Voici une Prière sur la Pureté de Jésus-Christ au Très-Saint Sacrement « Seigneur, de quelque façon que je Vous regarde dans votre Eucharistie, je ne trouve qu'une divine et adorable Pureté » de Monseigneur Antoine Godeau (1605-1672), membre de la Compagnie du Saint-Sacrement et proche de Port-Royal sans être Janséniste qui fut ordonné Prêtre et Évêque de Grasse la même année en 1636.
La Prière sur la Pureté de Jésus-Christ au Très-Saint Sacrement « Seigneur, de quelque façon que je Vous regarde dans votre Eucharistie, je ne trouve qu'une divine et adorable Pureté » de Mgr Antoine Godeau :
Seigneur, de quelque façon que je Vous regarde dans votre Eucharistie je ne trouve qu'une divine et adorable Pureté. Votre humanité Sainte n'y a pas la personne humaine ; mais elle subsiste en votre personne divine, afin que vos actions soient divines, et d'un mérite infini. Ô Jésus, comme je suis un pur homme, je ne suis pas capable de ce miracle. Mais comme je suis membre de votre corps, cette dignité m'oblige de sortir de moi-même, et de prendre ma subsistance en Vous. Hélas, que cette perte de mon propre soutien m'est avantageuse. Mon entendement n'a pour se soutenir lui-même, que sa force naturelle, et celle de la science humaine. Et qu'est-ce que cette force qu'une honteuse et déplorable faiblesse ? Qu'est-ce que cette science ; qu'un amas d'erreurs, de doutes, et d'incertitude ? Qu'est-ce que le raisonnement le plus fort, qu'une gêne inutile que l'on se donne à soi-même, sans pouvoir trouver la vérité ? Comment donc pourrais-je vouloir, ô Jésus, que mon entendement s'appuyait sur un fondement si fragile et si trompeur ? Quelle Grâce de Vous trouver en votre Eucharistie, comme la base sur laquelle je me puis fonder ; comme la lumière pure et exempte de tout mélange de ténèbres ; comme la vérité éternelle et immuable. Ma volonté pourrait-elle bien être si aveugle, que de croire qu'elle se peut soutenir toute seule ? Ne fait-elle pas tous les jours des preuves funestes de sa faiblesse ? Ne sent-elle pas bien qu'elle est captive sous la tyrannie du péché ? Ne connaît-elle pas bien son impuissance pour le moindre bien véritable ? Ne rougit-elle pas à chaque moment de son inconstance, de ses emportements, et de ses chûtes ? Où peut-elle donc Jésus, trouver un appui solide qu'en la nourriture de votre chair, qui la tire d'elle-même pour la faire subsister en Vous ? Vous ne voulûtes pas, ô Seigneur, qu'il se trouvât du levain dans le pain qu'en votre Cène sacrée Vous transformâtes en votre Corps, afin de nous enseigner la Pureté avec laquelle nous devons Le manger. Hélas ! Il n'y a rien en tout ce que je suis, que levain de l'ignorance, de malice, de corruption. J'ai été conçu dans le levain du péché ; et encore que le Saint Baptême ait purifié en moi cette souillure, quant à la tâche qui me rendait enfant d'ire, et héritier de la mort ; il m'est demeuré dans l'entendement, dans la volonté et dans le corps de malheureux restes de ce levain paternel. J’ai aigri par les péchés où je me suis abandonné : de sorte que toutes les puissances de mon âme, et toutes mes actions en sont maintenant infectées. En vain j'essayerai de les purifier : ma raison, ni ma vertu ne peuvent produire cet effet ; et il n'y a que votre Sainte Eucharistie qui puisse déraciner en moi ce malheureux et abominable levain. Ô levain du péché, que tu me parais sale et effroyable, que tu me fais de peur, que je te haï, que je te déteste ! Ô Pain azyme de la Table de mon Père, que tu me sembles beau, que tu me charmes, que je t'honore, que je te souhaite, que je t'aime ! Béni soyez-Vous, ô Jésus, de me donner une viande si pure. Imprimez cette Pureté admirable dans tout ce que je suis, afin que je sois préparé à être transformé en votre corps et en votre sang, et que je demeure une même chose avec Vous. Seigneur, Vous promettez au peuple Juif, par votre Prophète, un vin qui fortifiera les jeunes hommes, et rendra les Vierges, c'est à dire, les jeunes filles, plus belles et plus vigoureuses. Mais au peuple Chrétien, Vous donnez en votre Eucharistie, un vin qui fait les Vierges, et qui conserve leur Virginité. C'est lui qui leur donne la force de soutenir ces combats perpétuels que livre leur chair rebelle à la loi de l'esprit. C'est lui qui enivre vos Saints d'une sainte ivresse, les transportant hors d'eux-mêmes, et leur faisant connaître des vérités que la terre ne connaît point, et produire des actions de courage et de magnanimité, dont la nature n'est pas capable. C'est lui qui les fait parler un langage tout divin, et qui les purifie de toutes leurs souillures. Ô vin, source et conservateur de la pureté des âmes, que Vous êtes bien plus doux que ce vin empoisonné que le monde m'a fait boire jusques ici ! Il m'a envoyé des vapeurs à la tête, qui me l'ont fait tourner, qui m'ont rendu incapable de raisonner juste sur les objets qui se présentaient à moi, me faisant paraître les choses grandes, petites ; et les petites, grandes. Il a troublé ma mémoire, et m'a ôté le souvenir des Grâces que j'ai reçues de votre bonté. Il a corrompu mon cœur, et l'a rempli d'une fausse joie par la jouissance des plaisirs passagers de la terre. Il a fait révolter mon corps contre l'esprit, et l'a mis en fureur contre toutes les règles qui voulaient arrêter l'insolence de ses mouvements. Mais ô Vin céleste, Vous avez guéri tous ces maux, et remédié à tous ces désordres. Vous éclairez mon entendement ; Vous purifiez ma volonté ; Vous assujettissez mon corps au joug qu'il doit porter ; Vous me donnez une vigueur extraordinaire, et me comblez d'une joie que je ne puis expliquer. Qu'il ne m'arrive donc jamais de boire encore une fois de ce vin contagieux, qui m'a causé de si dangereuses maladies. Que je le fuie comme le fiel des dragons et le venin des aspics. Si le monde me le présente, que je lui réponde constamment : Mon Père me donne sur sa Table un autre Vin à boire, qui est tout ensemble, et ma nourriture, et ma vie, et le soutien de ma faiblesse, et le remède de toutes mes maladies. Que jamais je ne songe à accorder deux breuvages si contraires. Mais, ô Vin du Saint Autel, soyez seul mon breuvage, ma nourriture et mes délices. Ainsi soit-il.
Mgr Antoine Godeau (1605-1672) – « Méditations sur le Très-Saint Sacrement de l’Autel pour servir à toutes les heures du jour et de la nuit aux Adorateurs perpétuels de ce Mystère », Prière sur la Pureté de Jésus-Christ au Très-Saint Sacrement, p. 43-48, chez Théodore Muguet (1697)
Voir également de Monseigneur Antoine Godeau :
- La Prière au début de la Sainte Messe « Seigneur, je ne suis pas digne d'approcher de l'Autel » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Confiteor « Ô Seigneur, Vous qui lisez dans le fond de mon cœur ce que je n'y lis pas moi-même » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière avant de se Confesser « Seigneur, j’ose Vous demander le pardon duquel je me confesse très indigne » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière à faire après la Confession « Seigneur, j'ai été guéri en Vous découvrant mon mal » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Kyrie eleison « Seigneur, dont les entrailles sont toutes paternelles, ayez pitié de nous » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Gloria in excelsis « Ô Seigneur, faites-moi participer à cette Paix qui est annoncée par les Anges aux hommes de bonne volonté » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière à la Collecte « Ô Dieu, écoutez les prières qui Vous sont adressées pour nous et ne considérez pas ce que nous méritons » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière avant la lecture de l’Évangile « Je me lève, ô Souverain Législateur pour entendre votre Évangile » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière depuis l'Offertoire jusqu’à la Préface « Seigneur Jésus, faites-moi entrer dans l'esprit de votre Sacrifice à votre Père céleste » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Sanctus « Ô Seigneur, Vous êtes Saint et nul autre que Vous n'est Saint » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière durant le premier Memento « Ô Seigneur, souvenez-Vous de toutes les Grâces qui me sont nécessaires pour m'acquitter de mes devoirs vers Vous et vers le prochain » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière à l'Élévation « Je Vous adore, ô mon Rédempteur, sous ces voiles d'humilité dont Vous Vous couvrez » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au second Memento « Ô Seigneur, éteignez le feu qui brûle les âmes du Purgatoire » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Pater Noster « Ô Seigneur, Vous nous avez donné cet esprit d'adoption par lequel nous osons Vous appeler Notre Père » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière à l'Agnus Dei « Ô Agneau de Dieu, qui êtes sans tache, effacez mes taches » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière pour nos Prêtres « Ô Jésus, que votre Peuple trouve en vos Prêtres le Modèle parfait de la Vie Chrétienne » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière lors de la Communion du Prêtre « Je ne suis pas digne, Seigneur, que Vous entrassiez dans mon cœur et que Vous me nourrissiez de Votre chair » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière pour la Sainte Communion « Ô mon Sauveur, en ce Banquet Vous donnez encore à tous votre Sang » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière pour une Communion spirituelle « Ô Jésus, Vous venez de Vous donner à moi pour demeurer en moi » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière après la Sainte Communion « Ô Vie divine, étouffez ma vie terrestre, opérez en moi une mort parfaite à moi-même » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière à la Bénédiction finale « Que le Nom du Seigneur soit béni ! » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière au Dernier Évangile de Saint Jean « Alors nous Vous verrons, ô Père Éternel, qui devant tout commencement engendrez votre Verbe » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière « Seigneur, éclairez mon esprit dans mes entreprises » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière « Seigneur, prête toujours l'oreille à ma juste prière » de Mgr Antoine Godeau
- Le Poème sur la Résurrection « Seigneur, Ton cercueil se change en un Berceau » de Mgr Antoine Godeau
- Le Poème sur la Conversion de Saint Paul « D’un loup cruel, Tu en as fait un doux agneau » de Mgr Antoine Godeau
- La Prière sur la Pureté de Jésus-Christ au Très-Saint Sacrement « Seigneur, de quelque façon que je Vous regarde dans votre Eucharistie, je ne trouve qu'une divine et adorable Pureté » de Mgr Antoine Godeau