Sainte Messe du 13e Dimanche du Temps Ordinaire
Voici en ce temps dit de « déconfinement face au Coronavirus » où les autorités civiles de Macron nous interdisent toujours de recevoir la Sainte Communion sur les lèvres et nous obligent à porter des masques, la « Sainte Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » avec l’ensemble des Textes liturgiques (Antiennes, Prières, Lectures, Psaume, Évangile, Préface, …), quelques extraits des nombreux Sermons de Saint Augustin, d'une Catéchèse de Saint Jean Paul II et des Commentaires (textes + vidéo) de Marie-Noëlle Thabut sur l'intégralité des Lectures de ce Dimanche … célébrée par Mgr Michel Aupetit en l'église Saint-Germain l'Auxerrois à Paris
« Sainte Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
L’esprit de l’Évangile (Mt 10, 37-42) du 13ème Dimanche du Temps Ordinaire de l’Année « A » : On pourrait donner à l'Évangile du Jour le titre suivant : « De l'éternité des petits gestes ». Accueillir, au sens le plus profond du mot, recevoir un prophète, un homme juste, donner un simple verre d'eau à celui qui est envoyé par Dieu, ouvre sur l'Éternité. Recevoir l'envoyé de Dieu, c'est recevoir Dieu en Personne. Même celui qui n'est pas capable d'être prophète ou disciple « recevra une Récompense » pour avoir reçu, ouvert la porte de son cœur et de sa maison, à celui qui annonce la Parole. L'appartenance à Dieu, silencieuse et cachée, vaut comme engagement à plein titre au service du Christ, et recevra sa juste et complète Récompense. Nul n'est repoussé pour une incapacité supposée, puisque le Baptême, la mort au péché, est le moyen unique de passer « de la mort à la Vie » et de vivre en Vérité. Tel est l'encouragement libérateur que le Seigneur envoie en direction de ceux qui seraient tentés de se décourager. Dans la maison du Père, il y a une place pour tout le monde.
Parole de Dieu pour ce Dimanche 28 juin 2020 de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » : au fil de l'Écriture, nous croisons des femmes qui souffrent de n'avoir pas d'enfant et qui reçoivent d'un Messager divin l'annonce merveilleuse d'une maternité prochaine. La Sunamite est de celles-là. Nous ne connaissons pas son nom, seulement son village de Galilée, et ses qualités de cœur. L'annonce du prophète n'est pas soudaine, elle est portée par le temps et l'amitié, c'est son originalité. La Sunamite est heureuse de rendre service à Élisée et son accueil gratuit va devenir le lieu du Don de Dieu. Jésus le confirme : Dieu bénit ces amitiés où n'existe que la dette de l'amour mutuel (Rm 13, 8). Il en fait des liens d'éternité où la vocation de chacun trouve son encouragement. En contre-point, la Lettre aux Romains parle de mort à toutes les lignes ! Mais il s'agit de la Mort de Jésus, cette Heure où Dieu en son Fils oppose au mal la Force infinie de l'Amour. Si nous sommes « unis à sa Mort » par le Baptême, c'est-à-dire si nous vivons ici-bas dans l'amitié « avec Lui et pour Lui »; sa Vie coule déjà en nous. Le Pape François n'hésite pas à faire l'éloge de l'amitié : « L'amitié est un Cadeau de la Vie, un Don de Dieu. Le Seigneur nous polit et nous fait mûrir à travers les amis. L'amitié est si importante que Jésus se présente comme un Ami. Même s'Il est déjà pleinement heureux, ressuscité, il est possible d'être généreux envers Lui, en étant Ses instruments pour porter son Message et sa Lumière, et surtout son Amour, aux autres. Le Christianisme est une Personne qui m'a aimé tellement qu'il demande mon amour. Le Christianisme, c'est le Christ » (Christus vivit, n° 151.153.156).
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Antienne d'ouverture de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ».
Prière d’Ouverture de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Tu as voulu, Seigneur, qu'en recevant ta Grâce nous devenions des fils de Lumière ; ne permets pas que l'erreur nous plonge dans la nuit, mais accorde-nous d'être toujours rayonnants de ta Vérité. Par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec Toi dans l'unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles » Ainsi soit-il.
Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
Première Lecture du Deuxième Livre des Rois (2 R 4, 8-11.14-16a) de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Celui qui s’arrête chez nous est un saint homme de Dieu »
« Un jour, le prophète Élisée passait à Sunam ; une femme riche de ce pays insista pour qu’il vienne manger chez elle. Depuis, chaque fois qu’il passait par là, il allait manger chez elle. Elle dit à son mari : « Écoute, je sais que celui qui s’arrête toujours chez nous est un saint homme de Dieu. Faisons-lui une petite chambre sur la terrasse ; nous y mettrons un lit, une table, un siège et une lampe, et quand il viendra chez nous, il pourra s’y retirer ». Le jour où il revint, il se retira dans cette chambre pour y coucher. Puis il dit à son serviteur : « Que peut-on faire pour cette femme ? » Le serviteur répondit : « Hélas, elle n’a pas de fils, et son mari est âgé ». Élisée lui dit : « Appelle-la ». Le serviteur l’appela et elle se présenta à la porte. Élisée lui dit : « À cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras ».
Le sens de cette Première Lecture du Deuxième Livre des Rois (2 R 4, 8-11.14-16a) : Au VIIIème siècle avant Jésus Christ, à Sunam, un petit village du royaume du Nord, le prophète Élisée a noué des liens d'amitié avec une famille du village. L'auteur du Livre des Rois voit dans la longue Alliance entre le prophète et la famille de Sunam une image de l'Alliance entre Dieu et le peuple d'Israël.
Le Commentaire de Marie-Noëlle Thabut : « Cela se passe donc à Sunam, qui est un petit village du royaume du Nord ; Elisée est au début de sa carrière, vers 850 av. J.C. Et il va s’instaurer entre l’homme de Dieu, Elisée, et cette famille, une relation forte et durable d’amitié. Evidemment, on peut se demander pourquoi les auteurs bibliques s’intéressent de si près à l’histoire d’une famille de Sunam ; ce n’est certainement pas uniquement pour l’anecdote. Aucun livre de la Bible n’est écrit dans le seul but de nous donner des connaissances historiques ! Les auteurs ont toujours un but théologique qui est de nous faire connaître et vivre la proposition d’Alliance de Dieu.
Et ce qui intéresse l’auteur du livre des Rois, ici, c’est qu’il voit dans la longue Alliance entre le prophète Elisée et la famille de Sunam une image de l’Alliance entre Dieu et le peuple d’Israël ; mais commençons par lire l’histoire de cette famille de Sunam et de son amitié avec le prophète Elisée.
Elle se déroule en quatre actes ; ce Dimanche, nous lisons seulement le premier épisode.
Le premier acte, c’est donc la promesse d’un enfant pour une femme stérile ; à vues humaines, il n’y avait certainement plus d’espoir de grossesse pour cette femme puisqu’elle ne prend pas la promesse au sérieux ; elle semble même reprocher au prophète de remuer le couteau dans la plaie en la berçant d’illusions ; nous avons entendu la promesse d’Elisée « L’an prochain, à cette même époque, tu tiendras un enfant dans tes bras »… mais nous n’avons pas entendu la réponse de la Sunamite, la voici : « Non, mon seigneur, homme de Dieu, ne dis pas de mensonge à ta servante ». Ce qui prouve que, même si elle considère Elisée comme un homme de Dieu, elle n’est pas crédule pour autant.
Sa réaction fait irrésistiblement penser, bien sûr, à celle de Sara, la femme d’Abraham, au chêne de Mambré. Elle aussi stérile, recevant, elle aussi, une promesse de naissance, elle avait trouvé cette affirmation si saugrenue, vu son âge, qu’elle s’était mise à rire… Et son fils, Isaac, s’appelle justement « l’enfant du rire ». Notre Sunamite ne rit pas, mais elle ne prend pas plus au sérieux la promesse d’Elisée ; et elle lui rappelle gentiment que lui, homme de Dieu, ne peut pas se permettre de mentir… Mais l’année suivante, le bébé était là.
Deuxième acte, quelques années passent, l’enfant grandit, mais un jour qu’il a accompagné son père aux champs pour la moisson, il est pris d’un violent mal de tête, peut-être une insolation, et quelques heures après, il meurt sur les genoux de sa maman. Elle ne perd pas la tête, elle dépose l’enfant sur le lit du prophète, et elle court le chercher. Elle ne prévient même pas son mari : inutile de l’affoler puisque, de toute manière, d’ici peu, l’enfant sera debout ! On a envie de dire « C’est beau la foi »… Elle se précipite donc chez Elisée ; et la première chose qu’elle lui dit, c’est : « Quand tu m’as promis cet enfant, je ne t’avais rien demandé, à tel point, rappelle-toi, que je ne pouvais pas y croire ; et je t’avais dit « Non, mon seigneur, homme de Dieu, ne dis pas de mensonge à ta servante ». Sous-entendu, « Tu ne m’as pas donné cet enfant, que je ne te demandais pas, pour me le reprendre ! »… Et vous connaissez la suite, Elisée ressuscite l’enfant (2 R 4, 18-37).
Troisième acte, quelques années passent encore, et fidèle à cette amitié, Elisée va sauver, une fois de plus, la famille de la Sunamite ; il la prévient de la famine imminente : « Elisée parla à la femme dont il avait fait revivre le fils et dit : ‘Lève-toi, pars, toi et ta famille, émigre où tu pourras, car le Seigneur a appelé la famine et même elle vient sur le pays pour sept ans ». Et la suite nous apprend qu’elle écoute le conseil et s’exile pour sept ans au pays des Philistins.
Seulement voilà « qui va à la chasse perd sa place » ; quand la petite famille revient, ses biens, qui n’étaient pas minces, puisqu’on disait qu’elle était riche, sa maison et son champ ont été réquisitionnés par les officiers du roi (c’était la règle, d’ailleurs). C’est encore l’intervention d’Elisée qui la fait rentrer en possession de sa terre, et c’est le quatrième acte (2 R 8).
Voici donc l’histoire d’Elisée et de la famille sunamite. Mais quelle leçon l’auteur biblique en tire-t-il à notre profit ? Je vous l’ai dit, il considère cette histoire comme symbolique de l’Alliance entre Dieu et son peuple, Israël ; le prophète étant l’image de Dieu. On peut relever au moins cinq traits : d’abord, la durée de cette histoire dit la fidélité de Dieu que même l’incrédulité ne rebute pas. Ensuite, la sollicitude sans faille de l’homme de Dieu pour son hôtesse dit la sollicitude constante de Dieu pour son peuple. Et cette sollicitude va jusqu’à vouloir habiter au milieu de son peuple, comme Elisée accepte de s’installer dans la chambre sur la terrasse ; (rappelez-vous toute l’histoire de la construction du Temple de Salomon : Dieu habite au milieu de son peuple). Plus tard, ce souci d’Elisée de redonner à la femme ses biens évoquent la promesse de Dieu de redonner à Israël sa terre ; or, vous savez qu’on pense généralement que le livre des Rois date de la période de l’Exil à Babylone : un moment où il est essentiel de relire l’histoire et de s’appuyer sur les promesses de Dieu. Enfin, la promesse de la naissance et la résurrection de l’enfant sont le signe que Dieu est le Dieu de la vie.
Quant à la femme, son attitude nous est donnée en modèle ; un modèle finalement bien simple à suivre : « accueillir le prophète en sa qualité de prophète », comme dira plus tard Jésus (Mt 10, 41, notre Évangile de ce Dimanche) et faire une confiance si totale qu’on ose parler du fond de son cœur, y compris pour dire ses besoins et sa révolte. Heureuse la femme de Sunam qui a su reconnaître en Elisée un « saint homme de Dieu » ; mais au fait, nous savons désormais que Dieu habite le cœur de tout homme ; à nous de savoir l’y reconnaître et d’accueillir tout homme en conséquence » (à écouter plus longuement dans la Vidéo ci-dessous sur l'intégralité des Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A »)
Psaume 88 (Ps 88, 2-3, 16-17, 18-19) de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
R/ Ton Amour, Seigneur, sans fin je Le chante ! (Ps 88, 2a)
L’Amour du Seigneur, sans fin je Le chante ;
Ta Fidélité, je L’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un Amour bâti pour toujours ;
Ta Fidélité est plus stable que les cieux.
Heureux le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la Lumière de ta Face ;
Tout le jour, à ton Nom il danse de joie,
Fier de ton juste Pouvoir.
Tu es sa Force éclatante ;
Ta Grâce accroît notre vigueur.
Oui, notre roi est au Seigneur ;
Notre bouclier, au Dieu saint d’Israël.
Le Commentaire de Marie-Noëlle Thabut : « La Première Lecture de ce Dimanche nous faisait entendre le récit de la longue amitié qui s’était nouée au fil des ans entre une famille de Galilée et le prophète Elisée, l’homme de Dieu, comme on disait. A travers cette histoire d’une belle relation humaine, nous étions invités à méditer sur l’Alliance éternelle entre Dieu et son Peuple, et plus largement, l’Alliance entre Dieu et l’humanité tout entière : « L’Amour du Seigneur, sans fin je Le chante ; ta Fidélité, je L’annonce d’âge en âge. Je le dis : C’est un Amour bâti pour toujours ; ta Fidélité est plus stable que les cieux ».
Ceci dit, nous savons tous que cette merveilleuse Histoire d’Amour entre Dieu et les hommes ne ressemble pas toujours à un chemin parsemé de roses ! Nous avons entendu ici quelques versets seulement du Psaume 88 (qui en comporte en fait cinquante-trois) et tout a l’air si simple ! Apparemment, c’est l’euphorie ; mais justement c’est cette facilité qui doit nous mettre la puce à l’oreille ; nous l’avons appris avec les prophètes : plus un passage parle de lumière, de victoire, plus on devine qu’il a été écrit en période sombre, en temps de défaite.
Ici, les premiers mots du psaume, ce sont l’Amour et la Fidélité du Seigneur : autant dire tout de suite qu’il était urgent d’y croire si on ne voulait pas sombrer dans le découragement. Et si vous ne me croyez pas, allez voir dans vos Bibles le verset 50 : « Où donc est, Seigneur, ton premier Amour, celui que tu jurais à David sur ta Foi ? » Ce qu’on semble affirmer si fort, dans les autres versets, en réalité, on craint bien de l’avoir perdu…
Deuxième remarque préliminaire : dans la Bible, l’ensemble des Psaumes est composé de cinq livres dont chacun se termine par une formule de bénédiction ; ce psaume 88 est le dernier du troisième livre et son dernier verset est « Béni soit le Seigneur pour toujours ! Amen ! Amen ! » Mais c’est l’ensemble de ce psaume qui a un caractère de conclusion ou plutôt de synthèse : écrit très probablement pendant l’Exil à Babylone, il brosse en fait la fresque de l’histoire d’Israël : les commencements de l’Alliance, les promesses faites à David, l’attente du Messie et maintenant l’Exil, c’est-à-dire l’écroulement : plus de roi à Jérusalem, plus d’héritier royal, donc pas de Messie… Dieu aurait-il oublié ses Promesses ? « Où donc est, Seigneur, ton premier Amour ? »
Ces deux remarques pour dire tout de suite qu’en chantant les quelques versets de ce Dimanche, il ne faut pas oublier tout le reste du psaume, sous peine de le défigurer. Mais venons-en aux versets proposés pour la Messe de ce treizième Dimanche ; et puisqu’ils sont courts, profitons-en pour les regarder d’un peu plus près ; souvent, ces dernières semaines, nous nous sommes émerveillés de la richesse du contenu des psaumes et nous n’avons pas pris le temps de nous arrêter sur la forme ; pour changer, commençons par là.
La construction de la première strophe est magnifique : « L’Amour du Seigneur, sans fin je Le chante ; ta Fidélité, je L’annonce d’âge en âge. Je le dis : C’est un Amour bâti pour toujours ; ta Fidélité est plus stable que les cieux ». Vous avez remarqué d’abord le parallélisme des versets, c’est-à-dire que la deuxième partie du verset (ce qu’on appelle le deuxième « stique ») est parallèle à la première : « L’Amour du Seigneur, sans fin je Le chante ; ta Fidélité, je L’annonce d’âge en âge ». L’Amour du Seigneur / ta Fidélité … je Le chante / je L’annonce … sans fin / d’âge en âge… Venons-en au deuxième verset : « Je le dis : c’est un Amour bâti pour toujours ; ta Fidélité est plus stable que les cieux » : on retrouve le même parallélisme : un Amour / ta Fidélité … bâti / stable… Le dernier couple de mots « pour toujours / les cieux » vous surprend peut-être, mais il s’agit quand même d’un parallélisme, mais entre l’espace et le temps, cette fois. Nous sommes véritablement devant une construction très savante qui devrait nous pousser à soigner le chant des psaumes.
Dans ces deux premiers versets nous avons déjà rencontré deux fois le couple de mots « Amour » et « Fidélité » ; si vous avez la curiosité de lire ce psaume 88 en entier, vous les retrouverez sept fois et ce chiffre sept n’est pas non plus le fruit du hasard. Et dans cette expression « Amour et Fidélité » vous avez reconnu la traduction qu’on a toujours faite de la Révélation que Moïse avait reçue du Seigneur au Sinaï : « Dieu Miséricordieux et Bienveillant, plein de Fidélité et de Loyauté » (Exode 34, 6).
Et quand le premier verset nous fait dire : « L’Amour du Seigneur, sans fin je Le chante » : le mot Amour (dans le texte hébreu) signifie en fait « les Gestes d’Amour de Dieu » : Dieu n’aime pas seulement en Paroles, mais « en Actes et en Vérité », comme dirait Saint Jean.
C’est précisément en Exil que le peuple d’Israël se remémore plus que jamais tous les « Gestes d’Amour de Dieu » pour lui : car la tentation est trop forte de penser que Dieu aurait pu oublier son Peuple. Et un noyau de croyants compose des hymnes qui rappellent à tout le peuple que Dieu n’a jamais cessé d’être le Roi d’Israël. C’est le sens de cette dernière phrase curieuse : « Notre Roi est au Seigneur ; notre Bouclier, au Dieu saint d’Israël » ; très difficile à traduire en français, et prononcée justement à un moment où il n’y a plus de roi en Israël, elle signifie en fait « notre Roi, c’est le Seigneur, notre Bouclier, c’est le Saint d’Israël ».
Et pour le dire encore mieux, on utilise un vocabulaire royal : « ovation… pouvoir… force… vigueur… bouclier… » Le mot « ovation », en particulier, désigne la « terouah », c’est-à-dire la grande acclamation pour le roi le jour de son sacre ; c’est une acclamation guerrière et plusieurs de ces mots (comme force… vigueur… bouclier) sont typiquement guerriers parce que, à cette époque, le roi est avant tout celui qui marche à la tête de ses armées.
Mais on sait par la suite de ce psaume ce qu’il en est de ces accents victorieux : en voici les derniers versets en guise d’aperçu : « Rappelle-Toi, Seigneur, Tes serviteurs outragés… Oui, Tes ennemis ont outragé, Seigneur, poursuivi de leurs outrages ton Messie ». Raison de plus pour se répéter les Promesses de Dieu.
Décidément, ce psaume nous donne une leçon : c’est la nuit qu’il faut croire à la Lumière » (à écouter plus longuement dans la Vidéo ci-dessous sur l'intégralité des Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A »)
Deuxième Lecture de la Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 6, 3-4.8-11) de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Unis, par le Baptême, à la Mort et à la Résurrection du Christ »
« Frères, ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le Baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa Mort que nous avons été unis par le Baptême. Si donc, par le Baptême qui nous unit à sa Mort, nous avons été mis au tombeau avec Lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui. Nous le savons en effet : Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur Lui. Car Lui qui est mort, c'est au péché qu'Il est mort une fois pour toutes ; Lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'Il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ ».
Le Commentaire de Marie-Noëlle Thabut : « Ce Texte de Paul est peut-être bien sa réponse à un reproche qu’on lui fait souvent. Je m’explique : le thème majeur de la Lettre aux Romains pourrait se résumer ainsi : « Dieu nous sauve par pure Grâce, qui que nous soyons ; il nous suffit d’accueillir ce Salut dans la foi » ; cette insistance de Paul sur la gratuité du Salut lui vaut une objection que nous entendons aussi parfois aujourd’hui, ici ou là : on lui dit : « A trop insister sur la gratuité du Salut de Dieu, vous encouragez le péché » (sous-entendu, alors on peut faire n’importe quoi, vous prêchez le laxisme). Paul s’en défend ici en disant : Ne me faites pas dire qu’il est sans importance de pécher sous prétexte qu’il y a la Grâce de Dieu ; car désormais, le péché ne nous concerne plus ; depuis notre Baptême, nous sommes des créatures nouvelles sur lesquelles le péché n’a plus de prise. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. » (2 Co 5, 17).
Sa réponse à ses détracteurs n’est pas fondée sur des principes moraux, mais sur le Mystère du Salut. Il faut dire que Paul vit son Baptême avec une telle profondeur que nous avons un peu de mal à le suivre ! Quand Paul parle de création nouvelle, il parle d’expérience : sur le chemin de Damas, quand il s’est relevé, il était un autre homme ! Il était mort à tout ce qu’était sa vie antérieure, une certaine manière de voir, d’agir, de croire surtout.
C’est ce mot « mort » qui représente pour nous l’une des principales difficultés de ce texte, car il revient pratiquement à toutes les lignes, et il nous est bien difficile de lui donner un autre sens que celui de notre langage courant : la mort biologique qui attend tous les humains et qui nous fait si peur. Or Paul lui donne un tout autre sens dans ce texte qui se place à un niveau uniquement théologique : « Nous tous, qui avons été Baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa Mort que nous avons été Baptisés… nous sommes passés par la mort avec le Christ… Lui qui est mort, c’est au péché qu’Il est mort une fois pour toutes… pensez que vous êtes morts au péché. »
Il s’agit d’un Baptême, d’un Passage, d’une Mort au péché. Un autre Texte de Paul peut nous donner la clé de ces mots ; il écrit dans sa Première Lettre aux Corinthiens : « Nos pères étaient tous sous la nuée, tous ils passèrent à travers la mer, et tous furent baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer. » (1 Co 10, 1-2). Il s’agit là des événements fondateurs du peuple d’Israël : Dieu libère son peuple de l’esclavage et le fait naître à une nouvelle Vie par son passage à travers les eaux. C’est cela que Paul appelle le Baptême d’Israël ; Moïse a rompu là l’engrenage d’une captivité de plus en plus impitoyable : travail forcé, meurtre des enfants, mauvaise foi de Pharaon. Le passage de la mer a consacré cette rupture, cette mort à l’esclavage.
De même, nous dit Paul, Jésus accomplit une rupture radicale : l’homme, dans sa révolte contre Dieu, est prisonnier de ses doutes, de ses soupçons, de ses refus d’aimer, en un mot prisonnier de son péché. L’engrenage de la haine et de la violence semble impitoyable.
Jésus, Lui, se fait « obéissant jusqu’à la mort, à la Mort sur une Croix » (Phi 2, 8) ; sa Confiance en Dieu (c’est le sens du mot « obéissance » chez Paul), son Harmonie parfaite avec toute la Volonté de son Père rompt le cercle infernal du péché des hommes. Ainsi, sa Mort est un Triomphe, l’Acte victorieux du premier homme vraiment libre. « Car Lui qui est mort, c’est au péché qu’Il est mort une fois pour toutes ; Lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’Il est vivant. »
De quelle mort parle-t-il ? Paul nous dit « « Nous sommes passés par la mort avec le Christ », mais pourtant, nous nous sentons bien vivants, sinon nous ne serions pas là, vous et moi ! C’est donc qu’il ne s’agit pas de la mort biologique. Il emploie ici ce mot « mort » pour évoquer une rupture radicale avec le passé.
Quand Paul dit « nous sommes morts au péché », il veut dire que nous sommes morts à notre mauvaise manière de vivre. Désormais, nous vivons une Vie nouvelle : nous avons abandonné les fausses valeurs du monde pour vivre à l’Image de Jésus. Imiter Jésus, c’est sortir de l’engrenage de la haine et de la violence, du goût du pouvoir ou de l’argent. C’est Le choisir, Lui, comme notre seul Maître et entrer dans une nouvelle manière de vivre faite d’amour et de service des frères. Et c’est notre Baptême qui a inauguré pour nous ce changement radical d’orientation, le commencement de notre nouvelle Vie. Paul envisage donc le Baptême comme une véritable Libération.
Alors Paul peut dire à ceux qui se sont attachés au Christ : « Vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ. » Ailleurs, il dira que le Baptisé est un « homme nouveau » : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là. Tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ. » (2 Co 5, 17-18).
Cette transformation est donc déjà chose faite, mais en même temps elle reste à faire : notre vie nouvelle est inaugurée par notre Baptême, à nous maintenant, d’y conformer tous nos comportements quotidiens. Paul répond donc ainsi aux objections qui lui étaient faites, de présenter un tableau un peu trop rose de la vie du Chrétien : car sa conclusion représente une exigence formidable, finalement : « De même vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ. »
Oui, entrer dans le Salut est très simple, il suffit d’y croire, mais c’est très exigeant ! Car, désormais, nous nous devons de mener une Vie nouvelle, conforme à l’Esprit du Christ.
La Lettre aux Ephésiens le redit aux Chrétiens : « Il vous faut, renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses ; il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la Vérité. » (Ep 4, 22-24). Le secret pour nous laisser renouveler entièrement, comme dit l’apôtre ici : rester les yeux fixés sur la Croix du Christ, Lui qui nous donne l’Exemple parfait de l’obéissance et de la douceur seules capables de casser l’enchaînement de la violence : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus si vous ne demeurez en moi. » (Jn 15, 4) (à écouter plus longuement dans la Vidéo ci-dessous sur l'intégralité des Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A »)
Alléluia ! Alléluia !
« Descendance choisie, sacerdoce royal, nation sainte, annoncez les Merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable Lumière » (cf. 1 P 2, 9)
Alléluia !
Saint Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ selon Saint Matthieu (Mt 10, 37-42) pour la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille »
« En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense ».
Quelques extraits des « Sermons de Saint Augustin » sur le Saint Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ selon Saint Matthieu (Mt 10, 37-42) :
« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». C'est à ceux qui sont embrasés d'amour, ou plutôt à ceux qu'Il veut embraser de cet amour, que le Sauveur adresse ces Paroles. Notre Seigneur n'a pas détruit, mais réglé l'amour que l'on doit à ses parents, à son épouse, à ses enfants. Il n'a pas dit : « celui qui les aime », mais « celui qui les aime plus que moi ». Aime ton père, mais aime davantage le Seigneur ; aime celui qui t'a donné le jour, mais aime encore plus Celui qui t'a créé. Ton père t'a donné le jour, mais ne t'a pas créé, car il ne savait pas en t'engendrant qui tu serais ou ce que tu deviendrais. Ton père t'a nourri, mais il n'est pas l'origine du Pain qui apaisait ta faim. Enfin, il faut que ton père meure pour que tu hérites de ses biens, mais tu partageras l'héritage que Dieu te destine en demeurant avec Lui éternellement. Aime donc ton père, mais pas plus que ton Dieu ; aime ta mère, mais aime plus encore l'Église, qui t'a engendré à la Vie éternelle. En effet, si tu dois tant de reconnaissance à ceux qui t'ont engendré à une vie mortelle, quel amour dois-tu à Ceux qui t'ont engendré pour l'éternité ? Aime ton épouse, aime tes enfants selon Dieu, pour les amener à servir Dieu avec toi, et lorsque vous Lui serez réunis, vous ne craindrez pas d'être séparés. Ton amour pour ta famille serait bien imparfait si tu ne les conduisais pas à Dieu » (Saint Augustin, Sermon 344, §2-3)
« Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». Ce sont les Paroles du Seigneur, et ces Paroles semblent nous dissuader d'aimer, ou plutôt, si l'on y fait attention, elles nous avertissent d’aimer nos parents. Le Seigneur aurait pu dire : « Celui qui aime son père ou sa mère n'est pas digne de moi ». Or, il n'a point tenu ce langage, pour ne point parler contre la Loi ; car c'est Lui qui a donné la Loi par Moise, son serviteur, Loi qui porte : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20, 12). Il n’a point proclamé une Loi contraire, mais Il a recommandé celle-ci, en y réglant la piété filiale sans la détruire. À Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, qu'il les aime donc, mais non plus que moi. Dieu est Dieu, et l'homme est homme. Aime tes parents, obéis à tes parents, honore tes parents ; mais si Dieu t'appelle à de plus hauts Desseins, où l'amour des parents puisse être un obstacle, observe l'Ordre et ne renverse pas la charité » (Saint Augustin, Sermon 25, §5)
« Il faut aimer nos parents, mais Jésus- Christ doit être aimé bien davantage. Aimez vos enfants, aimez vos épouses, bien que ce soit d’une affection toute humaine. Car vous devez les aimer en Jésus-Christ, pour les diriger sagement suivant les Desseins de Dieu ; n’aimer en eux que Jésus-Christ, et haïr en eux le refus qu’ils feraient d’être à Jésus-Christ. Car telle est la Charité divine. De quoi, en effet, leur servira votre affection passagère et mortelle ? Mais tout en les aimant tendrement, aimez encore plus Jésus-Christ. Je ne vous dis point de ne pas aimer votre épouse, mais d’aimer davantage le Christ. Je ne vous dis point de ne pas aimer votre père, vos enfants, mais de réserver à Jésus-Christ un amour beaucoup plus grand. Ecoutez-Le vous dire, et ne croyez point que ce soit moi qui vous parle : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matth, X, 37). Ces Paroles : « N’est pas digne de moi », ne vous font pas trembler ? Celui dont Jésus-Christ dit « Il n’est pas digne de moi », ne peut être avec Lui ; et s’il n’est pas avec Lui, où sera-t-il ? Si vous ne désirez point d’être avec Lui, craignez d’être sans Lui. Pourquoi devez-vous craindre d’être sans Lui ? Parce que si vous n’êtes pas avec Jésus-Christ, vous serez avec le démon. Et où sera le démon ? Ecoutez encore Jésus-Christ Lui-même : « Allez dans le feu éternel qui a été préparé au démon et à ses anges » (Matth, XXV, 41) Si vous n’êtes pas embrasé du Feu céleste, craignez le feu de l’enfer. Si vous n’aimez point la Société des anges, craignez d’être relégué parmi les suppôts du démon. Si vous n’avez aucun attrait pour le Royaume des Cieux, craignez d’être jeté dans la fournaise de ce feu ardent qui brûle éternellement. Que la crainte domine d’abord dans votre cœur, et ensuite elle fera place à l’amour. Que la crainte soit votre maître, et que sans rester en vous, elle vous conduise à la Charité comme au véritable Maître » (Saint Augustin, Sermon CCCXLIX, Chapitre VII)
Et Saint Jean Paul II dans sa Catéchèse du Mercredi 7 juillet 1993 « Le Prêtre homme de la Charité » :
« Jésus n’exigeait pas de tous Ses disciples le renoncement radical à la vie en famille, bien qu’il ait exigé de tous la première place dans leur cœur, quand Il disait : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Mt 10, 37). L’exigence du renoncement effectif est propre à la vie apostolique ou à la vie de consécration spéciale. Appelés par Jésus, « Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère », ne laissèrent pas seulement la barque où « ils raccommodaient leurs filets », mais aussi leur père, avec qui ils se trouvaient (Mt 4, 22 ; Mc 1, 20). Ces constatations nous aident à comprendre le « pourquoi » de la législation ecclésiastique sur le Célibat Sacerdotal. En effet, l’Église a considéré et considère encore qu’il entre dans la logique de la Consécration Sacerdotale et de l’appartenance totale au Christ qui en découle, en vue de la réalisation consciente de son Commandement de vie spirituelle et d’évangélisation ».
Le Commentaire de Marie-Noëlle Thabut : « A première vue, ce Texte est une succession de Maximes dont on peut même se demander si Jésus les a toutes prononcées à la suite et on ne voit pas bien le lien entre elles. Mais à force de les lire et relire, on découvre au contraire qu’il s’agit d’un même appel, celui des choix nécessaires, des renoncements exigés par la fidélité à l’Évangile. On savait déjà que l’Évangile exigeait d’aimer : tout le discours sur la montagne l’a dit. Ici Jésus parle d’autres exigences.
Je prends le Texte en suivant :
« Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Il ne faut pas entendre le mot « aimer » au sens habituel des affections familiales ; Jésus ne nous dit pas de ne pas aimer notre prochain ; ce serait nouveau ! Mais on est dans un contexte de persécution : aussi bien quand Jésus parle, puisqu’Il en mourra, que quand Matthieu écrit son Évangile ; un peu plus haut, Il a prévenu ses apôtres : « Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront condamner à mort. » (Mt 10, 21) ; et encore « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa maison. » (Mt 10, 34 -35 ; Michée 7, 6).
Tous les temps de persécution provoquent des drames cornéliens : le choix se pose entre la fidélité ou la mort ; même en dehors d’un contexte de persécutions violentes, on sait bien que c’est en famille et avec les amis les plus proches qu’il est souvent le plus difficile de témoigner de ses convictions. Et parfois de véritables déchirures peuvent se produire dans le tissu familial.
« Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera ». « Prendre sa croix » : que pouvait signifier cette expression dans la bouche de Jésus à ce moment-là ? La crucifixion était un supplice courant qui sanctionnait tout manquement à l’ordre public. Le long des routes de l’Empire romain, il arrivait qu’on voie des crucifixions par centaines et même par milliers. Ce supplice infâmant inspirait l’horreur et exposait à l’opprobre des foules et à la risée des passants celui qui méritait d’être retranché du peuple. D’ailleurs, on le voit au moment de la condamnation du Christ, il n’était pas question de crucifier quelqu’un dans l’enceinte de la ville. Tout le monde connaissait la phrase du Deutéronome d’après laquelle tout condamné à mort au nom de la Loi était maudit de Dieu (Dt 21, 22-23). Rappelez-vous encore le psaume 21 : « Je suis un ver et non plus un homme, injurié par les gens, rejeté par le peuple. Tous ceux qui me voient me raillent ; ils ricanent et hochent la tête ».
Jésus exprime ici la conscience qu’Il a de la persécution qui l’attend, Lui et tous ceux qui prendront sa suite. Car, si les disciples vont au bout du témoignage, ils courront inévitablement le risque de se heurter aux autorités. Il leur faudra accepter d’être méconnus, humiliés. Il leur a bien dit : « Le serviteur n’est pas plus grand que son Maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. » (Jn 15, 20).
« Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé ». Il me semble que cette phrase vise à fortifier les apôtres, comme s’Il leur disait : « Tenez bon ». Tous ces risques courus pour l’Evangile vous rapprochent de moi et de mon Père ».
« Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : il ne perdra pas sa récompense ». A première vue, nous voilà en plein dans une optique de récompense, de donnant-donnant ; mais non, car nous ne sommes pas dans le domaine de l’avoir ; puisqu’en amour on ne compte pas. Ce que Dieu nous donne n’est pas quantifiable ; c’est du domaine de l’être. C’est la Vie éternelle, c’est-à-dire la Vie dans son intimité. Tous les Saints témoignent d’une qualité de bonheur, pas d’une quantité de biens. Et même, humainement, ceux qui vivent une véritable relation d’amour, quelle qu’elle soit, savent que l’avoir compte peu en regard de la profondeur des sentiments, la communication entre les êtres. Jésus le dit Lui-même un peu plus loin : « Quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon Nom, recevra beaucoup plus et, en partage, la Vie éternelle. »
Saint Paul exprime cette expérience : « Toutes ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai considérées comme des pertes à cause du Christ. Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ le Seigneur… Il s’agit de Le connaître, Lui, et la puissance de sa Résurrection, et la Communion à ses souffrances, de devenir semblable à Lui dans sa Mort, afin de parvenir, s’il est possible, à la Résurrection d’entre les morts. Non que j’aie déjà obtenu tout cela ou que je sois devenu parfait ; mais je m’élance pour tâcher de le saisir parce que j’ai été saisi moi-même par Jésus-Christ. » (Phi 3, 7…12).
« Etre saisi par le Christ » comme dit Saint Paul, voilà l’enjeu, un enjeu vital. Et c’est cela, peut-être, le lien entre toutes ces Phrases de Jésus : « Etre saisi par le Christ » comme un feu intérieur qui inspire tous les renoncements exigés par la fidélité à l’Évangile : le renoncement aux affections, à la considération, à l’avoir… On entend ici résonner les Béatitudes : « Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse car votre récompense est grande dans les Cieux » (à écouter plus longuement dans la Vidéo ci-dessous sur l'intégralité des Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A »)
Commentaires de Marie-Noëlle Thabut sur l'intégralité des Lectures de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
Prière sur les Offrandes de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Dieu qui agis avec Puissance dans tes Sacrements, fais que le peuple assemblé pour Te servir soit accordé à la Sainteté de tes propres Dons. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur »
Préface de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
Vraiment, il est juste et bon de Te rendre gloire, de T'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à Toi, Père très Saint, Dieu Éternel et Tout-Puissant par le Christ, notre Seigneur. Dans sa Pitié pour notre misère, Il voulut naître d'une femme, la Vierge Marie. Par sa Passion et sa Croix, Il nous a délivrés de la mort éternelle ; par sa Résurrection d'entre les morts, Il nous a donné la Vie qui n'aura pas de fin. C'est pourquoi, avec les anges et tous les Saints, nous proclamons ta Gloire, en chantant (disant) d'une seule voix : ...
« Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt caeli et terra gloria tua. Hosanna, in excélsis. Benedictus qui venit in nomine Domini. Hosanna, in excélsis ! »
Antienne de la Sainte Communion de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses Bienfaits »
Ou bien :
Jésus priait ainsi : « Pour ceux qui croiront en moi, je Te demande, Père, qu'ils soient un en Nous, afin que le monde reconnaisse que Tu m'as envoyé »
Voir l’Acte de Communion Spirituelle afin de permettre aux Fidèles Catholiques de Communier spirituellement face au Coronavirus dans un Jeûne Eucharistique en ce temps dit de « déconfinement face au Coronavirus » où les autorités civiles de Macron nous interdisent de recevoir la Sainte Communion sur les lèvres : « Seigneur Jésus, puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement » composé par Monseigneur Raymond Centène. Voir également la Prière du Cardinal Rafael Merry del Val pour une Communion Spirituelle « Ô mon Jésus, dans l’attente du bonheur de la Communion sacramentelle, je veux Te posséder en esprit » prononcée par le Pape François lors de sa Messe matinale à Sainte-Marthe le lundi 23 mars 2020.
Prière après la Sainte Communion de la Sainte « Messe du Dimanche 28 juin 2020 » de la 13ème Semaine du Temps Ordinaire de l’Année « A » :
« Que le Corps et le Sang de Jésus Christ, offerts en Sacrifice et reçus en Communion, nous donnent la Vie, Seigneur : reliés à Toi par une Charité qui ne passera jamais, nous porterons des fruits qui demeurent. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur. »
Que Dieu Tout-Puissant vous bénisse...
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
V/ Ite Missa est, alléluia, alléluia.
R/ Deo gratias, alléluia, alléluia.
V/ Allez, dans la Paix du Christ, alléluia, alléluia.
R/ Nous rendons grâce à Dieu, alléluia, alléluia.
La Sainte Messe du 13ème Dimanche du Temps Ordinaire de l’Année « A » en vidéo célébrée par Mgr Michel Aupetit en l'église Saint-Germain l'Auxerrois à Paris le Dimanche 28 juin 2020 :