« Prière sur le Paradis » de Lamartine
Voici la Prière sur le Paradis « Là je m'enivrerais à la Source où j'aspire » d’Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine (1790-1869), poète, romancier, dramaturge et homme politique français qui avait une foi en la Providence et un grand désir de servir Dieu.
La Prière sur le Paradis d’Alphonse de Lamartine « Là je m'enivrerais à la Source où j'aspire » :
« De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l'immense étendue,
Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend.
Que me font ces vallons, ces plaisirs, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.
Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un cil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil ? Je n'attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire ;
Je ne demande rien à l'immense univers.
Non, rien... Mais au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j'ai tant rêvé paraitrait à mes yeux.
Là je m'enivrerais à la Source où j'aspire ;
Là je retrouverais et l'espoir et l'amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire
Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore,
Seul objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à Toi !
Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
Et moi je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons ! »
Ainsi soit-il.
Alphonse de Lamartine (1790-1869) - « Recueil Général de Cantiques », pages 12-13, chez Sagnier et Bray, 1848
Voir également d’Alphonse de Lamartine :
- La Prière d’une servante d’Alphonse de Lamartine « Ô mon Dieu, faites-moi la Grâce de trouver la servitude douce et de l'accepter sans murmure »
- La Prière d'un indigent sur la Providence de Lamartine « Ô Toi dont l'oreille s'incline »
- La Prière d’Alphonse de Lamartine « Quand on se rencontre et qu'on s'aime, que peut-on échanger de mieux que la prière ? »
- Le Poème d’Alphonse de Lamartine sur « La Prière »
- Le Poème de Lamartine sur « Le Crucifix »
- Le Poème de Lamartine pour le Premier Jour de l’année « Ô Seigneur, Père des temps, Maître des destinées, qui comptes comme un jour nos mille et mille années »
- La Prière au Roi de la nature d’Alphonse de Lamartine « Toi qui donnas sa voix à l'oiseau de l'aurore »
- La Prière des Saints désirs d’Alphonse de Lamartine « Mon dernier jour peut s'éteindre, j'ai dit sa Gloire, et je meurs ! »
- La Prière pour les morts d’Alphonse de Lamartine « Ô Dieu du Pardon, étends sur eux la Main de Ta clémence »
- La Prière sur le Paradis de Lamartine « Là je m'enivrerais à la Source où j'aspire »