Voici la Prière « Sois propice, ô divin Pédagogue, à Tes petits enfants » de Saint Clément d'Alexandrie (v.150-v.215), Père de l'Église, Premier Lettré grec chrétien qui chercha à harmoniser la pensée grecque et le christianisme, et la « Catéchèse de Benoît XVI » sur Saint Clément d'Alexandrie.
La Prière « Sois propice, ô divin Pédagogue, à Tes petits enfants » de Saint Clément d'Alexandrie :
« Sois propice, ô divin Pédagogue, à Tes petits enfants, ô Père, guide d'Israël, Père et Fils tout à la fois, Seigneur. Donne-nous qu'en suivant Tes préceptes, nous atteignions la ressemblance de l'Image, et que, selon nos forces, nous éprouvions la Bonté de Dieu, et non point la vindicte du Juge. Accorde-nous de vivre tous dans ta paix, de passer en Ta cité, de traverser avec calme les eaux du péché, paisiblement portés par le Saint-Esprit, ta Sagesse ineffable. Donne-nous de Te chanter un cantique d'action de grâces, nuit et jour, et jusqu'au dernier jour. Reçois notre louange, ô seul Père et Fils, ô Fils et Père, Fils, notre Pédagogue et Maître, avec le Saint-Esprit. Tout est à l'Unique, en qui tout est, par qui tout est un, par qui est l'éternité, dont nous sommes tous membres ; à Lui la gloire dans les siècles ! Tout est au Dieu bon, tout au Dieu beau, tout au Dieu sage, tout au Dieu juste. A Lui la gloire et maintenant et dans les siècles des siècles ! Amen. »
Saint Clément d'Alexandrie (v.150-v.215)
Voir également de Saint Clément d'Alexandrie :
La Catéchèse de Benoît XVI sur « Saint Clément d'Alexandrie »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Sois propice, ô divin Pédagogue, à Tes petits enfants »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Seigneur, nous désirons Te recevoir »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Je veux sans crainte m'approcher de Toi »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Chantons tous ensemble le Dieu de la Paix »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Quel riche peut être sauvé ? »
L’Hymne du matin de Saint Clément d'Alexandrie « Nous Te saluons, ô Lumière ! »
Chers frères et sœurs !
Après le temps des fêtes, nous revenons aux catéchèses habituelles, même si apparemment, il règne encore un climat de fête sur la Place. Avec les catéchèses, nous revenons, comme je l'ai dit, au filon commencé auparavant. Nous avons tout d'abord parlé des douze apôtres, puis des disciples des apôtres, et à présent des grandes personnalités de l'Eglise naissante, de l'Eglise antique. Dans la dernière, nous avions parlé de saint Irénée de Lyon, nous parlons aujourd'hui de Saint Clément d'Alexandrie, un grand théologien qui naquit probablement à Athènes vers le milieu du deuxième siècle. Il hérita d'Athènes cet intérêt prononcé pour la philosophie, qui devait faire de lui l'un des hérauts du dialogue entre foi et raison dans la tradition chrétienne. Encore jeune, il rejoignit Alexandrie, la « ville symbole » de ce carrefour fécond entre différentes cultures qui caractérisa l'époque hellénistique. Il y fut le disciple de Pantène, jusqu'à lui succéder dans la direction de l'école catéchétique. De nombreuses sources attestent qu'il fut ordonné Prêtre. Au cours de la persécution de 202-203, il quitta Alexandrie pour se réfugier à Césarée, en Cappadoce, où il mourut vers 215.
Les œuvres les plus importantes qui nous restent de lui sont au nombre de trois : le Protreptique, le Pédagogue et les Stromates. Même s'il ne semble pas que cela fût l'intention originelle de l'auteur, le fait est que ces écrits constituent une véritable trilogie, destinée à accompagner de manière efficace la maturation spirituelle du chrétien.
Le Protreptique, comme le dit la parole elle-même, est une « exhortation » adressée à celui qui commence et cherche le chemin de la foi. Mieux encore, le Protreptique coïncide avec une Personne : le Fils de Dieu, Jésus Christ, qui se fait « l’exhortateur » des hommes, afin qu'ils entreprennent de manière décidée le chemin vers la Vérité.
Jésus Christ lui-même se fait ensuite Pédagogue, c'est-à-dire « l'éducateur » de ceux qui, en vertu du Baptême, sont désormais devenus des fils de Dieu.
Enfin, Jésus Christ est aussi Didascalo, c'est-à-dire le « Maître » qui propose les enseignements les plus profonds. Ceux-ci sont rassemblés dans la troisième œuvre de Clément, les Stromates, parole grecque qui signifie « tapisseries » : il s'agit, en effet, d'une composition non systématique de thèmes divers, fruit direct de l'enseignement habituel de Clément.
Dans son ensemble, la catéchèse clémentine accompagne pas à pas le chemin du catéchumène et du baptisé pour que, avec les deux « ailes » de la foi et de la raison, ils parviennent à une profonde connaissance de la Vérité, qui est Jésus Christ, le Verbe de Dieu. Seule cette connaissance de la personne, qui est la vérité, est la « véritable gnose », l'expression grecque qui signifie connaissance, intelligence. C'est l'édifice construit par la raison sous l'impulsion d'un principe surnaturel. La foi elle-même édifie la véritable philosophie, c'est-à-dire la véritable conversion dans le chemin à prendre dans la vie. Donc, la « gnose » authentique est un développement de la foi, suscité par Jésus Christ dans l'âme qui est unie à Lui. Saint Clément d'Alexandrie distingue ensuite deux degrés de la vie chrétienne. Premier degré : les chrétiens croyants, qui vivent la foi de manière commune, mais toujours ouverte aux horizons de la sainteté. Et ensuite, le deuxième degré : les « gnostiques », c'est-à-dire ceux qui conduisent déjà une vie de perfection spirituelle; dans tous les cas, le chrétien doit partir de la base commune de la foi, à travers un chemin de recherche, il doit se laisser guider par le Christ, et ainsi parvenir à la connaissance de la Vérité et des vérités qui forment le contenu de la foi. Cette connaissance - nous dit Saint Clément d'Alexandrie - devient dans l'âme une réalité vivante : ce n'est pas seulement une théorie, c'est une force de vie, c'est une union d'amour transformatrice. La connaissance du Christ n'est pas seulement pensée, mais elle est amour qui ouvre les yeux, transforme l'homme et crée la communion avec le Logos, avec le Verbe divin, qui est vérité et vie. Dans cette communion, qui est la parfaite connaissance et qui est amour, le chrétien parfait atteint la contemplation, l'unification avec Dieu.
Saint Clément d'Alexandrie reprend en fin de compte la doctrine selon laquelle la fin ultime de l'homme est de devenir semblable à Dieu. Nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, mais cela est aussi un défi, un chemin; en effet, le but de la vie, la destination ultime, est vraiment de devenir semblable à Dieu. Cela est possible grâce à la connaturalité avec Lui, que l'homme a reçue au moment de la création, en vertu de laquelle il est déjà en lui-même - déjà en lui-même - l'image de Dieu. Cette connaturalité permet de connaître les réalités divines, auxquelles l'homme adhère tout d'abord par foi et qui, à travers la foi vécue, la pratique de la vertu, peut croître jusqu'à la contemplation de Dieu. Ainsi, dans le chemin de la perfection, Saint Clément d'Alexandrie ajoute à l'exigence morale autant d'importance qu'il en attribue à l'exigence intellectuelle. Les deux vont de pair, car on ne peut pas connaître sans vivre et on ne peut pas vivre sans connaître. L'assimilation à Dieu et sa contemplation ne peuvent être atteintes à travers la seule connaissance rationnelle : dans ce but, une vie selon le Logos est nécessaire, une vie selon la vérité. Par conséquent, les bonnes œuvres doivent accompagner la connaissance intellectuelle comme l'ombre suit le corps.
Deux vertus enrichissent en particulier l'âme du « véritable gnostique ». La première est la liberté vis-à-vis des passions (apátheia); l'autre est l'amour, la véritable passion, qui assure l'union intime avec Dieu. L'amour donne la paix parfaite, et met le « véritable gnostique » en mesure d'affronter les plus grands sacrifices, même le sacrifice suprême, à la suite du Christ, et le fait monter degré après degré jusqu'au sommet des vertus. Ainsi, l'idéal éthique de la philosophie antique, c'est-à-dire la libération vis-à-vis des passions, est redéfini et conjugué avec amour par Saint Clément d'Alexandrie, dans le processus incessant d'assimilation à Dieu.
De cette façon, l'Alexandrin crée la deuxième grande occasion de dialogue entre l'annonce chrétienne et la philosophie grecque. Nous savons que saint Paul à l'Aréopage, à Athènes, où Clément est né, avait effectué la première tentative de dialogue avec la philosophie grecque - qui avait été en grande partie un échec -, mais ils lui avaient dit : « Nous t'écouterons une autre fois ». A présent, Saint Clément d'Alexandrie reprend ce dialogue et l'ennoblit au plus haut degré dans la tradition philosophique grecque. Comme l'a écrit mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II dans l'Encyclique Fides et ratio, Clément d'Alexandrie parvient à interpréter la philosophie comme « une instruction propédeutique à la foi chrétienne » (n. 38). Et, de fait, Saint Clément d'Alexandrie est arrivé au point de soutenir que Dieu aurait donné la philosophie aux Grecs « comme un Testament qui leur est propre » (Strom. 6, 8, 67, 1). Pour lui, la tradition philosophique grecque, presque comme la Loi pour les Juifs, est un lieu de « révélation », ce sont deux courants qui, en définitive, vont vers le Logos lui-même. Ainsi, Clément continue à indiquer avec décision le chemin de celui qui entend « donner raison » de sa propre foi en Jésus Christ. Il peut servir d'exemple aux chrétiens, aux catéchistes, aux théologiens de notre époque, à qui Jean-Paul II, dans la même Encyclique, recommandait de « reprendre et mettre en valeur le mieux possible la dimension métaphysique de la vérité afin d'entrer ainsi dans un dialogue critique et exigeant avec la pensée philosophique contemporaine ».
Nous concluons, en faisant nôtres quelques expressions de la célèbre « prière au Christ Logos », avec laquelle Saint Clément d'Alexandrie conclut son Pédagogue. Il supplie ainsi : « Montre-toi propice à tes fils… Accorde-nous de vivre dans ta paix, d’être transférés dans ta ville, de traverser les flots du péché sans y être submergés, d’être transportés au calme auprès de l’Esprit Saint et de la Sagesse ineffable ; nous, qui de nuit et de jour, jusqu’au dernier jour, chantons un chant d’action de grâce à l’unique Père… au Fils pédagogue et maître, avec l’Esprit Saint. Amen ! » (Ped. 3, 12, 101).
Benoît XVI
Voir également de Saint Clément d'Alexandrie :
La Catéchèse de Benoît XVI sur « Saint Clément d'Alexandrie »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Sois propice, ô divin Pédagogue, à Tes petits enfants »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Seigneur, nous désirons Te recevoir »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Je veux sans crainte m'approcher de Toi »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Chantons tous ensemble le Dieu de la Paix »
La Prière de Saint Clément d'Alexandrie « Quel riche peut être sauvé ? »
L’Hymne du matin de Saint Clément d'Alexandrie « Nous Te saluons, ô Lumière ! »