Voici une Méditation suivie d’une Prière sur l’existence de l’Enfer « Oui, il y a un Enfer, un lieu de tourments affreux où sont précipités tous ceux qui meurent en état de péché mortel » préparé pour le Démon et ses anges, et aussi pour leurs trop nombreux imitateurs, données par le Frère Philippe Bransiet (1792-1874), Supérieur Général pendant 36 ans de la Congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes fondée par Saint Jean-Baptiste de la Salle qui fonda à son tour le Pensionnat de Passy à Paris et qui développa l'Institut dans de telles proportions, que de 313 Maisons en 1838, il passa à 1 149 en 1874, et de 2 317 Frères à 10 235, et ces Religieux se répandirent en Belgique, aux Indes, en Amérique et dans le Levant.

La Prière sur l’existence de l’Enfer « Oui, il y a un Enfer, un lieu de tourments affreux où sont précipités tous ceux qui meurent en état de péché mortel » du Frère Philippe Bransiet :
« Le Riche mourut, et fut enseveli dans l'Enfer » (S. Luc XVI, 22)
CONSIDÉRATION : Il y a un Enfer, c'est-à-dire un lieu de tourments affreux où sont précipités tous ceux qui meurent en état de péché mortel : la Foi nous enseigne cette Vérité, et la raison même nous oblige à la croire.
Dès qu'il y a un Dieu, et que ce Dieu n'est ni craint ni aimé de la part d'un certain nombre d'hommes ; qu'au contraire, Il est offensé par beaucoup d'entre eux, il est dans l'ordre, il est nécessaire que ce souverain Seigneur ait en son pouvoir un genre de punition en rapport avec la grièveté d'une formelle désobéissance à ses ordres, d'une révolte contre son autorité suprême, d'une offense grave à sa Majesté infinie.
De plus, serait-il juste que les Méchants eussent le même sort que les Bons ?
Serait-il juste que celui qui a nié l'existence de Dieu, ou qui n'a cessé de L'oublier, de L'offenser, de L'outrager, fût traité, après sa mort, comme celui qui s'est constamment attaché à son service, qui a toujours été très-obéissant à ses ordres, ou qui, après L'avoir offensé, s'est humilié, a reconnu sa faute et en a fait Pénitence ?
Serait-il juste que celui qui, pendant sa vie, a blasphémé le saint Nom de Dieu, et qui n'en a pas demandé pardon, fût traité comme celui qui ne Le prononce jamais qu'avec respect et amour ?
Serait-il juste que celui qui n'a pas voulu croire en Jésus-Christ, Sauveur des hommes, fût traité comme celui qui a reçu son Évangile avec docilité et reconnaissance ?
Serait-il juste que celui qui a méprisé sa morale et ses exemples, fût traité comme celui qui s'est appliqué à devenir son fidèle disciple ?
Non, certes ! L'impie et l'homme vertueux ne peuvent être mis sur le même rang, et il doit y avoir une énorme différence dans leur sort à venir ; c'est-à-dire qu'il y a un Enfer pour les Méchants, comme il y a un Paradis pour les Bons.
Les Libertins qui osent dire, dans leur cœur dépravé, qu'il n'y a pas de Dieu (Ps. LII, 1), et qui ne le disent que parce qu'ils redoutent sa puissance et sa justice, peuvent bien aussi, par le même motif, affirmer qu'il n'y a pas d'Enfer ; mais, de même que le premier blasphème ne prouve rien contre l'existence de Dieu, le second ne prouve rien contre celle de l'Enfer ; oui, c'est en vain qu'ils nient ce Séjour des douleurs éternelles, leurs négations ne l'empêchent point d'exister, et ne les préserveront point eux-mêmes d'en éprouver un jour les épouvantables rigueurs.
Que les impies, que les misérables incrédules disent donc, par une raillerie aussi déplacée que stupide, qu'ils voudraient voir quelqu'un revenir de l'autre monde pour les assurer qu'il y a un Enfer ; on leur demandera aussi si quelqu'un en est revenu qui leur ait dit qu'il n'y en a pas.
Celui qui sait ce qu'il y a dans l'autre Vie, c'est Dieu : or, c'est Dieu qui nous a révélé l'existence de l'Enfer ; c'est Jésus-Christ, le Verbe de Dieu, qui a dit : « Le Riche mourut, et fut enseveli dans l'Enfer » (S. Luc XVI, 22) ; craignez celui qui peut précipiter l'âme et le corps dans l'Enfer (S. Matth. X, 28) ; là sont les ténèbres extérieures, là le ver ne meurt point et le feu ne s'éteint point (S. Marc IX, 43).
Rien, absolument rien ne peut donc autoriser les méchants à persister dans leur négation, qui est contredite par la Parole même de Dieu, et qui, en outre, est contraire à la croyance générale des peuples.
Oui, il y a un Enfer, un lieu de tourments préparé pour le Démon et ses anges, et aussi pour leurs imitateurs ; une affreuse prison formée par des murailles de bronze, rougies à un feu qui ne doit jamais s'éteindre ; un abime où l'on ne voit que du feu, où l'on ne respire que du feu, où l'on ne trouve que du feu !
C'est là cet étang de feu et de soufre rappelé dans l'Apocalypse (Ch. XX, 10) ; c'est là cette terre de misère et de ténèbres dont parle Job (Ch. X, 22) ; où habite l'ombre de la mort, où il n'y a aucun ordre, mais une horreur sempiternelle.
Pour nous, Catholiques, qui croyons fermement à l'existence de l'Enfer et aux maux qu'on y endure, considérons-le comme l'instrument le plus terrible des vengeances d'un Dieu oublié, méprisé, blasphémé ; c'est là qu'un jour Il renfermera tous ses ennemis pour les punir selon leurs œuvres et dans sa rigoureuse Justice ; c'est là qu'Il se dépouille de tous ses sentiments d'amour pour l'homme, qu'Il avait fait à son image et à sa ressemblance, mais qui, loin de s'appliquer, pendant la vie, à Le connaître, à L'aimer et à Le servir, L'a méconnu et même outragé ; c'est là qu'Il emploie contre l'ingrat qui a méprisé ses Grâces, ses Bienfaits et ses Promesses, tout ce qui devait le plus contribuer à sa souveraine Félicité ; tellement que le réprouvé semble pouvoir s'écrier avec Job (XXX, 21) : « Seigneur, Vous êtes changé à mon égard : d'un Dieu plein de bonté et de tendresse, Vous êtes devenu un Juge sévère à l'excès, et Vous avez appesanti sur moi votre bras tout-puissant pour me frapper et me briser ».
Oui, Dieu récompense en Dieu, mais aussi Il punit en Dieu, en Dieu tout-puissant, en Dieu éternel : en Dieu tout-puissant, pour tourmenter souverainement le pécheur ; en Dieu éternel, pour le tourmenter toujours.
« Que ces réflexions sont terribles ! dit Saint Augustin. Ah ! mes frères, ajoute ce saint docteur, si je vous fais trembler en vous parlant ainsi, j'en ai tremblé le premier. Je ne prétends pas vous inspirer d'autre crainte que celle que j'éprouve moi-même. Je tâcherais au contraire de vous rassurer, si je pouvais moi-même me procurer quelque assurance ; mais, je l'avoue, je crains l'Enfer, je crains ce lieu de supplices, je crains et je tremble à son seul souvenir ! »
APPLICATION : Quand même on n'aurait, au lieu de la certitude que nous possédons, que quelques pressentiments sur l'existence de l'Enfer, on devrait, pour l'éviter, faire tout son possible, se livrer à tout ce qu'il y a de plus pénible dans la pratique de la vertu.
C'est bien ainsi qu'on agit pour les affaires même les plus indifférentes : on va au plus sûr. Cent personnes m'affirment, par exemple, qu'un chemin est infesté de voleurs ou de bêtes féroces, qu'une boisson est empoisonnée ; une ou plusieurs autres me disent le contraire : laisserai-je le témoignage de celles-là pour me ranger à l'avis de celles-ci ?
Non, certes ; et si je suis sage, je ne passerai pas par ce chemin, je n'userai pas de cette boisson, je prendrai le parti le plus sûr.
Pourquoi n'agirions-nous pas avec la même prudence pour les choses de l'autre Vie ?
Quelques impies, intéressés à nous tromper, ont osé nier l'Enfer ; mais, contre eux, s'élèvent la croyance du genre humain, l'enseignement de l'Église, les Paroles de Jésus-Christ, les textes les plus précis de l'Écriture sainte ; ajouter foi aux négations des méchants, et ainsi prendre la voie qui conduit à l'Enfer, serait donc une inconcevable folie, le choix du parti le plus mauvais possible.
Mais, grâce à Dieu, nous avons la Foi et nous croyons à l'Enfer : néanmoins, ne nous arrive-t-il pas de nous exposer à y tomber ?
Si cela était, notre folie ne le céderait en rien à celle de ceux qui nient l'Enfer ; nous serions semblables à un homme qui, se voyant suspendu au-dessus d'un affreux abîme, porterait l'extravagance jusqu'à insulter celui qui seul peut l'empêcher d'y tomber.
Non, non, ne commettons pas le péché, qui nous rend l'objet des vengeances divines. Ne soyons pas si ennemis de nous-mêmes que de nous précipiter dans ces gouffres horribles d'où ne s'élèvent que des cris de douleur et de désespoir.
Inspirons à nos élèves la crainte de l'Enfer. Soyons zélés pour le leur faire éviter. Ah ! Si nous les aimons, témoignons-le par notre sollicitude à les éloigner du péché et de l'occasion du péché, afin de les préserver de tomber jamais dans cet abime de feu.
PRIÈRE : Ô Dieu de Justice, mais aussi Dieu de Bonté et de Miséricorde, qui ne nous menacez de votre colère que pour nous la faire prévenir, pénétrez nos cœurs de votre crainte, et faites-nous comprendre, ce que c'est que de devenir l'objet de votre courroux.
Ô Jésus, serait-il possible qu'après avoir été l'objet de tant de bontés, de tant de soins et de sollicitude de votre part, je fusse un jour rejeté de Vous et condamné aux Supplices éternels ? Non ! Non ! Ô mon adorable Sauveur, ce malheur ne m'arrivera pas ; je l'espère de votre Grâce, à laquelle je veux fidèlement correspondre ; je l'espère de votre charité pour moi, dont Vous me continuerez les salutaires effets ; je l'espère de Marie, ma bonne et tendre Mère, dont je veux être le fidèle serviteur, et qui, j'en ai la douce confiance, ne me laissera pas périr. Ainsi soit-il.
Frère Philippe Bransiet (1792-1874) – « Méditations sur les Fins Dernières », Méditation sur l’existence de l’Enfer, pages 199-204, chez Poussielgue et fils, 1866

Voir également du Frère Philippe Bransiet :
- La Prière d’un Religieux vigilant face à la Mort « J'ignore tout à fait, ô mon Dieu, quel sera le moment de ma mort » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour tous face à la Mort « Je dois mourir, ainsi Vous l'avez ordonné, ô mon Dieu » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur le Jugement Dernier « Ô mon Dieu, faites que je n'aie point à redouter de paraître devant Vous » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour nous préparer à nos Fins Dernières « Ô mon Dieu, je tâcherai de tarir la source de mes péchés par le souvenir de l'Éternité qui m'attend » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour éviter l’Enfer « Ô mon Dieu, faites que je redoute ces horribles abîmes de l'Enfer que le péché a creusés sous mes pieds » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur l’existence de l’Enfer « Oui, il y a un Enfer, un lieu de tourments affreux où sont précipités tous ceux qui meurent en état de péché mortel » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur l’Existence du Purgatoire « Oui, je crois, ô mon Dieu, que Vous avez désigné un Lieu d'expiation aux âmes qui, sortant de ce monde, ne sont point assez pures pour s'unir à Vous » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur les Peines du Purgatoire « Dieu de toute Sainteté et de toute Justice, faites-moi connaître quelle est la rigueur des Souffrances qu'on endure dans le Purgatoire » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur les Souffrances des âmes du Purgatoire « Ô mon Dieu, qui m'avez fait comprendre quelle souffrance c'est pour une âme que d'être éloignée de Vous » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour secourir les âmes du Purgatoire « Ai-je pensé, ô mon Dieu, que les âmes qui implorent mes suffrages, sont celles de mes parents, de mes amis et de mes bienfaiteurs ? » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour notre Conversion « Ô mon Dieu, pourquoi ne pas me convertir aujourd'hui ? » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur la beauté et l’excellence du Paradis « Le Ciel, c'est l'auguste Cité où Dieu se montre face à face et sans voile à ses Élus » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur le Bonheur du Ciel des Élus « Et ce Bonheur, nous en avons la ferme espérance, sera un jour le nôtre ! » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur la Compagnie des Bienheureux dans le Ciel « Souvenons-nous que toute famille Chrétienne doit être une image de la Société que forment entre eux les Saints du Ciel » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur la possession de Dieu au Paradis « C'est avec la plus grande ardeur, ô mon Dieu, que mon âme désire Vous voir et Vous posséder » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur les corps des Saints dans le Ciel « Oui, les Élus jouiront jusque dans leur corps du Bonheur qu'ils ont mérité » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur l’Éternité du Bonheur des Élus « Oui, le Bonheur des Élus est Éternel, leur Félicité n'aura ni fin, ni diminution » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière sur la pensée du Ciel « Ô beau Ciel, Séjour de la Félicité, c'est toi que je regarde, c'est l'espérance de te posséder qui me soutient et m'encourage » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour la Fête de tous les Saints le 1er novembre « Heureux ceux qui, Lui ayant été unis sur la terre, Lui sont maintenant unis dans le Ciel ! » du Frère Philippe Bransiet
- La Prière pour la Commémoration des Morts le 2 novembre « Oui, souvenons-nous des Morts et prions pour les Âmes du Purgatoire » du Frère Philippe Bransiet