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Sermon pour le Jour de Noël sur le danger des richesses

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Voici le Sermon pour le Jour de Noël sur le danger des richesses « Ô riches du monde, la Crèche et la Croix de Jésus-Christ, l'Une et l'Autre, vous condamnent » prêché à sa Majesté Impériale, Royale et Apostolique, Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), Impératrice-Douairière, Reine de Hongrie et de Bohème, par le Révérend Père Henri Griffet (1698-1771), Prêtre Jésuite Professeur de français au Lycée de Louis le Grand à Paris, Aumônier et Confesseur à la prison de la Bastille et Prédicateur du Roy Louis XV à Paris et Versailles.



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Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières, parlé autrefois à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’Il a établi héritier de toutes choses, par lequel aussi Il a fait les mondes (Épître aux Hébreux I, 1-2)


Le Sermon pour le Jour de Noël sur le danger des richesses « Ô riches du monde, la Crèche et la Croix de Jésus-Christ, l'Une et l'Autre, vous condamnent » du Révérend Père Henri Griffet :

SIRE, Dieu ne parle plus aux hommes par Moïse et par ses Prophètes, Il leur envoie du Ciel un Maître plus capable de les éclairer et de les instruire : c'est son propre Fils qui s'est fait homme pour expier les iniquités du monde, et qui naît aujourd'hui dans une crèche pour lui enseigner la voie du Salut. Allons, mes frères, allons à Bethléem, entendre les leçons de ce Maître adorable. Si les organes de sa voix demeurent embarrassés par la faiblesse volontaire dont Il s'est revêtu pour notre Salut, ses langes parlent, et sa crèche même nous annonce un Évangile nouveau et inconnu à la nature.
Jusqu’ici les hommes n'avaient soupiré qu'après les richesses ; ils avaient mis tout leur bonheur à être riches, et toute leur gloire à le devenir : ils n'avaient eu que de l'horreur pour les pauvres ; et non contents de les plaindre, ils allaient jusqu’à les mépriser. Mais enfin, voici la Sagesse même, voici le Maître de tous les Sages, qui vient opposer à ces préjugés une nouvelle Lumière.
Pauvres, je vous annonce à tous un grand sujet de joie : Ecce evangelizo vobis gaudium magnum (Luc II, 10).Jésus naissant préfère votre état à tous les autres, et par son choix Il efface à jamais les idées de bassesse et d'ignominie que les hommes y avaient attachées ; Il le relève, Il l'ennoblit, Il le rend vénérable, Il lui donne le premier rang parmi les béatitudes évangéliques ; Il lui assure des droits particuliers sur le Royaume de Dieu : Beati pauperes, quià vestrum est regnum Dei (Luc VI, 20).
Riches, je ne vous dirai pas comme à eux, de vous consoler. Ce n'est point à vous que Jésus-Christ apporte aujourd'hui cette paix que les Anges célèbrent dans leurs cantiques : c'est ici le Mystère de sa Pauvreté, et ce Mystère est terrible pour vous. Écoutez-en les raisons, et instruisez-vous.
Jésus naissant dans une Pauvreté Volontaire, confond premièrement la cupidité presque toujours inséparable des richesses : ce sera le sujet de la première Partie. Jésus naissant dans une Pauvreté Humiliante, confond en second lieu l'orgueil et la vanité presque toujours inséparables des richesses : ce sera le sujet de la seconde Partie. Jésus naissant dans une Pauvreté Dure et Mortifiante, confond en troisième lieu la mollesse et la volupté presque toujours inséparables des richesses : ce sera le sujet de la troisième Partie.
Ô vous, pauvres, qui traînez dans la misère une vie malheureuse aux yeux des hommes, ah ! Ne vous plaignez pas de votre sort ; gardez-vous de murmurer contre la Providence, ni de trouver à redire au partage qu'elle a fait des biens et des richesses d'ici-bas. Je vais peut-être vous surprendre et vous étonner, je vais avancer un paradoxe incroyable ; mais je ne craindrai point de le dire à la vue de la crèche de Jésus-Christ : Oui, vous avez été les mieux partagés. Bornez vos désirs, aimez votre état, bénissez votre sort. Dieu vous traite comme Il a traité son propre Fils. Pouvez-vous douter, après le choix que Jésus-Christ a fait, que la pauvreté ne soit un état de sainteté, d'innocence, et de prédestination ? Vous n'aurez point de compte à rendre au Souverain Juge ni sur la justice de vos acquisitions, ni sur le détachement qui doit accompagner la possession, ni sur les devoirs qui doivent régler la dispensation de vos biens. Quelle décharge pour votre conscience ! En connaissez-vous le prix ? Ah ! Si vous avez compris aujourd'hui le Mystère de la Crèche de Jésus-Christ, au lieu d'éclater en plaintes et en murmures contre le malheur de votre condition, vous direz avec le Prophète : Le monde ne cesse de nous vanter le bonheur et les avantages des richesses ; heureux, dit-il, celui qui possède d'amples héritages et des terres fertiles ! Heureux celui qui est vêtu de pourpre et de lin, et qui nage dans l'abondance et dans les trésors ! Beatum dixerunt populum, cui hæc sunt (Ps 143, 15). Mais le monde est dans l'erreur. Heureux, au contraire, qui, étant né Pauvre comme Jésus-Christ, se trouve assujetti par son état à un travail pénible et continuel, qui l'éloigne nécessairement de la vie dissipée et tumultueuse du monde, pour mener dans la solitude une vie obscure et laborieuse, à l'exemple de Jésus-Christ ! Heureux celui qui, loin du luxe et de la magnificence du monde qui corrompt les mœurs, repose sa tête sur un lit semblable à la Crèche de Jésus-Christ ! Heureux celui qui n'a point d'autre trésor que sa Grâce, d'autre ressource qu'un désir ardent et continuel de Lui ressembler et de Lui plaire ! Beatus populus, cujus Dominus Deus ejus.
Ô Bethléem, Ville abandonnée, qui n'êtes remarquable ni par les richesses de vos habitants, ni par la magnificence de vos édifices, consolez-vous de votre Pauvreté ; vous ne cédez en rien à ces Villes orgueilleuses qui élèvent leurs faîtes superbes jusqu’aux cieux : dans vous s'accomplissent aujourd'hui les plus grands Mystères ; dans vous commence à s'exécuter l'ouvrage de notre Rédemption ; des millions d'Anges accourent dans vos murs pour rendre hommage à leur nouveau Roi ; dans vous, le Verbe incarné tient sa cour, Il y règne avec une pompe et un éclat qui n'est connu que de Dieu, mais qui est digne des regards de Dieu même ; Rome, la Maîtresse du monde, ne voit rien dans l'enceinte de ses murs de si grand, de si admirable, que ce que vous voyez sous vos toits rustiques : Et tu Bethleem, terra Juda, nequaquam minima es in Principibus Juda.
Ô riches du monde, la Crèche et la Croix de Jésus-Christ, l'Une et l'Autre, condamne votre sensualité, votre mollesse, l'abondance et la superfluité de vos tables, le superbe appareil de vos équipages, les profusions énormes de votre vanité ; tout ce, enfin, à quoi vous employez inutilement vos richesses, tout ce qui sert à vous attacher à ce monde périssable, et à vous faire oublier l'Autre.
Telles sont, SIRE, les sublimes et importantes Leçons que Jésus-Christ est venu donner aux hommes par le Mystère de sa Naissance : Il veut que notre cœur soit tout entier à Lui ; et Il a encore des droits particuliers sur le votre, par les faveurs insignes dont Il a comblé VOTRE MAJESTÉ : à quel autre Roi a-t-Il accordé dans un plus haut degré, ces qualités personnelles qui attirent l'amour des Peuples, et qui fixent leur admiration ? Plusieurs de ces Héros, dont les noms sont connus dans l'Histoire, perdraient à être vus de près ; rendus à eux-mêmes, ils ne paraissaient plus mériter les éloges que la flatterie leur avait prodigués : plus on approche, au contraire, de VOTRE MAJESTÉ, plus on est à portée de connaître ses véritables sentiments, plus on voit que vous méritez par vous-même tous ces hommages de respect et d'attachement que les droits sacrés de votre Couronne inspirent à tous vos Sujets, plus on est touché de cette familiarité noble qui fait tempérer avec tant de dignité l'éclat de la Puissance Suprême. Peut-on se rappeler les principaux événements de votre règne, sans y apercevoir des marques visibles de la protection du Ciel ? Vos armes ont toujours été heureuses, quand vous les avez conduites vous-même. La Providence éternise votre auguste sang, par cette nombreuse postérité qui fait l'ornement de votre Cour et l'espérance des siècles à venir, et qui mettra toujours son bonheur à vous plaire, et sa gloire à vous obéir.
VOTRE MAJESTÉ réunit tous les avantages que peut désirer le plus tendre des Pères et le plus grand des Rois. Vous connaissez, SIRE, l'Auteur de toutes ces Grâces ; c'est ce Dieu Tout-Puissant, par qui les Rois règnent, et qui les a placés sur le Trône pour être les Législateurs du monde, et pour apprendre aux Peuples à Lui obéir.
Soyez, SIRE, son Image par vos Vertus, comme vous l'êtes par votre puissance, afin qu'après avoir longtemps possédé pour la gloire de la France, et pour le bonheur de vos Sujets, la plus belle Couronne de l'Univers, vous méritiez de posséder en l'Autre, la Couronne Immortelle que le Seigneur promet à ses Élus dans l'Éternité Bienheureuse. Ainsi soit-il
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Révérend Père Henri Griffet (1698-1771) - Sermons pour l'Avent, le Carême, et les principales Fêtes de l'année, volume 1, Sermon pour le Jour de Noël sur le danger des richesses, pages 229-266, chez Dessaint (1766)


Voir également du Révérend Père Henri Griffet :
- La Prière sur la Foi devant le Saint Sacrement « Je crois Seigneur mais augmentez ma foi, suppléez à ce qui lui manque » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière du Matin « Ô Dieu Tout-Puissant, ce jour qui commence est un Don de votre Miséricorde » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour demander à Dieu la Grâce de connaître ses péchés et de les pleurer « Découvrez moi, Seigneur, mes fautes et mes égarements » du R. P. Griffet
- La Prière sur la Piété « Donnez-moi, Seigneur, la science et le goût de la Prière »
- La Prière pour demander à Dieu la Grâce de la Foi « Je crois, Seigneur, mais ma foi est encore imparfaite » du Révérend Père Griffet
- La Prière pour adorer Dieu « Il n'y a que Vous seul, ô mon Dieu, que je dois aimer plus que moi-même et que toutes les créatures ensemble » du Révérend Père Griffet
- La Prière sur l’Espérance « Ô mon Dieu, Vous avez dit que celui qui espère en Vous ne sera point confondu » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière sur le Bonheur « Où puis-je trouver, ô mon Dieu, ce Bonheur pur, solide et inaltérable que je cherche en vain » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour un cœur nouveau « Ô mon Dieu, rendez-Vous Maître de ce cœur que Vous avez créé pour Vous » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour demander à Dieu la Grâce de la Ferveur « Ô mon Dieu, allumez dans mon âme un Feu Divin qui ne languit jamais » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour demander à Dieu la Dévotion de sentiments « Délivrez-moi pour toujours de ces distractions importunes qui Vous éloignent de moi en m'éloignant de Vous » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour demander à Dieu la conservation des personnes qui nous sont chères « Ô Dieu qui Seul pouvez prolonger le fil de nos jours » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour le temps de l'affliction « Ô Père des Miséricordes et Dieu de toute consolation, soutenez-moi et fortifiez-moi » du R. P. Henri Griffet
- La Prière sur l’Alternative du Dernier Jugement « Ô Souverain Juge, séparez-moi par votre Grâce de ce Peuple maudit et réprouvé qui sera l'objet éternel de votre Colère » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière pour lutter contre l'Ambition criminelle et malheureuse « Ô Seigneur, apprenez-nous à ne plus désirer avec tant d'ardeur ces fausses grandeurs de la terre qui éblouissent ceux qui ne les ont pas et qui font souffrir ceux qui les ont » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière du Troisième Dimanche de l'Avent dit Dimanche de Gaudete « Dieu des Vertus, qui habitez dans mon âme, Sanctifiez-la par votre Présence » du Révérend Père Henri Griffet
- La Prière du Quatrième Dimanche de l'Avent sur la Confession « La Miséricorde du Seigneur vous tend les bras, rendez-Lui les armes et offrez-Lui l'hommage d'un cœur contrit et humilié » du Révérend Père Henri Griffet
- Le Sermon pour le Jour de Noël sur le danger des richesses « Ô riches du monde, la Crèche et la Croix de Jésus-Christ, l'Une et l'Autre, vous condamnent » du Révérend Père Henri Griffet