Voici la Méditation du Troisième Dimanche de Carême sur un sourd et muet que Notre-Seigneur guérit en lui appliquant de Sa salive (Marc 7, 31-37) pour ouvrir les oreilles du cœur et guérir la surdité spirituelle « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets dont tout le monde est plein » du Vénérable Révérend Père Luis de la Puente (1554-1624), Louis du Pont en français, Prêtre Jésuite Espagnol Castillan de Valladolid, théologien et écrivain spirituel auteur de « Méditations ou l'art de Méditer » d’où est extraite cette Méditation de Carême.
La Méditation du Troisième Dimanche de Carême sur la Guérison d’un sourd et muet « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets dont tout le monde est plein » du R. P. Louis du Pont :
Les Préludes sont de se représenter le Miracle du Fils de Dieu, et de Lui demander la Grâce d'en recueillir le Fruit.
I. POINT : « Quelques personnes amenèrent à Jésus un homme sourd et muet, et Le prièrent de lui imposer les mains » (Marc 7, 32 ; Luc 11, 14)
Considérons dans cet homme si affligé l'image des pécheurs que l'endurcissement de leur cœur a rendu sourds et muets tout ensemble. Ils sont devenus sourds aux avertissements des hommes et aux Inspirations de Dieu pour avoir longtemps méprisé les uns, et fermé l'oreille aux autres. Ils sont muets, ne pouvant ni parler de Dieu, ni parler à Dieu, ni s'expliquer de leurs péchés dans la Confession, parce qu'ils se sont accoutumés à n'avoir que des entretiens profanes, qu'ils n'ont nul usage de la prière, et qu'ils se sont fait une habitude de s'éloigner du Tribunal de la Pénitence. Ne me suis-je jamais mis en danger de tomber dans un état si terrible ? Mon peu d'attention aux bonnes pensées, ma négligence à écouter la Voix du Saint-Esprit ; mon peu d'amour pour Dieu, mon attachement aux choses du siècle ; mon peu de goût pour les discours spirituels, mes dégoûts pour l'oraison et pour la Parole de Dieu ; ces répugnances à me Confesser, que j'ai si peu de soin de surmonter, ne sont-ce pas les marques, ou au moins les commencements d'un mal si funeste, et si répandu parmi les hommes ?
Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets dont tout le monde est plein ; excitez les personnes de piété de Vous parler pour eux, de solliciter leur guérison, de les amener à Vos ministres. Je me prosterne devant Vous-même, et je me jette à Vos pieds, Divin Sauveur, pour Vous supplier de prévenir cet endurcissement en moi, d'empêcher que je n'y tombe, de me rendre attentif à Vos inspirations, fidèle à la prière, et fervent dans tous les exercices de dévotion.
II. POINT : « Jésus prit le muet par la main, et l'ayant tiré de la foule, lui mit Ses doigts dans les oreilles, et lui appliqua de la salive sur la langue ; puis Il leva les yeux au Ciel, Il jeta un soupir, et lui dit : Ouvrez-vous » (Marc 7, 33).
Examinons tout ce que fait le Fils de Dieu dans cette Guérison.
1° Il prend le muet par la main, et le tire de la foule, pour montrer que les sourds et les muets spirituels ne guériront jamais qu'ils ne commencent par se débarrasser des affaires du siècle,
2º Il jette un profond soupir. Hélas ! Qu’un mal est déplorable, lorsqu'il est capable d'arracher des soupirs à Dieu même !
3º Il lève les yeux au Ciel, pour marquer que c'est de Là seulement qu'il faut espérer la Guérison d'une si dangereuse maladie, et en attirer la Grâce par une prière fervente.
4º Il met Ses doigts dans les oreilles du sourd, afin de nous apprendre que c'est aux Dons du Saint-Esprit, figurés par les Doigts du Sauveur, d'ouvrir les oreilles du cœur et de guérir la surdité spirituelle.
5º Il applique de Sa salive sur la langue du muet, parce que c'est la Sagesse, dont la salive de Jésus est le symbole, qui, délie nos langues, et qui leur apprend la manière de bien prier et de bien parler.
6º Il dit enfin d'un ton de Maître : Ouvrez-vous, parce qu'il n'appartient qu'à Dieu, dont la Parole, vive, efficace et pénétrante (Hébreux 4, 12), passe au travers de tous les obstacles, de se faire entendre aux sourds et de leur rendre l'ouïe.
Ô mon divin Rédempteur, à qui les plus grands Miracles ne coûtent rien, pourquoi faites-Vous tant de cérémonies mystérieuses en celui-ci ? Êtes-Vous moins puissant envers ce malade que Vous ne l'avez été envers tant d'autres que Vous avez guéris d'une seule de vos Paroles ? Non sans doute, Votre puissance n'est pas moindre ; Vous êtes toujours le Fils du Très-Haut, du Tout-Puissant, et Tout-Puissant comme Lui mais Vous avez voulu nous frapper par toutes ces circonstances extraordinaires, et nous faire comprendre quel mal c'est que l'endurcissement qui fait les sourds et les muets spirituels.
Soyez éternellement Béni de vos Bontés ; et, afin que j'en recueille tout le fruit que Vous prétendez, conservez-moi toujours dans le cœur une horreur extrême d'un mal dont les suites sont si funestes, et dont la guérison est si difficile.
III. POINT : « Au même instant les oreilles du sourd furent ouvertes, sa langue se délia, et il commença à parler librement » (Marc 7, 35)
Admirons ici la Toute-Puissance de Notre-Seigneur, à qui rien n'est impossible, et qui ôte comme il Lui plaît les empêchements les plus insurmontables de notre Salut, aussi efficacement qu'Il guérit quand Il veut les maladies du corps les plus incurables. Qu'il est consolant à des âmes faibles et sujettes à tant d'infirmités spirituelles d'avoir dans la Personne du Fils de Dieu un si puissant et si charitable Médecin, auquel ils peuvent avoir recours dans tous leurs maux, et qui ferait plutôt un Miracle que de rejeter une humble prière ! La guérison de ce malade fit de grandes impressions sur le peuple ; toute la Judée retentit des louanges qu'on donnait au Sauveur ; on exaltait partout Sa puissance ; et parmi les acclamations publiques rien n'était plus commun que cet éloge : Il a bien fait toutes choses, Il a fait entendre les sourds, et parler les muets (Marc 7, 37).
Ô Sagesse incréée, qui publiez Vos grandeurs par la bouche des plus simples, souffrez que je me joigne à eux pour Vous louer, et que je Vous dise, avec toute la joie de mon cœur, que Vos œuvres sont Parfaites (Deutéronome 32, 4). Vous fîtes bien toutes choses, quand Vous les tirâtes du néant au commencement du monde, et Vous avez fait depuis excellemment tout ce qui était nécessaire pour notre Rédemption. Il ne paraît rien que d'accompli dans vos Miracles, dans vos Discours, dans vos Sacrements, dans l'exercice des Vertus dont Vous nous avez donné l'Exemple. Il ne Vous reste plus à mon égard qu'à opérer le grand ouvrage de ma Sanctification, et qu'à le couronner par une heureuse persévérance.
Ainsi soit-il.
R. P. Louis du Pont (1554-1624) – « Nouvel abrégé des Méditations du Père Louis Dupont, ou L'art de méditer réduit dans une pratique aisée », Volume 2, Méditation du Troisième Dimanche de Carême sur la Guérison d’un sourd et muet, pages 67-71, Chez Poussielgue-Rusand (1862)
Voir également du Révérend Père Luis de La Puente :
- La Prière de Luis de la Puente « Ô Jésus, Toi qui ne maudissais pas ceux qui Te maudissaient »
- La Prière de Louis du Pont « Ô Glorieuse Mère de Dieu, donnez-moi une horreur du péché »
- La Prière sur le Jugement Dernier du R.P. Louis DuPont « Ô Jour Triomphant pour Vous, adorable Sauveur ! »
- La Prière devant le Crucifix du R. P. Louis du Pont « Ô Jésus crucifié, faites que je n’aime rien au monde que Vous et votre Croix »
- La Prière au Mont des Olives du Père Louis du Pont « Ô Jésus, pourquoi Vous plonger dans cet abîme de douleurs ? »
- La Prière sur la Sainte Communion du Vénérable Louis du Pont « Plaise à Dieu que je Vous reçoive toujours dignement »
- La Prière du Vénérable Luis de la Puente « Ô bon Jésus, faites-moi sentir efficacement que Vous êtes mon Sauveur »
- La Prière sur la Providence de Dieu dans nos vies du R. P. Louis du Pont « Ô Seigneur, je m'en remets absolument à Votre aimable Providence »
- La Prière pour ne pas aller en enfer du R. P. Luis de la Puente « Ô Seigneur, je veux Vous louer, Vous bénir, et Vous aimer tous les jours de ma vie »
- La Prière sur la Charité du R. P. Luis de la Puente « Faites que je Vous aime, ô mon Dieu, comme Vous m'aimez »
- La Prière de Contrition du R. P. Luis de la Puente « Ô Jésus, donnez-moi des torrents de larmes pour pleurer mes péchés »
- La Prière d’un humble pécheur du R. P. Luis de la Puente « Ô mon Seigneur, transformez-moi comme le Publicain en un vrai Pénitent agréable à Vos yeux »
- La Prière pour l’Anniversaire de notre Saint Baptême du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je ferai toutes les années de ma vie, une Fête solennelle du Jour mille fois heureux de mon Baptême »
- La Prière sur la Guérison d’un Sourd et Muet du R. P. Louis du Pont « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets spirituels »
- La Méditation sur la Parabole du Bon Samaritain du R. P. Louis du Pont « De celui qui, ayant été blessé par les voleurs, fut guéri par les Soins d'un Samaritain »
- La Méditation sur la Guérison des Dix Lépreux du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je Vous rends Grâce de me guérir de la lèpre du péché dans le Sacrement de Pénitence »
- La Méditation du 1er Dimanche de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert du R. P. Louis du Pont « Est-ce ainsi que tu résistes au tentateur, ô mon âme ? »
- La Méditation du Deuxième Dimanche de Carême sur la Transfiguration de Notre-Seigneur « On ne doit passer par Thabor, ô mon âme, que pour monter au Calvaire avec plus de force » du R. P. Louis du Pont
- La Méditation du Troisième Dimanche de Carême sur la Guérison d’un sourd et muet « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets dont tout le monde est plein » du R. P. Louis du Pont