Prière du Révérend Père Pierre Lalemant
Voici une Prière qu'une âme véritablement humble et pénitente peut faire à Dieu aux approches de la mort, dans le temps de maladies, de calamités publiques ou particulières ; tirée de l'ancienne Liturgie de l'Église Gallicane, et insérée par le Pape Urbain VIII entre les Oraisons qui se peuvent dire pour se préparer à célébrer la Sainte Messe« Ô mon Dieu, pardonnez-moi toutes les fautes que j'ai commises et ne permettez pas que j'en commette davantage » du Révérend Père Pierre Lalemant (1622-1673), Chanoine régulier de Saint-Augustin de la Congrégation de France, Prieur de l'Abbaye Sainte-Geneviève de Paris et Chancelier de l'Université de Paris.
La Prière du R. P. Pierre Lalemant à Dieu aux approches de la mort « Ô mon Dieu, pardonnez-moi toutes les fautes que j'ai commises et ne permettez pas que j'en commette davantage » :
« Seigneur nous paraissons aujourd'hui devant Vos yeux, pour Vous présenter en même temps, les péchés dont nous nous reconnaissons coupables et les misères dont nous sommes affligé : mais quand nous comparons les plus rudes châtiments que Vous exercez sur nous, avec les fautes que nous avons commises contre Vous, confessons que ce que nous souffrons est moindre que ce que nous avons mérité. Il est vrai que les peines que vôtre Justice nous fait sentir, sont dues à nos péchés mais nôtre malice est si grande, que nous ne quittons pas pour cela l'habitude de pécher. Nôtre corps est affaibli et tout brisé par les coups de vôtre main vengeresse ; mais notre âme n'en est pas plus contrite, ni plus humiliée. Nôtre esprit est abattu par les maladies et par les souffrances ; et nôtre cœur n'en est pas plus soumis, ni plus pénitent. Nous versons des larmes et nous poussons des soupirs, de ce que la vie que nous menons est une vie misérable et languissante ; et nous ne pleurons et ne soupirons point pour la rendre meilleure et plus Chrétienne par de bonnes actions. Lorsque Vous avez différé à nous punir pour attendre nôtre conversion, nous ne nous sommes pas convertis ; et lorsque Vous avez exercé sur nous Vos vengeances pour nous corriger nous n'avons pu les supporter avec patience. Tant que durent les maux dont Vous punissez nos crimes, nous contestons que nous sommes coupables afin de faire cesser la punition ; mais dès que l'orage est passé nous ne nous souvenons plus ni des péchés que nous avons commis, ni de la pénitence que nous en devons faire. Hélas que nous sommes misérables ! Si Vous nous menacez en étendant vôtre main sur nous, nous Vous promettons de mieux faire à l’avenir et si Vous suspendez l'exécution de vos menaces, nous suspendons aussi celle de nos promesses. Quand Vous frappez nous implorons vôtre Miséricorde, et nous Vous demandons pardon ; et lorsque Vous commencez à nous pardonner, nous recommençons à provoquer Votre colère par nos péchés. Si Vous nous délivrez promptement de nos peines, nous en devenons insolents, et vôtre Miséricorde nous rend plus hardis et plus prompts à Vous offenser : et si Vous tardez à exaucer nos prières, nous témoignons nôtre chagrin et nôtre impatience par nos plaintes et par nos murmures. Nous voulons bien que Vous conserviez ce que Vous avez fait : mais nous ne voulons pas observer ce que Vous nous ayez commandé de faire. Recevez, Seigneur, la déclaration sincère que nous faisons devant Vous : nous confessons que nous sommes criminels et pardonnez-nous parce que Vous êtes Miséricordieux. Nous avouons qu'à moins que Vous nous pardonniez par une Miséricorde toute particulière, nous ne pouvons pas éviter la juste punition de nos fautes. Mais ce qui nous console, c'est que comme Vous avez créé et tiré du néant ceux qui Vous prient, sans que rien ait pût servir de matière à Vôtre toute Puissance ; nous espérons aussi, que bien qu'il n'y ait aucun mérite en nous qui puisse servir de motif et de sujet à votre Bonté pour nous pardonner, Vous ne Vous lasserez pas d'exaucer nos prières. Jetez donc sur moi, Seigneur, du Trône de vôtre Majesté, les yeux de vôtre Miséricorde. Dissipez par un rayon de vôtre Lumière les ténèbres de mon cœur ; mettez-moi à couvert des insultes du Démon sous le bouclier de vôtre Vérité. Je ne suis pas digne d'être exaucé, je ne mérite pas même de Vous prier ; mais Vous pouvez, ô Dieu Tout-Puissant et Tout Miséricordieux, m'accorder la Grâce dont j'ai besoin en l'extrémité où je suis. Sauvez mon âme de la mort éternelle ; prêtez-lui la main pour sortir heureusement de cet abîme de fange et de boue, où elle est comme ensevelie dans le corps ; tirez-là des ténèbres de cette vie, pour la faire entrer dans la Lumière d'une vie toute céleste. Enfin, dans le peu de temps qui me reste à vivre, pardonnez-moi toutes les fautes que j'ai commises et ne permettez pas que j'en commette davantage ».
Ainsi soit-il.
Révérend Père Pierre Lalemant (1622-1673) – « Testament spirituel ou prière à Dieu pour se disposer à bien mourir », pages 87-96 , chez Sébastien Mabre-Cramoisy, imprimeur du Roy, 1734
Voir également du R. P. Pierre Lalemant :
- La Prière testamentaire du R. P. Pierre Lalemant « Seigneur, que le peu que j'ai encore à vivre soit tout à Vous seul »
- La Prière du R. P. Lalemant sur la Charité « Ô Dieu de Miséricorde, confirmez en moi ma résolution d'avoir une charité plus sincère et plus agissante que jamais »
- La Prière du Révérend Père Pierre Lalemant pour un agonisant « Ô mon Dieu, donnez-moi Vous-même l'absolution de toutes mes fautes »
- La Prière du R. P. Pierre Lalemant devant le Saint Sacrement « Je veux mourir, mon Dieu, de la manière que Vous le voulez »
- La Prière du R. P. Pierre Lalemant à Dieu aux approches de la mort « Ô mon Dieu, pardonnez-moi toutes les fautes que j'ai commises et ne permettez pas que j'en commette davantage »