Voici une Prière de plainte amoureuse face aux injustices « Ô mon doux Maître, comment permettez-Vous si souvent que je sois méprisé, injurié, outragé par ceux qui m'entourent ? » du Bienheureux Révérend Père Henri Suso (1295-1365), entré à l'âge de 13 ans chez les Dominicains de Constance, puis à Cologne en 1323 et enfin dans le Couvent d'Ulm en Allemagne qui fut béatifié par le Pape Grégoire XVI.
La Prière d’Henri Suzo « Ô mon doux Maître, comment permettez-Vous si souvent que je sois méprisé, injurié, outragé par ceux qui m'entourent ? » :
« Ô mon doux Maître, Vous qui êtes le Père de tous les hommes, jetez les yeux sur Votre pauvre serviteur, et veuillez, je Vous en prie, Vous expliquer avec moi. Je sais bien que Votre souveraine Majesté n'a, envers moi, ni grandes ni petites obligations ; mais il me semble que votre Bonté infinie doit consoler les âmes affligées, et que Vous ne vous offenserez pas si un cœur accablé et abandonné espère en votre Grâce et Vous adresse ses plaintes. Seigneur, Vous connaissez toutes choses, et je puis invoquer Votre témoignage ; comment Vous ai-je servi ? N'ai-je point commencé dès le sein de ma mère à montrer un cœur tendre et sensible ? Ai-je jamais pu voir un de mes frères dans l'affliction sans être ému jusqu'au fond de moi-même ? Comment aurais-je donc pu contrister volontairement quelqu'un ? Ceux avec qui j'ai vécu le savent bien ; jamais je n'ai mal pensé de personne, jamais je n'ai mal interprété les actions des autres, je les ai toujours excusées au contraire, et, lorsque je n'ai pu le faire et en dire du bien, j'ai gardé le silence et je me suis éloigné. Quand j'ai su que quelqu'un avait été blessé dans son honneur, non-seulement j'en ai eu compassion, mais encore je me suis fait son ami pour qu'il recouvrât facilement l'estime qu'il avait perdue. Ne m'a-t-on pas appelé le père assuré des malheureux, l'ardent ami des amis de Dieu ? Tous les affligés qui se sont adressés à moi m'ont quitté joyeux et consolés, car je pleure avec ceux qui pleurent, je mêle mes gémissements à leurs gémissements, je les reçois tous avec une tendresse de mère, et je parviens toujours à leur rendre la joie et la tranquillité. Quand quelqu'un m'a offensé, je lui ai pardonné sur-le-champ, comme s'il n'avait pas eu l'intention de le faire. Mais pourquoi parler des hommes, puisque je n'ai jamais pu voir un animal, même un agneau, un insecte, souffrir sans en être véritablement ému, et sans Vous demander à Vous, mon Dieu, qui êtes Tout Puissant, de vouloir bien le soulager. Oui, tout être vivant a trouvé en moi un sentiment de tendresse et d'amour. Comment donc, miséricordieux Jésus, permettez-Vous si souvent que je sois méprisé, injurié, outragé par ceux qui m'entourent. Voyez, Seigneur, mon affliction, et consolez-moi, puisque Vous le pouvez ».
Ainsi soit-il.
Bienheureux Henri Suso (1295-1365)
Après Maître Eckart et Jean Tauler, Henri Suso est représentatif de l'Ecole de spiritualité Dominicaine des « Mystiques rhénans » du XIVe siècle. Elle garde la vision de l'univers que lui donne Saint Thomas, exalte le primat de la contemplation et, pour y arriver, le dépouillement progressif du sensible, la purification de ce qui agite et distrait, le regard sur le Christ, Vérité éternelle. Suso insiste sur l'union au Christ par la contemplation de ses perfections et de ses souffrances. Après lui, l'accent sera mis davantage sur l'affection que sur la connaissance : on cherche ce qui émeut, on s'applique à méditer les Plaies du Crucifié, les sept Douleurs de la Vierge : c'est l'ère des représentations tragiques de la Passion, des Pieta, des descentes de Croix... L'œuvre de Suso annonce déjà ce tournant à la fin du XIVe et au XVe siècle. Henri Suso est né sur les bords du lac de Constance, à la fin du XIIIe siècle. Un père mondain et violent, une mère douce et pieuse d'où lui vient cette nature tendre et aimante que nous trouvons dans ses écrits. Il entre chez les dominicains de Constance à l'âge de 13 ans. Pendant cinq ans il y mène une vie plutôt médiocre et relâchée et, à l'âge de 18 ans, ayant été favorisé d'une vision, il se convertit. Dès lors il se livre à de très rudes austérités pour réduire son corps en servitude, si bien qu'à 40 ans il était proche de la mort. Sur un signe du Très-Haut, il jeta dans le Rhin tous ses instruments de pénitence. Après ses premières études théologiques, on l'avait envoyé à Cologne où il connut Maître Eckart vers 1320-1325. Devenu lecteur, il revient à Constance de 1329 à 1336. Il y est lecteur conventuel, puis Prieur. Il y écrit, pour la défense d'Eckart, « Le livre de la vérité ». Cet ouvrage lui vaut de grands ennuis de la part du Chapitre provincial, puis du Chapitre général qui le dépose de sa charge priorale. Il reste alors dans son couvent et travaille à son « Livre de la Sagesse » dédié au Maître de l'Ordre sous le titre « L'Horloge de la Sagesse ». Il se donne également à la prédication dans toute la région. S'il a mis fin volontairement à ses mortifications corporelles, le Seigneur ne lui épargne pas les autres : il devient l'objet de calomnies et de détractions de toutes sortes. De nature extrêmement sensible et aimante, il se voit abandonné par plusieurs de ses amis. Il exerce pourtant un ministère très apprécié auprès de plusieurs couvents de religieuses dominicaines. C'est à l'une d'elles, Elisabeth Stagel, qu'il confie l'histoire de sa vie qu'elle mettra par écrit. Refusant d'obéir aux ordres schismatiques de Louis de Bavière, les dominicains quittent Constance et se réfugient à Diessenhoven. Suso est envoyé à Ulm. On ne sait que très peu de choses sur les dernières années de sa vie. Il y mourut en 1366 vers sa 70ème année. Le concile de Constance le considéra comme Bienheureux, mais sa béatification officielle est due à Grégoire XVI en 1831. Il nous reste de lui sa Vie, sous la forme que nous avons dite, avec quelques retouches postérieures à la révision qu'il en fit, le Livre de la Vérité, l'Horloge de la Sagesse, deux collections de lettres et quelques Sermons. Le succès du Livre de la Sagesse fut énorme : aux XIVe et XVe siècles, ce fut le livre le plus lu en Allemagne ; aucun autre n'est représenté par autant de manuscrits, pas même l'Imitation de Jésus-Christ.
Voir également du Bienheureux Henri Suso :
La Prière du Matin « Oh ! Très doux Jésus-Christ » du Bienheureux Henri Suso
La Prière du Bienheureux Henri Suso « Je louerai le Seigneur toute ma vie »
La Prière Mariale du Bienheureux Henri Suso « Mère de la Grâce et de la Miséricorde, prends-moi sous Ta protection »
La Prière du Frère Henri Suso « Seigneur, comme il T’en coûta cher de me sauver »
La Prière du Bienheureux Révérend Père Henri Suso « Seigneur, comme Tu m'as longtemps attendu »
La Prière du Bienheureux R. Père Henri Suso « Pour moi, Seigneur, la meilleure source de louange, c'est le souvenir de ta Bonté »
La Prière du Bienheureux Dominicain Henri Suso « Ô éternelle Sagesse, toute Belle et Lumineuse, mon âme T'a désirée cette nuit »
La Prière du Révérend Père Henri Suso « Fais de moi, seigneur, ce que Tu veux »
La Prière du Révérend Père Henri Suzo « Fais-Toi connaitre, Seigneur »
La Prière du Bx Henri Suso « Seigneur, je voulais chercher mon bonheur dans les créatures de ce monde »
La Prière du Bhx R. P. Henri Suso pour bien recevoir la Sainte Communion « Ô Maître, fais que mon âme Te savoure lorsqu'elle Te reçoit »
La Prière d’Henri Suzo « Ô mon doux Maître, comment permettez-Vous si souvent que je sois méprisé, injurié, outragé par ceux qui m'entourent ? »
La Prière d’Henri Suzo pour la conversion d’une religieuse « Dieu vous a faite si aimable et si gracieuse pour que vous vous donniez à Lui »
La Prière du Bienheureux Suzo pour son tatouage du saint Nom de Jésus sur son cœur « Ô mon Jésus, je Vous ai imprimé dans ma chair »