Voici une Méditation sur la Passion de Notre Sauveur Jésus-Christ dans sa très cruelle Flagellation (Jean XIX, 1) pour nous représenter la force et les efforts de ces bourreaux à mettre en pièces la Chair tendre et virginale de Jésus « Ô Seigneur, que jamais plus je Vous flagelle par aucun péché volontaire » du Père Louis de Bouvignes (1630-1701), Frère mineur Capucin ordonné Prêtre vers 1655 qui fut chargé de la Prédication, un ministère qu'il exercera avec zèle, notamment à Lille et à Verdun et auteur d’un petit ouvrage composé en faveur des personnes Religieuses, qui peut servir à tous ceux et celles qui font profession de Vertus.
La Méditation sur la très cruelle Flagellation de Jésus « Ô Seigneur, que jamais plus je Vous flagelle par aucun péché volontaire » du Père Louis de Bouvignes :
Considérez, que Pilate n'ayant pu fléchir les Princes des Prêtres, ni par la raison, ni par la voie de permutation, entreprit de forcer leur compassion, par un acte de cruauté épouvantable, commandant que Jésus fut fouetté, et ensuite renvoyé.
Hélas ! Où prendrons-nous des pensées, pour exprimer des cruautés si excessives, que le Prophète Isaïe appelle Celui qui en a souffert les rigueurs : l'Homme de douleurs ? Premièrement, à raison de sa complexion délicate, car Il était le fruit d'une Vierge, et du Saint-Esprit. La moindre douleur est extrêmement sensible à un corps délicat, que sera-ce, si à une souveraine délicatesse, vous appliquez des tourments très-aigus ? D'où s'en suit, que notre Bienaimé et charitable Sauveur a souffert des peines plus sensibles, que l'on puisse souffrir sous le Ciel.
Ajoutez, que notre raison se trouble, quand le corps est surpris de quelque douleur véhémente, et la raison troublée, émousse le sentiment de la douleur. Lorsqu’un criminel sort de la prison pour aller au supplice, il sort hors de lui, aussi bien que de la prison, et parait comme à demi-mort ; mais la raison du Sauveur, ne s'est jamais troublée pendant tout le cours de sa Passion.
De ces considérations générales, descendons aux particulières. Allons voir, Âmes fidèles, un triste spectacle ; entrons dans le Prétoire de Pilate, pour assister à une tragédie, qui fera fendre nos cœurs de pitié, et fera fondre nos yeux en larmes de compassion.
Voyez-vous le Fils de Dieu vivant, la Gloire du Paradis tout nu à la vue d'un tas de canailles, qui L'ayant dépouillé de la robe blanche, Le vont revêtir d'une rouge, que les verges et les fouets Lui feront de son propre Sang.
Ô doux Agneau de Dieu, de quelle confusion se trouve saisi votre chaste et pudique Cœur, vous voyant nu au milieu de tant de loups ?
En cette honteuse nudité, Il fut attaché à une colonne, où l'on avait coutume de fouetter les malfaiteurs : On députe pour exécuteurs de la justice six soldats, gens adonnés à la cruauté, et naturellement sanguinaires.
Représentez-vous la force et les efforts de ces bourreaux à mettre en pièces la Chair tendre et virginale de Jésus ; les deux premiers armés de verges, commencent à frapper à tours de bras ce Corps délicat, ils déchargent leur fureur sur les épaules, sur le dos, sur les flancs, sur les bras, sur les cuisses, de sorte qu'après une grêle de coups, il ne demeura en ce sacré Corps aucun endroit, depuis le sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds, sans plaie et sans blessure.
Ces deux premiers lassés de frapper, deux autres succèdent, qui avec des fouets redoublent leurs coups sur ce pauvre Corps déjà déchiqueté de verges, d'où le Sang ruisselant de tout côté, arrose la terre autour de la colonne ; ces deux sont suivis de deux autres, qui avec des disciplines de fer recourbées à la pointe, frappent comme les premiers, non plus sur la peau, mais sur la chair vive, qui s'arrache et se détache par lambeaux.
Âme religieuse, mêlez vos larmes avec le Sang de votre aimable Rédempteur ; protestez-Lui en la présence de sa bénite Mère, qui est présente à ce cruel carnage, que jamais plus vous ne Le flagellerez par aucun péché volontaire ; approchez de cette colonne ensanglantée ; baisez le Sang dont elle est teinte.
Pendant l'horreur de cette épouvantable Flagellation, Jésus tout absorbé dans ses douleurs, ne dit mot, Il ne dit pas que c'est assez, ni que c'est trop, Il ne prie pas même les bourreaux d'avoir pitié de Lui.
C'est un adoucissement de douleur, quand on voit des amis, à qui la compassion partage la douleur, mais ô mon Sauveur, en quelle désolation avez-Vous été réduit, de ne voir à l'entour de Vous que des Chiens enragés, que des Tigres et des Lions rugissants ?
Jésus délié de la colonne, tombe par terre de faiblesse, et se traînant dans son Sang, va reprendre ses habits, pour couvrir sa nudité.
Roi des Vierges, en quel état Vous ont réduit les péchés des hommes ? Hélas ! Vous payez en votre Chair les plaisirs criminels de la nôtre. Ô Bonté sans exemple ! Ô Grâce sans mérite ! Ô Charité sans mesure ! S'écrie là-dessus Saint Bernard.
Homme Chrétien, souvenez-vous que le Sang que Jésus-Christ vient de verser, est une marque évidente de la valeur de votre âme, de l'estime que Dieu en fait, et de l'amour qu'Il lui porte : aimez-vous ce débonnaire Rédempteur ? Si vous répondez, qu'oui, que faites-vous pour son amour ? Ceux qui L'aiment de cœur et en vérité, ne sauraient se dispenser de prendre la discipline, ou de pratiquer d'autres pénitences, pour ressentir quelque peu des horribles tourments qu'Il a soufferts pour nous à la Colonne ; n'épargnez pas votre corps en cette vie, si vous voulez que Dieu l'épargne en l'Autre ; et si vous n'êtes pas encore satisfait, criez aux bourreaux, qu'ils frappent avec plus de force, qu'ils donnent plus de poids à leurs décharges, qu'ils déchirent plus cruellement ce Corps saint, cette Chair adorable, jusqu’à ce que votre cœur soit touché de pitié, outré de douleur, blessé de compassion ; et que disant, c'est assez, vous confessiez qu'il n'y a pas d'amour semblable à Celui de Jésus, ni d'ingratitude pareille à la vôtre. Hélas ! Il est constant que je n'aime point mon Sauveur, car il est impossible qu'une personne qui aime, voie souffrir celui qu'elle aime sans être touchée de compassion.
Pécheur obstiné, éveillez en vous le soin de votre Salut, en vous rendant familiers les Mystères de la Passion de votre aimable Sauveur, et surtout sa très cruelle Flagellation ; et souvenez-vous pour conclusion de cette méditation, que si vous fussiez mort après avoir commis le péché que vous savez, dès lors votre âme brûlerait en Enfer avec les Démons mais le Sang précieux du Sauveur, en a arrêté l'exécution ; pensez-y donc à loisir pour en remercier Dieu des millions de fois. Ainsi soit-il.
1 Pater + 10 Ave + 1 Gloria
Père Louis de Bouvignes (1630-1701) - « Miroir de l'âme Religieuse » : Méditations sur la Passion de Notre Sauveur Jésus-Christ tirées du Texte des Évangiles, La très cruelle Flagellation de Jésus (Jean XIX, 1), pages 460-463, chez Charles Albert, 1696
Voir également du Frère Capucin Louis de Bouvignes :
- La Méditation au Jardin des Olives « Ô Seigneur, que votre Passion Vous sera douloureuse puisque sa seule représentation Vous fait suer le Sang » du Père Louis de Bouvignes
- La Méditation sur la très cruelle Flagellation de Jésus « Ô Seigneur, que jamais plus je Vous flagelle par aucun péché volontaire » du Père Louis de Bouvignes
- La Méditation sur le Couronnement d'épines du Christ « Ô véritable Roy du Ciel, couronné sur la terre avec une couronne autant ignominieuse que douloureuse » du Père Louis de Bouvignes
- La Méditation sur Jésus conduit au Calvaire portant sa Croix « Ô Sainte Dame, n'est-ce pas un assez grand tourment pour Vous de savoir qu'on va faire mourir vôtre Fils sans vouloir encore assister à sa Mort ? » du Père Louis de Bouvignes
- La Méditation sur Jésus élevé en Croix entre deux Larrons « Âme chrétienne, venez et voyez, voilà votre Sauveur pendu en l'air à trois clous » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière pour la date anniversaire de notre Baptême « Seigneur, je viens renouveler à Vos pieds le Serment de Fidélité que je Vous ai fait au Baptême » du Père Louis de Bouvignes
- Les Étincelles de Grâces après une Sainte Communion « Ô mon Rédempteur, je crois que Vous êtes dans mon estomac aussi véritablement que Vous êtes à la droite de votre Père éternel » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Antoine pour vaincre les Tentations « Ô Saint Antoine, Patriarche des Anachorètes, en qui Dieu a fait paraître la force de ses Grâces à terrasser les furies des Démons » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Basile pour demander une Foi vive « De quoi servira la Foi au Chrétien, si elle ne lui sert de règle pour ses mœurs ? » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Jérôme pour craindre les Jugements de Dieu « Grand Saint, obtenez-moi du Ciel cet esprit de Crainte pour opérer mon Salut » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Augustin pour obtenir l'Amour de Dieu « Quoi donc, un cœur si petit peut-il aimer un Dieu si Grand ? » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Benoît pour demander l'Humilité « Grand Saint Benoit, impétrez-moi la grâce d'une profonde Humilité » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière pour une vraie Humilité « Ô Dieu de Bonté, ayez pitié de nos misères » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Bruno pour aimer la Solitude « Glorieux Saint Bruno, Patriarche des Solitaires, vous nous apprenez que vivre seul avec Dieu seul en solitude, c'est déjà vivre d'une vie bienheureuse » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Norbert pour se mortifier « Grand Saint Norbert, obtenez-moi de Dieu cet esprit de Pénitence et de Mortification pour crucifier ma chair avec ses vices et ses concupiscences » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Bernard pour être dévoué à la Sainte Vierge « Ô Dévot Père Saint Bernard, faites que le Saint Nom de Marie soit toujours en ma bouche » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Jean de Matha envers les Misérables « Ô grand Saint, impétrez-moi de Dieu un cœur de la trempe du vôtre qui me rende sensible aux misères de mon prochain et libéral à le secourir » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Albert de Jérusalem pour une meilleure Oraison « Grand Saint, obtenez-moi la Grâce de vivre tranquille hors des agitations du siècle et de rompre les liens qui m'attachent à la terre » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Dominique pour le Salut des Âmes « Glorieux Saint Inquisiteur de la Foi, allumez dans nos cœurs ce zèle du Salut des Âmes dont vous avez été pénétré » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint François d'Assise pour un esprit de Pauvreté « Séraphique Patriarche des pauvres, obtenez-moi de Grâce cette richesse de Simplicité dans la Pauvreté » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint François de Paule pour obtenir la Vertu d'abstinence « Grand Saint, vrai miroir d'Abstinence, obtenez-moi le don de sobriété afin que jamais je ne tombe dans les excès de boire et de manger » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint Ignace pour la Conversion des Infidèles « Ô grand Zélateur de la Gloire de Dieu, vous portiez dans votre cœur tous les Infidèles et brûliez d'une affection très ardente pour le Salut de leurs âmes » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Saint François de Sales pour être Débonnaire « Ô Saint Évêque, quels charmes avez-vous eu pour attirer les cœurs sans violence au service et à l'amour de Dieu ? » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Sainte Scholastique pour demander la Pureté « Ô Grande Sainte, qui avez inspiré par vos rares exemples la Pureté à tant de bonnes âmes » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Sainte Claire pour faire Pénitence « Ô grande Sainte, Miroir de Pénitence, impétrez-moi la Grâce de faire des fruits dignes de Pénitence » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Sainte Brigitte pour aimer Jésus-Christ crucifié « Ô Sainte Princesse, impétrez-moi un ardent amour qui me transforme en la Passion de mon Rédempteur » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière à Sainte Thérèse d'Avila pour être plus Charitable « Ô Sainte Épouse de Jésus, priez-Le qu'Il convertisse et purifie mon âme par les ardeurs de sa Charité » du Père Louis de Bouvignes
- La Dernière Prière d’un Agonisant « Mon Sauveur Jésus-Christ, je Vous offre ma mort et le dernier instant de ma vie » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière sur la gloire du Paradis « Ô mon Dieu, faites que mon âme s'envole librement au Ciel » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière quotidienne pour les Fidèles Trépassés « Ô Cour Céleste, délivrez de leur affreuse solitude les Fidèles Trépassés » du Père Louis de Bouvignes
- La Prière pour nos défunts au Purgatoire « Seigneur Dieu, Père de Miséricorde, ayez pitié des pauvres âmes du Purgatoire » du Père Louis de Bouvignes