« Prière pour l’Avent » de Fénelon
Voici la Prière « Ô Jésus, je Vous attends… Venez ! » des Entretiens affectifs pour l’Avent de Monseigneur François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon (1651-1715), Archevêque de Cambrai qui fut en 1679 Supérieur de l’Institut des Nouvelles Catholiques, un internat parisien consacré à la rééducation de jeunes filles de bonne famille dont les parents d’abord protestants avaient été convertis au Catholicisme.
La Prière de Fénelon pour l’Avent « Ô Jésus, je Vous attends… Venez ! » :
« C'est maintenant, ô mon Dieu, que je veux me recueillir pour adorer en silence les Mystères de votre Fils, et pour attendre qu’Il naisse au fond de mon cœur. Venez, Seigneur Jésus : venez, Esprit de vérité et d'amour qui Le formâtes dans le sein de la Sainte Vierge. Je Vous attends, ô Jésus ! comme les prophètes et les patriarches Vous ont attendu. Que volontiers je dis avec eux : « Ô Cieux, répandez votre rosée, et que les nues fassent descendre le Juste ! Que la terre s'entr'ouvre, et qu'elle germe son Sauveur ! » Vous êtes déjà venu une fois. Les anciens justes ont vu le Désiré des nations ; mais les vôtres ne Vous ont point connu. La Lumière a luit au milieu des ténèbres, et les ténèbres ne L'ont pas comprise. Que tardez-Vous ? Revenez, Seigneur, revenez frapper la terre ingrate, et juger les hommes aveugles. Ô Roi dont les princes de la terre ne sont qu'une faible image, que votre Règne arrive ! Quand viendra-t-Il d'en Haut sur nous, ce Règne de justice, de paix et de vérité ? Votre Père Vous a donné toutes les nations ; Il Vous a donné toute puissance et dans le Ciel et sur la terre ; et cependant Vous êtes méconnu, méprisé, offensé, trahi ! Quand sera donc le Jugement du monde endurci, et le jour de votre Triomphe ? Levez-Vous, levez-Vous, ô Dieu ! Jugez Votre propre cause ; brisez l'impie du souffle de Vos lèvres ; délivrez Vos enfants ; justifiez-Vous en ce grand jour à la face de toutes les nations : c'est votre Gloire et non la nôtre que nous cherchons. Mon Dieu, je Vous aime pour Vous, et non pour moi. Je souffre, je sèche de tristesse, voyant prévaloir l'iniquité sur la terre, et votre Évangile foulé aux pieds. Je souffre, me sentant malgré moi assujetti à la vanité. Jusques à quand, Seigneur, laisserez-Vous votre héritage désolé ? Revenez donc, Seigneur Jésus ; rendez-nous la lumière de votre Visage. Je ne veux tenir à aucune des choses qui m'environnent ici-bas. Elles menacent toute ruine prochaine. Ces voûtes immenses des cieux s'écrouleront dans les abîmes ; cette terre couverte de péchés sera consumée et renouvelée par le feu vengeur. Les astres tomberont, leur lumière s'éteindra ; les éléments embrasés se confondront ; la nature entière sera bouleversée. A ce spectacle, que l'impie frémisse ! Pour moi, je m'écrie, ô Seigneur ! Avec amour et confiance : frappez ; glorifiez-Vous aux dépens de tout ce qui blesse votre Sainteté. Frappez sur moi ; ne m'épargnez point pour me purifier et pour me rendre digne de Vous. Hélas ! Ce monde insensé n'est occupé que du moment présent qui échappe. Tout ceci va périr, et on veut en jouir comme s'il devait être éternel ! Le ciel et la terre passeront comme la fumée ; votre Parole seule demeure éternellement. Ô Vérité, on ne Vous connaît point ! Le mensonge est adoré ; il remplit tout le cœur de l'homme. Tout est faux, tout est trompeur. Tout ce qui se voit, tout ce qui se touche, tout ce qui est sensible, tout ce qui est mesuré par le temps, n'est rien. Faut-il que ce vain fantôme soit cru si solide, et que l'immuable vérité passe pour un songe ? Hé ! Seigneur, pourquoi souffrez-Vous cet enchantement ? La terre entière est plongée dans le sommeil de la mort : réveillez-la par votre Lumière. Pour moi, je ne veux que Vous ; je n'attends que Vous : je regarde la foudre prête à partir de Votre main pour écraser les hommes superbes, et pour venger votre Patience méprisée. Loin de craindre la mort, je la regarde comme la délivrance de Vos enfants. Oui, Seigneur, nous mourrons ; le charme funeste se rompra tout à coup. Vous ne serez plus offensé : je Vous aimerai, je n'aimerai que Vous : je ne m'aimerai plus moi-même. Oh ! Que j'aime votre Avènement ! Déjà, selon votre Précepte, je lève ma tête pour aller au-devant de Vous. Par le transport de mon amour, je m'élance au-devant du Seigneur, comme Votre apôtre Pierre me l'a enseigné. Je suis faible, misérable, fragile, il est vrai ; j'ai tout à craindre si Vous me jugez dans la rigueur de votre Justice, j'en conviens ; mais plus je suis fragile, plus je conclus que la vie est un danger et que la mort est une Grâce. Ô Seigneur ! Ôtez le péché, venez régner en moi ; arrachez-moi à moi-même, et je serai pleinement à Vous. Eh ! Qu’ai-je à faire sur la terre ? Que puis-je désirer dans cette vallée de larmes, où le mal est au comble, et où le bien est si imparfait ? Rien que votre Volonté ne peut m'y retenir. Je n'aime rien de tout ce que je vois ; je ne veux point m'aimer moi-même : venez, Seigneur, ô mon Amour ! »
Ainsi soit-il.
Monseigneur François de Salignac de La Mothe-Fénelon (1651-1715) - Œuvres de Fénelon : « Entretiens affectifs pour l’Avent », pages 267-268, chez F. Didot frères, 1843
Voir également de Monseigneur François de Salignac de La Mothe-Fénelon :
La Prière « Ce pain que Dieu ne refuse pas ... » de François de Salignac de la Mothe-Fénelon
La Prière de Fénelon « Ô sacrement où l'Amour se cache pour être cherché »
La Prière de Monseigneur Fénelon « Viens, Esprit de paix ! »
La Prière de Mgr Fénelon « Ô Dieu, qui m’aimez assez pour m’inspirer de Vous aimer sans bornes »
La Prière de Fénelon du Soir « Seigneur, ouvrez-nous les yeux, de peur que nous ne nous endormions dans la mort »
La Prière de Fénelon du Matin « Ô Dieu, fortifiez mon cœur contre toutes les tentations de cette journée »
La Prière de Fénelon pour apprendre à être doux et humble de cœur « Mon Dieu, je viens m'instruire à Vos pieds »
La Prière de Fénelon pour les Malades « Ô heureuse maladie qui m'ouvre les yeux et qui change mon cœur ! »
La Prière d’abandon de Mgr Fénelon « Seigneur, faites ici-bas de moi ce qu'il Vous plaira, n'importe… je Vous aime ! »
La Prière face à la détresse de Mgr Fénelon « Je joins donc ma croix à la Vôtre : portez-la pour moi ! »
La Prière de Fénelon pour marcher en la Présence de Dieu « Ô Regard plein de confiance et d'amour qui conduisez l'homme à la perfection »
La Prière de Fénelon pour aimer encore davantage notre Dieu « Ô mon Dieu, Vous seul me suffisez et je ne veux plus que Vous »
La Prière de Fénelon contre les pièges et la tyrannie du monde « Malheur au monde à cause de ses scandales ! »
La Prière de Fénelon pour apprendre à prier « Seigneur, je ne sais ce que je dois Vous demander »
La Prière de Fénelon « Que rien ne saurait manquer à celui qui s'attache à Dieu »
La Prière de Fénelon « Où Te trouver, ô Jésus-Christ, si ce n'est dans la solitude, la pauvreté et l'oubli de soi »
La Prière de Fénelon pour le Saint Temps du Carême « Je jeûnerai, ô mon Dieu, de toute volonté qui n'est point la Vôtre »
La Prière de Fénelon sur l'Humilité « Ô mon Dieu, détournez mes yeux de la vanité qui les environne de toutes parts »
La Prière de Fénelon pour la Toussaint « L’intention de l’Eglise est d’honorer aujourd’hui tous les Saints ensemble »
La Prière de Fénelon avant la Confession « Ô mon Dieu, quels châtiments n'ai-je point mérités de votre Justice ! »
La Prière de Fénelon sur la Sainte Eucharistie « Ô Sauveur, Vous êtes avec nous et au dedans de nous dans cette Eglise »
L’Acte de foi et d’adoration de Fénelon avant de recevoir la Sainte Communion « Ô mon Dieu, c’est Vous que je reçois dans ce Sacrement »
La Prière de Fénelon sur la commémoration des morts « Mon Dieu, je regarde avec consolation cette cérémonie de votre Eglise, qui met la mort devant nos yeux »
La Prière de Fénelon pour l’Avent « Ô Jésus, je Vous attends… Venez ! »