Le Témoignage d’Olivier « Marié mais séparé… Séparé mais Fidèle jusqu'au bout du « Oui » ! :

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« Avec Claude, nous nous sommes mariés avec une Célébration en l'Église Catholique en 1990 ; nous avions, elle 27 ans, et moi-même 32. Chacun de nous deux avions grandi dans une famille ancrée dans la foi Catholique avec une pratique fidèle ; baignant aussi dans des activités de scoutisme, pèlerinages, ... Bien imprégnés de cette foi, nous avions tous deux la conviction que l'engagement dans le Mariage est profond, pour toute notre vie durant, et que celui-ci se réalise par le Sacrement en l'Eglise. C'est avec joie aussi que, durant notre vie commune, nous avons participé ensemble aux activités des Fraternités Franciscaines, puis par la suite les Equipes Notre-Dame. Ce mouvement est destiné aux couples qui souhaitent progresser spirituellement par leur vocation dans le Mariage chrétien. Voilà le contexte dans lequel nous sommes entrés dans le Mariage, et avons eu la joie d'accueillir une fille : Marie. Le divorce n'était pas pensable.


J'étais vigneron dans l'Aude mais cette exploitation connaissait des difficultés financières. Ne pouvant obtenir les résultats espérés, il s'ensuivait un profond malaise entre nous deux et une véritable incompréhension s'installait. Par ailleurs, la famille de mon épouse devait faire face à des problèmes relationnels entre eux pour diverses raisons et j'avais de profondes réticences à m'immiscer dedans, malgré le souhait de certains. Le malaise grandissait fortement entre nous. Sur la suggestion reçue d'un foyer des Equipes Notre-Dame, nous avons rencontré un conseiller conjugal de l'Equipe du CLER.


Cependant, un jour de janvier 2007, un incident banal en notre habitation survint. L'entente entre nous ne se faisant plus, le ton a monté. Là, agacé, j'ai eu le malheur de donner une gifle à mon épouse et elle quitta notre domicile. Trois jours après, je fus convoqué par la gendarmerie où je me rendis librement. En fait je fus pris dans une garde à vue sur sa plainte, où j'ai avoué mon action malheureuse. « La vérité vous rendra libre ! » J'espérais alors que cela pourrait n'être qu'un incident de parcours. A la fin de cette désagréable soirée, les gendarmes me donnent le conseil du divorce, à ma grande surprise… De quoi se mêlent-ils ? Alors que j'ose espérer que, par notre foi commune en la permanence du Mariage, le divorce ne pouvait être la solution. J'espérais toujours en notre médiation en cours, que j'avais pourtant signalée.


Mais la réalité est autre, j'ai perdu contact avec elle et par la suite, c'est avec stupeur que je découvris dans la boite à lettre, un document d'huissier me convoquant trois jours après au tribunal pour une requête en divorce. Vous imaginez donc bien la stupeur, l'effondrement dans laquelle j'étais. Je suis le premier dans ma famille à être confronté à cela. Quelle honte ! Que dois-je faire ? Je me suis mis à éplucher le Catéchisme de l'Eglise Catholique sur ce qui me parait bien impensable à réaliser : le divorce. Il est affirmé que le Mariage est indissoluble. Il est mentionné aussi la séparation lorsque la vie commune est impossible à condition rester fidèle et disponible à une éventuelle reprise de la vie conjugale (Cf. FC N° 83). Les dispositions du divorce civil sont tolérées lorsqu'il n'y a pas d'autre possibilité. Mais de suite que faire ? Que se passe-t-il dans la réalité ? Quelle est la meilleure solution dans mon cas particulier ? Grand était mon désarroi devant cette difficulté à résoudre très rapidement. Concrètement je n'étais aucunement préparé à cela. Dans l'urgence il fallait aussi contacter un avocat, comprendre ce que signifient les termes juridiques de ce qui m'est imposé. L'entourage, dont un Religieux qui nous connaissait bien tous les deux, m'invitait à résister pour éviter le divorce. Ainsi, j'osais croire encore à l'impossible: tout cela n'est qu'une crise passagère.
Mais, devant le juge des affaires familiales, j'ai reçu de son avocat une montagne de remontrances bien exagérées, m'annonçant aussi qu'une autre procédure était lancée à mon encontre devant le tribunal correctionnel. Bref, j'étais présenté comme un homme violent, alcoolique, paresseux, qu'il faut interner.

Après ces jours tendus, il a fallu reprendre vie, m'installant ainsi dans la solitude et l'incertitude des lendemains avec des difficultés financières encore plus importantes du fait de ce contentieux. Je bénéficiais toujours du soutien spirituel du Religieux qui m'invitait à venir dans sa Communauté et à progresser par la lecture de bons livres spirituels. Au passage, je peux citer celui-ci : « Croire à l'Amour » du Père Michel d'Elbée. Oui, j'ai été heureux de sentir que malgré la haine qui a déferlé, il est possible par la foi, la confiance en Dieu, de croire en Son Amour bien réel et attentionné. Dieu s'est inséré dans notre Mariage par son Sacrement et je peux toujours aller vers Lui : j'y serai bien accueilli. Il faut faire confiance en l'Amour infini de Dieu, sinon toute vie est un naufrage. De façon bienveillante, il m'a invité aussi à formuler une règle de vie à respecter, m'a invité à donner de mon temps pour les autres, au sein d'un organisme comme le Secours Catholique. En fait, il m'invitait à programmer une vie organisée et régulière dans cette isolation subie, afin d'éviter le repli sur soi, la chute dans la dépression. Merci, Père Jean-Baptiste.

J'étais toujours aux Equipes Notre-Dame et j'y allais donc seul, déchiré de mon conjoint parmi les foyers qui viennent en couple. Quel paradoxe ! Je sentais que cela ne pouvait plus continuer ainsi. Alors, il doit bien exister dans l'Eglise quelque chose pour les personnes divorcées, puisque le divorce est devenu si courant dans le monde d'aujourd’hui. Ainsi, la providence me conduit à découvrir rapidement la Communion Notre-Dame de l'Alliance.

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Je fus bien heureux de découvrir cela : je n'étais plus isolé dans ma démarche. Il y en a d'autres comme moi qui souhaitent poursuivre leur vie terrestre : mariés mais séparés, séparés mais fidèles. La route envisagée est déjà pratiquée par d'autres. Alors allons-y, et j'y reçus un heureux accueil et un réel soutien. Les divers enseignements m'ont ainsi permis de grandir spirituellement, d'être en vérité avec moi-même, avec Dieu et avec les autres. Je me souviens, entre autres, avoir dévoré lors de ma première Récollection un article de Paul Salaün, co-fondateur de la Communion : « La passion des séparés divorcés ». C'est une méditation de la Passion de Jésus qui montre comment la rencontre de Jésus vivant aujourd'hui peut nous consoler et, par un chemin de conversion et de guérison, nous conduire à la joie du « Pardon ». Comment l'une des plus grandes épreuves humaines peut devenir le lieu de la plus forte expérience de Dieu. Puis je vécus ma première Retraite annuelle de la Communion à Lourdes, en l'été 2008, moment de réconfort et joie, avec plus de 150 membres environ. Tous les riches enseignements permettent ainsi de nous nourrir et de progresser. Ils ont été repris dans le livre « Séparés, divorcés, à coeur ouvert ».

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A l'issue de cette Retraite, a été écrit un article de presse dont le titre « Jusqu'au bout du Oui » m'a bien interpellé, au point qu'il est devenu ma devise. Avec Dieu, je pouvais accueillir favorablement et avec confiance la vie telle qu'elle pouvait se présenter chaque jour. Je me sentais bien plus calme et serein, devant les difficultés de chaque jour. « Dieu est éternellement fidèle ».
J'ai ainsi adopté bien volontiers les réflexions faites par Anne-Marie Lemarqueur, co-fondatrice de la Communion, lors des prémices de ce nouveau mouvement : « Nous avons connu l'agonie et la mort apparente de notre couple. Nous savons par expérience que nous devons mourir à nous-même pour ressusciter. « Si le grain de blé ne meurt, il ne porte pas de fruit, mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » nous dit l'Evangile. Ne serons-nous pas de véritables témoins de la foi en vivant la certitude que Jésus, sur la Croix, a transfiguré notre échec apparent ? »
Or sur ce chemin de renouveau, qui m'inspire bien, il m'est devenu nécessaire de me libérer de tous les mépris, rancunes et autres affronts qui s'étaient accumulés. Par une heureuse Retraite que j'ai vécue avec la Communion, l'été suivant, j'ai pu découvrir comment acquérir la paix et liberté intérieure à laquelle nous aspirons tous. Ce fut un riche enseignement au Pardon, bien bénéfique, qui trouve sa source dans la Foi, l'Espérance et l'Amour de Dieu. Le prédicateur, Père Jacques Philippe, s'était inspiré de son livre : « La liberté intérieure ».


Le chemin de la fidélité, n'est pas au goût du jour. J'ai été bien surpris de recevoir de mon entourage la suggestion de réaliser une nouvelle union. « Mais voyons, tu ne vas pas rester seul, il faut bien vivre heureux. Elle est partie et ne reviendra plus. Toi, tu mérites une femme mieux qu'elle, qui te fait la guerre. Penses aussi à tes vieux jours alors marie-toi. Laisse de côté toutes ces histoires d'Eglise ... »
Je demeurais insensible à ces paroles qui ne me satisfaisaient guère car bien éloignées de mes convictions. Je préfère demeurer en lien avec Dieu qui est le but de toute vie chrétienne. Deux ans de séparation ont passé et nous demeurons toujours dans un vif contentieux. Alors, excédé et avec l'approbation de mon Père Spirituel, je me résous à accepter le divorce civil. Grande fût ma surprise car mon avocat me conseille maintenant de différer cela de 10 mois au moins, afin que cela me soit plus favorable. C'est maintenant l'homme de loi qui m'invite à patienter ! Les mois passent, la première procédure devient caduque. Et voilà que le juge nous convoque à nouveau, sur une deuxième procédure en divorce, souhaitée par mon épouse. Ironie de l'histoire, la convocation a lieu le 1er avril. Non, c'est n'est pas un poisson d'avril, c'est bien réel. Mais ce qui m'a surpris davantage c'est qu'en cette année 2010, ce sera le Jeudi Saint ! Et cela m'a invité à analyser davantage la profonde similitude qui existe entre le Sacrement de Mariage et le Sacrement de l'Eucharistie, signe de l'Alliance entre Dieu et les hommes. Signe que Dieu me donne, peut-être aujourd'hui ?

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Maintenant j'ose progresser dans la vie, me considérant toujours comme marié, marié mais séparé. Je suis toujours heureux de porter cette Alliance qui est le signe de mon engagement dans le Mariage, car par ce Lien sacramentel, cela me procure une raison de vivre en lien avec Dieu qui demeure fidèle. Par celui-ci, je Lui demande de veiller sur elle, tout en respectant la liberté de mon conjoint, à qui je pardonne. Le Pardon est difficile certes mais ne peut se faire qu'avec l'aide de Dieu. Aussi je reprends un beau geste que j'ai découvert. Lors de l'invitation au baiser de paix avant la Communion Eucharistique, j'aime embrasser cette Alliance. Je demande ainsi à notre Seigneur de pardonner à mon épouse, de me donner la force de lui pardonner et de nous aider à nous rencontrer un jour prochain. Ainsi, je vous invite à prier Dieu pour elle, Claude, et de prier pour nous deux. Sachez que je porte chacun de vous dans ma prière, chacun en votre chemin particulier. Et, tous ensemble, rendons gloire à Dieu, Lui qui est Source de Vie, Lui le Secret de l'Amour ! »

Olivier



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Retrouvez tous les « témoignages de personnes mariées, séparées ou divorcées, sur un chemin de fidélité, de pardon et d'espérance ! » lors de l’émission mensuelle des Séparés-Divorcés Fidèles sur Radio Maria