Voici l’Homélie sur l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ qui chasse les Marchands du Temple (Matthieu 21, 10-17) du Premier Mardi du Carême « Quel châtiment, Notre Seigneur, aurait-Il infligé s’Il avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage au Saint Sacrifice de la Messe » de Saint Bède le Vénérable (673-735), Moine bénédictin anglais dont le nom en anglo-saxon signifie « prière » et qui qualifie bien toute la vie de cet homme de Dieu si vénéré de ses contemporains qu'il en reçut le surnom de Vénérable.
L’Homélie de Saint Bède le Vénérable sur Jésus-Christ qui chasse les Marchands du Temple « Quel châtiment, Notre Seigneur, aurait-Il infligé s’Il avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage au Saint Sacrifice de la Messe » :
En chassant du Temple les trafiquants, le Seigneur exprima en plus clair cela même qu’Il avait fait naguère symboliquement par la malédiction du figuier sans fruit. Or, ce n’était pas la faute de l’arbre s’il n’avait pas de figues pour rassasier le Seigneur : la saison n’en était pas encore venue. Mais les prêtres qui s’adonnaient au commerce profane dans la Maison du Seigneur et se dispensaient de porter le fruit de piété qui leur incombait, et que le Seigneur désirait goûter en eux, ceux-là étaient bien en faute. Le Seigneur dessécha l’arbre par Sa malédiction ; ainsi les hommes, voyant le fait, ou l’apprenant, comprendraient combien plus ils seraient eux-mêmes condamnables au Jugement divin si, sans le fruit des œuvres, ils se berçaient seulement aux applaudissements récoltés par leurs pieuses paroles comme au bruissement et à la protection d’un verdoyant feuillage.
Réparons en agissant mieux, les fautes que l’ignorance nous a fait commettre, de peur que surpris tout à coup par le jour de la mort, nous cherchions le temps de faire Pénitence et ne puissions pas le trouver. Écoutez, Seigneur, et ayez pitié, parce que nous avons péché contre Vous. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la Gloire de votre Nom, Seigneur, délivrez-nous.
Mais parce qu’ils n’ont pas compris, le Seigneur exerça sur eux la rigueur d’un châtiment mérité. Il rejeta le trafic des affaires humaines hors de cette Maison où il avait été ordonné de ne traiter que les affaires divines : offrir à Dieu des victimes et des prières ; lire, entendre, et chanter la Parole de Dieu. Il est néanmoins à croire qu’Il ne vit vendre ou acheter dans le Temple que le nécessaire pour le service de ce Temple, selon le récit que nous lisons ailleurs : Quand Il entra dans le Temple, « Il y trouva les marchands de bœufs, de brebis et de colombes » (Jn 2, 14). Probablement, en effet, les gens qui venaient de loin se procuraient sur place tout cela, uniquement pour l’offrir dans la Maison du Seigneur.
Que l’impie abandonne sa voie, et l’homme inique ses pensées, et qu’il retourne au Seigneur, et Il aura pitié de lui, car le Seigneur notre Dieu est Bon et Miséricordieux, et sa Bonté surpasse notre malice. Le Seigneur ne veut point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive.
Même ce qu’Il désirait voir offrir dans le Temple si le Seigneur n’a pas voulu le laisser vendre dans le Temple probablement à cause du penchant à l’avarice et à la fraude, qui est habituellement le délit propre aux commerçants, quel châtiment, penses-tu, aurait-Il infligé s’Il y avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage, ou s’adonnant à quelque autre vice ? Car si le Seigneur ne supportait pas que l’on traite dans sa Maison des affaires temporelles qui sont légitimes ailleurs, combien plus ce qui n’est jamais permis méritera-t-il la Colère divine si cela se passe dans les édifices consacrés à Dieu ? Mais, puisque le Saint-Esprit est apparu en forme de colombe au-dessus du Seigneur, c’est à juste titre que les Charismes de l’Esprit-Saint sont signifiés par les colombes. Or, dans le Temple de Dieu aujourd’hui, qui vend des colombes sinon ceux qui dans l’Eglise reçoivent de l’argent pour l’imposition des mains ? Par cette imposition, en effet, le Saint-Esprit est donné d’en-Haut.
Le Temps du Jeûne ouvre les porte du Paradis : entreprenons ce jeûne en priant et suppliant, afin qu’au Jour de la Résurrection nous participions à la Gloire du Seigneur. Montrons-nous en toutes choses comme des Ministres de Dieu, par une grande patience, afin qu’au Jour de la Résurrection nous participions à la Gloire du Seigneur. Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit.
Ainsi soit-il.
Saint Bède le Vénérable (673-735) - Homélie sur l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ qui chasse les Marchands du Temple (Matthieu 21, 10-17) du Premier Mardi du Carême (Homilía 7 in Quadrag. tom. 7)
Voir pour ce Premier Mardi du Carême la Prière et la Résolution « J'entrerai dans la Maison du Seigneur avec des sentiments de componction et de pénitence » de Monsieur l’Abbé Jean-Baptiste La Sausse et la Prière du Mardi de la Première Semaine de Carême « Regardez favorablement Votre famille, Seigneur »
Voir également de Saint Bède le Vénérable :
- Le Sermon de Saint Bède le Vénérable pour le Dimanche des Rameaux « Vers l'Agneau de Dieu monte l'hosanna du peuple »
- L’Homélie de Saint Bède le Vénérable sur Jésus-Christ qui chasse les Marchands du Temple « Quel châtiment, Notre Seigneur, aurait-Il infligé s’Il avait trouvé des gens se livrant au rire et au bavardage au Saint Sacrifice de la Messe »
- La dernière Prière sur son lit de mort de Saint Bède le Vénérable « Ô Fontaine de Sagesse, donnez-moi bénignement d'arriver à la Source et de Vous voir toujours »
- La Prière de Saint Bède à Saint Jean Baptiste « Salut, annonciateur du matin »
- La Prière de Bède le Vénérable « Ô Christ, sois présent aux cœurs que Tu as rachetés »
- L’Hymne à l’Apôtre Saint André de Saint Bède le Vénérable « Chantons d'une joyeuse voix la Solennité du Bienheureux André »
- L’Hymne des Martyrs du Vénérable Bède « Célébrons les Innocents que la terre, avec tristesse, a vus périr »