Voici la Prière devant le Très Saint Sacrement de l’Autel « Ô Jésus, je ne suis pas digne de paraître devant Vous mais Vous pouvez m’en rendre digne » de Monsieur l’Abbé Nicolas Le Tourneux (1640-1686) ordonné Prêtre à vingt-deux ans, Vicaire dans une paroisse de Rouen puis Confesseur officiel de Port-Royal et enfin Prieur de Villers-sur-Fère dans le diocèse de Soissons.

La Prière devant le Saint Sacrement « Ô Jésus, je ne suis pas digne de paraître devant Vous mais Vous pouvez m’en rendre digne » de l’Abbé Le Tourneux :

« Ô Jésus, qui avez bien voulu être Présent aux yeux de notre Foi, non-seulement par la Présence de votre Divinité qui est partout, mais encore par Celle de votre Humanité Sainte, qui est assise à la droite du Père dans le Ciel, et qui est exposée sur les Autels dans la terre : recevez favorablement les hommages de toute votre Église, et les miens en particulier. Je ne suis pas digne de paraître devant Vous, mais Vous pouvez m’en rendre digne. Il faut être pur, et je ne le suis pas ; mais Vous n'avez pas rejeté le Lépreux, qui tout souillé de sa lèpre, qui était la figure du péché, Vous adora, et obtint sa guérison en Vous disant : « Si Vous voulez, Vous pouvez me purifier ». Je Vous dis la même chose, ô mon Dieu ; je ne viens pas devant Vous parce que je suis pur, mais afin de l'être. Je Vous adore comme le Lépreux, pour obtenir ma guérison ; et quand je serai guéri, Vous me ferez la Grâce de Vous adorer comme ce Lépreux reconnaissant, pour Vous rendre Grâces, et Vous demander un bon usage de la santé que Vous m'aurez rendue. C'est par l'amour qu'on Vous adore, ô mon divin Sauveur ! Donnez-moi donc l'amour, afin que je Vous adore comme il faut. Me voilà devant cette même Humanité aux pieds de laquelle une pécheresse trouva le Salut, parce qu'elle aima. Vous étiez à table, et elle Vous y vint trouver, non pour s'y asseoir avec Vous, elle connaissait trop bien son indignité, mais pour Vous arracher par la force de ses larmes, et par le feu de sa charité, le Pardon de ses péchés. Rendez mon adoration aussi fructueuse que la sienne. Me voilà devant vôtre Autel qui est Votre table ; donnez-moi, Seigneur, donnez-moi des larmes qui arrosent Votre chair ; donnez-moi un Amour ardent qui éteigne le feu de mes vices et de mes concupiscences ; donnez-moi une Foi à laquelle Vous accordiez mon Salut. Ô Jésus, qui avez reçu si favorablement l'adoration secrète de cette femme malade d'une perte de sang, qui se contenta de toucher le bas de Votre vêtement ; recevez les hommages que je viens Vous rendre aux pieds de vos Autels ; que mon adoration le fasse sentir à Votre divine Miséricorde, comme Vous avez senti l'attouchement de cette femme au milieu d'une foule qui Vous accablait. Ô Chair adorable, dont Il est sorti une Vertu puissante, perte de sang de celle qui touchait avec tant de foi la frange de votre Robe ; faites que je Vous presse avec la même Foi, et que je fasse sortir de Vous cette Vertu qui doit arrêter le cours de mes concupiscences ».

Ainsi soit-il.