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Paraphrase du Psaume 50 de l’Abbé de Rancé

Prières > sur la Parole de Dieu

Voici la Paraphrase du Psaume 50 « Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires », le plus connu des Sept Psaumes de la Pénitence (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142) composé par le roi David qui s’appropria Bethsabée, la femme d’Urie le Hittite, général de son armée, qu'il fit tuer pour couvrir son premier crime, donnée par Dom Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700), Abbé régulier et réformateur du Monastère de Notre-Dame de la Trappe de l’étroite observance de l’Ordre de Cîteaux à Soligny-la-Trappe dans le diocèse de Seez en Normandie



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La Paraphrase du Psaume 50 « Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires » de l’Abbé de Rancé :

1. Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux, et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires ; employez toute l'étendue de votre Miséricorde pour les guérir.

2. Je ne Vous la demande pas seulement, mon Dieu, pour mes crimes passés ; car comme mon infirmité me fait tomber tous les jours dans de nouvelles fautes, il faut aussi que Vous redoubliez les effets de votre Grâce à chaque moment, et que Vous fassiez voir que Vous êtes miséricordieux autant de fois que je serai misérable.

3. Quoique votre Bonté efface le péché de l'âme du coupable, il demeure en lui une malheureuse disposition au vice ; c'est votre Grâce qui la doit combattre, et qui doit redoubler ses efforts pour vaincre cette inclination dangereuse.

4. Si je m'adresse à Vous avec confiance, ce n'est pas toutefois avec témérité, la bonté dont Vous userez envers moi ne me rendra jamais insolent et ne me fera point oublier combien j'en suis indigne ; car mes crimes seront toujours d'autant plus vivants dans ma mémoire, qu'ils seront morts dans ma volonté, et je me les reproche également, soit que je craigne votre Justice ou que j'espère en votre Clémence.

5. Bien que j'ai cherché à cacher mon péché par les ténèbres, je ne Vous en ai pas pourtant ôté la connaissance, les rayons de vos yeux ont dissipé le voile de la nuit qui le couvrait, Vous avez été le témoin de ma faute, comme Vous êtes le souverain Juge et le seul offensé, afin que je fusse sans répartie, si Vous vouliez prononcer l'arrêt de ma condamnation.

6. Mais, Seigneur, que l'iniquité et la corruption dont je tire mon origine, serve d'excuse à mes faiblesses auprès de Vous ; mon âme n'a pas plutôt donné la vie à mon corps, qu'elle l'a perdu par le péché, et c'est de cette source qu'est venue la suite de tous mes malheurs.

7. Et si Vous me permettez d'alléguer encore quelque chose en ma faveur, souvenez-Vous que je ne me suis jamais éloigné de cette sincérité de cœur que Vous demandez de vos véritables serviteurs ; et c'est sans doute par cette disposition de mon âme que Vous m'avez préparé à l'intelligence de vos secrets, et à la connaissance des mystères qui sont encore cachés dans l'avenir.

8. Après m'avoir été si libéral des trésors de votre divine sagesse, me refuserez-Vous ceux de votre miséricorde ? Ne daignerez-Vous pas répandre sur moi quelques gouttes de ces eaux salutaires qui purifient les cœurs et qui ôtent les taches du péché ? Oui, mon Dieu, Vous l'accorderez à mes prières, et mon âme se verra aussitôt revêtue d'une nouvelle blancheur qui surpassera celle de la neige.

9. Pour marquer que Vous m'aurez rétabli dans votre Grâce, Vous répandrez la joie et la consolation dans mon cœur ; je ne ressentirai pas seulement cette faveur comme une abolition de mes fautes passées, mais comme un témoignage de mon bonheur futur, et Vous changerez enfin la mortification et l'humiliation de ce corps abattu par les rigueurs de la pénitence en une gloire et une félicité qui n'aura point de bornes.

10. Fermez vos yeux, Seigneur, à la malice de mes actions, qui allumerait votre colère, pour les ouvrir seulement à ma fragilité et à mes faiblesses, qui exciteront votre pitié ; mais que votre bonté ne se contente pas de dissimuler mes crimes, qu'elle les efface, en sorte qu'il n'y ait plus rien en moi qui soit l'objet de votre haine ni de votre aversion.

11. Donnez-moi un cœur nouveau, qui ne soit plus souillé de l'amour des créatures, ôtez-en toutes ces images profanes qui ont déshonoré la Vôtre, et faites en sorte que je ne sente plus en moi que les mouvements d'un esprit entièrement soumis à vos Saintes Volontés.

12. Que je ne sois point privé d'admirer et d'adorer éternellement vos beautés divines, dont la contemplation fait les Bienheureux, animez-moi d'un esprit qui me conduise à cette fin désirable, et que votre Grâce me soit ici un gage de la gloire que vous avez promise à vos Élus.

13. Faites-moi goûter la tranquillité et le repos dont j'aurais joui, si mes mauvaises inclinations n'avaient point combattu ma raison ; rendez-moi cette joie qui est la compagne inséparable de l'innocence et de la vertu, et que je ressentais avant que mes crimes eussent porté le trouble au fond de mon âme ; apaisez-la, Seigneur, par la présence de votre Divin Esprit, qui seul peut calmer toutes les inquiétudes.

14. Je ne renfermerai pas dans mon cœur le sentiment de ces faveurs que je recevrai de Vous, je les publierai devant tous les hommes, j'irai chercher les pécheurs les plus endurcis pour leur enseigner les voies de Salut, et je leur rendrai de si sensibles témoignages de votre Miséricorde et de votre Bonté, que retournant à Vous ; ils se rendront dignes d'en recevoir les effets.

15. Délivrez-moi de la peine que je mérite pour avoir répandu le sang innocent, éteignez en moi cette ardeur criminelle, qui m'emporte à répandre celui des hommes dans la fureur des combats, inspirez-moi l'amour de la douceur et de la paix, afin que je puisse chanter tranquillement les louanges de votre Miséricorde et publier les effets de votre Justice.

16. Bénissez l'extrême désir que j'ai de célébrer vos grandeurs, et de chanter vos louanges, et favorisez une passion si sainte, ouvrez ma bouche pour louer votre Saint Nom, et mettez sur mes lèvres toutes les paroles qui composeront les cantiques que je prépare à votre gloire.

17. Si je savais que les victimes Vous fussent agréables, je les immolerais à votre Majesté, et j'en chargerais vos Autels ; mais ce n'est point le sang des animaux ni ces holocaustes qui touchent votre Miséricorde.

18. Les sacrifices que Vous regardez avec complaisance, ce sont les sanglots et les soupirs d'une vive repentance, et Vous n'avez jamais méprisé une âme véritablement pénitente, ni un esprit vraiment humilié.

19. En Vous demandant Pardon pour moi, je Vous demande aussi Grâce pour mon peuple, jetez les yeux sur cette cité, vos plus grandes merveilles, ne permettez pas que mon péché empêche l'étendue des murs de Jérusalem, où Vous avez établi le culte de la vraie religion, et où je Vous supplie de l'affermir.

20. Alors Vous ne rejetterez pas même les sacrifices des animaux qu'on égorgera devant vos Autels, parce qu'ils seront accompagnés des dispositions intérieures et de la pureté de cœur qui donne le prix à la victime, et qui Vous rend tous les sacrifices agréables. Ainsi soit-il.


Abbé Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700) - « Pensées et réflexions de M. de Rancé, Abbé de la Trappe, paraphrase sur les Sept Psaumes de la Pénitence », Paraphrase du Psaume L, pages 134-141, chez Vente, 1767

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Voir également du Père Abbé de Rancé :
- La Paraphrase du Psaume 6 « Seigneur, dont l'indignation m'est beaucoup plus redoutable que les plus rigoureux effets de votre Justice » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 31 « Je ne soupire point, Seigneur, après la vaine et trompeuse prospérité des méchants » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 37 « Seigneur, souvenez-Vous plutôt de votre Bonté que de l'excès de mes crimes » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 50 « Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 101 « Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 129 « Dans le comble de mes malheurs et du plus profond abîme de mes misères, je pousse des cris vers Vous, mon Dieu » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 142 « Seigneur, j'expose devant Vous tous les désirs de mon cœur » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Vocation de Saint Matthieu « Suis-Moi. Et se levant, il Le suivit » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour mieux discerner sa Vocation « Maître, je Vous suivrai partout où Vous irez » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur l’Obéissance à la Voix de Dieu « Suis-Moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion dans les violentes Tempêtes des tentations « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour contribuer à notre repos et à notre salut « Ayez confiance, Mon fils  : vos péchés vous sont remis » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Parabole du grain de sénevé « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Ô Seigneur, j’ai le cœur rempli de joie du bonheur qu'il y a à se donner Tout à Vous » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Venez, ô Saint Esprit, Amour du Père et du Fils » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Je prendrai le calice qui opère le Salut et j’invoquerai le Nom du Seigneur » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Justice de Dieu « Seigneur, tous ceux qui jugent point en votre Nom sont des usurpateurs » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Piété « Seigneur, Vous nous commandez de Prier pour nous accorder ce que nous Vous demandons » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur le Paradis « Vous nous apprenez, Seigneur, qu'il n’y a que deux voies » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Protection « Seigneur, que votre Protection nous est nécessaire » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Confiance « Seigneur, que je reçoive de Votre main la maladie, la santé, la vie et la mort, dans une soumission toute égale » de l’Abbé de Rancé
- La Prière pour bien porter sa Croix « Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix » de l’Abbé de Rancé