à Philagie par cent dévotions à la Mère de Dieu », Chapitre XII, Dévotion quatrième, pages 310-312, Librairie Catholique Martin-Beaupré Frères (1868)
Voir également du Père Jésuite Paul de Barry :
- La Prière du R. P. Paul de Barry « Reine du ciel et de la terre… »
- La Prière du Jésuite Paul de Barry « Je Vous salue, ma toute Belle »
- La Prière du Révérend Père Paul de Barry « Ô Marie, je Vous offre le Cœur de mon adorable Rédempteur »
- La Prière du Révérend Père Paul de Barry « Vive Marie ! »
- La Prière du R. P. Paul de Barry à Sainte Ursule et ses Ursulines « Ô glorieuses Vierges et Martyres, que vous voilà contentes d'avoir profité des paroles et avis de votre Sainte Princesse »
- La Prière du Révérend Père Paul de Barry « Vierge Sainte, je Vous aime ! »