Voici le récit des « Cérémonies du Dimanche des Rameaux » introduites vers le milieu du sixième siècle par le Pape Agapet racontées par Monsieur l’Abbé Antoine Banier (1673-1741) dans « Histoire générale des cérémonies, mœurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde ». La Tradition Catholique de la Bénédiction des palmes et des rameaux d’oliviers, de leur Distribution aux Cardinaux, aux Prélats, aux Ambassadeurs et à la Noblesse qui assistent à cette Cérémonie puis au peuple pour la Procession des Rameaux, a traversée les siècles en passant par la délivrance d’un prisonnier, la fermeture des portes de la Ville, autour d’un Cimetière, avec Saint Louis, Louis XIV, …
Les « Cérémonies du Dimanche des Rameaux » de l’Abbé Antoine Banier :
Le Dimanche d'après Laetare, on voile les Croix et les Images des Saints ; et elles restent voilées jusqu’au Samedi Saint.
Le Jour des Rameaux, on prépare les palmes à la Chapelle Papale ; à défaut de palmes, on prend des Rameaux d'Oliviers, auxquels on attache des feuilles de palmes nouées fort proprement en Croix. Ces Rameaux de palmes ou d'oliviers ont environ cinq pieds de long.
Le Pape se rend en Procession à la Chapelle. Après les prières et les Cérémonies usitées dans les autres Bénédictions, S. S. asperge et encense les Rameaux.
La Bénédiction de ces Rameaux étant achevée, le premier Cardinal Évêque en offre deux des plus grands à S. S. qui les remet à deux personnes de marque. Ces deux personnes de marque se tiennent avec les Rameaux aux côtés de S. S. à ce que dit le Cérémonial Romain.
Le même Cardinal lui présente un troisième Rameau plus petit. S. S. le remet à un Camérier, et distribue les autres aux Cardinaux, aux Prélats, aux Ambassadeurs et à la Noblesse qui assiste à cette Cérémonie.
Les Rameaux que le Cardinal Évêque offre au Saint Père sont fort et proprement ornés de fleurs. Ceux qui reçoivent ces Rameaux doivent les baiser en les recevant, le premier Cardinal Évêque a l'honneur de baiser la main et le genou du Vicaire de Jésus-Christ.
Les autres Cardinaux lui baisent aussi le genou ; mais les Ecclésiastiques inférieurs à ces Éminences lui baisent seulement le pied.
La Cérémonie finit par la Distribution des Rameaux au Peuple ; pendant qu'on chante la Passion, tous les Fidèles ont leur Rameau à la main.
Le jour des Rameaux les Autels sont ornés de Palmes, ou de Rameaux d'Oliviers. Les Rameaux destinés à être distribués sont mis sur une crédence près de l'Autel, et y restent couverts d'une nappe blanche jusqu’à la Bénédiction.
Il serait inutile d'indiquer au Lecteur l'évènement, dont cette cérémonie fait la commémoration. Les Rameaux bénits nous apprennent, dit-on, que nos pensées, nos désirs, tout ce qui dépend de nous doit être offert à Dieu, être fait dans son esprit et par le mouvement de sa Grâce.
Une coutume remarquable du Jour des Rameaux, et qui se pratique encore en plusieurs Pays Chrétiens, est celle de délivrer un prisonnier. L'Évêque et le Clergé font en Procession la Cérémonie de cette délivrance, qui est l'image de notre liberté spirituelle. Cette coutume vient des Juifs, qui délivraient autrefois un prisonnier le jour de Pâques, en mémoire de leur délivrance de la servitude des Égyptiens.
Après la Distribution des Palmes, on fait la Procession des Rameaux. Le Diacre présente au Célébrant un Rameau, en baisant ce Rameau et la main du Célébrant ; après quoi le Sous-diacre prend la Croix, et se rend au milieu des deux Céroféraires à l'entrée du Presbytère ou Sanctuaire.
C'est de là que commence la marche, aussitôt que le Diacre, après avoir fait une génuflexion, s'est tourné vers le peuple, et lui a dit : Procedamus in pace.
Comme cette Procession se fait à dessein de représenter l'entrée triomphante de Jésus-Christ à Jérusalem, pour pouvoir retracer aux yeux du peuple toutes les circonstances de cette entrée solennelle, et jusqu’aux branches d'arbres dont on joncha les chemins par où N. S. devait passer, il fallait non seulement entrer dans la Ville, et par conséquent venir de dehors, mais y entrer comme en triomphe, avec des branches et des Rameaux d'arbres à la main.
C'est pour cela qu'autrefois la Bénédiction et la Distribution des Rameaux se faisait hors de la Ville, et s'y fait encore en plusieurs endroits, et que dans ceux où cette Cérémonie se fait dans l'Église, on en sort ensuite processionnellement, ou pour aller à quelque autre Église, ou du moins pour faire le tour du Cimetière, afin d'avoir lieu de rentrer ensuite en triomphe avec les Rameaux.
C'est encore pour cette même raison, que dans les lieux où la Procession sort à la campagne, et dans ceux où elle fait seulement le tour du cimetière, elle trouve à son retour la porte de la Ville ou de l'Église fermée, ainsi que cela s'observe à la réception solennelle des Princes et des Rois dans les villes.
C'est entre autres ce qui se pratiqua, lorsque Louis XIV fit son entrée à Paris, la porte Saint Antoine ayant été fermée exprès en sa présence, et ouverte aussitôt après qu'on lui eut présenté les clefs de la Ville.
La Procession étant donc arrivée à la porte de la Ville, ou de l'Église qu'elle trouve fermée, le Célébrant frappe à cette porte avec le pied de la Croix, comme étant chargée, dit Dom de Vert, de l'image de N. S. et par conséquent très propre pour servir d'instrument à frapper à la porte d'un lieu, ou l'on veut représenter N. S. faisant son entrée.
C'est en quelque sorte comme s'Il y frappait Lui-même. Cependant le Chœur chante :
« Ouvrez-vous, portes grandes et élevées ; portes éternelles, levez-vous, afin que le Roi de Gloire fasse son entrée ».
A quoi ceux qui sont au dedans de la Ville ou de l'Église répondent :
« Qui est ce Roi de Gloire ? »
Ce qui parait n'être autre chose, ajoute l'Auteur que nous venons de citer, qu'exprimer en termes de l'Écriture, et faire en cérémonie ce qui se passe naturellement tous les jours, lorsqu’on frappe à une porte, qui est de dire en même temps : Ouvrez la porte ; sur quoi ceux qui sont dans la maison prennent, avant que d'ouvrir, la précaution de demander : Qui est là ?
Cette Cérémonie se répète trois fois ; à la troisième la porte s'ouvre, et la Procession rentre.
Après la Procession on dit la Messe ; et pendant qu'on chante la Passion, chacun tient à la main son Rameau, même le Célébrant et les Ministres de l'Autel, excepté les Diacres qui disent la Passion, et les Acolytes qui les servent.
A ces mots de la Passion : Expiravit, ou Emisit spiritum, ou Tradidit spiritum ; Il expira, Il rendit l'esprit, tout le monde se met à genoux, et se prosterne le visage contre terre.
Autrefois le Diacre qui chantait cet endroit de la Passion, se contentait de s'arrêter après ces Paroles.
C'est ce qui se voit dans plusieurs anciens Missels. Ici on fait une pause disent-ils ; Ici on se repose tant soit peu ; peut-être pour exprimer le repos des morts, c'est à-dire, l'état de silence et d'inaction où sont les hommes après leur mort.
Dans la suite l'usage s'introduisit, que le Diacre se mît à genoux et s'inclinât pendant cette pause ; et c'est sans doute à son exemple que tout le Chœur, et même le peuple, est venu depuis à prendre alors la même posture.
Il est certain que cette coutume de se mettre alors à genoux et de se prosterner, n'était pas encore généralement reçue au temps de Saint Louis ; car on lit dans sa vie écrite par Geoffroi de Beaulieu, qu'à l'imitation de quelques Monastères, où cette Cérémonie était déjà en pratique, ce Saint Roi l'introduisit dans sa Chapelle et en plusieurs autres Églises, entr'autres chez les Jacobins, où il obtint qu'elle serait aussi observée.
Après la Messe, chaque Fidèle emporte chez soi son Rameau béni. Les Rituels disent que le Rameau béni est un préservatif contre plusieurs maux, un instrument de plusieurs biens.
Les Paysans plantent aussi ces Rameaux dans leurs champs, et au milieu de leurs blés. Ils croient qu'ils garantiront leurs grains de la vermine et des tempêtes.
Le Sacristain met quelques-uns de ces rameaux en réserve pour les brûler, et en faire des Cendres pour le Mercredi des Cendres de l'année suivante.
On assure que vers le milieu du sixième siècle, le Pape Agapet institua les Processions de la Semaine Sainte.
Monsieur l’Abbé Antoine Banier (1673-1741) – « Histoire générale des cérémonies, mœurs et coutumes religieuses de tous les peuples du monde », Volume 2, Les Cérémonies du Dimanche des Rameaux, pages 229-231, chez Rollin fils, 1741
Voir en ce Dimanche des Rameaux :
- La Procession Solennelle des Rameaux en l’honneur du Christ Roi (De Solemni Palmarum Processione in honorem Christi Regis) « Bénédiction, Distribution et Procession des Rameaux »
- Les « Cérémonies du Dimanche des Rameaux » dans la Tradition Catholique de l’Abbé Antoine Banier
- La « Sainte Messe du Dimanche des Rameaux » (Vidéo + Textes Liturgiques)
- L’Hymne pour la Procession du Dimanche des Rameaux « Gloria, laus et honor tibi » de Théodulfe d'Orléans
- La Prière du Deuxième Dimanche de la Passion dit des Rameaux « Hosanna au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur et qui est Roi et Seigneur Lui-même ! » d’Adolphe Baudon de Mony
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Ô Seigneur, faites que votre Passion ne soit pas vaine pour nous » du Très Révérend Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine
- La Prière tirée de la Collecte de la Sainte Messe du Dimanche des Rameaux « Agneau de Dieu, qui allez être immolé pour mes péchés, pardonnez-moi mes révoltes et mes désobéissances » du Révérend Père Jean-Baptiste-Élie Avrillon
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Seigneur, n’ai-je pas trop méconnu, négligé, profané le Sacrement de votre Autel ? » du Révérend Père Louis-Pierre Pététot
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Ô Jésus, combien Vous avez travaillé et souffert pour nous arracher de l'Enfer ! » du R. P. Leonhard Goffiné
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Regardez notre divin Sauveur dans cette triomphante Journée où Il fait Son entrée à Jérusalem » de Monseigneur Jacques-Bénigne Bossuet
- La Prière du Dimanche des Rameaux « Ô Seigneur, qui entrez en triomphe dans Jérusalem pour y mourir plus ignominieusement » de l’Abbé Nicolas Le Tourneux
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Je Vous remercie, mon doux Sauveur, de ce que Vous avez voulu être méprisé de la sorte pour guérir l'orgueil des hommes et le mien en particulier » du R. P. Antoine Boissieu
- La Prière pour le Dimanche des Rameaux « Seigneur, que je porte chaque jour quelque palme de la mortification de mes appétits déréglés pour Vous les mettre sous les pieds » du R. P. Fyot de Vaugimois
- La Prière du Dimanche des Rameaux « Combien de fois, ô Jésus, n'ai-je pas eu le malheur de Vous renier, à l'exemple de votre Apôtre ! » de l'Abbé Ambroise Guillois
- Les Prières et Résolutions pour la Semaine Sainte du Dimanche des Rameaux de l’Abbé Jean-Baptiste La Sausse « Je désire ardemment, ô mon Sauveur, la Sanctification de Votre Saint Nom »
- Toutes les « Prières pour le Dimanche des Rameaux » (une centaine)
- Le Sermon de Saint Bède le Vénérable pour le Dimanche des Rameaux « Vers l'Agneau de Dieu monte l'hosanna du peuple »
- L’Homélie de Saint André de Crète du Dimanche des Rameaux « Gloire au Christ Vainqueur de la mort »
- L’Homélie du Second Dimanche de la Passion « Le Seigneur a établi son Règne par le bois de la Croix » de Mgr Carlo Maria Viganò