Le « Stabat Mater » est un poème latin de 20 strophes de 3 vers dont les rimes suivent le schéma suivant : a/a/b, c/c/b, d/d/e, f/f/e, ..., composé par le Frère Franciscain Jacopone da Todi (1228-1306) au XIIIe siècle, exclue de la liturgie lors du Concile de Trente (1545-1563 : réaffirmation de l’Eglise catholique par le Vatican en réaction aux réformes protestantes) et réintégré en 1727.
Cette antienne Mariale évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils Jésus-Christ. En peinture, les artistes représentent le plus souvent la Vierge sous la Croix pendant la Crucifixion de son fils. La plupart du temps, elle est positionnée sur le côté droit du Christ sur la croix et St Jean à la gauche. Avec la piéta, le Stabat Mater est l’une des représentations les plus importantes de la souffrance de la Vierge.
Le « Stabat Mater dolorosa » :
Stabat Mater dolorosa / Juxta crucem lacrimosa / dum pendebat Filius.
Cuius animam gementem, / contristatam et dolentem, / pertransivit gladius.
O quam tristis et afflicta / fuit illa benedicta / Mater Unigeniti.
Quæ mœrebat et dolebat, / Pia Mater cum videbat / Nati pœnas incliti.
Quis est homo qui non fleret, / Matrem Christi si videret / in tanto supplicio ?
Quis non posset contristari, / Christi Matrem contemplari / dolentem cum Filio ?
Pro peccatis suæ gentis / vidit Iesum in tormentis / et flagellis subditum.
Vidit suum dulcem natum / morientem desolatum, / dum emisit spiritum.
Eia Mater, fons amoris, / me sentire vim doloris / fac, ut tecum lugeam.
Fac ut ardeat cor meum / in amando Christum Deum, / ut sibi complaceam.
Sancta Mater, istud agas, / Crucifixi fige plagas / cordi meo valide.
Tui nati vulnerati, / tam dignati pro me pati, / pœnas mecum divide.
Fac me tecum pie flere, / Crucifixo condolere, / donec ego vixero.
Iuxta crucem tecum stare, / et me tibi sociare / in planctu desidero.
Virgo virginum præclara, / mihi iam non sis amara : / fac me tecum plangere.
Fac ut portem Christi mortem, / passionis fac consortem, / et plagas recolere.
Fac me plagis vulnerari, / fac me cruce inebriari, / et cruore Filii.
Flammis ne urar succensus / per te Virgo, sim defensus / in die judicii
Christe, cum sit hinc exire, / da per Matrem me venire / ad palmam victoriae.
Quando corpus morietur, / fac ut animæ donetur / Paradisi gloria.
Amen
Le « Stabat Mater dolorosa » en français : « La Mère douloureuse se tenait debout… » :
Debout, la Mère douloureuse près de la croix était en larmes devant son Fils suspendu.
Dans son âme qui gémissait, toute brisée, endolorie, le glaive était enfoncé.
Qu'elle était triste et affligée, la Mère entre toutes bénie, la Mère du Fils unique !
Qu'elle avait mal, qu'elle souffrait, la tendre Mère, en contemplant son divin Fils tourmenté !
Quel est celui qui sans pleurer pourrait voir la Mère du Christ dans un supplice pareil ?
Qui pourrait sans souffrir comme elle contempler la Mère du Christ douloureuse avec son Fils ?
Pour les péchés de tout son peuple elle le vit dans ses tourments, subissant les coups de fouet.
Elle vit son enfant très cher mourir dans la désolation alors qu'il rendait l'esprit.
Daigne, ô Mère, source d'amour, me faire éprouver tes souffrances pour que je pleure avec toi.
Fais qu'en mon coeur brûle un grand feu pour mieux aimer le Christ mon Dieu et que je puisse lui plaire.
Ô sainte Mère, daigne donc graver les plaies du Crucifié profondément dans mon coeur.
Ton enfant n'était que blessures, lui qui daigna souffrir pour moi; donne-moi part à ses peines.
Qu'en bon fils je pleure avec toi, qu'avec le Christ en croix je souffre, chacun des jours de ma vie !
Etre avec toi près de la croix et ne faire qu'un avec toi, c'est le voeu de ma douleur.
Vierge bénie entre les vierges, pour moi ne sois pas trop sévère et fais que je souffre avec toi.
Que je porte la mort du Christ, qu'à sa Passion je sois uni que je médite ses plaies !
Que de ses plaies je sois blessé, que je m'enivre de la croix et du sang de ton Enfant !
Pour ne pas brûler dans les flammes, prends ma défense, Vierge Marie, au grand jour du jugement.
Christ, quand je partirai d'ici, fais que j'obtienne par ta Mère la palme de la victoire.
Au moment où mon corps mourra, fais qu'à mon âme soit donnée la gloire du Paradis.
Amen.
Jacopone da Todi (1228-1306)
Voir également du Franciscain Jacopone da Todi :
Le « Stabat Mater » de Jacopone da Todi
La Prière de Jacopone de Todi « Ô Mère, Source d'Amour, faites-moi sentir la violence de Votre douleur afin que je pleure avec Vous »
La Prière de Jacopone da Todi « Ô mon Seigneur, tout empressé Vous avez couru vers la Croix, où il Vous tardait de mourir pour moi ! »
La Prière de Jacques de Benedetti « Jésus, donne-moi de couper tout lien qui puisse me retenir »
La Prière de Jacopone da Todi « Dis, ô douce Marie, combien amoureusement Tu regardais ton petit enfant, le Christ, mon Dieu »
La Prière de Frère Jacques de Benedetti « Que chaque amant qui aime le Seigneur vienne à la danse en chantant d'amour »