Voici la Prière pour la Fête-Dieu sur la Sainte Communion « Ô Nourriture des esprits bienheureux, qui sans cesse nous renouvelle et jamais ne s'épuise ! » prononcée sous forme de sermon par Saint Thomas d'Aquin (1225-1274), Docteur de l'Église, Prêtre Dominicain et Saint Patron de l'Enseignement Catholique, au Consistoire devant le Pape et les Cardinaux.
La Prière pour la Fête-Dieu sur la Sainte Communion « Ô Nourriture des esprits bienheureux, qui sans cesse nous renouvelle et jamais ne s'épuise ! » de Saint Thomas d'Aquin :
« Révérendissimes Pères, les souvenirs pleins d'allégresse qu'évoque la Solennité de ce jour nous invitent à entourer de joyeuses louanges le Corps très saint du Christ. Quoi de plus doux, quoi de plus suave au cœur des élus que de chanter les trésors de la divine charité et d'exalter l'ardeur d'un Amour sans mesure ? C'est qu'à la table de la grâce nouvelle, tous les jours, par les mains du prêtre, Dieu donne à ses enfants et aux héritiers de son royaume sa chair en nourriture et son sang en breuvage. Ce sont là Tes œuvres admirables, ô Christ, Toi dont la puissance est infinie et la bonté sans bornes ! Dans cet Aliment sacré et ce Pain super-substantiel qu'annonçaient les prodiges antiques, Tu as trouvé le secret d'une union merveilleuse et auguste : la Chair immaculée de Jésus-Christ, l'Agneau sans tache, devient le remède de ceux que le fruit défendu avait rendus malades et qui avaient perdu l'éternelle et immarcescible couronne. Ô prodige qu'on ne peut trop exalter ! Effusion permanente de la bonté divine et d'une miséricorde sans mesure ! Dans ce sacrement, consommation de tous les sacrifices, Il demeure, ce Dieu, indéfectiblement avec nous ; Il y est pour jusqu'à la fin des siècles ; Il donne aux fils d'adoption le pain des anges et les enivre de l'amour qu'on doit aux enfants. Ô humilité singulière, délices de Dieu, et que le Christ pratique après l'avoir prêchée lui-même ! Il ne se refuse à personne ; Il ne craint pas de prendre pour habitacle même un cœur souillé. Ô pureté, qui semblable à celle du soleil n'est ternie par aucune fange et ne craint nulle contagion, mais qui gagne les âmes et en fait disparaître toute tache ! Ô nourriture des esprits bienheureux, qui sans cesse nous renouvelle et jamais ne s'épuise ! Tu n'es ni brisée, ni divisée, ni transformée ; mais, gardant ton intégrité et ta nature, tu nous rappelles le buisson antique, la farine et l'huile miraculeuses qui ne diminuaient pas. Ô Sacrement admirable, où Dieu se cache et où notre Moïse à nous se couvre le visage du manteau de ses œuvres, objet de louanges dans toutes nos générations ! Par la vertu des paroles sacrées, instrument de la puissance divine, les substances symboliques sont changées en chair et en sang ; les espèces sacramentelles subsistent sans support, et pourtant nulle loi naturelle n'a souffert violence. Par la vertu de la consécration, un seul Christ, parfait et intègre, se trouve en divers endroits, comme une parole se communique, toujours identique à elle-même. Quand l'hostie se divise, Jésus s'y trouve comme un même visage dans les fragments d'un miroir brisé. Les fidèles l'offrent à Dieu sous les deux espèces, quoiqu'il soit tout entier sous chacune d'elles, et c'est à bon droit qu'on agit ainsi, car ce sacrement donne aux hommes le double salut du corps et de l'Âme, et il rappelle l'amertume d'une double Passion. Ô Vertu ineffable du Sacrement, qui embrase notre cœur du feu de la charité et marque du sang de l'Agneau immaculé, au-dessus de leurs deux battants, les linteaux de nos portes ! Ô véritable viatique de notre exil militant, soutien des voyageurs, force des faibles, antidote des infirmités, accroissement des vertus, abondance de la grâce et purification des vices, réfection des âmes, vie des débiles et union des membres dans l'organisme unique de la charité ! Sacrement ineffable de la foi, Tu augmentes notre charité et nous communiques l'espérance ; soutien de l'Église, Tu éteins la concupiscence et parfais le corps mystique du Christ. Voici la substance de l'arbre de vie, ô Seigneur Jésus ! Ô Pasteur et nourriture, prêtre et sacrifice, aliment et breuvage des élus, pain vivant des esprits, remède à nos faiblesses quotidiennes, festin suave, source de tout renouveau ! Ô sacrifice de louange et de justice, holocauste de la nouvelle grâce, repas excellent, non de volailles ou de taureaux, mais de viandes plus succulentes et de ce vin délicieux qui renouvelle les amis de Dieu et enivre ses élus ! Ô table de bénédiction, table de proposition garnie d'une nourriture substantielle ! Table immense où tout est prodige étonnant ! Table plus douce que toute douceur, plus délectable que toute saveur, plus suave que tout parfum, plus magnifique que toute parure, plus succulente que toute nourriture ! Table que le Christ a préparée à ses amis et commensaux, que le père de famille sert à son fils de retour, après le repas de l'agneau symbolique. Vous êtes le bain sacré que figuraient les antiques piscines, ô notre Pâque, immolation du Christ, et vous exigez la conversion du vice à la vertu, donnant ainsi la liberté aux Hébreux de l'esprit. Ô nourriture qui rassasie et ne dégoûte point, qui demande la mastication de la foi, le goût de la dévotion, l'union de la charité, et que divise non les dents du corps, mais le courage de la croyance ! Ô viatique de notre pèlerinage, qui attire les voyageurs sur les sommets des vertus ! Ô pain vivant, engendré au ciel, fermenté dans le sein de la Vierge, cuit sur le gibet de la croix, déposé sur l'autel, caché sous les espèces sacramentelles, confirme mon cœur dans le bien et assure ses pas dans le chemin de la vie; réjouis mon âme, purifie mes pensées. Voici le pain, le vrai pain, consommé, mais non consumé, mangé, mais non transformé ; il assimile et il ne s'assimile pas ; il renouvelle sans s'épuiser ; il perfectionne et conduit au salut ; il donne la vie, confère la grâce, remet les péchés, affaiblit la concupiscence ; il nourrit les âmes fidèles, éclaire l'intelligence, enflamme la volonté, fait disparaître les défauts, élève les désirs. Ô calice de toutes suavités, où s'enivrent les âmes généreuses ! Ô calice brûlant, calice qui tourne au sang du Christ ; sceau du Nouveau Testament, chasse le vieux levain, remplis notre intime esprit, pour que nous soyons une pâte nouvelle, et que nous mangions les azymes de la sincérité et de la vérité. Ô vrai repas de Salomon, cénacle de toute consolation, soutien dans la présente tribulation, aliment de joie et gage de la félicité éternelle, foyer de l'unité, source de vertu et de douceur, symbole de sainteté ! La petitesse de l'hostie ne signifie-t-elle pas l'humilité, sa rondeur l'obéissance parfaite, sa minceur l'économie vertueuse, sa blancheur la pureté, l'absence de levain la bienveillance, sa cuisson la patience et la charité, l'inscription qu'elle porte la discrétion spirituelle, les espèces qui demeurent sa permanence, sa circonférence la perfection consommée ? Ô pain vivifiant, ô azyme, siège caché de la toute-puissance ! Sous de modestes espèces visibles se cachent d'étonnantes et sublimes réalités. Ô Corps, ô Âme, et Toi de tous deux inséparable, ô Substance Divine ! De ce dont on chante les grandeurs dans ce sacrement auguste, ô bon Jésus, seules, pour la foi, après la consécration, les espèces sacramentelles demeurent ; ce qui est mangé sans être assimilé ne souffre ni augmentation ni diminution ; ce que tous reçoivent en entier, mille ne le possèdent pas plus qu'un seul, un seul le possède autant que mille. Ce que contiennent tous les autels, les parcelles intactes ou brisées le contiennent toutes ; ta chair est mangée véritablement, c'est véritablement ton sang que nous buvons. Et tu es ici le prêtre, et tu es aussi l'hostie, et les saints Anges sont là présents, qui exaltent ta magnificence et louent ta souveraine majesté. C'est là ta puissance, Seigneur, qui seule opère de grandes choses ; elle dépasse tout sentiment et toute compréhension, tout génie, toute raison et toute imagination. C'est Toi qui as institué et confié à tes disciples ce sacrement où tout est miracle. N'approche donc pas de cette table redoutable sans une dévotion respectueuse et un fervent amour, homme ! Pleure tes péchés et souviens-toi de la Passion. Car l'Agneau immaculé veut une âme immaculée qui le reçoive comme un pur azyme. Recours au bain de la confession ; que le fondement de la foi te porte ; que l'incendie de la charité te consume ; que la douleur de la Passion te pénètre ; qu'un droit jugement t'éprouve. Approche de la table du Seigneur, de cette table magnifique et puissante, de telle sorte que tu parviennes un jour aux noces du véritable Agneau, là où nous serons enivrés de l'abondance de la maison de Dieu; là où nous verrons le Roi de gloire, le Dieu des vertus dans toute sa beauté; là où nous goûterons la Pain vivant dans le royaume du Père, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont la puissance et l'empire demeurent jusqu'à la fin des siècles. Amen. »
Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
Lire également de Saint Thomas d'Aquin :
La « Prière quotidienne » de Saint Thomas d'Aquin
La « Prière à la Bienheureuse et très Douce Vierge Marie » de Saint Thomas d'Aquin
La « Prière à Jésus » de Saint Thomas d'Aquin
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Donne-moi de partager volontiers ce que je possède »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Je loue Ta clémence si patiente à m'attendre »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Auprès de Toi »
La Prière avant la Communion de Saint Thomas d'Aquin « Dieu tout-puissant et éternel, voici que je m'approche du Sacrement de Votre Fils unique Notre Seigneur Jésus-Christ »
La Prière pendant la Communion de Saint Thomas d'Aquin « Je Vous adore dévotement, Déité cachée, qui sous ces figures êtes réellement présent »
La Prière après la Communion de Saint Thomas d'Aquin « Très doux Jésus, que votre Corps très sacré et votre Sang soient douceur et suavité pour mon âme »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin pour obtenir les Vertus « Ô Dieu qui pouvez tout et qui donnez les vertus »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin pour la rémission des péchés « Accordez, ô Dieu, la miséricorde à un misérable »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin pour les âmes contemplatives « Je Vous invoque, Dieu de toute consolation, pour me donner la connaissance de la Vérité première »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin avant de dicter, d'écrire ou de prêcher « Créateur ineffable, daignez projeter sur les ténèbres de mon intelligence un rayon de Votre clarté »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Lauda Sion salvatorem » (Sion, célèbre ton Sauveur)
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Ô salutaris Hostia » (Ô salutaire Hostie)
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Ô Déité trine et une, conduisez-nous où nous tendons, à la lumière que Vous habitez »
La Prière Mariale de Saint Thomas d'Aquin pour recevoir l'Esprit Saint « Ô Marie, Mère du Bel Amour, accordez-moi, par Votre intercession, la grâce du Saint-Esprit »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin au Très Saint-Sacrement « Pange lingua gloriósi corpóris mystérium »
La Prière d'action de Grâces de Saint Thomas d'Aquin « Mon Dieu, je Vous loue, je Vous glorifie, je Vous bénis »
Les « Oraisons pour le Très Saint Sacrement » de Saint Thomas d'Aquin
Les « 16 conseils pour acquérir le trésor de la Science » de Saint Thomas d'Aquin
L’Hymne « Verbum Supernum Prodiens » de Saint Thomas d'Aquin
La Prière pour la Fête-Dieu sur la Sainte Communion « Ô Nourriture des esprits bienheureux, qui sans cesse nous renouvelle et jamais ne s'épuise ! » de Saint Thomas d'Aquin
La Méditation de Saint Thomas d'Aquin sur la Charité « Le précepte que le Seigneur donne, c'est celui de la Charité »
La Prière pour se sanctifier de Saint Thomas d'Aquin « Seigneur, rends-moi obéissant sans contradiction »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Seigneur, accorde-moi de connaitre la Vérité »
La Prière de Saint Thomas d'Aquin « Trinité sublime, j'ai péché contre Toi »
Et pour réciter notre Chapelet :
Le « Mystère Glorieux de la Pentecôte » avec Saint Thomas d'Aquin
Le « Mystère Lumineux des Noces de Cana » avec Saint Thomas d'Aquin
Le « Mystère Joyeux de l’Annonciation » avec Saint Thomas d'Aquin
Le « Mystère Douloureux du Portement de la Croix » avec Saint Thomas d'Aquin