Le témoignage de Danièle« Je me suis jetée du huitième étage et le Seigneur m’a rattrapé ! » :

« J’ai rencontré mon mari Roland qui revenait de la guerre d’Algérie dans un groupe lyrique où nous chantions des opérettes, il était alors âgé de 22 ans et moi de 20 ans. Sa passion pour moi et son charme me convainquirent et j'acceptais de devenir sa femme après un temps de fiançailles.

Mais il venait me voir dans mon petit logement et je me suis retrouvée enceinte 2 mois avant le Mariage. Nous devions habiter un vieux pavillon datant d'avant-guerre sans aucun confort (wc dans le jardin) en attendant l'achat d'un appartement. Je travaillais dur aux chèques postaux, je ne me voyais pas avec un bébé dans ces conditions et, Roland ne me soutenant pas, je me suis fait avorter par une « faiseuse d'anges » comme on disait avant.

L'avortement est une blessure profonde pour une femme et ce remords me poursuit encore malgré le pardon reçu du Seigneur.

Nous avons tous des blessures. Pour moi, j'étais l'aînée du remariage de mes parents de 6 enfants qui étaient traumatisés eux- mêmes par des drames les ayant touchés de près l'un et l'autre : mort brutale de chacun de mes oncles, l'un pendu dans le jardin et l'autre fusillé par les Allemands.

Après 5 ans de Mariage, un fils nous est né faisant notre joie. Mais Roland a pris de l'ascendant sur moi, me méprisant, m’abaissant et m’humiliant devant les enfants surtout après la naissance de notre fille, née 2 ans plus tard avec un « bec de lièvres ». Mon mari m'aidait tout de même beaucoup à la maison et je lui en étais reconnaissante mais je ne me sentais pas vraiment comprise et aimée en tant que femme, peu de tendresse et plutôt malmenée dans nos relations intimes. Il est fils unique et lui-même ayant eu un père dominateur a voulu suivre ses traces et m'imposait ses façons. Nous étions trop différents, lui le « bon vivant » comme on dit et moi discrète, blessée et intériorisée. J'essayais de lui faire comprendre sans succès et je me suis murée de plus en plus dans le silence.

J'aurais dû partir mais je ne me sentais pas assez forte et plutôt brisée. Je craignais mon mari et sa violence. J'ai commencé une longue période de dépression à partir de 1976 avec des temps d’hospitalisation de 2 à 3 mois dont je garde des souvenirs déchirants lors des séparations douloureuses avec mes enfants.

Nos deux enfants vont connaitre une maman dépressive, ce calvaire avec des rémissions va durer 22 ans jusqu’à notre divorce.

Durant cette dépression, après 3 semaines d'arrêt maladie, je repris mon travail à la direction de France Télécom sachant que mon mari avait fait une nouvelle demande pour me faire hospitaliser en psychiatrie. Sur une réflexion ironique de mon supérieur me conseillant d'aller me reposer, le 16 janvier 1988, je pris l'ascenseur pour monter au huitième étage à la terrasse de la cafétéria de France Télécom pour en finir. Au fond du désespoir, je fis ma prière au Seigneur avant de sauter du huitième étage et là, ô miracle, merci mon Dieu, ma chute d’une vingtaine de mètre fut amortie sur le toit d'une voiture qui n'était pas là avant ma prière. Je m’en suis sortie avec une simple côte cassée.

Ce fut la Révélation pour moi que Dieu m'aimait, qu'Il était là, que je n'étais pas seule et que je devais continuer ma vie mais autrement. Il m'a en effet guidé par la suite vers des groupes de prières, m’a donné progressivement le besoin de me rendre quotidiennement à la Messe, d’y communier, d’y accueillir d’autres blessés de la vie, …

Peu à peu Jésus m’a guéri et je sens Marie à mes côtés grâce à la Communion Notre-Dame de l'Alliance qui veille sur nous les frères et sœurs fidèles à notre Sacrement de Mariage avec les Prêtres qui nous accompagnent. Nous formons une belle chaîne d'amitié entre nous. Cela me rend heureuse avec la liberté des enfants de Dieu.

Mes 2 enfants ont eu à gérer leurs propres blessures et ont choisi des conjoints à problème aussi mais solides. Je les vois heureux dans leur foyer avec leurs enfants et j'en rends grâce à Dieu. Je crois que je suis arrivée à pardonner à Roland car je prie pour lui et eux tous, tous les jours ».


Danièle - Témoignage en direct diffusé à Radio Maria France le 16 novembre 2016


Pour écouter d’autres « Témoignages audio des Séparés ou Divorcés Fidèles »

Radio-Maria.jpg