Voici la Méditation du Dimanche de la Première Semaine de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert (Matthieu IV, 1-11) « Est-ce ainsi que tu résistes au Tentateur, ô mon âme ? » pour nous apprendre de quelle manière nous devons nous comporter dans les combats que nous livre le Démon du Vénérable Révérend Père Luis de la Puente (1554-1624), Louis du Pont en français, Prêtre Jésuite Espagnol Castillan de Valladolid, théologien et écrivain spirituel auteur de « Méditations ou l'art de Méditer » d’où est extraite cette Méditation de Carême.
La Méditation du 1er Dimanche de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert du R. P. Louis du Pont « Est-ce ainsi que tu résistes au tentateur, ô mon âme ? » :
Pour les Préludes, il faut se représenter le Fils de Dieu dans la solitude, et Lui demander la Grâce d'en comprendre les Merveilles et d'en imiter les Vertus.
I. POINT : Notre Seigneur voulut être tenté, Il voulut L'être dans le désert, et dans le temps qu'Il était le plus occupé à l'oraison et à la mortification (Matthieu 4, 1). Il voulut être tenté, et par là se rendre semblable à nous, en prenant sur soi toutes nos faiblesses, à la réserve du péché, comme dit Saint Paul (Hebr. 41, 15), afin d'avoir plus de compassion de nous, et nous apprendre de quelle manière nous devons nous comporter dans les combats que nous livre le Démon. Ce fut dans le désert que le Saint-Esprit Le conduisit pour y être tenté. Quand c'est Lui qui nous expose à la tentation, on n'a rien à craindre du tentateur ; au lieu qu'on n'a guère à espérer quand on s'y engage témérairement soi-même. Comme on se trouve alors destitué des Secours particuliers du Saint-Esprit, qu'on n'a pas droit d'attendre, il est aisé au démon de vaincre un homme ainsi désarmé. Il n'a ni la même facilité ni le même succès à l'égard des âmes saintes, qui s'occupent dans la solitude aux saints exercices de la prière et de la mortification. Jaloux de la sublimité de leur état, il emploie toutes ses forces pour les en faire descendre, pour leur donner de l'ennui dans leur retraite, et pour leur faire tomber des mains les armes de la Pénitence. Mais elles n'ont qu'à regarder et qu'à suivre l'Exemple du Fils de Dieu, pour rendre les efforts de l'ennemi inutiles, et pour croître toujours davantage en Mérite et en Vertus. Entrons en esprit dans le désert, où le Sauveur, comme dans une école, instruit les commençants et les parfaits. Pour encourager les premiers, Il daigne passer Lui-même par les épreuves dont le Sage les avertit, quand Il dit que ceux qui sont nouvellement convertis à Dieu doivent préparer leur âme à la tentation (Eccl. 2, 1) ; et Il surmonte le démon, afin qu'ils n'aient affaire qu'à un ennemi déjà terrassé. Pour empêcher que les seconds ne présument d'eux-mêmes, qu'ils ne se croient inaccessibles aux tentations, et qu'ils ne se relâchent insensiblement dans la pratique de la perfection, Il permet au malin esprit de Le tenter, et Il persévère quarante jours dans le jeûne et la prière, sans lesquels, comme Il l'a dit depuis à ses Apôtres, il y a une sorte de démon que les plus avancés ne sauraient chasser (Matth. 17, 20). Que Vos disciples sont heureux, mon Sauveur, d'être formés, par Vos mains et par Vos exemples, à tous les exercices de la vie Sainte ! Quel avantage pour eux de n'avoir qu'à jeter les yeux sur Vous pour être parfaitement instruits dans la Milice Chrétienne ! Quelle consolation de n'avoir à combattre qu'un ennemi que Vous avez déjà vaincu ! Il faudrait que je fusse bien lâche pour en appréhender les attaques, et bien infidèle aux Grâces dont Vous soutenez ma faiblesse, pour m'en laisser surmonter.
II. POINT : Le démon est un tentateur rusé, subtil, opiniâtre, qui ne cesse de nous tenter, et qui prend toutes les occasions de nos besoins, de nos inclinations et de nos meilleures actions même, pour nous porter au mal, et surtout à l'orgueil. C'est ainsi qu'il en use avec le Fils de Dieu. Il Lui livre des assauts différents ; les Victoires du Sauveur ne le rebutent point, il n'en est que plus animé à de nouveaux combats. Il prend occasion de Son jeûne pour Le tenter d'intempérance ; de Sa retraite au désert où Il fuit les applaudissements, pour Le porter sur le haut du Temple, et L'exciter à faire par ostentation un Miracle éclatant aux yeux des hommes ; enfin de Son assiduité à la prière et de l'hommage qu'Il y rend à son Père, pour Le porter à l'idolâtrie, en Lui promettant tous les royaumes du monde, s'Il veut, en l'adorant, lui rendre le culte suprême qui n'est dû qu'à Dieu seul. Voilà les ruses et l'opiniâtreté de Satan ; mais voici la Manière dont le Sauveur nous apprend à éventer celles-là et à triompher glorieusement de celle-ci. Il dissipe la Première Tentation en disant que la Divine Parole est un Pain Céleste qui rassasie l'âme, et qui fait trouver de quoi soulager la faim du corps à ceux qui ont recours au Seigneur avec une humble confiance. Il renverse la Seconde en répondant avec modestie qu'on ne doit pas faire de Miracles sans nécessité, ni par un esprit de vanité ; et la Troisième, en s'armant d'un saint zèle contre l'insolence du démon, et le chassant avec indignation par ces Paroles : Retire-toi, Satan; car il est écrit : Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que Lui Seul (Matth. 4, 10). Est-ce ainsi que tu résistes au tentateur, ô mon âme ? Sont-ce là les armes que tu prends en main pour te défendre? La Divine Parole, la confiance en Dieu, l'abandon à la Providence, mais surtout l'Humilité, voilà le bouclier impénétrable aux traits du démon. C'est cette admirable Vertu qui a été, ô mon Sauveur, l'instrument de vos Victoires ; et c'est Elle-même qui me rendrait redoutable à l'ennemi de mon Salut, si j'en avais l'usage. Il faut avouer que Vous l'avez pratiquée d'une manière étonnante dans ce désert, en souffrant les suggestions du prince des ténèbres, en permettant qu'il Vous transportât où il voulait, en répondant à ses extravagantes propositions, et en n'opposant à son insolence qu'une modestie dont cet esprit superbe n'avait jamais vu d'exemple. Gravez-La dans mon cœur, humble Jésus, cette sainte Humilité, que Vous avez rendue toute-puissante par l'exercice que Vous en avez fait. Je suis sûr avec Elle d'être inaccessible au démon, ou d'en être victorieux : ce sera la suite de Vos victoires, ô divin Triomphateur, et je Vous en bénirai dans tous les siècles.
III. POINT : Le Fils de Dieu ayant vaincu la tentation, le tentateur se retira confus, et laissa le Sauveur Victorieux avec les Anges que son Père Lui envoya pour Le féliciter de son Triomphe et Le servir à table. Ces Esprits célestes s'estimèrent heureux de cette commission, et ils s'en acquittèrent avec toute la joie que leur inspirait une si glorieuse ambassade, et avec tout le respect dont ils étaient capables, et que méritait Celui qu'ils savaient être le Roi des hommes et des anges. C'est ainsi que Celui qui surmonte les puissances de l'enfer s'attire, ô mon âme, les applaudissements du Ciel. On devient le compagnon des Anges, quand on a su vaincre les démons. Le Seigneur, pour la gloire et l'intérêt duquel on a combattu, est un Dieu fidèle, libéral, et, s'il est permis de le dire, impatient Rémunérateur. Il n'attend pas le Jour du Jugement pour récompenser Ses serviteurs ; à peine ont-ils combattu, qu'Il les couronne, qu'Il les console et qu'Il leur fait goûter les Fruits les plus doux de la Victoire. Mais goûtons-les tellement, ces Fruits si doux, que nous ne mettions jamais les armes bas. Nous avons en tête un ennemi qui ne s'éloigne que pour revenir à la charge. Il se retire de Notre Seigneur pour un temps (Luc 4, 13), dit l'évangéliste, afin de nous faire entendre que nous devons toujours être sur nos gardes, et que Satan, dans sa retraite, forgeant de nouvelles armes pour nous abattre, il faut toujours tenir les nôtres prêtes, et avoir en main le glaive de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu, dont Notre-Seigneur nous fait voir aujourd'hui les avantages.
PRIÈRE : Ô Père céleste, que bénie soit à jamais votre Providence, et que tous les chœurs des anges Vous bénissent de l'Amour que Vous témoignez à votre Fils, et des puissants motifs de constance que Vous nous donnez en sa Personne. Et Vous, ô mon Seigneur, soyez loué de toutes les créatures de Vos condescendances admirables envers nous, du soin que Vous prenez de nous instruire, de nous animer, de nous fortifier dans les périls de cette vie, et de l'application avec laquelle Vous nous formez à la Milice Chrétienne. Que je suis heureux de Vous voir servi, honoré, glorifié par les saints Anges ! Je serais au comble de ma joie, si je pouvais unir mes hommages et mes services aux leurs, en reconnaissance des humiliations que Vous avez bien voulu souffrir pour moi.
Ainsi soit-il.
R. P. Louis du Pont (1554-1624) – « Nouvel abrégé des Méditations du Père Louis Dupont, ou L'art de méditer réduit dans une pratique aisée », Volume 2, Méditation du Dimanche de la 1ère Semaine de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert, pages 17-22, Chez Poussielgue-Rusand (1862)
Voir également du Révérend Père Luis de La Puente :
- La Prière de Luis de la Puente « Ô Jésus, Toi qui ne maudissais pas ceux qui Te maudissaient »
- La Prière de Louis du Pont « Ô Glorieuse Mère de Dieu, donnez-moi une horreur du péché »
- La Prière sur le Jugement Dernier du R.P. Louis DuPont « Ô Jour Triomphant pour Vous, adorable Sauveur ! »
- La Prière devant le Crucifix du R. P. Louis du Pont « Ô Jésus crucifié, faites que je n’aime rien au monde que Vous et votre Croix »
- La Prière au Mont des Olives du Père Louis du Pont « Ô Jésus, pourquoi Vous plonger dans cet abîme de douleurs ? »
- La Prière sur la Sainte Communion du Vénérable Louis du Pont « Plaise à Dieu que je Vous reçoive toujours dignement »
- La Prière du Vénérable Luis de la Puente « Ô bon Jésus, faites-moi sentir efficacement que Vous êtes mon Sauveur »
- La Prière sur la Providence de Dieu dans nos vies du R. P. Louis du Pont « Ô Seigneur, je m'en remets absolument à Votre aimable Providence »
- La Prière pour ne pas aller en enfer du R. P. Luis de la Puente « Ô Seigneur, je veux Vous louer, Vous bénir, et Vous aimer tous les jours de ma vie »
- La Prière sur la Charité du R. P. Luis de la Puente « Faites que je Vous aime, ô mon Dieu, comme Vous m'aimez »
- La Prière de Contrition du R. P. Luis de la Puente « Ô Jésus, donnez-moi des torrents de larmes pour pleurer mes péchés »
- La Prière d’un humble pécheur du R. P. Luis de la Puente « Ô mon Seigneur, transformez-moi comme le Publicain en un vrai Pénitent agréable à Vos yeux »
- La Prière pour l’Anniversaire de notre Saint Baptême du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je ferai toutes les années de ma vie, une Fête solennelle du Jour mille fois heureux de mon Baptême »
- La Prière sur la Guérison d’un Sourd et Muet du R. P. Louis du Pont « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets spirituels »
- La Méditation sur la Parabole du Bon Samaritain du R. P. Louis du Pont « De celui qui, ayant été blessé par les voleurs, fut guéri par les Soins d'un Samaritain »
- La Méditation sur la Guérison des Dix Lépreux du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je Vous rends Grâce de me guérir de la lèpre du péché dans le Sacrement de Pénitence »
- La Méditation du 1er Dimanche de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert du R. P. Louis du Pont « Est-ce ainsi que tu résistes au tentateur, ô mon âme ? »