Voici le Sermon pour le IV Dimanche de l'Avent sur la Pénitence ou la Conversion du Pécheur (Luc III, 2-3) « Quand et comment devez-vous vous Convertir ? » prêché par Monsieur l’Abbé Claude-François Lambert (1705-1765), Jésuite, Docteur en Théologie et Curé de Saint-Étienne près de Rouen

La Parole du Seigneur se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le Baptême de Pénitence pour la rémission des péchés (Luc III, 2-3)

Le Sermon pour le IV Dimanche de l'Avent sur la Conversion du Pécheur « Quand et comment devez-vous vous Convertir ? » de l’Abbé Claude-François Lambert :

C’est peu que la Miséricorde d'un Dieu se laisse aisément fléchir par les larmes d'un cœur véritablement brisé de douleur. Par les plus tendres invitations, Elle anime encore la confiance du pécheur, Elle va le chercher jusqu’au milieu de ses égarements ; Elle l'appelle, Elle le presse, le sollicite de réclamer son secours, de s'éloigner du sentier du crime, pour se tourner vers le centre de son repos ; par les serments les plus authentiques et les plus solennels ; Elle proteste qu'Elle ne veut que son Salut ; que l'horreur et la multitude de ses crimes n'ont pas encore épuisé les trésors infinis de sa patience ; qu'Elle ne veut que la vivacité et la promptitude d'un repentir sincère, pour ne plus se ressouvenir de ses désordres.
Je jure par moi-même, dit le Seigneur, non je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse et qu'il vive : s'il fait Pénitence de ses péchés, non il ne mourra point ; je ne me souviendrai plus de toutes les iniquités qu'il a commises, et il vivra dans les œuvres de justice qu'il aura faites. Ce n'en est pas encore assez ; que le pécheur fasse Pénitence, et je me repentirai moi-même du mal, que j'avais résolu de lui faire.
Convertissez-vous, convertissez-vous, quittez vos voies corrompues, et pourquoi mourrez-vous maison d'Israël ? Eh ! Quoi, ma Patience à vous attendre, ma Miséricorde à vous supporter, ma Bonté à vous prévenir ; rien de tout cela ne pourra-t-il donc triompher de votre insensibilité ? Si je veux vous Sauver, pourquoi vous obstiner à vouloir vous perdre ?
Retournez donc au Seigneur votre Dieu, résisterez-vous encore à la Voix de sa Tendresse ?
Il est vrai, Chrétiens, de si pressantes invitations de la part d'un Dieu, jointes aux remords inquiets d'une conscience effrayée de l'horreur du crime, ébranlent de temps en temps l'insensibilité du pécheur, il fait quelques efforts pour se dégager des liens, qui le font gémir sous la dure loi de ses tyranniques passions ; il gémit sur les misères de son état, il fait quelque pas pour s'avancer vers son Dieu comme étant l'unique source de son bonheur : en un mot, il forme quelques désirs de Conversion ; mais désirs stériles, qui n'aboutissent jamais à une Conversion Parfaite : pourquoi cela ?
Écoutez-le, je vous prie, et vous apprendrez pourquoi il y a si peu de vraies Conversions. Ou le pécheur diffère de se convertir, et par là il s'expose à ne se convertir jamais, ou il use de ménagement dans sa conversion, et sa conversion n'est plus dès lors qu'un vain fantôme de conversion. Delà vous devez conclure quelles sont les conditions essentielles d'une vraie Conversion, et ce sont ces conditions que je me propose de développer dans ce discours. Conversion du pécheur, conversion prompte ; Conversion du pécheur, Conversion Entière ; conversion prompte, ennemie de tout délai et de tout retardement ; c'est mon premier Point. Conversion Entière ennemie de toute réserve, de tout partage et de tout ménagement ; c'est mon second Point.
Conversion prompte, c'est là le temps de la conversion ; Conversion Entière, c'est là la Perfection de la Conversion. Quand devez-vous vous Convertir, comment devez-vous vous Convertir : c'est tout le sujet de ce discours, qui mérite toute votre attention. Demandons les lumières de l'Esprit Saint par l'intercession de Marie.
Tyrannisé par une ambition démesurée, le faux brillant, le vain fantôme des honneurs m'éblouissait, les prérogatives, les marques de distinction, les louanges, les applaudissements, je ne recherchais que ce qui pouvait fomenter mon orgueil ; vils objets qui m'avez éloigné de mon Dieu, je dois vous haïr.
Disgrâces humiliantes, mépris, opprobres, outrages, je ne pouvais vous souffrir ; mieux instruit de votre prix, je commence à vous chérir ; puisque c'est par vous, que je puis ressembler davantage à un Dieu humilié, anéanti pour mon amour.
Vil esclave de ma sensualité, je me faisais du plaisir, une étude, une occupation, et comme une espèce de profession : ennemi de tout ce qui va à gêner la nature, l'apparence seule de mortification m'effrayait, et cet amour du plaisir qui me rendait ennemi de mon Dieu, je le déteste, et ces souffrances qui me rendront le disciple d'un Dieu crucifié, j'en veux faire mes plus chères délices.
Toujours dominé par une insatiable cupidité, j'ai fait des richesses l'idole de mon cœur ; méprisables divinités, vous ne mériterez plus mes empressements ; et si je vous possède, ce sera comme ne vous possédant point, sans jamais m'attacher à vous.
Cette pauvreté que j'avais en horreur, deviendra l'objet de mon amour, je la chercherai ; et n'est-ce pas par là, que je puis plaire à un Dieu, qui a dédaigné l'abondance des richesses, pour faire choix des misères de l'indigence ?
Ô mon Dieu, de mon attachement à votre Saint Service ? Quelle douceur ! Quelle paix inaltérable ! Quelle délicieuse tranquillité pour une âme uniquement occupée du soin de Vous plaire. Quelles actions de grâces n'ai-je pas à Vous rendre.
Ô mon Dieu, de ce que mes révoltes multipliées n'ont pas encore rebuté votre Patience ? Vous me rappelez, Seigneur, mais Vous me rappelez pour ne plus m'abandonner ; cent fois je Vous ai juré une fidélité inviolable et cent fois j'ai été perfide, parce que mes promesses n'étaient point sincères. Mais c'est dans ce jour, que mes serments s'accordent avec les sentiments de mon cœur ; c'est Vous, Dieu de Bonté, qui les avez fait naitre ; soutenez-les, fortifiez-les, augmentez- les ; que par ma constance je mérite les récompenses éternelles, que Votre libéralité me destine. Ainsi soit-il.


Abbé Claude-François Lambert (1705-1765) – Sermon pour le IV Dimanche de l'Avent sur la Pénitence ou la Conversion du Pécheur, pages 166-170 ; 196-197 ; 204, chez Everard Kints, imprimeur de son Altesse (1744)





Voir le Quatrième Dimanche de l’Avent :
- La « Sainte Messe du Quatrième Dimanche de l’Avent » (Vidéo + Textes Liturgiques)
- L'Introït « Rorate cæli desuper » du Quatrième Dimanche de l’Avent en latin et en français (Audio + Textes Liturgiques)
- La Collecte du Quatrième Dimanche de l’Avent « Faites paraître, Seigneur, votre Puissance, et venez »
- La Prière sur l’Épître de Saint Paul aux Corinthiens 1. IV, 1-5 « Sagesse éternelle, qui venez sur la terre pour Sauver le monde et qui y reviendrez pour le Juger » de l’Abbé Nicolas Le Tourneux
- La Prière sur l’Évangile selon Saint Luc III, 1-6 « Seigneur, joignez Votre voix à celle de votre Précurseur, et faites-nous embrasser la Pénitence à laquelle il nous exhorte » de l’Abbé Nicolas Le Tourneux
- La Prière pour le Quatrième Dimanche de l'Avent « Seigneur Jésus, faites de moi un Chrétien qui attend avec foi et confiance votre Venue » d’Adolphe Baudon de Mony
- La Prière pour le Quatrième Dimanche de l’Avent « Ô mon Jésus, faites-moi la Grâce d’entrer avec Vous, après le Jugement, dans Votre Royaume Éternel » du Révérend Père Leonhard Goffiné
- La Prière pour le Quatrième Dimanche de l’Avent « Ô Emmanuel, venez nous délivrer, nous sauver et ne tardez pas davantage » du R. P. Pasquier Quesnel
- La Prière pour le Quatrième Dimanche de l’Avent « Qui suis-je, moi, qui n'ai pas redouté d'offenser un Dieu ? » du R. P. Antoine Castillon
- La Prière pour le IV Dimanche de l’Avent « Attente des nations, Seigneur Jésus, venez » de l'Abbé Ambroise Guillois
- La Prière pour le Quatrième Dimanche de l’Avent « Elle sera donc bien Grande, ô Jésus, la Joie de votre Venue » de Dom Guéranger
- La Prière du Quatrième Dimanche de l'Avent sur la Confession « La Miséricorde du Seigneur vous tend les bras, rendez-Lui les armes et offrez-Lui l'hommage d'un cœur contrit et humilié » du Révérend Père Henri Griffet
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