Voici la Profession Solennelle des Grandeurs de Saint Joseph « Ô très-Saint, très-Glorieux, très-Puissant, très-Aimant et très-Aimable Joseph » du Révérend Père Jean Jacquinot (1605-1653), Prêtre jésuite, Recteur du Collège de Châlons-en-Champagne puis du Collège de Nancy qui est mort à la suite d'une éloquente prédication sur la mort et trois jours seulement avant la Fête de Saint Joseph, auteur de « La Gloire de Saint Joseph dans ses principales Grandeurs » d’où est extraite cette Profession à Saint Joseph.
La Profession Solennelle des Grandeurs de Saint Joseph du R. P. Jacquinot « Ô très-Saint, très-Glorieux, très-Puissant, très-Aimant et très-Aimable Joseph » :
« Ô très-Saint, très-Glorieux, très-Puissant, très-Aimant et très-Aimable Joseph, vous fûtes prévenu des Bénédictions de douceur dès le ventre de votre mère par la sanctification de votre âme, et votre confirmation en Grâce. A votre naissance, vous parûtes au monde comme l'horizon des deux Testaments, le commencement du Nouveau, et la fin du Vieux, sans être entièrement à celui-ci ni à celui-là, mais tout à Jésus-Christ la Pierre angulaire, qui les a liés et conjoints par ensemble. La très-Sainte Trinité vous avantagea par-dessus tous les Saints, d'excellentes prérogatives. Le Père éternel vous nomma Son lieutenant sur terre, pour servir de père, de parrain, de pédagogue et de gouverneur à son Fils. Le Saint-Esprit vous remplit de ses Dons, pour vous préparer aux Desseins que Dieu avait eus sur vous de toute éternité. La Sagesse incarnée vous choisit pour être le soutien de sa Mère, le nourricier de Sa chair, et le gardien très-fidèle de l'une et de l'autre. La Reine du Ciel et de la terre vous regarda toujours avec respect comme son Seigneur, avec amour comme Son cher époux, et avec confiance comme le très-sage tuteur de son Fils unique. Vous fûtes égal aux Anges en chasteté, aux Chérubins en science, et aux Séraphins en charité. Votre sacré cœur fut le trésor des plus précieuses Grâces qui avaient été communiquées aux Justes depuis le commencement du monde. Vous mêlâtes vos adorations avec Celles de Marie, vos vœux avec les cantiques des Anges, et vos offrandes avec les présents des rois, pour saluer avec eux le Verbe fait chair dans le porche de Bethléem. Vous fûtes le témoin de la divine Enfance de Jésus, le compagnon de Son exil, et l'aide de Ses travaux. Votre chaste sein servit souvent de trône à Celui qui habitait avant tous les siècles dans les splendeurs du Saint des saints, le sein adorable de son Père. Vous eûtes toujours les yeux du corps et de l'esprit attachés sur l'Enfant-Dieu, pour remarquer tous les mouvements de Sa divine personne, et tirer de notables avantages d'un si parfait exemplaire, pour la perfection de votre âme. Quand Il se reposait entre vos bras, vous Le serriez sur votre poitrine, vous Le baigniez de vos larmes, vous Le baisiez avec amour, vous Le caressiez avec des tendresses et des suavités ineffables. Vous fûtes le Premier Chrétien et le Premier Apôtre du monde, envoyé de Dieu pour y faire connaitre le Messie. Vous adoriez souvent la disposition de la Providence, qui vous avait mis en main un rabot, au lieu du sceptre des rois de Juda, vos ancêtres. Vous viviez plus content en votre petite maison de Nazareth, que vous n'eussiez fait dans le palais royal de David votre aïeul. Vous conversâtes par l'espace de trente ans avec notre béni Sauveur et sa très-sainte Mère, acquérant en leur compagnie des richesses inestimables de Grâces et de Vertus. Votre Sainte vie fut couronnée de la plus précieuse mort du monde, rendant votre belle âme entre les mains de Jésus et de Marie, pour être portée par les Anges dans le sein d'Abraham, et peu de temps après, conduite dans le Ciel, et réunie à son corps glorieux. Enfin, sans fin, puisque je ne prétends pas d'en mettre en vos grandeurs ni en vos louanges, vous fûtes admirable en tous vos états et mystères, noble en votre extraction, beau en votre corps, innocent, en votre âme, sage en votre conduite, vierge en votre mariage, infatigable en vos travaux, ami de la solitude, éminent en contemplation, parfait en votre vie, heureux en votre mort, glorieux en votre résurrection, en un mot Joseph, père de Jésus et époux de Marie. Ô grandeurs, ô douceurs, ô bonheurs ineffables, je les crois fermement, je les avoue franchement, je les annonce hautement, ô Joseph, incomparable Joseph ! Je vous révère avec amour, je vous chéris avec respect, je vous honore en toute humilité. Béni soit Dieu, qui vous a élu et élevé à de si grandes choses ; mon esprit est plongé dans l'étonnement, et mon âme dans la joie, à la vue de tant de merveilles subsistantes en votre sacrée personne ; puisse celui qui vous a fait le sujet d'une si haute et si éminente perfection, d'une gloire si accomplie, et d'un mérite approchant de l'infini, répandre la connaissance et l'amour de votre nom par tout l'univers ! Il me donne déjà un si grand désir d'y contribuer quelque chose, qu'il n'y a plus que l'impuissance qui me doive empêcher ci-après de vous moyenner autant d'honneur que vous en méritez et que je vous en souhaite. Ah ! Que je ferais cela volontiers ! Oui certainement, je m'y porterais avec plus d'inclination que les plus ambitieux monarques n'en auraient à prendre possession du domaine de toute la terre. Et plût à Dieu que toutes les créatures entrassent dans le même sentiment, ou au moins que toutes les âmes chrétiennes conspirassent par une invention admirable à exalter la Gloire de Jésus et de Marie, en louant Saint Joseph ! Qu'il me fait mal, ô grand Saint, de voir qu'on vous a quasi traité jusqu'à maintenant comme inconnu ! Et que les hommes sont ennemis d'eux-mêmes, de ne pas encore ouvrir les yeux aux Trésors des Grâces que Dieu a mis entre vos mains, pour en disposer selon votre volonté au bien de vos serviteurs ! Mon très-aimable Protecteur, ne serai-je pas du nombre de ceux qui auront part à vos faveurs ? Il est indubitable, et je ne saurais le nier sans mentir, que votre bonté m'en donne quelque espérance ; mais aussi je proteste devant le Ciel et la terre, que les biens que j'attends de vous ne sont pas la cause de l'amour que je vous porte, ni des services que je vous ai voués ; c'est ce que vous êtes en vous-même (quoique non pas de vous-même), qui vous a ravi mon cœur ; ce sont les rapports ineffables et particuliers que vous avez à la très-Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, qui me pressent de vous regarder plus attentivement et plus assidûment que les autres Bienheureux ; les Unions saintes et célestes qui vous tiennent intimement conjoint à Dieu dans l'ordre de l'union hypostatique, sont les nœuds qui me lient inséparablement à vous ; j'aime votre Fils et votre Épouse, en vous aimant ; je m'approche de vous, pour avoir de l'accès auprès d'Eux ; j'étudie la pratique de vos vertus, pour acquérir quelque ressemblance à leurs perfections; faites ici paraitre l'excès de vos miséricordes, m'aidant en de si honorables entreprises, quoique je ne le mérite pas ; et si jamais j'arrive où je prétends, au sein de Dieu et de la Sainte Vierge, je me dirai votre redevable à toute éternité, et confesserai partout que Saint Joseph m'y aura conduit ».
Ainsi soit-il.
R. P. Jean Jacquinot (1605-1653) – « La Gloire de Saint Joseph représentée dans ses principales Grandeurs », pages 341-346, chez Julien Lanier & Cie, 1854
Voir « Toutes les Prières à Saint Joseph »
Voir également du Révérend Père Jean Jacquinot :
- La Prière du R. Père Jean Jacquinot « Bienheureux le corps, l’âme et le cœur de Saint Joseph ! »
- La Prière du R. P. Jacquinot pour se dédier à Saint Joseph « Glorieux Saint Joseph, Protecteur très-fidèle de ceux qui se confient en vous »
- La Prière du R. P. Jacquinot sur la vie laborieuse de Saint Joseph pour la Fête de Saint-Joseph Artisan du 1er mai « Joseph, relâchez un peu votre travail, quittez la cognée et l'équerre et arrêtez de vous amuser à échancrer votre solive »
- La Prière de confiance et d'offrande à Saint Joseph du R. P. Jacquinot « Ô mon très-honoré Père et Protecteur très-puissant Saint Joseph »
- Les Prières à Saint Joseph de foi, d'amour de complaisance, d'amour parfait, de glorification, d'admiration, de confiance, d'offre, d'humilité, de reconnaissance, d'imitation, de remerciement, d'obsécration et de douleur du R. P. Jacquinot « Ô Saint Joseph, mon grand et fidèle Protecteur »
- La Profession Solennelle des Grandeurs de Saint Joseph du R. P. Jacquinot « Ô très-Saint, très-Glorieux, très-Puissant, très-Aimant et très-Aimable Joseph »