Prière d’Eadmer de Cantorbéry (o.s.b.)
Voici une Prière pour implorer la Très Sainte Vierge Marie de la rémission de nos péchés « Ô ma Souveraine, épargnez-moi les peines de mes péchés et donnez-moi part à l'éternelle Félicité » d’Eadmer de Canterbury (vers 1060-1124), Moine Bénédictin au Monastère de Christ Church à Cantorbéry, disciple d’Anselme de Cantorbéry qui le nomme Évêque de Saint Andrews en Écosse, et auteur de la Première Apologie du Dogme de l’Immaculée Conception.
La Prière pour la rémission de nos péchés d’Eadmer de Canterbury « Ô ma Souveraine, épargnez-moi les peines de mes péchés et donnez-moi part à l'éternelle Félicité » :
« Ô Marie, ma Souveraine, daignez maintenant me pardonner, à moi homme misérable et très grand pécheur, d'avoir osé méditer dans un cœur impur, proférer par des lèvres souillées, écrire d'une main coupable, la présente prière ; pardonnez-lui, je Vous en prie, et ayez pitié de lui. Mais Vous le savez, ma tendre Reine, ce qui a encouragé cette présomption c'est mon insuffisance elle-même, car, je l'avoue, je me reconnais indigne du Ciel et de la terre. Aussi étais-je fort anxieux de savoir si je pourrais réussir dans cette entreprise. Mon seul espoir était que Dieu jetant sur ma misère un regard de pitié viendrait à mon aide et allumerait par Sa grâce en moi quelque légère ardeur du saint Amour pour la douceur de Votre amabilité. Si ce Secours m'a été accordé, je puis peut-être espérer être délivré par la Miséricorde divine et par votre Intervention, des peines de l'enfer que j'ai méritées. Je Vous supplie donc, ô Notre Dame, de ne point Vous indigner de mon audace et de ma présomption. Si je m'en suis rendu coupable en entreprenant ce travail, que mon excuse soit la nécessité urgente d'écrire pour Votre défense et l'encouragement inspiré par Votre immense Bonté dont tous les siècles proclament les Bienfaits. Mon vœu suprême est d'éprouver Votre assistance au Jugement Dernier présidé par votre Fils très Juste. Si, écartant la Miséricorde, Sa sentence me condamnait sévèrement à être livré aux cruels bourreaux, venez à mon aide ; pendant que celui-ci m'entraîne aux enfers accourez au-devant de Lui, étendez sur moi l'armure de votre Main secourable, arrachez-moi à la damnation éternelle. Quand j'étais petit, il m'est arrivé comme à plus d'un écolier d'être préservé de la verge du maître par une intervention féminine. Il en reste un souvenir reconnaissant et un besoin de rendre un hommage ému à ces tendres libératrices de nos frayeurs enfantines. Si ces femmes pour un si petit service méritent notre gratitude, quelle ne sera pas la louange que Vous attirera de la part des habitants du Ciel le Salut des pécheurs, surtout, ô Notre-Dame, quand Vous exercerez votre Miséricorde envers moi le plus grand de tous. Votre Fils bien-aimé, le Seigneur Jésus, a dit que « les Anges dans le Ciel auraient plus de joie pour un seul pécheur qui fait Pénitence, que pour quatre-vingt-dix-neuf Justes, qui n'ont pas besoin de Pénitence» (Luc. XV, 7). S'il est vrai qu'on se réjouira dans le Ciel pour le retour d'un pécheur de la voie du mal dans celle du Salut, quelle ne sera pas la joie qu'y provoquera l'arrivée même du pécheur délivré de tout mal ? Vous voyez donc, ô ma Souveraine, qu'en m'épargnant les peines de mes péchés et en me donnant part à l'éternelle Félicité, Vous mettrez en Fête toute la Cour céleste. Ne regardez pas, tendre Mère, l'énormité de mes crimes. Qu'elle ne l'emporte pas à Vos yeux sur la joie des applaudissements angéliques soulevés par la vue du pardon accordé. Ô Notre-Dame, que deviendrai-je, que ferai-je, je l'ignore complètement. Mais quoi qu'il arrive, je Vous en supplie, n'oubliez pas la supplication que je Vous adresse aujourd’hui. Je Vous en prie, par la très douce dilection que Vous avez pour votre Fils unique, arrachez-moi à l'auteur de la mort, et accordez-moi la Vie éternelle. Et vous, ô Jésus, rempart invincible de tous ceux qui accourent vers Vous, vrai Fils unique de la très chaste Vierge, ma Souveraine, par l'Amour dont Vous chérissez cette très douce Mère, faites que se réalisent un jour pour moi les vœux que mon cœur tiède mais cependant aimant forme aujourd'hui par son Intercession. Si malgré tout, la multitude de mes crimes provoque Votre justice à me condamner plus que la Tendresse de Votre Mère n'incline Votre miséricorde à m'épargner, ne m'abandonnez pas tout à fait. Vous qui êtes présent partout et partout exercez Votre puissance, mettez un obstacle entre mes ennemis et moi, afin que je puisse me dérober à leurs poursuites, que je ne devienne pas la proie des démons, que je ne tombe pas dans les abîmes affreux de l'enfer. Si je ne puis même pas obtenir cette Grâce, qu'au moins dans le séjour des morts je ne sois pas privé du souvenir et de la connaissance de Votre saint Nom, que je ne devienne pas semblable à Satan et héritier de sa haine, tenté de Vous reprocher Votre justice et de mériter ainsi l'aggravation de la sentence réservée à ceux qui s'obstinent dans la perversité du murmure. Seigneur, Seigneur plein de Bonté, si à toutes ces supplications Vous fermez les oreilles de Votre miséricorde, je ne vois pas ce que je puis encore implorer de Vos largesses infinies. Cette ignorance même vient sans doute de la multitude de mes iniquités. Si la profondeur de leurs ténèbres ne m'enveloppait pas, Vous qui êtes la Lumière indéfectible, Vous ne me manqueriez pas, Vous écarteriez loin de moi l'obscurité de cette ignorance par le rayon de Votre clarté ; je verrais alors dans cette Lumière que « Vous n'êtes pas un Dieu voulant l'iniquité » (Ps. V, 5) et que pourtant Vous connaissez et pouvez trouver dans Votre tendresse des moyens ineffables de relever ceux qui tombent et sont oppressés par la misère et le péché. Je crois d'ailleurs, fermement, mon Dieu, j'en suis persuadé dans le fond de mon cœur et je le confesse de bouche, tout ce que Vous ferez de moi, quel que soit le poids des maux dont Vous pourriez m'accabler, Votre sentence éloignée de toute injustice ne s'inspirera jamais du trouble irraisonné de la colère. Daignez donc effacer et remettre nos péchés. Soyez envers nous tel que nous le fait espérer le tendre Amour de Votre très douce Mère. Puissions-nous en réalité expérimenter que Vous êtes la Miséricorde, cette Miséricorde que Marie Elle-même a déclaré de Ses pieuses lèvres avoir enfanté de Sa propre chair pour le Salut du genre humain, en devenant Mère du Dieu qui est vraiment homme ».
Ainsi soit-il.
Eadmer de Cantorbéry (vers 1060-1124) – « La Première Apologie du Dogme de l’Immaculée Conception »
Voir également d’Eadmer de Cantorbéry :
- La Prière d’Edmer de Canterbury « Ô Vous, Bienheureuse entre toutes les femmes ! »
- La Prière d’Eadmer de Cantorbéry au Jugement Dernier « Ô Marie, arrachez-moi à l'auteur de la mort et accordez-moi la Vie Éternelle »
- La Prière du Moine Eadmer de Cantorbéry « Ô Marie, soyez notre Avocate dernière, nous Vous en prions »
- La Prière du Moine Bénédictin Eadmer de Cantorbéry « Ô Jésus, daignez donc effacer et remettre nos péchés »
- La Prière d’Eadmer de Canterbury pour notre Salut « Ô Marie, n'oubliez pas la Miséricorde dont Vous êtes appelée la Mère »
- La Prière pour la rémission de nos péchés d’Eadmer de Canterbury « Ô ma Souveraine, épargnez-moi les peines de mes péchés et donnez-moi part à l'éternelle Félicité »