Voici une Méditation sur la nécessité de la Sanctification du Dimanche qui compare le Bonheur d'une Paroisse où le Dimanche est sanctifié « Pourriez-Vous, Seigneur, retenir la rosée de votre Grâce, quand Vous voyez une terre si bien préparée ? » au Malheur d'une Paroisse où le Dimanche est profané, faite par Monsieur l’Abbé Joseph Reynaud (1802-1881), Principal du Collège de Digne dans les Basses-Alpes puis Curé de Goncelin en Isère dans le Diocèse de Grenoble, auteur des « Méditations spéculatives et pratiques ou dogmatiques et morales pour tous les jours de l'année » d’où est extraite cette Méditation.
La Méditation sur la nécessité de la Sanctification du Dimanche « Pourriez-Vous, Seigneur, retenir la rosée de votre Grâce, quand Vous voyez une terre si bien préparée ? » de l’Abbé Joseph Reynaud :
Ce n'est qu'en tremblant que je parais devant Vous, Dieu de puissance et de majesté. Vous êtes, il est vrai, riche en miséricorde ; l'abondance de votre Grâce se répand sur les âmes fidèles et les rend fécondes en vertus ; mais Vous êtes plein de justice, et votre indignation se déborde avec impétuosité sur la génération des impies. Sanctifier le jour du Dimanche, c'est ouvrir la source des trésors spirituels et temporels ; profaner le jour du Dimanche, c'est arrêter le cours de vos faveurs et mériter des châtiments de toute espèce. La vengeance suit de près la miséricorde ; elles se donnent la main l'une à l'autre. La punition et la récompense sont les effets ordinaires de la profanation et de la sanctification du Jour qui Vous est spécialement consacré. Éclairez mon esprit, afin que j'aie de l'une et de l'autre des idées conformes à la vérité, et que j'aime à me trouver dans un pays où le Dimanche est sanctifié, et que je craigne d'habiter dans un lieu où le Dimanche est profané.
Premier point : Bonheur d'une Paroisse où le Dimanche est sanctifié.
Qu'arrive-t-il lorsque par l'assistance aux offices, aux catéchismes et autres instructions de la Paroisse, lorsque par la pratique des bonnes œuvres, la cessation des travaux, la fuite du péché et de tout ce qui porte au péché, on passe saintement le Jour du Seigneur ? Je ne puis y penser sans éprouver les sentiments de la joie la plus pure. Quels ne sont pas les heureux fruits de cette sanctification ? Dans une semblable Paroisse, la piété y est en honneur, la jeunesse y est réservée, et la rosée du Ciel y tombe avec abondance. La piété est le goût des choses de Dieu ; les fondements de la piété sont la vie de l'esprit et du cœur, je veux dire la foi et la charité. C'est le Dimanche à l'église qu'on s'affermit dans la foi, et qu'on se perfectionne dans la charité. La prière, l'instruction, les exhortations, les bons exemples des autres nourrissent et entretiennent l'esprit de ferveur. Si pendant la semaine, l'âme s'est un peu affaiblie, elle prend le Dimanche de nouvelles forces. La jeunesse assistant à tous les exercices, se mettant en état de recevoir le Sacrement de Pénitence et celui d'Eucharistie, ne peut manquer d'être réservée. Sa conduite est pure et réglée ; elle marche dans le chemin de la vertu, et la Loi du Seigneur lui sert de flambeau. Instruite par la voix du Pasteur, elle connaît les dangers du monde, elle fuit les assemblées nocturnes, les entrevues dangereuses ; les tête-à-tête scandaleux, et, par une humble défiance d'elle-même, elle ne s'expose pas au danger de peur d'y trouver sa perte. Quelle douce satisfaction pour les pères et les mères, qui se voient chérir et respecter par des enfants sages et dociles ? C'est la Sanctification du Dimanche qui produit des effets si avantageux. Pourriez-Vous, Seigneur, retenir la rosée de votre Grâce, quand Vous voyez une terre si bien préparée ? Laissez tomber sur cette Paroisse l'abondance de vos bénédictions. Souvenez-Vous des magnifiques promesses que Vous faisiez au peuple d'Israël lorsque Vous lui recommandiez l'observation du Sabbat et des autres fêtes de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles. Vous ne serez pas moins libéral envers ces bons Chrétiens que Vous l'avez été envers les fidèles Israélites. Comme le Dimanche nous faisons plus de prières que les autres jours, nous attendons avec confiance des bienfaits plus signalés.
Deuxième point : Malheur d'une Paroisse où le Dimanche est profané.
Le dépérissement de la piété, le débordement de la jeunesse, la malédiction du Ciel, sont les tristes suites de la profanation du Dimanche. La foi s'affaiblit, la charité se perd, et la piété, qui est fondée sur ces deux vertus, ne peut subsister ; l'édifice spirituel de la dévotion s'écroule, et il ne laisse à vos yeux, Seigneur, que le triste spectacle de ses ruines et de ses débris. Ceux qui ne viennent pas aux Offices et qui travaillent ce jour-là, veulent faire adopter leurs sentiments aux autres. Ils disent qu'il n'y a point de mal à s'éloigner de l'église et à vaquer aux œuvres serviles, les jours de Dimanche. Par leurs discours et leurs exemples, ils séduisent les autres et les entraînent dans leur impiété. Le scandale s'étend, se propage rapidement, et l'on voit croître le nombre des profanateurs. S'ils viennent quelquefois à la Messe, c'est pour s'y dissiper, c'est pour distraire les autres et pour critiquer votre divine Parole. La jeunesse, faisant peu de cas des Offices de sa Paroisse, méprisant les instructions, abandonnant les Sacrements qui la retenaient dans la pratique du bien, ne résiste plus à ses penchants ; elle se laisse emporter à la fougue de ses passions, et se livre à toutes sortes de vices. Elle se presse tumultueusement dans les cabarets ; elle court la nuit de maison en maison ; elle soupire après les entrevues, les divertissements, les spectacles, et s'indigne lorsqu'on veut la retenir sous le toit paternel. Pleine de présomption et de folie, elle se rit des avis qu'on lui donne, et ne respecte plus ni pères ni mères. La licence est à son comble, et d'infâmes débauchés portent la désolation dans les familles. Pourriez-Vous, ô mon Dieu, bénir une Paroisse où il y a tant de dérèglements ! Que je redoute l'effusion de votre grande colère ! Qu'allons-nous devenir devant le torrent de votre indignation ? N'ouvrez pas les cataractes du Ciel, retenez ce déluge de maux qui va se précipiter sur la terre. Que nous sommes malheureux d'avoir violé le Sabbat et profané le Jour qui Vous est consacré ! Pourquoi n'avons-nous pas écouté les Paroles formidables sorties de votre bouche ? « Observez mon Sabbat parce qu'il doit être Saint. Celui qui L'aura violé, sera puni de mort. Si quelqu'un travaille ce jour-là, il périra du milieu de son peuple. Que les enfants d'Israël observent le Sabbat, et qu'ils Le célèbrent d'âge en âge » (Exod. 31, 14.16). « Si vous ne m'écoutez, dites-vous, et si vous ne sanctifiez le jour du Sabbat en ne portant point de fardeau en ce jour et en n'en faisant point entrer par les portes de Jérusalem, je mettrai le feu à ces portes, il dévorera les maisons de Jérusalem et il ne s'éteindra point » (Jérém. 17, 27). Si, en ce monde, Vous ne faites pas toujours éclater votre vengeance, l'Éternité sera assez longue pour nous faire subir les châtiments dus à nos iniquités. Nous reconnaissons que c'est un grand mal de nous occuper en ce saint Jour des travaux mercenaires, sans une nécessité indispensable. Mais c'en serait un plus grand encore de nous y livrer à une dissipation profane, de nous permettre des divertissements criminels, comme les bals, les spectacles : ce ne serait point sanctifier, ce serait profaner le Dimanche. Quoi ! des actions qui sont défendues en tout temps, ne le sont-elles pas davantage dans le Jour qui Vous est consacré ? De toutes les œuvres serviles, en est-il de plus contraires à la Sanctification de ce Jour, que les œuvres des péchés qui nous rendent les esclaves du Démon ? Le péché qui est toujours un grand mal ne paraît-il pas avoir un nouveau degré d'énormité, lorsqu'il est commis le Dimanche ? Une telle conduite n'annonce-t-elle pas un plus grand oubli de Dieu, et un mépris plus marqué de sa sainte Loi ? Nous éviterons donc avec un soin extrême de profaner le Jour du Seigneur, soit par des œuvres serviles, soit par d'autres péchés. Nous appréhendons trop votre malédiction pour nous livrer désormais à l'iniquité. Pardonnez-nous les fautes que nous avons commises. Le changement de conduite sera la preuve de notre repentir. Ainsi soit-il.
Abbé Joseph Reynaud (1802-1881) - « Méditations spéculatives et pratiques ou dogmatiques et morales pour tous les jours de l'année », Méditation sur la nécessité de la Sanctification du Dimanche, volume 3, pages 255-259, Ed. Baratier Frères et Fils (1839)
Voir également de M. l’Abbé Joseph Reynaud :
- La Prière sur l’existence de Dieu « Mon esprit et mon cœur se portent vers Vous, ô mon Dieu, qui êtes mon Principe et ma Fin » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Méditation sur la nécessité de la Sanctification du Dimanche « Pourriez-Vous, Seigneur, retenir la rosée de votre Grâce, quand Vous voyez une terre si bien préparée ? » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour assister à la Messe le jour de Dimanche « Ne permettez pas, Seigneur, que je Vous offense en ce Jour où je dois apaiser votre courroux » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière de préparation avant la Messe à l'usage des Prêtres « Seigneur, ayez pitié de ce malheureux Prêtre que Vous voyez prosterné contre terre à vos pieds » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pendant la Messe « Ô Divin Jésus, recevez mes adorations » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière au Confiteor « Ensevelissez dans votre tombeau, ô mon Dieu, le grand nombre de mes iniquités » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur le Credo « Je crois, ô mon Dieu, toutes les Vérités qu'il Vous a plu de révéler aux hommes » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour l’Offertoire « Ô mon Dieu, je sollicite avec larmes un Pardon que je n’ai pas su mériter » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière au Lavabo « Seigneur, c'est avec les larmes qui coulent de mes yeux que je veux me purifier de mes souillures » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière entre la Préface et le Canon « Vous ne Vous êtes pas contenté, Seigneur, de Vous offrir une fois sur la Croix pour nous racheter » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière à l'Élévation du Saint Sacrifice « Ô Bouquet Sacré où L'on reçoit Jésus-Christ » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière au Pater « Notre Père, ne nous laissez plus succomber aux tentations par lesquelles l'esprit séducteur nous a ravi l'Innocence » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière à l’Agnus Dei « Seigneur Jésus, donnez-moi cette Paix que le monde ne saurait donner » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur la Sainte Communion « Communier, ô bon Jésus, c'est Vous recevoir dans l'Eucharistie Vous-même tout entier » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière d'une bonne Communion « Faites, Seigneur, que je connaisse les heureux fruits d'une bonne Communion » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour Communier à genoux « Ô Céleste Époux, faites-moi la Grâce de Communier avec les dispositions nécessaires » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière après la Sainte Communion « Ô Dieu, qui nous avez donné le véritable Pain descendu du Ciel » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière au Dernier Évangile « Vous donnez à vos Apôtres, ô mon Dieu, des preuves si claires et si convaincantes de votre Résurrection » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière d'action de grâces après la Messe à l'usage des Prêtres « Quelle abondance de Grâces, Seigneur, pour ceux qui célèbrent votre Sacrifice avec piété » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur la Salutation Angélique « Ô Vous, qui êtes la Mère de l'Auteur des Grâces, priez pour nous » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour une juste Dévotion à Marie « Réglez si bien ma Dévotion à la Sainte Vierge, Seigneur, que je ne Vous offense ni par défaut ni par excès » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour réciter fréquemment le Chapelet « Vous avez, ô mon Dieu, opéré des Miracles par le moyen du Chapelet » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur le Sacrement de Baptême « La Foi m'enseigne, ô mon Jésus, que Vous êtes l'instituteur du Sacrement de Baptême » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière des Parrains et Marraines de Baptême « Seigneur, faites-moi connaître les qualités et les obligations des Parrains et des Marraines » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur le Pardon « Ô mon Dieu, que Votre vengeance est terrible ! » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière du pécheur pénitent « Dieu Tout-Puissant, ayez pitié de ce misérable qui sollicite sa grâce avec des larmes de tristesse et de joie » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour obéir à la Volonté de Dieu « Je reconnais, ô mon Dieu avec les Saints, que l'Obéissance comprend en abrégé toutes les Vertus » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour obtenir la vraie Humilité « Faites, ô mon Dieu, que mon humilité extérieure ne soit que la fidèle expression de mes sentiments intérieurs » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour acquérir la Modestie « Ô mon Dieu, que je désire d'avoir cette aimable vertu de la Modestie » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour être Patient dans la Maladie « Je reconnais, ô mon Dieu, que j'ai souvent manqué de Patience dans les adversités » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour recevoir le Sacrement de l'Extrême-Onction « Ne permettez pas, Seigneur, que je sois privé de ce Sacrement à l'heure de la mort » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour la Saint Sylvestre le 31 décembre « Seigneur, en vue des Mérites de Saint Sylvestre, laissez-moi puiser dans le trésor des Indulgences ce qui est nécessaire à l'entière expiation de mes fautes » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur l’Ascension de Jésus-Christ « Puisque Vous montez au Ciel, ô mon Jésus, faites que j'apprenne à m'y élever » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur la descente de Jésus-Christ dans les Enfers « Ce sont les âmes des Justes, Seigneur Jésus, que Vous délivrez en descendant aux Enfers » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur notre Jugement Particulier « Ô Seigneur, nul homme vivant n'est capable de soutenir sa cause devant votre Tribunal, s'il n'est aidé de votre Miséricorde » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur le Jugement Général « Je crois, ô mon Jésus, qu'à la fin du monde Vous descendrez visiblement des Cieux pour juger tous les hommes » de l’Abbé Joseph Reynaud