Voici une Hymne pour la Fête de l’Épiphanie de Notre Seigneur Jésus-Christ le 6 janvier aux Offices des Premières et Deuxième Vêpres, des Matines et des Laudes « Saint et Divin Enfant, reçois de nos cœurs les présents si bien marqués par l'or, par la myrrhe et l'encens » de Charles Coffin (1676-1749), un des piliers du Jansénisme, Principal du Collège parisien de Dormans-Beauvais puis Recteur de l'Université de Paris et auteur de plus de 100 Hymnes latines pour le Bréviaire de Paris.
L’Hymne pour l’Épiphanie « Saint et Divin Enfant, reçois de nos cœurs les présents si bien marqués par l'or, par la myrrhe et l'encens » de Charles Coffin :
Saint et Divin Enfant, que comme Dieu j'adore ;
Que j'embrasse comme Homme, et comme Roi j'honore,
Reçois de nos cœurs les présents,
Si bien marqués par l'or, par la myrrhe et l'encens.
Que Ta céleste Grâce, en nous servant d'étoile,
De notre obscure nuit, perce le sombre voile ;
Et que Son feu, que Sa splendeur,
Viennent répandre en nous la Lumière et l'Ardeur.
Quel astre lumineux ! Quelle nouvelle étoile !
Rivale du soleil, brille d'un feu plus beau.
Un Dieu sans doute est né ; ce signe Le dévoile ;
Et de ce nouveau Roi, nous conduit au berceau.
Ainsi le vérifie un ancien Oracle.
De Jacob, une étoile, un jour doit se lever.
L'Orient attentif, s'éveille à ce spectacle,
Et du prodige ému, s'applique à l'observer.
Tandis que brille aux sens cette vive lumière,
Une autre plus intime, en brillant dans le cœur,
Mais en force, en douceur surpassant la première,
Persuade en secret d'en rechercher l'Auteur.
L'amour ne connaît point d'obstacle :
Les travaux, les périls ne peuvent l'arrêter.
Maison, famille, terre, à la voix du miracle,
Les Mages quittent tout, heureux de tout quitter.
Quand ta Grâce, ô Jésus ! Ce flambeau qui nous guide,
Nous appelle, nous presse, et nous attire à Toi,
Ne permets pas qu'en nous, un cœur lâche, ou perfide,
S'oppose à ses attraits, et résiste à la Loi.
Gloire au Père divin, Source de la Lumière.
Gloire au Fils, ce Sauveur qui se révèle à nous.
Gloire à l'Esprit, de qui la Grâce singulière,
Nous prévient en ce Jour de Ses dons les plus doux.
Partez, Mages, partez, suivez partout l'étoile,
Cette langue des Cieux, qui devance vos pas.
Volez par vos désirs, percez déjà le voile,
Qui cache un Dieu si tendre, un Roi si plein d'appas.
Mais hélas ! Tout à coup dans la ville royale,
Par un ordre du Ciel, l'étoile disparaît ;
Et les laisse incertains, comme une nuit fatale,
Tient, en cachant le pôle, un Pilote en arrêt.
Rien n'ébranle leur foi ; rien n'abat leur courage :
Dans la ville en rumeur, ils cherchent l'Enfant Né.
Sans craindre du Tyran, la malice ou la rage,
Ils demandent le Roi, par l'astre désigné.
Allez, courez au lieu qu'indiquent les Prophètes.
Non, Mages, votre espoir ne sera point frustré.
A vous il est donné, tout Gentils que vous êtes,
De connaître ce Dieu, par les siens ignoré.
Gloire au Père Eternel ; au Fils égal au Père :
A l'Esprit leur amour, cet Esprit Dieu comme eux,
Qui, dirigeant nos pas par Sa sûre Lumière,
Embrase nos esprits et nos cœurs de Ses feux.
Reparais, ô bel astre ! Ô feu divin des Cieux !
Des Mages pleins de foi, ranime l'espérance :
La chère Bethléem est l'objet de leurs vœux :
Conduis-les au grand Roi, qui là prit Sa naissance.
Oh ! Quels nouveaux transports de joie et de ferveur !
Lorsque de ce flambeau, recouvrant la lumière,
Qui s'arrête au lieu même où naquit le Sauveur,
Ils trouvent l'Enfant Dieu dans les bras de Sa mère.
On n'y voit point briller un précieux métal ;
L'or, l'ivoire, l'argent, la pourpre respectable :
Un vil lange, à ce Roi, sert de manteau royal ;
Son Trône est une crèche, et son Louvre une étable.
De tout autre appareil, Il néglige le foin :
Il laisse aux Rois mortels le jaspe et le porphyre :
Paraissant bien plus Roi, quand sur un peu de foin,
Il soumet tous les cœurs à Son puissant Empire.
Mages, il veut le vôtre : oui, dans cet humble Roi,
Adorez du grand Dieu la Majesté présente.
Et nous, en les suivant, héritiers de leur Foi,
Imitons à l'envi leur piété fervente,
Qu'un amour chaste et pur, consacre au Roi notre or ;
Que la mort de nos sens, à l'homme offre la myrrhe ;
Que l'encens de nos yeux, vrai Dieu le montre encor ;
Tous présents de nos cœurs, seuls présents qu'Il désire.
Gloire au Père Eternel, qui dans cet heureux Jour,
Donne aux Gentils son Fils. Gloire au Fils leur lumière.
Gloire à l'Esprit divin, Source du Saint Amour,
Et des célestes Dons, l'origine première.
Accourez, ô Gentils ! Et quittez vos Idoles.
Une Sainte Cité s'offre à vous en ce Jour.
Là le vrai Dieu réside : écoutez Ses paroles,
Et venez à Ses pieds Lui vouer votre amour.
Dans les Mages, déjà vos heureuses prémices,
S'accomplissent sur vous ses oracles certains.
Vous sortez de la nuit des erreurs et des vices,
Et le Jour s'est levé sur les tristes humains.
Le Juif et le Gentil, par un fatal divorce,
Séparés de tout temps, ne font plus qu'un seul corps.
Qu'il subsiste à jamais, ce nœud qui fait leur force,
Et que leur gloire éclate en leurs communs transports.
Mais, ô Secret de Dieu ! L’objet de Ses tendresses,
Le Juif son premier foin, le Juif est rejeté.
Le Gentil appelé, succède à ses richesses ;
Et possédant ses biens, sur son trône est enté.
Traités comme un bois sec, comme enfants adultères,
Déjà tombent partout, les anciens rameaux.
L'arbre n'est plus fécond qu'en branches étrangères ;
Le suc ne coule plus qu'en de nouveaux canaux.
Placés sur l'olivier, ah ! Craignons qu'infidèles,
Nous n'éprouvions le sort des stériles boutons.
Rétablissez, Seigneur, les branches naturelles,
Mais conservez aussi les nouveaux rejetons.
A ce Fils bien aimé, dont nous sommes partie ;
Au Père, qui nous rend membres de ce cher Fils ;
A l'Esprit, de ce corps qui fait l'âme et la vie,
Gloire soit à jamais : aux Trois soyons unis.
Ainsi soit-il.
Charles Coffin (1676-1749) – « Hymnes du nouveau Bréviaire de Paris », Hymne pour la Fête de l’Épiphanie de Notre Seigneur, pages 82-88, chez Vente et Mérigot, 1786
Voir « Toutes les Prières pour l’Épiphanie de Notre Seigneur » (plus d’une centaine)
Voir également du Recteur Charles Coffin :
- La Prière du Matin « Ô Lumière Éternelle, éclaire aussi nos pas » de Charles Coffin
- La Prière du Soir « Seigneur, plein de reconnaissance, à la fin de ce jour nous Te remercions » de Charles Coffin
- L’Hymne pour l’Avent « Quand la nuit, ô mon Dieu, par ses ombres funèbres » de Charles Coffin
- La Prière pour la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ « Ô Mère du grand Roi, présente nos vœux à ton Fils » de Charles Coffin
- L’Hymne pour Noël « A Vous, Jésus, né de Marie » de Charles Coffin
- La Prière Virgo, Dei Genitrix « Vierge, Mère de Dieu, tous les siècles T'appelleront Bienheureuse » de Charles Coffin
- L’Hymne pour l’Épiphanie « Saint et Divin Enfant, reçois de nos cœurs les présents si bien marqués par l'or, par la myrrhe et l'encens » de Charles Coffin
- La Prière sur la Conception et la Nativité de la Vierge Marie « Ô Vierge pieuse, montres-nous aussi que Tu es notre Mère » de Charles Coffin
- La Prière pour l'Annonciation « Ô Vierge pieuse, hâte-Toi de nous donner cet Espoir de Salut » de Charles Coffin
- La Prière pour l’Assomption « Ô Vierge Mère, voici venir le Jour qui T'élève enfin dans les Cieux et Te rend à ton Fils » de Charles Coffin