Voici la Préface « D'humbles témoins de l'Évangile du Mariage » de Mgr Pierre d'Ornellas, Archevêque de Rennes, pour la nouvelle édition 2015 du livre « Séparés, divorcés, à cœur ouvert » qui par des témoignages nous parle de façon spécifique des époux qui, après une séparation, ne prennent pas le chemin d'une nouvelle union mais celui de la fidélité au Sacrement du mariage, de pardon au conjoint et d'espérance de réconciliation.
La Préface de Mgr Pierre d'Ornellas « D'humbles témoins de l'Évangile du Mariage » du livre « Séparés, divorcés, à cœur ouvert » :
« Un mot du Pape François m'interpelle : « la révolution de la tendresse » ! Il semble que ce soit l'idée-force qui guide son pontificat. Par ce mot, il appelle toute l'Église - tous les catholiques - à vivre la Miséricorde. Être miséricordieux en accueillant chaque personne, en ne jugeant jamais, en posant un regard bienveillant, en pardonnant, en récoltant la joie d'être simplement ensemble, en prêtant attention aux plus petits et aux plus fragiles, en offrant la beauté de l'Évangile sans en exclure personne, en vivant une grande patience, en témoignant que l'espérance est toujours possible. Il serait trop long de décliner la Miséricorde selon toutes les expressions qu'emploie le Pape François !
Voici que le Pape engage l'Église dans une réflexion sur la Famille : une assemblée extraordinaire du Synode en octobre 2014 et une assemblée ordinaire en octobre 2015 ! La Famille est la « cellule fondamentale de la société » et la « route de l'Église », a dit Saint Jean-Paul II. La Miséricorde n'est-elle pas le fil qui tisse le beau manteau de la famille, où chacun de ses membres vient s'abriter pour grandir et vivre ? Elle est en tout cas découverte par certains divorcés qui y trouvent force et paix dans l'épreuve de leur séparation et de leur solitude. Ils ont reçu le Sacrement du Mariage. Ils trouvent dans la Miséricorde la source de la confiance et la lumière pour leur fidélité à leur conjoint parti, souvent remarié civilement, et à leur Sacrement. Dans ce livre « Séparés, divorcés, à cœur ouvert », ils nous partagent leurs expériences et leurs réflexions, auxquelles viennent s'ajouter celles de ceux qui les accompagnent. Il est juste et bon qu'elles soient à nouveau publiées à l'heure de ces Assemblées Synodales sur la Famille.
Écouter et lire les récits qui nous sont ici présentés, c'est recevoir avec bienveillance le témoignage de ceux qui les proposent. Comme tous les témoins, ils ne s'imposent pas par leurs analyses, leurs convictions ou leurs déductions. Ils disent simplement les choses telles qu'elles se sont humainement passées. Telle est leur force. Ni plus ni moins. À condition que nous sachions écouter avec respect ces cœurs chrétiens qui ont fait un vrai chemin spirituel avant de pouvoir s'ouvrir si simplement et si discrètement à nous. Dans leur sobriété et leur vérité, ces témoignages donnent à voir un appel personnel au sein d'une histoire particulière et meurtrie. Ils laissent aussi entrevoir une fraternité concrète qui, au fil des pages, se dessine : une même lumière survient en chaque histoire, celle de la fidélité inattendue. Des éclairages et des réflexions permettent de mieux en comprendre la vérité, mais ils sont seconds par rapport aux témoins eux-mêmes. Car, ici, ce sont d'abord des chrétiens qui nous font part de leur propre expérience. Au commencement, il y a un acte de foi en Dieu et en sa Fidélité dans l'histoire de ces hommes et de ces femmes : « éternelle est sa Fidélité » (Ps 118). Bien sûr, il n'est pas automatique. Il s'atteste dans la recherche de ces personnes « mariées à l'Eglise » et douloureusement divorcées : au fond d'elles-mêmes et sous un poids de souffrance, elles ont senti un appel avec ses hauts et ses bas. Cet appel ne ressemble pas à un éclair, comme une conviction nette et limpide, qui supprimerait d'un coup les sombres nuages dus à la séparation d'un être aimé et à la souffrance des enfants. Il est plutôt une persuasion lente, intime et personnelle : ces chrétiens divorcés sentent au fond d'eux-mêmes qu'ils ne seraient pas en Vérité s'ils consentaient à se remarier. Malgré les lancinantes tentations d'accuser l'autre ou de fuir l'insupportable solitude toujours à l'horizon, l'appel résonne cependant dans leur âme comme un besoin de vérité avec eux-mêmes, avec leur histoire conjugale et leur parole d'alliance prononcée. La foi vive lui donne son sens, sa solidité et son origine.
Cet appel a besoin d'être accompagné. Par l'accompagnement, peu à peu se dégage clairement le Dessein bienveillant du Seigneur. Présent aux noces, comme Il l'était à Cana (cf. Jn 2), et au Sacrement de Mariage scellant l'union entre un homme et une femme, le Christ sauveur se montre aussi présent au moment de la Croix, de la douloureuse séparation. Là, dans cette vive blessure en quête instante de salut, avec douceur et patience, Il invite à vivre de Sa propre Fidélité. Là, progressivement, Il console, réconforte et apaise le cœur pour que l'amour conjugal, meurtri par l'épreuve de la séparation, continue à grandir et à se purifier. Là, Il permet avec Sa grâce que cet amour soit authentique dans le respect de la liberté du conjoint parti et remarié. Là, Il suscite l'expression libre d'un « oui » redit comme au premier jour et d'un pardon vraiment offert, sans amertume. Là, le conjoint, pourtant durement éprouvé, reconnaît progressivement qu'il trouve la vie dans son « oui » prononcé à nouveau, régulièrement et fidèlement envers son conjoint parti ; il redécouvre lentement la paix dans son pardon ainsi largement accordé et redonné quotidiennement. Tout cela a besoin d'être discerné avec patience pour que la réponse mûrisse librement. Le temps est nécessaire pour avancer sur ce chemin où le Seigneur se montre et accompagne chacun en le faisant passer de la souffrance infernale de la séparation qui tombe comme un coup de tonnerre, à un amour plus serein au sein même d'un couple que la grâce du Sacrement de Mariage a touché et uni pour toujours et qui, pour le moment, vit séparé. Mais, sur ce chemin - et telle peut être la grâce discernée - Jésus lui-même est là ; Il appelle doucement à venir à Lui dans la confiance; Il offre son « Oui » (cf. 2 Co 1, 20 : « Et toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur « oui » dans sa personne. Aussi est-ce par le Christ que nous disons à Dieu notre « amen », notre « oui », pour sa gloire ») et sa Fidélité (cf. Jn 15, 10 : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour »). Son action, par l'Esprit, reste intime et non spectaculaire. Elle n'en a que plus de vigueur et de vérité. Le temps a rigoureusement besoin d'être un « allié » du couple brisé en apparence. Après l'affolement et le désespoir de la séparation, le conjoint doit pouvoir parler. À celui qui perçoit un appel à la fidélité, une oreille attentive et amie apporte peu à peu sa lumière bienfaisante. Alors dans l'écoute, le temps devient celui de Dieu, Lui qui entend toute détresse. Là, la confiance, même ténue, est offerte sans brusquer. Avec l'accompagnement, l'amitié est indispensable. C'est par elle que le temps devient supportable et apparaît comme un don pour continuer d'avancer. Alors, la paix vient avec l'émergence d'une assurance : le Seigneur est là au moment de la croix comme il le fut au moment des noces. Sa Croix, signe de la plus grande tendresse, accueille et abrite ceux et celles qui perçoivent au fond d'eux un je-ne-sais-quoi murmurant, au sein de l'orage de la séparation, un appel à la cohérence avec leur parole d'alliance prononcée il y a plusieurs années.
Des groupes et des associations offrent ces espaces d'amitié et d'écoute. Ils aident chacun en organisant des retraites, des lieux de paroles, mais surtout une fraternité évangélique. Alors, la joie est partagée car ces chrétiens divorcés qui se rassemblent communient au même appel, celui de la fidélité au Sacrement reçu par amour du Christ et par amour du conjoint. Ces groupes et ces associations ne jugent personne. Ils sont d'humbles et discrets témoignages sur la richesse du Sacrement de Mariage qui sanctifie l'amour conjugal que le Seigneur a suscité en créant l'homme et la femme à son Image et à sa Ressemblance. Pour les personnes mariées comme pour les personnes consacrées dans le célibat, quelles que soient leurs histoires et leurs ruptures, la fidélité inattendue de ces frères et soeurs chrétiens est un gage de confiance en manifestant que le « oui » est toujours possible puisque le Christ nous offre de le vivre avec Lui sans se lasser et sans nous juger. Il nous confie à sa Mère, notre Dame et humble servante, qui, présente au jour de notre mariage ou de notre consécration, marche avec nous sur les chemins humiliés de nos fidélités. Son « oui » est promesse de joie dont le Magnificat est un des plus purs échos (cf. Le 1, 38-47).
Parmi ces groupes et ces associations pour lesquels l'Église exprime sa gratitude, qu'on me permette de nommer la Communion Notre-Dame de l'Alliance. Mgr Jacques Jullien, alors Archevêque de Rennes, a reconnu la présence du Seigneur dans ce même appel résonnant dans des cœurs meurtris qui, dans leur réponse personnelle, se sentaient en communion les uns avec les autres et avec Dieu. C'est ainsi que, il y a vingt-cinq ans, il a béni la Communion Notre-Dame de l'Alliance où se vivent une belle vie fraternelle et une forte amitié qui aident chacun à grandir à son rythme - selon les événements endurés – et à vivre dans un amour conjugal véritable et paisible envers son conjoint parti et le plus souvent remarié. La Communion Notre-Dame de l'Alliance – avec d'autres groupes et associations - est un bien précieux de l'Église qui, avec le psalmiste et tant de chrétiens, en bénit Dieu : « je danserai de joie pour ta fidélité » (Ps 31, 8). Elle est un don pour l'Église appelée à accueillir chaque situation conjugale et familiale, en particulier les plus fragiles. Elle est un beau témoignage prophétique pour aujourd'hui en ces temps où la fragilité du lien conjugal est extrême. Elle atteste paradoxalement l'éminente « dignité de l'amour conjugal » enseignée au concile Vatican II (cf. Constitution pastorale sur l'Église dans le monde d'aujourd'hui - Gaudium et spes, N° 49). L'Église en tire grand profit pour accompagner avec amour toutes les personnes divorcées et pour annoncer sereinement l'espérance de l'Évangile du mariage ».
Mgr Pierre d'Ornellas, Archevêque de Rennes, le 7 octobre 2014 en la fête de Notre-Dame du Rosaire
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Pour écouter les Témoignages audio du livre « Séparés, divorcés à cœur ouvert » d’Olivier sur la Fidélité et le Pardon dans le Mariage « En attendant le cinquième Pardon ... », de Jeanine « Le Seigneur est venu à ma rencontre », de Thérèse « La Grâce du Sacrement de Mariage au quotidien », de Véronique « L'offrande de ma vie » , ...