Voici une Méditation sur la Parabole de l'économe infidèle selon le Saint Évangile de Saint Luc (Luc 16, 1-9) du Huitième Dimanche après la Pentecôte « Faites-moi la Grâce, Seigneur, de me préparer avec soin à la mort, afin que je puisse Vous rendre avec confiance un compte exact de toutes vos Grâces » de Monsieur l’Abbé Charles Michel Alexandre de Brandt (1812-1903), auteur des « Méditations pour tous les Jours et Fêtes de l'année selon la Méthode de Saint Ignace sur la Vie et les Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ »
La Parabole de l'économe infidèle :
« En ce temps-là : Jésus dit à Ses disciples cette Parabole : Il était un homme riche qui avait un intendant ; celui-ci lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. Il l’appela et lui dit : « Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton intendance, car tu ne pourras plus être intendant ». Or l’intendant se dit en lui-même : « Que ferai-je, puisque mon maître me retire l’intendance ? Bêcher, je n’en ai pas la force ; mendier, j’en ai honte. Je sais ce que je ferai pour que, quand je serai destitué de l’intendance, (il y ait des gens) qui me reçoivent chez eux ». Ayant convoqué chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : « Combien dois-tu à mon maître ? » Il dit : « Cent mesures d’huile ». Et il lui dit : « Prends ton billet, assieds-toi vite et écris : cinquante ». Ensuite il dit à un autre : « Et toi, combien dois-tu ? » Il dit : « Cent mesures de froment ». Et il lui dit : « Prends ton billet et écris : quatre-vingts ». Et le maître loua l’intendant malhonnête d’avoir agi d’une façon avisée. C’est que les enfants de ce siècle sont plus avisés à l’égard de ceux de leur espèce que les enfants de la Lumière. Et moi je vous dis : « Faites-vous des amis avec la Richesse malhonnête, afin que, lorsqu’elle viendra à manquer, ils vous reçoivent dans les Tabernacles éternels » (Luc 16, 1-9).
PRÉLUDE 1 : Écoutons avec une sainte frayeur l’avertissement que donne Jésus à la foule qui L'entoure ; soyons du nombre de ceux qui L'écoutent avec fruit.
PRÉLUDE 2 : Faites-moi la Grâce, Seigneur, de me préparer avec soin à la mort, afin que je puisse Vous rendre avec confiance un compte exact de toutes vos Grâces.
POINT 1 : Nous devons, chaque jour, nous préparer à rendre compte à Dieu de nos œuvres.
Dieu nous a établis dans Son service les économes de Ses biens ; Il nous a distribué, selon Sa volonté, les dons de la nature et ceux de la Grâce pour que nous les fassions valoir avec soin. Si nous sommes de fidèles économes, loin de nous approprier ces biens, nous ne nous en regarderons que comme les dépositaires ; nous les ferons valoir avec tant de soin, dans les intérêts de notre Maître, que nous serons toujours prêts à Lui en rendre compte, lorsqu'Il nous appellera à Lui. Cette obligation est d'autant plus importante que nous ne connaissons ni le jour ni le moment de cet Appel du Seigneur, qu’Il nous a prévenus que ce serait quand nous y penserions le moins. Mais voyons en quoi consiste cette préparation : elle consiste à mettre à profit, pour la Gloire de Dieu, les Grâces qu'Il nous accorde, pour notre propre Sanctification et Celle du prochain ; elle consiste encore à veiller continuellement sur nous-mêmes, en nous rendant compte de nos actions, afin de réparer par la contrition et la pénitence, les fautes et les négligences dont nous nous rendons coupables. Il en coûte de se punir toutes les fois qu'on aperçoit les fautes que l'on commet ; mais qu'il sera consolant, au moment suprême de la mort, de s'être ainsi disposé au Jugement du souverain Maître. Que ferons-nous quand il faudra paraître devant Dieu ? Nos comptes seront-ils prêts ? Avons-nous mis ordre à nos affaires ? Sommes-nous en état de paraître devant le Tribunal de la Justice divine ! Et qu'en attendons-nous ? Qui est-ce qui peut avoir à la mort autant d’esprit, autant de mémoire, de force, d'application qu'il est nécessaire pour une affaire d'une telle importance, d'où dépend peut-être le Salut ? Sommes-nous assurés que nous aurons le temps et que nous ne serons pas surpris ? Que ferons-nous alors ? Faisons donc à présent tout le bien qu'il nous est possible. Seigneur, faites-moi connaître le petit nombre de mes jours, ne me retirez pas au milieu de ma vie. Nous devons tous comparaître devant le Tribunal de Jésus-Christ afin que chacun reçoive ce qui lui est dû, selon ce qu'il a fait, soit bien, soit mal. Ô mon âme, penses-tu à te préparer ainsi tous les jours à rendre tes comptes au Seigneur ? S’Il t'appelait en ce moment, paraîtrais-tu sans crainte devant Lui ? Ah ! Sois prudente, n'attends pas au dernier moment, tu serais surprise, et il ne serait plus temps.
POINT II : Du compte que nous aurons à rendre à Dieu.
Un homme riche avait un économe qui fut accusé d'avoir dissipé son bien. Ce maitre, indignement trompé, fait venir devant lui le serviteur qui a abusé de sa confiance ; il lui témoigne son indignation et le menace. Qu'est-ce que j'entends dire de vous ? Je ne veux plus que vous gouverniez mon bien. Quel coup de foudre pour ce misérable qui ne s'est point disposé à entrer en compte avec son maître ! Il regardait comme lui appartenant tous les biens qui lui avaient été confiés ; il en a disposé, les a dissipés : que va dire son maître ? Il le dépouillera de sa charge, lui retirera tous ses biens, et le fera peut-être enfermer le reste de sa vie dans un noir cachot. Dans quelle consternation profonde se trouvera plongé ce malheureux ! Quel repentir amer ! Quelles larmes abondantes, mais inutiles ! L'état de cet infortuné n'est cependant qu'une bien faible image de celui dans lequel sera, à la mort, l'âme infidèle qui, ayant eu de grands Biens spirituels à faire valoir, en aura abusé pour satisfaire son orgueil, ou favoriser sa paresse : elle Les a perdus par sa faute ; sa conscience est dans un affreux désordre : elle voit son âme vide de vertus et de bonnes œuvres, coupable d'une quantité d'omissions, d'une foule de péchés que la Justice de Dieu punira éternellement. Faites-vous des amis des richesses d'iniquité. C'est ainsi que Jésus-Christ appelle les richesses et les biens de ce monde : parce qu'ils sont, pour l'ordinaire, des causes et des fruits de beaucoup d'iniquités, de beaucoup de péchés. Ils rendent ceux qui les possèdent vains, orgueilleux, superbes, fiers, dédaigneux, inhumains, injustes, emportés, sensuels, lâches, paresseux et sujets à beaucoup d'autres vices et défauts opposés aux Préceptes et à la Morale du Christianisme. Mais lorsqu'au milieu de ces biens on conserve l'humilité, l’engagement évangélique, et qu'on les partage avec les pauvres, ils produisent des fruits de Sainteté. Ils procurent aux riches et aux grands du monde des amis qui les assistent à la mort, et qui les reçoivent dans les Tabernacles éternels. Il faudra rendre compte de tous les Biens que nous aurons reçus, dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la Grâce. Tout sera examiné sans exception. Personne ne pourra plaider notre cause. Chacun sera jugé selon ses œuvres. Ô terrible parole, pour une âme qui a abusé des Dons de Dieu ! Sors de ce monde, âme infidèle, et rends compte de ces Biens que tu as dissipés ! Rien alors ne nous consolera, ne nous rassurera que nos bonnes œuvres, que la fidélité que nous aurons mise à bien remplir les devoirs de notre état, les obligations de nos charges, de nos emplois et de notre position, que les charités corporelles et spirituelles que nous aurons exercées envers notre prochain, que la miséricorde que nous lui aurons faite, que le mal que nous aurons souffert avec patience et résignation chrétienne. Faisons donc le bien, tandis que nous en avons le temps ; car bientôt nous ne l'aurons plus : Ordonnez, dit Saint Paul à Timothée, aux riches de ce monde de n'être point orgueilleux, de ne point mettre leur confiance dans les biens incertains et périssables, mais dans le Dieu vivant ; d'être charitables, et bienfaisants, et de se rendre riches en bonnes œuvres. Ô mon âme, pense donc sérieusement à éviter un aussi grand malheur ! Profite, pendant qu'il en est temps encore, des Grâces dont tu jouis en abondance ; mets en œuvre tous les moyens de Sanctification que t'offre le Seigneur.
COLLOQUE : « Ô mon Dieu, je Vous adore comme le divin Maître dont je tiens tout ce que je suis et tout ce que j'ai ! J’aime à me voir sous votre Dépendance absolue pour tout ce que je possède de biens, et je me plais à le reconnaître. Mais que j'ai de honte, divin Maître, du mauvais usage que j'ai fait de ces biens ! Je les ai reçus sans en apprécier l'excellence et les ai dissipés avec légèreté. Que je suis coupable, ô mon Maitre et mon Juge ! Oui, je suis très-coupable ! Mais ayez pitié de moi, car je me repens de mes injustices. Souvenez-Vous que Vous êtes mon Père, n'entrez point en compte avec moi : je ne veux traiter qu'avec votre Miséricorde. Je réclame le prix du Sang de Jésus-Christ pour acquitter toutes mes dettes, l'assistance de sa Grâce pour n'en plus contracter et me préparer chaque jour avec soin au compte que je dois Vous rendre de ma vie ».
RÉSOLUTION : Faire chacune de nos actions comme si nous devions mourir immédiatement après ; à la fin de chaque jour, réparer par une sincère contrition les négligences de la journée.
BOUQUET SPIRITUEL : « Seigneur, n'entrez point en jugement avec Votre serviteur, car nul homme vivant ne sera justifié en votre Présence ».
Ainsi soit-il.
Abbé Charles Michel Alexandre de Brandt S.A.D. (1812-1903) - « Méditations pour tous les Jours et Fêtes de l'année selon la Méthode de Saint Ignace sur la Vie et les Mystères de Notre Seigneur Jésus-Christ », La Parabole de l'économe infidèle selon le Saint Évangile (Luc 16, 1-9) du Huitième Dimanche après la Pentecôte, pages 27-32, Tome 4, cinquième édition, Périsse Frères Paris Lyon, 1857.
Voir également de Monsieur l’Abbé Charles Michel Alexandre de Brandt :
- La Méditation pour le 1er Dimanche de l’Avent sur l'Imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ « Ô Divin Jésus, faites-nous la Grâce de Vous connaître, de Vous aimer et de Vous imiter » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Deuxième Dimanche de l’Avent sur le Règne d'Amour du Verbe Incarné « Ô Divin Roi, qui venez pour reconquérir Votre héritage sur les puissances de l'enfer » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour la Fête de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie le 8 décembre « Vierge Sainte et Immaculée, que mon cœur éprouve de Joie à la vue des Glorieux Privilèges de votre Conception Miraculeuse » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Troisième Dimanche de l’Avent sur le Mystère Joyeux de l'Incarnation du Verbe « Faites-moi la Grâce, ô mon Dieu, d'approfondir toujours davantage le Mystère de l'Incarnation de votre Fils » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Quatrième Dimanche de l’Avent sur le Mystère Joyeux de la Visitation « Ô mon Sauveur, venez à moi, comme Vous allâtes chez Votre servante Élisabeth » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Saint Jour de Noël sur la Naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ « Ô divin Sauveur, que je vais contempler dans Votre naissance ! » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour la Fête du Saint Nom de Jésus « Ô mon Sauveur, faites-moi connaitre la Puissance de Votre Saint Nom » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Saint Jour de l'Épiphanie « Ô Jésus, manifesté à nos pères, montrez-Vous à nous en ce Jour et augmentez notre Foi » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Troisième Dimanche après l'Épiphanie « Faites-moi la Grâce, ô mon Jésus, de puiser dans cette contemplation la Foi et la Confiance qui obtiennent tout de votre Cœur sacré » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Quatrième Dimanche après l'Épiphanie sur l’Évangile du calme après la tempête contre les orages spirituels « Ô mon Sauveur, si Vous dormez pendant que je suis battu des orages, ne permettez pas que je m'endorme moi-même dans ce danger » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Dimanche de la Septuagésime sur la Parabole des ouvriers envoyés à la Vigne « Seigneur, je veux commencer une vie laborieuse et mortifiée à votre Vigne pour mon Salut » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Dimanche de la Sexagésime sur la Parabole du Semeur « Faites-moi la Grâce, ô mon Dieu, de recevoir Votre Parole Divine toujours avec un cœur bien préparé » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation pour le Mercredi des Cendres « Ô mon Sauveur, donnez-moi l'esprit de Pénitence pendant cette Sainte Quarantaine » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur le Miracle de la Multiplication des Pains « Ô mon Sauveur, faites-moi la Grâce d'imiter la docilité de vos Apôtres et la ferveur de ce peuple qui abandonne tout pour Vous suivre » de l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Parabole de l'économe infidèle « Faites-moi la Grâce, Seigneur, de me préparer avec soin à la mort, afin que je puisse Vous rendre avec confiance un compte exact de toutes vos Grâces » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation lorsque Jésus pleure sur Jérusalem « Cœur adorable de Jésus, accordez-moi la Grâce de m'intéresser comme Vous au Salut des pauvres pécheurs » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Parabole du Pharisien et du Publicain « Ô Jésus, Modèle parfait d'Humilité, donnez-moi cette Vertu » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Parabole de la Guérison du Sourd-Muet « Ô Jésus, guérissez-moi de mes infirmités à l'égard des choses du Salut » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Guérison des dix lépreux « Que Vous rendrai-je, ô mon Dieu, pour tous les Biens que j'ai reçus de Vous » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur l’Abandon à la Providence Céleste et Divine « Faites, ô divin Maître, que je mette mon bonheur à m'abandonner à Votre Bon Plaisir » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Prière pour la Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix « Faites-moi la Grâce, Seigneur, de vénérer avec amour Votre Sainte Croix » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Résurrection du fils de la veuve de Naïm « Ô Jésus, séchez les larmes que l'Église répand sur Ses enfants ensevelis dans la mort du péché » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur l’Humilité « Faites-moi la Grâce, Seigneur, de devenir véritablement Humble » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Guérison du Paralytique « Inspirez-moi, ô divin Jésus, une confiance qui mérite d'obtenir la guérison de mon âme » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Parabole du Festin des Noces du Fils d'un Roi « Faites, Seigneur, que je mérite d'être admis aux Noces de l'Agneau pour Vous louer dans tous les siècles » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Guérison du Fils d'un Officier à Capharnaüm « Daignez m’inspirer, ô Jésus, une Vive Foi » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Sainte Fête de Tous les Saints « Accordez-moi, Seigneur, un grand Désir des Biens du Ciel, et la Grâce de travailler constamment à Les mériter » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur la Commémoration des Morts « Inspirez-moi, Seigneur, pour les âmes du Purgatoire, une compassion tendre et généreuse » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur l'obligation de payer le tribut à César « Divin Jésus, remplissez-moi de l'Esprit de Prudence, afin que j'évite les pièges du monde et de l'enfer » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur « Une femme est guérie en touchant le vêtement de Jésus » de Monsieur l’Abbé de Brandt
- La Méditation sur le Jugement Dernier « Faites-moi la Grâce, ô mon Dieu, de me préparer avec soin au Jour terrible du Jugement Dernier » de Monsieur l’Abbé de Brandt