Voici une Prière pour la Fête de Saint Sylvestre le 31 décembre « Seigneur, en vue des Mérites de Saint Sylvestre, laissez-moi puiser dans le trésor des Indulgences ce qui est nécessaire à l'entière expiation de mes fautes », la vie de ce Saint Pape et quelques réflexions sur la fin de l'année de Monsieur l’Abbé Joseph Reynaud (1802-1881), Principal du Collège de Digne dans les Basses-Alpes puis Curé de Goncelin en Isère dans le Diocèse de Grenoble, auteur des « Méditations spéculatives et pratiques pour tous les jours de l'année » d’où est extraite cette Prière.
La Prière pour la Saint Sylvestre le 31 décembre « Seigneur, en vue des Mérites de Saint Sylvestre, laissez-moi puiser dans le trésor des Indulgences ce qui est nécessaire à l'entière expiation de mes fautes » de l’Abbé Joseph Reynaud :
Saint Sylvestre, destiné par la Providence à gouverner l'Église lorsqu'Elle commençait à triompher de ses persécuteurs, et dans les premières années de sa prospérité temporelle, eut Rome pour patrie. Il était fils de Rufin et de Juste. Il perdit son père de bonne heure. Sa vertueuse mère prit un grand soin de son éducation ; elle le mit sous la conduite de Charitius ou Carin, Prêtre aussi recommandable par sa Sainteté que par ses talents, afin qu'il le formât également à la science et à la piété. Sylvestre entra depuis dans le clergé de l'Église Romaine et fut ordonné Prêtre par le Pape Marcellin, avant les édits publiés par Dioclétien et par le César qu'il avait associé à l'empire. Sa conduite, dans les temps orageux, le fit universellement estimer. Il fut témoin du triomphe que la Croix remporta sur l'idolâtrie lorsque Constantin vainquit Maxence le 28 octobre 312.
Après la mort du Pape Melchiade, arrivée au mois de janvier de l'année 314, Sylvestre fut élu pour remplir la chaire de Saint Pierre. La même année il nomma quatre Légats, deux Prêtres et deux Diacres, pour le représenter au Concile que les Occidentaux tinrent à Arles. On y condamna le schisme des Donatistes, lequel subsistait depuis sept ans, ainsi que l'hérésie des Quartodécimans. On y fit aussi vingt-deux canons de discipline, qui regardaient des points très importants.
Le Concile étant encore assemblé écrivit au Pape une lettre respectueuse et lui adressa les décisions qu'il avait faites. Sylvestre les confirma et voulut qu'elles fussent publiées pour servir de règle à toute l'Église.
Nous lisons dans Socrate, dans Sozomène et dans Théodoret que Sylvestre n'ayant pu, à cause de son grand âge et de ses infirmités, assister en personne au Concile général qui se tint à Nicée, en 325, contre l'Arianisme, il y envoya ses Légats pour le représenter. Suivant Gélase de Cyzique, Osius tint la place de l'Évêque de Rome, avec deux Prêtres romains, Vitton et Vincent. Ils sont tous trois nommés parmi les Évêques qui souscrivirent le Concile. Socrate met aussi leurs noms avant ceux d'Alexandre, Patriarche d'Alexandrie et d'Eusthate, Patriarche d'Antioche.
Ce Saint Pape contribua beaucoup à la propagation du Christianisme, par le zèle qu'il montra pour l'accomplissement de tous ses devoirs. Il mourut le 31 décembre 333, après avoir siégé vingt et un an et onze mois. Il fut enterré dans le cimetière de Priscille. Saint Grégoire le Grand prononça sa neuvième Homélie sur les Évangiles, le jour de sa fête, et dans une église qui avait été dédiée sous son invocation par le Pape Symmaque. Le Pape Serge II transféra dans cette église le corps du Saint et l'y déposa sous le grand Autel.
RÉFLEXIONS SUR LA FIN DE L'ANNÉE
1er Point : Quels sentiments doit exciter la vue du passé ?
2e Point : Quelles résolutions doit faire naître la pensée de l'avenir ?
Préambule : Le temps passe avec une rapidité que rien n'arrête et entraîne tout dans les abîmes de l'Éternité. Comme un fleuve impétueux, il se hâte d'entrer dans le grand Océan, où il ensevelit tous les habitants de la terre. C'est en vain que les hommes veulent lutter contre sa force irrésistible : emportés malgré eux, ils suivent le torrent vainqueur et laissent à des enfants alarmés leurs fastueux projets et leurs chimériques espérances. La vie qu'ils s'efforcent de retenir leur échappe et les fuit, et la mort, à qui tout obéit, étend sur eux un sceptre de fer et les couvre de ses voiles funèbres.
Quelle folie, ô mon Dieu, de s'attacher aux honneurs, aux plaisirs et aux richesses d'un monde périssable ! Combien de crimes enfantés par cette triple concupiscence ! Que ne puis-je demeurer encore quelque temps ici-bas pour réparer le mal que j'y ai fait, et me rendre digne de la Couronne incorruptible que Vous placez sur la tête de vos Élus. Afin que le passé et l'avenir contribuent à ma Félicité éternelle, donnez-moi des Grâces de repentir et de bon propos. Venez au secours de ma faiblesse, et ne m'abandonnez pas à ma perversité.
1er POINT
Quels sentiments doit exciter la vue du passé ?
La reconnaissance, la douleur et le repentir tels sont les trois sentiments dont je dois être pénétré en considérant le passé. Que de Bienfaits ne m'avez-Vous pas accordés depuis que je suis au monde, et surtout pendant cette année, où j'ai eu tant de moyens de sauver mon âme et de la rendre digne du Ciel ? Il ne tenait qu'à moi d'en profiter, et j'en ai criminellement abusé ; ce n'est pas tout, j'ai fait moi-même et j'ai fait faire aux autres un grand nombre de péchés ; voilà, Seigneur, ce qui doit exciter ma reconnaissance, ma douleur et mon repentir. Je ne puis me rappeler sans attendrissement les Dons de toute espèce que j'ai reçus de Votre main libérale, tant du côté de la nature que de celui de la grâce. Vous avez pris soin de moi, Seigneur ; Vous m'avez conservé la vie de préférence à beaucoup d'autres que Vous avez cités à votre Tribunal redoutable.
Ils ne sont plus, et leur sort est décidé pour toujours. Encore que Vous ne m'ayez pas exempté de toutes les misères de la vie, Vous les avez adoucies à mon égard, et j'ai été aussi heureux que puisse l'être l'enfant d'un père coupable. Les adversités que Vous m'avez envoyées sont des preuves non équivoques de votre persévérante Bonté. En éprouvant ma vertu, Vous avez purifié mon cœur et m'avez détaché des biens fragiles de cette terre d'exil. N'eussé-je obtenu de votre Providence que le vêtement et la nourriture, je devrais, à l'exemple de l'Apôtre, être pleinement satisfait : Habentes alimenta et quibus tegamur, his contenti simus (1 Timoth. 6, 8).
Mais vos Faveurs ne se sont pas bornées au strict nécessaire ; elles ont dépassé la mesure de mes besoins ; j'ai eu du superflu, tandis que plusieurs ont vécu dans l'indigence sans avoir de quoi se nourrir eux et leurs familles. Les Dons de la Grâce ont accompagné ceux de la nature, et rien ne m'a manqué dans l'ordre du Salut. Votre Loi tant dogmatique que morale m'a été mise sous les yeux ; j'ai eu le temps de la méditer et d'en savourer la douceur. Vous m'avez rappelé mes devoirs et m'avez fait connaître des choses dont je n'avais aucune idée. Que de bonnes pensées, que de pieux désirs, que de généreux sentiments excités par la puissance de la Grâce intérieure !
Mais, hélas ! Je vois avec douleur que, loin d'en profiter, pour m'avancer dans les voies de la Piété Chrétienne, j'en ai fait un abus déplorable. Je me suis servi de vos Grâces pour Vous offenser avec plus de hardiesse, et j'ai tourné contre Vous vos propres Bienfaits. Ma santé, ma fortune, et les autres dons, n'ont servi qu'à m'inspirer de l'orgueil, et je ne vous ai point rapporté la Gloire qu'ils m'ont procurée aux yeux du monde. J'ai méconnu la Source des biens naturels et surnaturels, et je me suis tout attribué à moi-même. Est-il surprenant que mes iniquités se soient multipliées au-dessus des cheveux de ma tête, et que j'aie manqué si souvent aux bonnes résolutions que votre Grâce m'avait inspirées ?
Changez-Vous, mes yeux, en deux ruisseaux de larmes ; laissez couler cette eau salutaire que Vous fournit un cœur rempli de la douleur la plus profonde. Voyez, Seigneur, la vivacité de mon repentir, ayez égard à ces soupirs, à ces sanglots qui montent jusqu'au pied de votre Trône. Mon âme se noie dans un torrent d'amertume ; si Vous l'abandonnez, c'en est fait, je succombe sous le poids de l'affliction. Quel malheur pour moi d'avoir vécu dans l'oubli de mes devoirs et dans le dérèglement de mes passions ! J'ai quitté le sentier de la Vérité et me suis engagé dans le chemin de l'erreur.
Victime du monde et de ses faux plaisirs, je condamne, mais trop tard, les excès de ma vie ; le passé, en me montrant que je dois me laisser aller à la reconnaissance pour les Bienfaits reçus, à la douleur et au repentir à cause de l'abus que j'en ai fait et des crimes que j'ai commis, me jette dans de vives alarmes ; envoyez-moi un rayon d'Espérance, afin que l'avenir répare le passé.
2º POINT
Quelles résolutions doit faire naître la pensée de l'avenir ?
Réparer le temps perdu, en en faisant un meilleur emploi, éviter les péchés que l'on a commis et s'exercer à l'acquisition des Vertus dont on a négligé la pratique, telles sont les résolutions que doit faire naître la pensée d'un avenir précieux en lui-même et incertain dans sa durée. Le temps est d'un grand prix et d'une brièveté encore plus grande ; deux motifs bien puissants qui m'engagent à réparer sans délai la perte que j'en ai faite.
Le temps est un Don de Votre main bienfaisante ; il est au-dessus des mérites d'un pécheur tel que moi, qui en ai si déplorablement abusé. Au moyen du temps, je puis effacer mes crimes, rentrer en grâces avec Vous et me rendre digne du brillant héritage réservé aux enfants de bénédiction. Un seul instant suffit pour obtenir la rémission des péchés, la révocation de la sentence de mort que Vous prononcez contre tous ceux qui Vous outragent d'une manière grave. Le temps nous échappe insensiblement sans que nous puissions ni l'arrêter ni le fixer ; il disparaît comme une légère vapeur et comme un éclair qui va de l'Orient à l'Occident.
Les jours de l'homme sont courts, dit le Saint homme Job : breves dies hominis sunt (Job XIV, 5). Puisque le temps est d'un prix rare et d'une brièveté étonnante, je dois m'appliquer à en réparer la perte sans délai. On perd son temps lorsqu'on ne fait rien, lorsqu'on fait mal ce qu'on est obligé de faire et lorsqu'on ne fait pas ce qu'on doit faire pour remplir dignement ses fonctions.
J'emploierai donc bien mon temps, donnant au travail ce qui convient au travail et à la prière ce qui convient à la prière. Je ferai toutes mes actions du mieux qu'il me sera possible ; je ne m'occuperai que de celle dont il s'agira actuellement, et j'y donnerai toute mon attention, ayant soin de la rapporter à votre Gloire, ô mon Dieu, et de la rendre méritoire du Salut Éternel.
Chacun doit remplir les obligations de sa charge ; il ne sert de rien de faire beaucoup de choses, si on ne fait pas ce qu'on doit faire. Un père et une mère ont leurs obligations particulières ; un magistrat, un Prêtre et un Religieux ont les leurs. Si l'on veut faire sans crime des choses de surérogation, il faut auparavant s'acquitter avec exactitude de ce qui concerne la place que l'on occupe.
Vous ne nous jugerez pas seulement sur les devoirs généraux du Christianisme, mais aussi sur les devoirs particuliers de notre état. Que ce Jugement sera terrible pour ceux qui négligent leurs fonctions et s'adonnent à des choses qui les détournent de l'accomplissement de leurs obligations particulières ? Ne permettez pas, Seigneur, que je sois du nombre de ceux qui n'ont que du dégoût pour leur état, et qui soupirent sans cesse après un autre, sans qu'ils l'aiment davantage après qu'ils y sont entrés. Esprits légers et inconstants, ils ne se trouvent bien que là où ils ne sont pas ; ils attribuent aux places qu'ils occupent le vice qu'ils ont au-dedans d'eux-mêmes. Qu'ils réforment la bizarrerie de leur caractère, et ils seront contents de leur position.
J'ai eu le malheur de Vous offenser par pensées, par désirs, par paroles, par actions et par omissions. Je me suis arrêté à des pensées de vengeance et d'impureté ; j'ai désiré d'accomplir des actions criminelles ; j'ai proféré des blasphèmes et des paroles indécentes. Que d'impuretés ! Que d'injustices ! Que de fraudes ! J'ai d'ailleurs manqué à plusieurs de mes devoirs ou je ne m'en suis acquitté qu'avec négligence.
Je prends aujourd'hui la ferme résolution d'éviter tous ces péchés. Jusqu'ici, je n'ai pas travaillé sérieusement à acquérir les Vertus dont j'ai besoin ; ma foi a été chancelante ; mon espérance, présomptueuse ; ma charité, défectueuse. Je n'ai eu qu'une douleur légère de mes péchés, et parfois je me suis applaudi de ceux que j'ai faits. J'ai manqué de patience, d'humilité, d'obéissance.
Venez à mon aide, Seigneur, afin que je m'applique avec un zèle infatigable à me rendre meilleur. Rendez-moi facile l'acquisition des Vertus qui me manquent. Je n'abuserai plus de vos Grâces ; j'ai un amer regret de Vous avoir si souvent offensé ; mon cœur est gros de soupirs et des pleurs s'échappent de mes yeux. Oubliez tout ce que j'ai fait contre Vous et purifiez-moi dans le Sang de la Victime qui est la commune propitiation du genre humain. En vue des mérites de Saint Sylvestre, laissez-moi puiser dans le trésor des Indulgences ce qui est nécessaire à l'entière expiation de mes fautes. Ainsi soit-il.
Abbé Joseph Reynaud (1802-1881) - « Méditations spéculatives et pratiques pour tous les jours de l'année », Prière pour la Saint Sylvestre le 31 décembre, volume VIII, p. 429-437, Ed. Baratier Frères et Fils (1839)
Réciter publiquement le « Te Deum » le 31 décembre, le dernier Jour de l’année pour la Saint Sylvestre, accorde une Indulgence Plénière
Voir également de M. l’Abbé Joseph Reynaud :
- La Prière sur le Credo « Je crois, ô mon Dieu, toutes les Vérités qu'il Vous a plu de révéler aux hommes » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pendant la Messe « Ô Divin Jésus, recevez mes adorations » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour l’Offertoire « Ô mon Dieu, je sollicite avec larmes un Pardon que je n’ai pas su mériter » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière entre la Préface et le Canon « Vous ne Vous êtes pas contenté, Seigneur, de Vous offrir une fois sur la Croix pour nous racheter » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière à l'Élévation du Saint Sacrifice « Ô Bouquet Sacré où L'on reçoit Jésus-Christ » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur la Sainte Communion « Communier, ô bon Jésus, c'est Vous recevoir dans l'Eucharistie Vous-même tout entier » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière d'une bonne Communion « Faites, Seigneur, que je connaisse les heureux fruits d'une bonne Communion » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour Communier à genoux « Ô Céleste Époux, faites-moi la Grâce de Communier avec les dispositions nécessaires » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière après la Sainte Communion « Ô Dieu, qui nous avez donné le véritable Pain descendu du Ciel » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière sur le Pardon « Ô mon Dieu, que Votre vengeance est terrible ! » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière du pécheur pénitent « Dieu Tout-Puissant, ayez pitié de ce misérable qui sollicite sa grâce avec des larmes de tristesse et de joie » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour recevoir le Sacrement de l'Extrême-Onction « Ne permettez pas, Seigneur, que je sois privé de ce Sacrement à l'heure de la mort » de l’Abbé Joseph Reynaud
- La Prière pour la Saint Sylvestre le 31 décembre « Seigneur, en vue des Mérites de Saint Sylvestre, laissez-moi puiser dans le trésor des Indulgences ce qui est nécessaire à l'entière expiation de mes fautes » de l’Abbé Joseph Reynaud