Voici la Prière lors de l’un des Pèlerinages à Chartres « Étoile de la mer, nous naviguons vers Votre cathédrale » de Charles Péguy (1873-1914), écrivain, poète et essayiste français qui n'aurait jamais communié adulte et n'aurait reçu les sacrements qu'un mois avant sa mort, le 15 août 1914, à Loupmont, alors qu'il était sous l'uniforme. Charles Péguy qui lors de son pèlerinage à Notre-Dame de Chartres du 25 au 28 juillet 1913 a écrit : « … J'ai tant souffert et tant prié… Mais j'ai des trésors de grâce, une surabondance de grâce inconcevable… »
La Prière de Charles Péguy en pèlerinage à Chartres « Étoile de la mer, nous naviguons vers Votre cathédrale » :
« Étoile du matin, inaccessible Reine,
Voici que nous marchons vers Votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Ainsi nous naviguons vers Votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.
Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de Votre grâce ont fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.
Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours.
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches...
Nous sommes nés pour Vous au bord de ce plateau,
Dans le recourbement de notre blonde Loire,
Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire
N’est là que pour baiser Votre auguste manteau.
Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers Votre assomption la flèche unique au monde.
Tour de David, voici Votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans Votre couronne.
Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la Croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La Flèche irréprochable et qui ne peut faillir.
C’est la Pierre sans tache et la Pierre sans faute,
La plus haute Oraison qu’on ait jamais portée,
La plus droite Raison qu’on ait jamais jetée,
Et vers un ciel sans bord la Ligne la plus haute ».
Ainsi soit-il.
Charles Péguy (1873-1914)
Voir également de Charles Péguy :
La Prière Mariale de Charles Péguy « Il y a des jours où les patrons et les saints ne suffisent pas ! »
La Prière de Charles Péguy en pèlerinage à Chartres « Étoile de la mer, nous naviguons vers Votre cathédrale »
La Prière de Charles Péguy à Eve « Ô mère ensevelie dans le premier jardin »
La Prière sur Dieu de Charles Péguy « C’est Moi ! N'ayez pas peur ! »
La Prière de Charles Péguy « Récite ton chapelet »
La Prière du Soir de Charles Péguy « Dieu a dit : je n'aime pas celui qui ne dort pas »
La Prière de Charles Péguy « La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance »
La Prière de Charles Péguy « Rien n’est beau comme un enfant qui s’endort en faisant sa prière, dit Dieu »
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