« Prière pour aimer ses ennemis » du R. P. Boissieu
Voici une Prière pour aimer ses ennemis « Mon doux Jésus, donnez-moi ce courage et cette force » du Révérend Père Antoine Boissieu (1623-1691), Prêtre jésuite lyonnais, prédicateur de Retraites selon les Exercices Spirituels de Saint Ignace au grand Collège de Lyon et auteur du « Saint Evangile de Jésus-Christ expliqué en méditations pour chaque jour de l'année » d’où est extraite cette prière.
La Prière du R. P. Antoine Boissieu pour aimer ses ennemis « Mon doux Jésus, donnez-moi ce courage et cette force » :
« J'adore, mon Jésus, votre Sagesse infinie, et je La remercie avec toutes mes soumissions, de nous avoir donné un Commandement si raisonnable, si saint, si avantageux aux hommes, quoiqu’il soit rude à notre nature, puisque sans cela le Christianisme ne saurait subsister. Je reçois cette Loi avec respect, et je voudrais la pouvoir graver dans le cœur de tous les hommes. Je suis surpris néanmoins qu’un Dieu nous ayant donné une Loi si Sainte, elle soit si méprisée de la plupart des hommes. Quoi, les rois de la terre font observer avec tant de rigueur les lois qu’ils ont faites, et personne n’oserait s'y opposer ! Et votre Loi, ô mon Dieu, qui est juste, est incessamment violée ! Mais n’est-ce pas, ô mon âme, ce qui te doit faire rougir de honte, quand tu songes au mépris que tu as fait de cette Loi, que tu as violée une infinité de fois par tes froideurs, lorsqu’on t’a fâché et par tes aversions, par tes aigreurs et par tes désirs de te venger ? Après avoir reçu quelque injure et souvent bien légère, tu as porté tes ressentiments jusqu’à l’Autel et jusqu’aux Sacrements. Ô que je suis criminel dans cette matière ! Il faut donc commencer par obéir à Dieu, et réprimer tous mes sentiments contraires à la Charité, quelques violents qu'ils soient, par cette maxime, que Dieu le commande, et qu’Il veut que j'aime mes ennemis pour l’Amour de Lui. Mon doux Jésus, donnez-moi ce courage et cette force. Quel honneur me faites-Vous, ô mon Dieu et mon Seigneur, de me vouloir adopter pour Votre enfant ! Hélas ! Que suis-je pour être élevé à cette qualité, moi poudre et cendre ? Je Vous rends mille grâces de cette bonté, dont je me suis rendu si souvent indigne par mes crimes. Je suis dans la dernière confusion, quand je songe que pour avoir l'honneur d'être Votre enfant, il faut aimer mes ennemis, et que cependant j'ai si peu de charité pour ceux de qui je pense avoir été offensé, que j’ai souvent préféré le sentiment de ma vengeance, et la satisfaction de ma haine et de ma passion, à la qualité d’enfant de Dieu. C'est le sujet de ma douleur, ô mon Seigneur et mon Dieu, que je suis criminel d’avoir si souvent violé votre Commandement. N'est-ce pas assez que Vous m’ordonniez une chose, pour m’obliger à la mettre à exécution, sans me promettre de si grands avantages comme Vous faites ? Et cependant je n’en fais rien, et je me laisse aller à toute heure à la passion déréglée de mon aversion et de mon aigreur. Je veux absolument mériter la qualité d’enfant de Dieu, puisqu’il n'est rien de plus noble ni de plus avantageux pour avoir cet avantage, je veux obéir au Commandement que Dieu me fait d'aimer mes ennemis, et de faire tout le bien que je pourrai à tous ceux que je croirai m’avoir désobligé. Je Vous demande cette Grâce mon aimable Jésus ! Soyez béni, ô mon Dieu, éternellement, et des hommes et des Anges, de ce que Vous nous voulez donner le Paradis par un moyen si assuré, et de ce que Vous êtes si facile à me pardonner une infinité d’outrages que j’ai faits à votre Majesté souveraine, si je pardonne les injures qui sont toujours fort légères, en comparaison de ce que j’ai fait contre Vous, et à l’égard de ma bassesse et de ma malice. C’est ce qui m’oblige à me couvrir de honte et de confusion, quand je songe à mes ressentiments, qui sont quelque fois si grands, que je m’y applique tout, pour un léger déplaisir, pour un petit mépris, pour une bagatelle qui m’occupe si fort que je ne pense pas souvent à ce que je fais, non pas même dans ma prière. C'est pourquoi, mon Dieu, je me prosterne devant votre Miséricorde infinie, et je Vous demande très-humblement pardon de toutes mes vengeances, mes haines, mes aversions, mes aigreurs, mes froideurs et mes ressentiments. J’ai perdu une infinité de Grâces par ces mouvements déréglés : j'en ai bien du regret, et je Vous demande mille Bénédictions pour tous ceux que je n’ai pas aimés, quand ils m’ont offensé. Et je me propose d’aimer singulièrement toutes les personnes qui me fâcheront en quelque manière que ce soit, et de leur faire tout le bien qu’il me sera possible, et de ne jamais conserver le moindre ressentiment dans mon cœur, mais de les étouffer le plus promptement que je pourrai, assisté de Votre sainte Grâce. Jésus, mon doux Jésus, imprimez dans mon cœur ces nobles sentiments d’amour et de douceur, pour tous ceux qui me feront quelqu’injure. Vous, mon aimable Sauveur, qui avez interrompu le Sacrifice de la Croix pour prier pour Vos ennemis, donnez-moi cet Esprit de Charité qui animait votre Cœur parmi tant d’outrages. Je veux Vous imiter, mais ma faiblesse est si grande, que sans votre Grâce particulière, je ne saurais vaincre cette cruelle passion. Je Vous la demande par les Mérites de votre Prière pour Vos ennemis, et j'espère que Vous me l’accorderez par votre Miséricorde. »
Ainsi soit-il.
R-P. Antoine Boissieu (1623-1691) – « Le Saint Evangile de Jésus-Christ expliqué en méditations pour chaque jour de l'année », Tome II, pages 14-19, chez Jacquenod Père et Rusand, 1786
Voir également du Révérend Père Antoine Boissieu :
La Prière du R. P. Antoine Boissieu pour l’Annonciation « Soyez donc bénie, ô Marie, parmi toutes les femmes, puisque Vous possédez l’Auteur de tous les biens »
La Prière du R. P. Antoine Boissieu pour aimer ses ennemis « Mon doux Jésus, donnez-moi ce courage et cette force »