Voici la Prière pour le Jour de Noël sur la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ « Ô Divin Sauveur, qui dans ce Jour de votre Naissance faites naître dans mon cœur des sentiments de dévotion qui me ramènent à Vous » donnée par Monsieur l’Abbé Claude-François Lambert (1705-1765), Jésuite, Docteur en Théologie et Curé de Saint-Étienne près de Rouen

Et vous Le reconnaîtrez à ce signe : Vous trouverez un Enfant enveloppé de langes, et couché dans une crèche (Luc II, 12)

La Prière pour le Jour de Noël « Ô Divin Sauveur, qui dans ce Jour de votre Naissance faites naître dans mon cœur des sentiments de dévotion qui me ramènent à Vous » de l’Abbé Claude-François Lambert :

A voir, grand Dieu, tout l'éclat de votre Majesté, cachée sous la forme d'un Enfant, qui Vous reconnaitrait ? Où sont donc les marques de Votre puissance et de Votre grandeur ? N’êtes-Vous donc plus ce même Dieu, à la voix duquel la terre s'émeut jusques dans ses fondements, la mer agitée calme la fureur de ses flots ; toute la nature enfin donne des marques de sa soumission la plus parfaite ? N’êtes-Vous donc plus ce même Dieu, dont la voix se faisait entendre à nos Pères parmi les foudres et les éclairs ? Soufrez que je Vous interroge. Ubi es ? Où êtes-Vous ?
Les Anges me donnent bien des indices pour ne point Vous méconnaitre ; mais quels sont ces indices ? Je dois Vous aller chercher dans une étable ; là je Vous vois emmailloté et couché dans une crèche, deux vils animaux forment Votre cour. Ah ! Sous des voiles si humiliants, reconnaitrai-je le puissant Dieu du ciel et de la terre ? Qui a-t'il, qui Vous distingue du reste des autres hommes ? Que vois-je au contraire, qui ne Vous rende en apparence parfaitement semblable à nous ?
Ô ingratitude monstrueuse ! Ô insensibilité de mon cœur ! N'aurai-je jamais pour Dieu un cœur plus tendre et plus reconnaissant ? Que pouvait-Il faire de plus, que ce qu'Il a fait, pour gagner ma tendresse et mon amour ? Quels bienfaits n'ai-je pas reçu de sa main libérale ? Mais quelle a été ma reconnaissance envers un Dieu si bienfaisant ? C’est par des crimes que j'ai répondu à tant de marques de sa bonté.
Pour me retirer de mes égarements, et me remettre dans la voie qui conduit à la vie, Il a pris un corps mortel comme le mien, Il a essuyé toutes les misères de la pauvreté ; et j'ai toujours le même empressement pour les biens périssables de la terre ; les richesses du siècle sont seules capables de m'occuper ; Il s'est anéanti pour mon amour, Il n'a point dédaigné de prendre la forme d'esclave, Il a été rassasié d'opprobres, Il a fait de l'humiliation ses plus chères délices ; et je ne mets aucune borne à mon ambition ; les honneurs, les louanges, les applaudissements, l'estime, l'approbation des hommes ; voilà ce qui me plait, voilà ce que je cherche ; l'apparence seule de l'humiliation m'effraie. Il a marqué chaque instant de sa vie par les souffrances et les douleurs ; et je me fais une étude des aises et des commodités d'une vie mole et voluptueuse. Je ne compte de jours heureux, que ceux que j'ai consacré au plaisir, je ne cherche qu'à flatter une chair que je ne saurais trop crucifier. Voilà le criminel abus que je fais des Exemples d'un Dieu, mais son Amour ne s'est point borné à m'instruire par des Exemples si capables de me confondre.
J'étais chargé de dettes immenses, et Il m'en acquitte ; j'étais devenu l'objet de la colère d'un Dieu, et Il devient mon Médiateur, Il me réconcilie avec Lui ; je m'étais par mes crimes fermé l'entrée du Royaume des Cieux, j'étais devenu l'esclave de l'Enfer, et Il m'affranchit de cette honteuse servitude, Il me remet dans les droits que j'avais à la Céleste Patrie.
Mais hélas, tristes réflexions, quel cas ai-je fais de ces précieux avantages ? Ai-je eu besoin de les conserver ? Insensé que je suis, en accumulant mes crimes, j'ai accumulé mes dettes, je me suis de nouveau par mes révoltes, attiré la disgrâce de mon Dieu ; je suis retombé dans les fers du Démon ; j'ai renoncé mile fois au droit que j'avais à la Récompense des Élus de Dieu, que puis-je faire, que gémir sur mes égarements ?
Divin Sauveur, si les larmes sont capables de Vous fléchir, si le repentir du pécheur Vous fait revenir à Lui, voyez mon cœur brisé de la plus vive douleur ; je ne puis résister à la confusion dont je suis couvert, au souvenir de ma négligence à profiter des salutaires exemples, que Vous m'avez donné à Votre naissance, et pendant toute Votre vie mortelle.
Votre bonté à expier mes crimes, pénètre mon âme des sentiments de la plus vive reconnaissance ; plus il Vous en a couté pour me marquer votre Amour, plus aussi je sens mon repentir s'augmenter, lorsque je me ressouviens que je n'ai reconnu votre Amour que par la plus monstrueuse ingratitude.
Achevez, Divin Sauveur, achevez Votre ouvrage ; c'est Vous, qui dans ce Jour de votre Naissance faites naître dans mon cœur des sentiments de dévotion, qui me ramènent à Vous. Augmentez ces pieux sentiments, affermissez-moi dans les saintes résolutions que je forme de n'avoir de tendresse que pour Vous, pour que n'ayant aimé que Vous durant cette vie, je puisse continuer à Vous aimer pendant toute l'Éternité Bienheureuse, à Laquelle nous conduise le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ainsi soit-il.


Abbé Claude-François Lambert (1705-1765) - Sermon pour le Jour de Noël sur la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pages 205-235, chez Everard Kints, imprimeur de son Altesse (1744)




Les Saintes Messes du Temps de Noël :
- La « Messe de la Vigile de Noël » le 24 décembre
- La « Messe de Minuit » entre le 24 et le 25 décembre
- La « Messe de l’Aurore » de Noël le 25 décembre
- La « Messe du Jour » de la Nativité du Seigneur le 25 décembre
- La « Messe du Dimanche » dans l’Octave de la Nativité



Voir également le 25 décembre sur la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ :
- Les « 150 Prières pour Noël »
- Tous les « Sermons, Homélies et Méditations pour Noël » (une centaine)