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« Se Marier à l’Église… » de Mgr Jacques Perrier

Sacrements > Mariage

Voici un enseignement sur le Mariage Catholique « Se marier à l’Église… » de Monseigneur Jacques Perrier, Premier directeur de Radio Notre-Dame, puis Évêque de Chartres en 1990 et Évêque de Tarbes et Lourdes pendant quinze ans (1997-2012) après avoir été Prêtre à Saint-Michel des Batignolles, Curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes (1980-1983) et de Notre-Dame de Paris (1983-1990).



« Se marier à l’Église… » de Monseigneur Jacques Perrier :

À la question « pourquoi voulez-vous vous marier à l’église ? », les réponses sont souvent sommaires : tradition familiale, décor pour les photos, avoir une cérémonie avec de la musique... En face de cela, l’Eglise catholique propose aux fiancés de recevoir un sacrement qui les engage pour toute leur vie et une bénédiction « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».

Sommes-nous donc en plein malentendu ? Si les seules motivations des fiancés étaient celles qui ont été citées au début, il y aurait effectivement maldonne. Les fiancés joueraient un rôle auquel ils ne croient pas. Le prêtre serait pris au piège d’un mensonge et l’assemblée n’attendrait que le banquet du soir.

Mais, d’habitude, les fiancés, sans trop savoir comment dire leur attente, veulent un peu plus en demandant de « passer à l’église ». Peut-être d’abord, pour une fois, qu’on s’intéresse à eux et qu’ils soient au centre d’une fête familiale, amicale, mais aussi publique. L’Église, en les accueillant, leur offre cette possibilité. Elle agit ainsi au nom de Dieu qui s’intéresse effectivement à ces deux êtres qui vont se marier et qui sont encore plus uniques et précieux à ses yeux qu’ils ne le sont l’un pour l’autre.

Si nous essayons d’aller plus loin dans les motivations, nous pourrions distinguer trois étapes : « étapes » signifie que, idéalement, le temps de la préparation au mariage devrait permettre de passer de l’une à l’autre.

Première étape : prendre Dieu à témoin. Les fiancés qui se marient ont bien conscience de prendre un engagement d’un autre ordre que tous les autres engagements qu’ils ont pris durant leur vie. Ils souhaitent que cet engagement soit durable, sinon définitif. Beaucoup espèrent même qu’il vaille pour toute la vie. Cet engagement concerne une personne aimée et chacun des deux voudrait que l’autre trouve son bonheur dans leur union ; l’union sera l’origine de nouvelles vies humaines. Que de responsabilités ! Quelle gravité dans les enjeux ! Chacun peut éprouver qu’il engage plus que lui-même. Si peu chrétien qu’il soit, il prend Dieu à témoin pour manifester que ce mariage a quelque chose de sacré, même si le mot n’est pas très précis.

Deuxième étape : prendre l’Évangile et le Christ pour modèles. Si les fiancés ont quelques souvenirs de catéchisme, ils se rappellent que le commandement du Christ, c’est l’amour. Ils ont peut-être oublié que le commandement est double : amour de Dieu et amour des autres. En tout cas, ils ont retenu que l’idéal chrétien, c’était de s’aimer et que Jésus a vécu cet amour jusqu’au bout. Saint Paul a écrit un texte magnifique sur l’amour. Bon nombre de fiancés le choisissent comme lecture à leur mariage. « L’amour » est, lui aussi, un mot bien vague aujourd’hui. Mais enfin, c’est celui qui permet de rejoindre Dieu (« Dieu est amour », dit saint Jean) à notre humanité, en mal d’amour. Sur la route qui va de l’une à l’autre, il y aura bien des virages à négocier, bien des conversions à opérer. Mais enfin ! La route existe. Parmi les adultes qui découvrent la foi chrétienne, bon nombre se sont précisément mis en route parce qu’ils expérimentaient un amour qui n’était plus seulement une passion, un désir de possession, une recherche de soi à travers l’autre mais un don sans regret.

Troisième étape : être pris dans l’alliance qui unit Dieu et l’humanité. Dans cette troisième étape, c’est Dieu qui a l’initiative. Dieu, depuis toujours, cherche à établir une alliance avec les hommes. Elle se noue définitivement dans le Christ, Fils de Dieu et notre frère. Cette alliance est passée par l’épreuve de la souffrance, sur la Croix. Désormais, elle est « indélébile », ineffaçable dit une des prières de la Messe. Recevoir le sacrement de mariage, c’est entrer dans cette histoire d’alliance. C’est demander au Christ de nous faire vivre, si imparfaitement que ce soit, de l’amour qu’il a vécu jusqu’au don total de lui-même et qui triomphe le jour de Pâques. Le Christ n’est pas alors seulement un modèle, un idéal. Il fait participer les mariés à sa vie même. À cette troisième étape, l’échange des alliances prend tout son sens : l’alliance de Dieu avec les hommes donne une toute nouvelle dimension, sans supprimer toutes les autres, à l’alliance de cet homme et de cette femme. Dans cette perspective de foi, la célébration de l’Eucharistie prend aussi tout son sens. Chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie, nous faisons mémoire de l’alliance « nouvelle et éternelle » inaugurée dans le Christ. En communiant au Corps du Christ, les mariés donnent leur pleine portée chrétienne aux « oui » qu’ils ont échangés quelques minutes plus tôt. C’est cette même Eucharistie qui pourra nourrir leur union tout au long de leur vie.

Ceux qui se marient reçoivent aussi une mission : témoigner que l’amour est aimé de Dieu et que l’Eglise s’associe à la joie de ceux qui s’aiment jusqu’au don d’eux-mêmes. C’est seulement à cette troisième étape que le sacrement atteint sa pleine vérité chrétienne. Mais l’Église n’est pas un club d’élite. Elle reçoit tous ceux qui veulent véritablement se marier et qui désirent se placer sous le regard de Dieu. Nous avons évoqué le mariage de couples qui vivent ensemble depuis plus ou moins longtemps. Même d’un point de vue simplement humain, ce n’est pas l’idéal : le mariage devrait inaugurer un nouveau mode de vie. Mais un mariage tardif n’est pas, pour autant, dépourvu de sens. Beaucoup de convertis disent, comme Jacob : « Dieu était là et je ne le savais pas. » De même, des couples peuvent, à un moment de leur itinéraire, découvrir que leur amour, leur fidélité l’un à l’autre, la vie qu’ils ont transmise, tout cela les dépasse et leur parle de Dieu. L’Église les accueille avec joie, sans commencer par leur reprocher d’être venus bien tard...


Monseigneur Jacques Perrier - Évêque émérite de Tarbes et Lourdes (1998-2012)

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Voir également de Monseigneur Jacques Perrier :
L’enseignement sur le Mariage Catholique « Se marier à l’Église… » de Monseigneur Jacques Perrier
L’enseignement de Monseigneur Jacques Perrier sur la « Fidélité de Dieu dans le Mariage »
La Prière de Mgr Jacques Perrier « Seigneur, je Te présente mes enfants »
La Prière de Mgr Jacques Perrier « Notre-Dame de Lourdes, nous Te remercions ! »
La question posée à Mgr Jacques Perrier sur le Mariage « Et si la vie n’est plus possible entre nous ? »