Voici la Prière dans l’épreuve qui paraphrase le Psaume 85 sur le renouvellement et la ferveur dans le service de Dieu « Seigneur, considérez l'extrême danger où je me trouve, ayez pitié de moi et sauvez-moi ! » du Révérend Père Louis Le Valois (1639-1700), Prêtre jésuite, Recteur du Collège de Caen puis Père spirituel au Collège de Clermont à Paris nommé en 1697 Confesseur des petits-fils de Louis XIV.
La Prière dans l’épreuve « Seigneur, considérez l'extrême danger où je me trouve, ayez pitié de moi et sauvez-moi ! » du R. P. Louis Le Valois :
I. Seigneur, qui êtes grand, et qui ne méprisez pas les petits ; qui demeurez dans les lieux hauts, et qui ne négligez pas les choses les plus basses ; qui êtes assis sur la tête des rois de la terre et au-dessus même des Chérubins dans le Ciel, mais qui ne dédaignez pas de regarder les pauvres et les pécheurs jusque dans l'abîme de leur pauvreté et de leurs péchés : Grand Dieu, quoique je sois le dernier des hommes, quoique je sois un pécheur, daignez jeter les yeux sur moi, et que ma misère, bien loin de Vous rebuter, soit un motif qui Vous porte à avoir pitié de moi et à m'exaucer. Ce ne sont pas des biens temporels que je Vous demande. Hélas ! Je n'en ai peut-être que trop. Mais que sont les biens temporels sans les biens spirituels ? Avoir tous les trésors et toutes les couronnes du monde, et n'avoir point de Vertu, ou n'en avoir que très-peu, est-ce être riche, et n'est-ce pas au contraire être bien pauvre ? Voilà, Seigneur, ce qui me presse de recourir à Vous ; c'est que je suis pauvre en toutes vertus ; c'est que, pour la vie de mon âme et pour mon salut éternel, j'ai un extrême besoin de ces mêmes vertus qui me manquent, et que Vous êtes enfin le seul qui me les pouvez donner.
II. Ne permettez pas, mon Dieu, que ma pauvreté me fasse mourir : conservez-moi la vie surnaturelle que j'ai reçue de Vous ; faites que mon âme devienne tous les jours plus vive et plus ardente à Vous obéir et à Vous servir ; qu'elle devienne tous les jours plus attentive à votre présence, à votre grandeur, à vos bontés, à vos volontés. Vous m'avez choisi, consacré et attaché à Vous par le Sacrement du Baptême et par Celui de la Confirmation. Toutes les fois que Vous venez en moi par la Communion, Vous venez chez Vous ; et Vous n'y venez point, que Vous ne me consacriez encore tout de nouveau, et que Vous ne m'attachiez plus parfaitement à votre divine Personne. Si je suis quelque chose, Seigneur, tout ce que je suis, je le tiens de Vous ; et par conséquent si je suis quelque chose, tout ce que je suis est un bien qui Vous appartient, et qui est à Vous. Sauvez-moi donc, mon Dieu, et conservez-moi pour votre propre intérêt. Sanctifiez-moi pour votre gloire ; sanctifiez toutes mes pensées, tous mes désirs, toutes mes paroles, toutes mes actions. Je ne puis Vous faire une prière plus digne de Vous, et que Vous soyez plus disposé à écouter favorablement, surtout quand elle est accompagnée d'une aussi ferme espérance que la mienne.
III. Les plaisirs du monde et les biens de la terre ne me touchent point : les créatures sont incapables de me soutenir, ou de me rendre heureux ; je n'y mets, ni ma félicité, ni mon repos, ni ma consolation, ni ma force. Je tâche d'élever mon âme jusqu'à Vous. Je tourne vers Vous toutes mes vues : mon esprit n'est occupé que de Vous, Vous êtes tout l'amour et toute l'ambition de mon cœur ; et comme j'attends tout de Vous seul, c'est à Vous et à Vous seul aussi que je m'adresse pour implorer votre assistance. Seigneur, ayez pitié de moi. Ayez égard à mes larmes et à mes gémissements, à mes prières et à mes vœux. Faites que je trouve en Vous ce que je ne puis ni ne veux trouver hors de Vous. Donnez-moi cette joie spirituelle et cette ferveur qui réveille une âme, qui la fortifie, et qui la fait avancer dans vos voies avec un courage infatigable et une sainte allégresse.
IV. Souvenez-Vous que Vous êtes infiniment bon et miséricordieux, ou plutôt que Vous êtes la bonté et la miséricorde même ; non-seulement envers ceux qui Vous ont toujours été fidèles, non-seulement envers les Saints, mais envers les pécheurs pénitents et généralement envers tous ceux qui Vous invoquent. Je me prosterne devant Vous, mon Dieu : je Vous invoque dans les peines de cette vie, qui n'est qu'un jour par sa brièveté, et un jour d'affliction par la douleur que j'ai de Vous offenser si souvent et de faire si peu de choses pour Vous. Jusqu'à quand demeurerai-je dans un état de tiédeur et même de péché qui Vous déshonore et qui me condamne ? C'est sur cela que je redouble mes vœux et je le fais avec d'autant plus de confiance, que j'ai déjà bien des fois éprouvé que Vous y êtes très-sensible, et qu'on ne Vous prie point en vain. Exaucez-moi donc encore aujourd'hui, Seigneur, et accordez-moi la Grâce que je Vous demande. Aidez-moi à me relever de mes chutes, à sortir de la langueur où je vis, à reprendre une nouvelle ardeur dans votre service, et à faire sans cesse de nouveaux progrès.
V. Quel Dieu est semblable à Vous entre tous les dieux de la gentilité ? N’ont-ils jamais rien fait qui approche de la grandeur de vos ouvrages ? Ce sont des corps sans âme : ils ont des yeux et ils ne voient point ; ils ont des oreilles et ils n'entendent point ; ils ont des mains et ils n'agissent point (Psal. CXIII, 5-7). Ils ne peuvent ni récompenser ni punir ; ils n'ont nul sentiment ni des sacrifices qu'on leur offre ni des outrages qu'on leur fait ; ils ne connaissent ni ceux qui les adorent ni ceux qui les méprisent : les hommes les ont formés ; et les mêmes hommes, quand il leur plaît, les brisent et les jettent au feu. Grand Dieu, que ces vaines idoles Vous ressemblent mal ! Vous êtes indépendant, et tout dépend de Vous. Personne ne Vous peut rien donner, et personne ne Vous peut rien ôter. Vous voyez tout sans yeux, Vous entendez tout sans oreilles, Vous faites tout sans mains : Vous connaissez vos amis et vos ennemis ; les uns et les autres sont également en votre pouvoir ; Vous punissez ceux-ci et Vous les condamnez à des supplices éternels ; Vous récompensez ceux-là et Vous les appelez à une gloire et à une béatitude éternelles ; Vous faites éclater votre puissance par une infinité de merveilles, et Vous faites encore de plus grandes merveilles pour faire éclater votre amour. Aussi n'est-il pas possible que le culte des faux dieux ne finisse, et que le Vôtre ne dure toujours. Les peuples idolâtres reconnaîtront tôt ou tard la faiblesse de leurs idoles et la grandeur infinie de votre Être. Honteux d'avoir adoré des divinités imaginaires, ils les abandonneront, ils viendront s'humilier comme moi devant Vous, ils glorifieront votre saint Nom ; ils confesseront ce que je confesse de tout mon cœur, que Vous seul êtes souverainement grand, que Vous faites des choses admirables et impossibles à tout autre qu'à Vous ; que vous êtes Dieu enfin, et qu'il ne peut y avoir d'autre Dieu que Vous.
VI. Tout grand que Vous êtes, mon Dieu, tout petit et tout méprisable que je suis, Vous ne dédaignez pas de Vous appliquer à ma conduite. Faites-moi entrer non pas dans la voie du monde corrompu, non pas dans cette voie large qui mène à la perdition ; mais dans votre voie, dans cette voie étroite que Vous nous avez tracée par vos instructions et par vos exemples, et qui mène à la vie éternelle. Soutenez-moi et conduisez-moi dans cette voie salutaire. Éclairez mon esprit, de sorte qu'il soit toujours soumis aux vérités de la foi et aux maximes de votre morale. Gouvernez mon cœur et gagnez-le par l'onction de votre Grâce, de sorte que j'aime à pratiquer votre Loi, et que je Vous serve avec autant de plaisir que de fidélité et de respect, avec un juste tempérament d'amour et de crainte. Quelque accès que Vous me donniez auprès de Vous, et de quelques faveurs qu'il Vous plaise de me gratifier, je n'oublierai jamais que Vous êtes mon Seigneur, et que je suis votre esclave ; que Vous êtes mon Dieu, et que je ne suis qu'un néant ; que Vous êtes saint, et que je suis un pécheur ; qu'au lieu d'être reçu au rang de vos serviteurs, je devrais être éternellement séparé de Vous et précipité parmi les damnés dans l'Enfer. Je Vous remercierai de ce que je n'y suis pas encore tombé ; je Vous en rendrai toute la gloire ; je le confesserai dans mon cœur, je le dirai même hautement et avec toute la reconnaissance dont je suis capable : Seigneur, que votre miséricorde a été grande sur moi ! Vous m'avez tiré du fond de l'abîme.
VII. Le souvenir de mes péchés et les funestes expériences que j'ai de ma fragilité, me tiendront à l'avenir dans une vigilance continuelle. Comment ne tremblerais-je pas, mon Dieu, parmi tant de tentations et de périls ? Les puissances infernales conjurées à la perte de mon âme, m'attaquent sans relâche, et n'omettent rien pour m'entraîner au mal. Le monde est encore un ennemi pour moi plus dangereux que les Démons mêmes. Mon cœur, mes passions, tous mes sens se soulèvent contre moi, et Vous savez combien il est difficile d'en arrêter les révoltes.
VIII. Ah, mon Dieu ! Dieu de grâce, Dieu d'amour, qui êtes fidèle et vrai dans toutes vos promesses ; et qui m'avez promis de me secourir dans tous mes besoins. Seigneur, considérez l'extrême danger où je me trouve, et soyez-en touché. Considérez que ces ennemis qui m'obsèdent sont les Vôtres ; qu'ils ne m'attaquent que parce qu'ils ne Vous aiment point, et parce qu'ils ne peuvent souffrir que je Vous aime. Sauvez-moi, mon Dieu ; donnez-moi la force de les vaincre. En combattant pour moi, се sera pour Vous que Vous combattrez ; en me donnant l'avantage sur eux et en me sauvant, Vous sauverez, si je l'ose dire, votre gloire. Imprimez sur mon visage et faites paraître dans mes discours et dans toute ma conduite une horreur déclarée du péché, une détermination entière à votre service ; un air qui impose silence aux libertins, qui les déconcerte, qui leur fasse perdre et l'espérance de me corrompre et l'envie de me tenter ; qui les confonde enfin, et qui leur fasse sentir que Vous êtes avec moi, que je puis tout avec Vous, et que Vous me faites trouver dans la pratique de mes devoirs des consolations mille fois plus douces que les faux plaisirs dont ils sont enivrés. Ainsi soit-il.
R. P. Louis Le Valois (1639-1700) - « Collection intégrale et universelle des Orateurs Sacrés du Premier et du Second Ordre », Deuxième entretien sur le renouvellement et la ferveur dans le service de Dieu, Paraphrase du Psaume LXXXV, pages 726-730, chez J.P. Migne, 1866
Voir également du Révérend Père Louis Le Valois :
- La Prière sur la Conception de la Sainte Vierge « Ô Vierge Immaculée, Vous êtes conçue avec la Grâce et dans la Grâce » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le Très Saint Nom de Marie « Marie, ô Nom sous Lequel nul ne doit désespérer ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Annonciation de la Sainte Vierge « Ô Marie, c'est aujourd'hui que Vous devenez la Mère du Seigneur du Ciel » du R. P. Louis Le Valois
- La Paraphrase du Cantique de la Sainte Vierge « Ô Bienheureuse Vierge Marie, heureuse d'avoir été tout ensemble Mère et Vierge » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour l’Avent « Seigneur, j'irai au pied de Votre crèche pour connaître toute la profondeur de mes plaies » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Nativité de Notre Seigneur « Ô Amour efficace, puisqu'Il Vous fait descendre du Ciel même pour nous ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Foi des Rois Mages à l’Épiphanie « Ô Seigneur Jésus, comblez-nous des mêmes trésors, conduisez-nous par la même route et faites-nous parvenir à la même fin » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Présentation de Jésus-Christ au Temple « Voici, mon Père, la Victime que Vous attendiez depuis tant de siècles » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Passion de Notre Seigneur « Seigneur, par les Mérites de votre Croix, accordez-moi la Grâce de Vous aimer comme Vous m'avez aimé » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Résurrection de Notre Seigneur « Heureuse nouvelle pour moi, Seigneur, Vous êtes Ressuscité ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Ascension de Notre Seigneur « Souvenez-Vous, Seigneur, de ne nous pas laisser sur la terre comme des orphelins, sans secours, sans soutien et sans appui » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête de la Pentecôte « Venez, Esprit-Saint, sanctifiez-moi comme Vous êtes Saint » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête de la Sainte Trinité « Au nom du Père qui m’a créé, au nom du Fils qui m'a racheté, et au nom du Saint-Esprit qui m’a sanctifié » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête du Très Saint-Sacrement « Ô Saint Sacrement de l’Autel, Vous nous permettez de nous entretenir avec Vous, de Vous y parler avec confiance et de Vous y parler même avec une espèce de familiarité » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour le Dimanche de l'Octave du Saint-Sacrement « Ô Jésus, ô mon Roi, ô souverain Maître du monde et de tout le monde » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour le Jour de l'Octave du Saint-Sacrement « Ô Jésus, notre Seigneur et Juge sévère après la mort mais si miséricordieux et si bon pendant la vie » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Assomption de la Sainte Vierge « Jouissez, Vierge incomparable, d'une Gloire qui Vous est si légitimement acquise » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le renouvellement des Vœux de Religion « Seigneur, donnez-Vous à moi comme je me donne à Vous » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière d'une âme pénitente « Reprenez-moi et châtiez-moi, Seigneur, humiliez mon orgueil et faites souffrir mon amour-propre » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière dans l’épreuve « Seigneur, considérez l'extrême danger où je me trouve, ayez pitié de moi et sauvez-moi ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur les Grandeurs de Dieu « Seigneur, que votre Nom est en Lui-même admirable » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le Psaume 22 « Ô Bon Pasteur, Vous m'avez fait entrer et Vous me retenez dans votre Église comme dans un grand et riche pâturage » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Présence de Dieu dans notre vie « Ô Seigneur, Vous voyez toutes mes pensées de bien loin puisque Vous les voyez avant que je commence à les former » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière d'une âme pieuse dans la Maison de Dieu « Que j'aime, ô mon Dieu, vos Tabernacles et vos Autels où Vous résidez sur la terre ! » du R. P. Louis Le Valois