Voici une Prière pour aimer la Croix et les moyens de s'en acquitter « Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix » de Dom Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700) Abbé régulier et réformateur du Monastère Notre-Dame de la Trappe de l’étroite observance de l’Ordre de Cîteaux dans le diocèse de Seez en Normandie, auteur de « Réflexions morales sur les Quatre Évangiles » d’où est extraite cette Prière pour bien porter sa Croix.
« Celui qui ne prend pas sa Croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Évangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu, chapitre X, verset 38)
« Celui qui ne porte pas sa Croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple » (Évangile de Jésus-Christ selon Saint Luc, chapitre XIV, verset 27)
La Prière pour bien porter sa Croix « Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix » de l’Abbé de Rancé :
Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix ; Vous nous avez enseigné par vos Paroles que cette obligation était indispensable, Vous nous l'avez montré par votre Exemple, Vous nous l'avez fait aimer, et lui avez donné une valeur, et un mérite, disons un agrément qu'elle n'avait point. Toute l'ambition d'un Chrétien ne va qu'à se rendre digne de Vous, toutes ses consolations pour ce monde y sont attachées, toutes ses fortunes éternelles en dépendent, et cette dignité comme Vous nous l'avez dit en tant de rencontres, consiste à se charger de la Croix et à La porter. C'est ce que Vous nous confirmez dans un autre endroit de votre Evangile, en disant, si quelqu'un vient à moi, et qu'il ne haïsse pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple ; et quiconque ne porte pas sa Croix, et ne me suit point, il ne peut être mon disciple (Lc 14, 26-27). Ce désir, Seigneur, de porter votre Croix, doit être égal dans tous ceux qui Vous appartiennent, ils doivent avoir en cela une même disposition. Il faut qu'ils L'embrassent de tout le sentiment de leur cœur, et qu'ils regardent comme le plus grand bonheur qui leur peut arriver, de souffrir pour Vous comme Vous avez souffert pour eux ; c'était la situation de ces grands hommes des premiers temps, qui ont si glorieusement donné leur vie et répandu leur sang pour soutenir la Gloire de votre Nom, qui était attaquée par les impies, et pour prouver les Vérités Saintes que Vous aviez enseignées. Ces manières de Vous faire reconnaître au monde sont passées ; ce n'est plus par les supplices du fer et du feu que Vos serviteurs font voir quelle est la grandeur de leur attachement pour Votre service et pour Votre Gloire, Vous les mettez à d'autres épreuves, qui marquent la fermeté de leur Foi et le désir ardent qu'ils ont de Vous imiter dans les peines que Vous avez endurées pour les rendre éternellement Heureux. C'est pour cela qu'ils souffrent avec patience, ou plutôt avec joie, les afflictions qui leur arrivent, soit dans le corps, soit dans l'esprit, que les douleurs les plus aiguës leur paraissent douces, et que les maladies les plus fâcheuses leur sont aimables ; c'est dans cet esprit qu'ils reçoivent les injures sans aucun sentiment de vengeance, qu'ils voient sans chagrin leur réputation attaquée par des médisances noires ; qu'ils portent avec des dispositions paisibles la perte de leurs biens qui leur sont ravis par l'injustice et par la violence des gens puissants, sachant qu'ils sont à espérer d'autres Biens plus excellents et qui ne périront jamais (Héb 10, 34). Ce sont là les Croix, Seigneur, par Lesquelles Vous mettez à l'épreuve ceux qui font Profession de Vous appartenir. Il n'y en a un Seul qui en soit exempt. Car comme Vous savez à quel point elles leur sont nécessaires et ce qu'elles peuvent pour leur Sanctification, Vous disposez les choses de manière, qu'il s'en trouve pour toutes sortes de personnes de quelque condition qu'elles puissent être ; pour les grands, pour les petits, pour les Princes de la terre, pour ceux qui font de la lie du peuple : ce Calice passera de main en main à tous les pécheurs, c'est à dire à tous les hommes, parce qu'il n'y en a point qui ne soient pécheurs : c'est un Oracle du Saint-Esprit ; et ceux qui Vous sont particulièrement attachés, prendront plaisir à Le boire à longs traits, nonobstant toute Son amertume. Voilà, Seigneur, la conduite que Vous tenez sur Vos élus. Si Vous les avez chargés de porter la Croix, et si Vous leur en avez fait une obligation indispensable, Vous leur donnez les moyens de s'en acquitter, Vous les soutenez, Vous les consolez dans les difficultés qui les pressent, et Vous trouvez le secret de leur faire désirer ce que la nature par elle-même ne regarde qu'avec horreur. Ainsi soit-il.
Abbé Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700) - « Réflexions morales sur les Quatre Évangiles », Évangile de Saint Matthieu X, 38 : Prière pour bien porter sa Croix, pages 304-307, chez F. Muguet, 1699
Voir également du Père Abbé de Rancé :
- La Paraphrase du Psaume 6 « Seigneur, dont l'indignation m'est beaucoup plus redoutable que les plus rigoureux effets de votre Justice » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 31 « Je ne soupire point, Seigneur, après la vaine et trompeuse prospérité des méchants » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 37 « Seigneur, souvenez-Vous plutôt de votre Bonté que de l'excès de mes crimes » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 50 « Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 101 « Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 129 « Dans le comble de mes malheurs et du plus profond abîme de mes misères, je pousse des cris vers Vous, mon Dieu » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 142 « Seigneur, j'expose devant Vous tous les désirs de mon cœur » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Vocation de Saint Matthieu « Suis-Moi. Et se levant, il Le suivit » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour mieux discerner sa Vocation « Maître, je Vous suivrai partout où Vous irez » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur l’Obéissance à la Voix de Dieu « Suis-Moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion dans les violentes Tempêtes des tentations « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour contribuer à notre repos et à notre salut « Ayez confiance, Mon fils : vos péchés vous sont remis » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Parabole du grain de sénevé « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Ô Seigneur, j’ai le cœur rempli de joie du bonheur qu'il y a à se donner Tout à Vous » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Venez, ô Saint Esprit, Amour du Père et du Fils » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Je prendrai le calice qui opère le Salut et j’invoquerai le Nom du Seigneur » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Justice de Dieu « Seigneur, tous ceux qui jugent point en votre Nom sont des usurpateurs » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Piété « Seigneur, Vous nous commandez de Prier pour nous accorder ce que nous Vous demandons » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur le Paradis « Vous nous apprenez, Seigneur, qu'il n’y a que deux voies » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Protection « Seigneur, que votre Protection nous est nécessaire » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Confiance « Seigneur, que je reçoive de Votre main la maladie, la santé, la vie et la mort, dans une soumission toute égale » de l’Abbé de Rancé
- La Prière pour bien porter sa Croix « Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix » de l’Abbé de Rancé