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Prière pour la Fête du Très Saint-Sacrement

Prières > devant le Saint Sacrement

Voici une Prière pour la Fête du Très Saint-Sacrement (Festo Sanctissimi Corporis Christi) où l’on considère Jésus-Christ comme ami et comme bienfaiteur « Ô Saint Sacrement de l’Autel, Vous nous permettez de nous entretenir avec Vous, de Vous y parler avec confiance et de Vous y parler même avec une espèce de familiarité » du Révérend Père Louis Le Valois (1639-1700), Prêtre jésuite, Recteur du Collège de Caen puis Père spirituel au Collège de Clermont à Paris nommé en 1697 Confesseur des petits-fils de Louis XIV.



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La Prière pour la Fête du Très Saint-Sacrement « Ô Saint Sacrement de l’Autel, Vous nous permettez de nous entretenir avec Vous, de Vous y parler avec confiance et de Vous y parler même avec une espèce de familiarité » du R. P. Louis Le Valois :

I. « Je ne vous appellerai plus mes serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Mais je vous appellerai mes amis, parce que je vous ai communiqué toutes les connaissances que j'ai reçus de mon Père » : Jam non dicam vos servos, quia servus nescii quid faciat dominus ejus. Vos autem dixi amicos, quia omnia quæcunque audivi a Patre meo nóta feci vobis (Jean XV, 15). Ce sont là vos Paroles, Seigneur. Paroles dignes de votre infinie bonté ! Paroles également glorieuses et consolantes pour nous ; Paroles dont Vous ne Vous servez point en parlant des Anges. Vous ne les appelez que vos envoyés, vos prophètes ; et vos Apôtres ne les appellent que vos ministres et vos serviteurs ; et Vous nous appelez vos amis ! Vous nous permettez d'approcher en cette qualité de votre autel, et de nous entretenir avec Vous, de Vous y parler avec confiance, et de Vous y parler même avec une espèce de familiarité !
II. Qui suis-je, Seigneur ? Moi, mon Dieu, moi votre ami ! Quelle proportion entre Vous et moi ? Et cependant il doit y avoir de la proportion entre les amis. Quel retour de ma part ? Et cependant il doit y avoir du retour dans l'amitié. Tant d'offenses, Seigneur, tant d'outrages, sont-ce là les preuves que je Vous ai données, ou que je devais Vous donner de mon amour !
III. Vous l'avez dit néanmoins, Seigneur, et Vous nous le dites encore intérieurement, que nous sommes vos amis, et que j'ai, moi en particulier, l'avantage de l'être. Ah ! Je Vous entends, mon Dieu ; Vous me traitez ainsi, non pas parce que je Vous aime, mais parce que Vous m'aimez malgré toute mon indignité ; Vous me traitez d'ami, non pas parce que je le suis en effet, mais parce que Vous voulez que je le sois. Vous donc qui pouvez faire et qui faites si souvent ce que Vous dites, en m'appelant votre ami, faites, Seigneur, que je le devienne.
IV. Souffrez, mon Dieu, que, pour exciter dans mon cœur ce saint amour, je repasse ici devant Vous, autant qu'il m'est possible, vos innombrables bienfaits. Vous m'avez aimé avant que je fusse au monde, avant que le monde fût créé, avant tous les siècles. Votre amour pour moi, de même que votre être, n'a jamais eu ni commencement ni interruption. Quand Vous voulûtes dans la plénitude des temps Vous faire homme, Vous ne fûtes pas plutôt conçu comme Dieu-Homme, que Vous commençâtes à m'aimer. Pendant que Vous avez vécu sur la terre, dans les travaux de votre vie agissante, dans les ignominies et les douleurs de votre vie souffrante, dans votre agonie, Vous ne cessâtes jamais de penser à moi et de m'aimer. Depuis que Vous êtes monté au Ciel, l'éclat de votre gloire ne Vous a point changé, ni n'a rien diminué de votre amour pour moi. Enfin, dans votre Sacrement il semble que ce même amour ait anéanti toute votre majesté et toutes vos autres perfections, pour y éclater seul et pour y paraître davantage. N'est-ce donc pas à Vous, Seigneur, que je dois aussi m'attacher ? Où trouverai-je un ami plus fidèle et plus constant ?
V. Vous êtes encore, Seigneur, le plus puissant et le plus efficace de tous les amis. Vous m'avez créé, et en me créant Vous n'avez donné l'être, la vie, le sentiment, la raison, la liberté, toutes les puissances de l'âme et tous les organes du corps. Vous m'avez conservé jusqu'à cette heure ; et pour me conserver, Vous m'avez créé autant de fois que j'ai vécu de moments. Après m'avoir donné l'être naturel par la création, Vous m'avez encore donné dans le Baptême l'être surnaturel de la Grâce. Vous me l'avez conservée, cette Grâce si précieuse, aussi longtemps que je l'ai voulu. Vous me l'avez rendue toutes les fois que je Vous l'ai redemandée. Et pour cela, que de lumières m'ont éclairé ! Que d'inspirations m'ont touché ! Que de Sacrements m'ont fortifié ! Que d'autres moyens m'ont aidé ou à me soutenir ou à me relever ! Outre les biens intérieurs dont Vous m'avez enrichi, Vous avez créé pour moi, et hors de moi, une infinité d'êtres. Vous conservez pour moi cette multitude infinie de créatures ; pour moi Vous leur avez donné et Vous leur conservez mille qualités différentes ; Vous les faites agir en mille manières, pour me nourrir, pour me vêtir, pour servir à tous mes besoins, et même à toutes mes commodités.
VI. Et comme si c'était peu que d'employer toutes vos créatures à mon service, Vous employez encore pour moi tous les attributs soit divins soit humains. Votre divin entendement et votre entendement humain sont toujours occupés à veiller sur moi ; votre divine volonté et votre volonté humaine sont toujours occupées à m'aimer ; votre sagesse est toujours occupée à me diriger et à me conduire, votre toute-puissance à me secourir et à me défendre ; votre patience à supporter mes faiblesses, et votre miséricorde à me pardonner mes péchés. Il n'y a que votre justice que Vous n'avez point encore exercée sur moi, et c'est en cela même que Vous m'avez fait connaître la force de votre amour. Il a fallu Vous faire pour cela violence à Vous-même. Si Vous m'aviez traité comme je le méritais, où en serais-je ?
VII. Vous ne Vous êtes pas contenté d'employer pour moi toutes vos perfections divines et humaines ; Vous Vous êtes donné Vous-même à moi, et combien de fois ! Et comment ! Dans le Mystère de votre Incarnation, Vous Vous êtes fait mon frère ; pendant votre vie, Vous Vous êtes fait mon exemplaire et mon modèle (Hebr. VIII, 5) ; sur la Croix et à votre mort, Vous Vous êtes fait ma caution et ma rançon (1 Cor. I, 30) ; et dans la gloire Vous voulez être ma couronne et ma récompense (1 Petr. V, 4).
VIII. Tout cela n’a pu encore satisfaire votre amour. Il semble que Vous craigniez de me faire trop attendre le bonheur de Vous posséder ; Vous descendez sur nos autels, Vous y demeurez, Vous m'y appelez. J'y reçois votre corps, votre âme, votre humanité, votre divinité, toute votre personne ; et afin que je Vous reçoive et que je Vous possède souvent, Vous me pressez de venir souvent à votre table. Je ne le ferai jamais assez pour Vous lasser, pourvu que je le fasse avec les dispositions et la sainteté que j'y dois apporter.
IX. Ah ! Je suis un ingrat, Seigneur : les démons et les damnés sont maintenant moins coupables que moi. Car s'ils ne Vous aiment pas, mon Dieu, ils ne peuvent plus Vous aimer ; ils n'ont plus de Grâces pour Vous aimer, Vous n'attendez plus d'eux qu'ils Vous aiment ; mais moi, je le puis, je le puis très-aisément, et tout m'y porte. Quand donc je me trouve si peu sensible, je me fais horreur à moi-même ; et je suis réduit à ne pouvoir dire autre chose, sinon que votre bonté est incompréhensible, mais que mon ingratitude l'est encore davantage.
X. Mais, Seigneur, n'est-ce point là un blasphème que je prononce ? Et si mon ingratitude est extrême, est-il vrai qu'elle surpasse votre bonté ? Non, mon Dieu, Votre bonté surpasse encore mon ingratitude, puisque Vous m'aimez tout ingrat que je suis.
XI. Vous Vous donnez à moi, et Vous voulez dans votre aimable Sacrement me tenir lieu de tout. Vous voulez me nourrir comme mon pasteur, me conduire comme mon guide, me guérir comme mon médecin, me défendre comme mon patron, m'instruire comme mon maître, m'écouter comme mon confident. Vous voulez, pour rendre l'union plus intime entre Vous et moi, demeurer en moi, et que je demeure en Vous. La plus sensible marque d'un amour tendre que Vous donnâtes à votre disciple bien-aimé, ce fut de le laisser reposer sur votre poitrine (Jean XIII, 25), et Vous voulez reposer Vous-même sur mon cœur.
XII. Que ferai-je, mon Sauveur ? Je suis de moi-même incapable de Vous aimer ; toutes les créatures sont incapables de me donner votre amour. Vous ne devez attendre de moi nulle reconnaissance que celle que Vous voudrez bien m'inspirer. Voyez donc, Seigneur, si Vous voulez m'aimer toujours sans que je Vous aime ? Ah, mon Dieu, moins de tous les autres biens, et plus de votre amour ! Votre amour seul sera pour moi le comble de tous les biens.
XIII. Vous nous pressez de Vous demander tout ce que nous voudrons, et Vous nous promettez de nous accorder tout ce que nous Vous demanderons, surtout quand nous le demanderons dans votre sainte maison et devant votre tabernacle. Ce que je Vous demande, c'est votre amour : je ne puis rien Vous demander ni de plus juste ni de plus salutaire. Je ne puis former des vœux plus dignes de Vous ni plus dignes tout ensemble de moi-même.
XIV. Bonté souveraine, que peuvent aimer les idolâtres qui ne Vous connaissent point ? Que peuvent aimer les chrétiens pécheurs qui ne Vous aiment point ? Que puis-je aimer moi-même, si ce n'est pas Vous que j'aime ? Faut-il que je Vous aie connu si tard ? Ou depuis que j'ai le bonheur de Vous connaître, faut-il que je Vous aie aimé si tard ? Présentement que je souhaite de Vous aimer, faut-il que je n'aie qu'un cœur, et un cœur très-petit, et un cœur déjà profané par l'amour des créatures et par l'amour de moi-même ? Tout petit qu'il est, mon Dieu, tout profané et tout souillé qu'il est, Vous voulez bien encore me le demander. Vous voulez que je Vous le donne, et je Vous le donne tout entier. J'y consens, mon Dieu ; et tout petit qu'il est, tout profané, tout souillé qu'il est, recevez-le ; il ne tient qu'à Vous, Seigneur, d'en prendre possession dès ce moment ; il ne tient qu'à Vous d'y entrer et d'y régner.
XV. Entrez, mon Dieu, entrez dans un cœur qui Vous appartient. Régnez-y, et régnez-y seul ! Fermez-en l'entrée à tout autre objet que Vous, bannissez-en tout autre amour que le Vôtre.
XVI. Si votre bonté pour moi est immense, je veux aussi que mon amour n'ait point de bornes ; si votre bonté pour moi est éternelle, je veux aussi que mon amour n'ait point de fin ; si votre bonté pour moi est toujours la même, je veux aussi que mon amour ne change jamais, si ce n'est, mon Dieu, pour croître toujours et pour s'allumer davantage.
XVII. Que n'ai-je autant de cœurs, qu'il y a d'étoiles dans le ciel, et dans chacun de ces cœurs, autant d'amour pour Vous qu'en ont tous les Anges et tous les Saints ! Ce serait encore peu en comparaison de ce que Vous méritez ; ce serait encore peu en comparaison de ce que je souhaite. Donnez-moi, Seigneur, tous les cœurs de tous les damnés qui sont dans l'Enfer, et de tous les pécheurs qui sont sur la terre : Vous savez le mauvais usage qu'ils en font ; ils ne s'en servent que pour se perdre, pour se désespérer et pour Vous offenser ; donnez-les-moi, mon Dieu, afin que je Vous les rende, et que je m'en serve pour Vous aimer.
XVIII. Célestes intelligences, Anges bienheureux, qui vous assemblez autour de cet Autel, je vous conjure de parler pour moi à mon Sauveur, et de Lui dire de ma part que je L'aime, que je languis et de regret de L'aimer si peu, et de désir de L'aimer encore plus tendrement.
XIX. Je viens Vous le témoigner moi-même, Seigneur, devant votre Sanctuaire, et c'est là même que je veux venir souvent épancher mon cœur, et m'embraser tout de nouveau pour Vous. Je Vous trouverai toujours prêt à me recevoir ; et la seule chose que je Vous demanderai sans cesse, ce sera de Vous aimer toute ma vie, de Vous aimer à l'heure de ma mort, de Vous aimer durant toute l'Éternité. Ainsi soit-il.


R. P. Louis Le Valois (1639-1700) - « Collection intégrale et universelle des Orateurs Sacrés du Premier et du Second Ordre », Entretiens intérieurs sur les Mystères de Notre-Seigneur : XIIe entretien sur la Fête du Très Saint-Sacrement où l’on considère Jésus-Christ comme ami et comme bienfaiteur, Prière pour la Fête du Saint-Sacrement, pages 685-689, chez J.P. Migne, 1866

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Voir également du Révérend Père Louis Le Valois :
- La Prière sur la Conception de la Sainte Vierge « Ô Vierge Immaculée, Vous êtes conçue avec la Grâce et dans la Grâce » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le Très Saint Nom de Marie « Marie, ô Nom sous Lequel nul ne doit désespérer ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Annonciation de la Sainte Vierge « Ô Marie, c'est aujourd'hui que Vous devenez la Mère du Seigneur du Ciel » du R. P. Louis Le Valois
- La Paraphrase du Cantique de la Sainte Vierge « Ô Bienheureuse Vierge Marie, heureuse d'avoir été tout ensemble Mère et Vierge » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour l’Avent « Seigneur, j'irai au pied de Votre crèche pour connaître toute la profondeur de mes plaies » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Nativité de Notre Seigneur « Ô Amour efficace, puisqu'Il Vous fait descendre du Ciel même pour nous ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Foi des Rois Mages à l’Épiphanie « Ô Seigneur Jésus, comblez-nous des mêmes trésors, conduisez-nous par la même route et faites-nous parvenir à la même fin » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Présentation de Jésus-Christ au Temple « Voici, mon Père, la Victime que Vous attendiez depuis tant de siècles » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Passion de Notre Seigneur « Seigneur, par les Mérites de votre Croix, accordez-moi la Grâce de Vous aimer comme Vous m'avez aimé » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Résurrection de Notre Seigneur « Heureuse nouvelle pour moi, Seigneur, Vous êtes Ressuscité ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Ascension de Notre Seigneur « Souvenez-Vous, Seigneur, de ne nous pas laisser sur la terre comme des orphelins, sans secours, sans soutien et sans appui » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête de la Pentecôte « Venez, Esprit-Saint, sanctifiez-moi comme Vous êtes Saint » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête de la Sainte Trinité « Au nom du Père qui m’a créé, au nom du Fils qui m'a racheté, et au nom du Saint-Esprit qui m’a sanctifié » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour la Fête du Très Saint-Sacrement « Ô Saint Sacrement de l’Autel, Vous nous permettez de nous entretenir avec Vous, de Vous y parler avec confiance et de Vous y parler même avec une espèce de familiarité » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour le Dimanche de l'Octave du Saint-Sacrement « Ô Jésus, ô mon Roi, ô souverain Maître du monde et de tout le monde » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière pour le Jour de l'Octave du Saint-Sacrement « Ô Jésus, notre Seigneur et Juge sévère après la mort mais si miséricordieux et si bon pendant la vie » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur l’Assomption de la Sainte Vierge « Jouissez, Vierge incomparable, d'une Gloire qui Vous est si légitimement acquise » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le renouvellement des Vœux de Religion « Seigneur, donnez-Vous à moi comme je me donne à Vous » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière d'une âme pénitente « Reprenez-moi et châtiez-moi, Seigneur, humiliez mon orgueil et faites souffrir mon amour-propre » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière dans l’épreuve « Seigneur, considérez l'extrême danger où je me trouve, ayez pitié de moi et sauvez-moi ! » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur les Grandeurs de Dieu « Seigneur, que votre Nom est en Lui-même admirable » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur le Psaume 22 « Ô Bon Pasteur, Vous m'avez fait entrer et Vous me retenez dans votre Église comme dans un grand et riche pâturage » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière sur la Présence de Dieu dans notre vie « Ô Seigneur, Vous voyez toutes mes pensées de bien loin puisque Vous les voyez avant que je commence à les former » du R. P. Louis Le Valois
- La Prière d'une âme pieuse dans la Maison de Dieu « Que j'aime, ô mon Dieu, vos Tabernacles et vos Autels où Vous résidez sur la terre ! » du R. P. Louis Le Valois